Michel, Françoise, Chantal, Maurice…

Je vous le disais la semaine dernière : c’est l’association Bugey Sud Actif qui organisait une visite des jardins à laquelle nous avons participé.
Si j’ai publié beaucoup de photos prises chez Michel, je n’ai pas détaillé notre visite, alors que tous ceux qui sont passés dans son jardin et ses deux petits musées sont revenus émerveillés. Nous aussi.
I told you last week: it was the Bugey Sud Actif association that organized a visit to the gardens in which we took part.
If I have published many photos taken at Michel’s, I have not detailed our visit, while all those who have passed through his garden and his two small museums have returned amazed. Us too.

Michel habite cette drôle de belle maison dont la façade forme un angle (malin, ça a un nom, ça ! Mais je l’ai oublié, au secours, Michel !).*
Michel lives in this funny beautiful house whose facade forms an angle (it’s smart, that has a name! But I forgot it, help, Michel!).*

*La façade du moulin  est « en avancée brisée », me dit Michel. Que je remercie vivement.
*The facade of the mill is « en avancée brisée » Michel tells me: « broken protrusion »? I sincerely thank him.

Il nous accueille très gentiment, il est très prévenant. Il a rassemblé les outils de son père, de son grand-père… tant et si bien que les gens lui en apportent d’autres – il aurait besoin maintenant de pousser les murs de sa maison pour tout exposer !
Derrière la roue de charrette, cette structure en bois est une cloison. Au Sénégal, Emmanuelle a vu des constructions semblables.
He welcomes us very kindly, he is very considerate. He collected his father’s tools, his grandfather’s tools…so much so that people brought him more – now he would need to push the walls of his house to display it all!
Behind the cart wheel, this wooden structure is a partition. In Senegal, Emmanuelle saw similar constructions.

Boule de pétanque cloutée, pour jouer à « la longue » (« La boule lyonnaise »)
Studded petanque ball, to play at « la longue » (« La boule lyonnaise » is a boules-type game)

vanneuse
winnower

Autrefois, le collier de harnais d’attelage gênait la respiration des chevaux. Avec l’invention de ce collier compliqué, ils peuvent donner toute leur force.
In the past, the driving harness collar hindered the breathing of horses. With the invention of this complicated horse collar, they can give all their strength.

Quand Jean-Yves est venu faire du débardage il y a quelques années, sa belle jument a transporté des charges énormes sans effort apparent.
When Jean-Yves came to skid a few years ago, his beautiful mare transported enormous loads without apparent effort.

Conseil de Michel en cas de canicule : monter sur le bateau de pêche, sans canne à pêche, se laisser flotter, les pieds dans l’eau. Je ne pense pas que ses poissons le dévoreront.
Michel’s advice in the event of a heat wave: get on the fishing boat, without a fishing rod, let yourself float, with your feet in the water. I don’t think his fish will eat him.

rhododendrons

Michel s’occupe aussi d’un gîte charmant.
Michel also takes care of a charming cottage

Le musée de la vache est dans le même bâtiment.
The cow museum is in the same building.

Le père de Michel a écrit de nombreux textes sur le mode de vie de nos proches ancêtres.
Michel’s father wrote many texts on the way of life of our close ancestors.

Le temps galope ! Nous quittons Lompnas à regret pour aller bientôt chez Françoise à Lhuis. Juste en face de son charmant jardin, un champ de vesces avec ses jolies floraisons.
Time gallops! We leave Lompnas with regret to go soon to Françoise in Lhuis. Just in front of its charming garden, a field of vetches with its pretty flowers.

Végétation exubérante
Exuberant vegetation

Il pousse plus de choses dans un jardin que n’en sème le jardinier. proverbe espagnol
More things grow in a garden that what the gardener sows. spanish proverb

Chez Françoise, c’est un bébé jardin à peine sorti de l’œuf. C’est un endroit paisible, tranquille. Je ne connaissais pas ce quartier de Lhuis, en réalité hors de Lhuis.
Francoise’s garden is a baby garden just out of the egg. It is a peaceful, quiet place. I did not know this district of Lhuis, actually outside of Lhuis.

Jardinières en grande discussion
Gardeners in great discussion

Photo Bernadette

Dominique ne se fait pas prier pour nous lire de jolis petits contes choisis sur le thème du jardin. Maartje lui donne la réplique. Comme c’est plaisant d’écouter en toute simplicité des histoires simples au milieu de gens simples. Pas de grandes considérations intellectuelles, des petites histoires pleines de bon sens.
Dominique does not need to be asked to read us pretty little tales chosen on the theme of the garden. Maartje replicates. How pleasant it is to simply listen to simple stories in the midst of simple people. No big intellectual considerations, little stories full of common sense.

Mais où donc ont disparu Chantal et Maurice ? Cachés dans mon disque dur ? Certainement pas, ils doivent profiter du beau temps revenu, presque trop beau, déjà bien chaud. Et moi, je sais déjà par quoi va commencer ma prochaine publication !
But where did Chantal and Maurice disappear? Hidden in my hard drive? Certainly not, they must take advantage of the fine weather that has returned, almost too fine, already very hot. And I already know what my next post will start with!

Butinant de jardin en jardin — Foraging from garden to garden

L’avez-vous remarqué ? J’essaie de terminer mes publications sur une note plaisante, alors comme j’ai d’innombrables occasions de râler, c’est par là que je commence le plus souvent. Puis je passe en mode plus léger. Peut-être avez-vous moins de peine à digérer mes colères présentées comme cela.
À première vue, ma rogne d’aujourd’hui n’est en rien comparable à celle de la semaine dernière : faute de suffisamment d’inscriptions, nous avons dû annuler le concert prévu. Rien à voir avec la bande d’incapables qui nous gouvernent. Il s’agit d’un petit événement privé, il aurait pu avoir lieu, a été reporté, est-ce grave ?
Did you notice it? I try to end my posts on a pleasant note, so since I have countless opportunities to grumble, this is where I most often start. Then I switch to lighter mode. Perhaps you have less trouble digesting my anger when it’s presented like that.
At first glance, my frustration today is nothing compared to that of last week: due to insufficient registrations, we had to cancel the planned concert. Nothing to do with the band of incompetents who govern us. This is a small private event, it could have happened, was postponed, does it matter?

Chez Michel

Depuis ce jour-là, Paul et moi avons tourné la question dans tous les sens : nous avons passé une soirée mémorable à écouter Gérard Morel, toujours aussi spirituel, et profondément humain. Dans une salle de 240 places, à peine plus de trente spectateurs.
Since that day, Paul and I have turned the question around: we spent a memorable evening listening to Gérard Morel, always so witty, and deeply human. In a room with 240 seats, barely more than thirty spectators.

Le moment est peut-être mal choisi : il y a pléthore de festivals de toutes sortes en mai, en juin. On est d’ailleurs peut-être encore sous le coup des réactions post-confinement, on a besoin de se rattraper, de vivre à nouveau – est-ce cela que ressent celui qui sort de détention, toutes proportions gardées ? Il faut donc tenir compte du contexte.
Mais autre chose m’alarme : j’envoie mes invitations à une liste de 180 adresses. Comme elles peuvent aller dans les spams, je demande à tous de me répondre, et je n’ai même pas reçu quarante réponses… Vous allez vous aussi me dire que les bonnes habitudes se perdent, qu’on n’a plus d’éducation.
Perhaps the timing is wrong: there are a plethora of festivals of all kinds in May, June. We are also perhaps still under the influence of post-lockdown reactions, we need to catch up, to live again – is this what the one who comes out of detention feels, all things considered? So you have to take the context into account.
But something else worries me: I send my invitations to a list of 180 addresses. As they can go to spam, I ask everyone to answer me, and I haven’t even received forty answers… You too will tell me that good habits are lost, that we no longer have education .

moulin à huile de noix — walnut oil mill

Je vais encore une fois partager avec vous mon inquiétude à cause de ce tissu social qui se relâche, qui s’effrite, qui se dégrade. C’est trop facile de parler de bonne ou de mauvaise éducation, il faut aller plus au fond des choses : si mes correspondants ne me répondent pas, est-ce aussi par lassitude ? Dans des cas extrêmes, s’agit-il de la mort du désir de partager ? Rencontrer des gens, se confronter, échanger, c’est vivre, que signifie ce repli sur soi ? Je n’invente rien, dans mon entourage beaucoup de gens le ressentent, ce n’est pas juste une impolitesse.
I will once again share with you my concern because of this social fabric which is loosening, which is crumbling, which is deteriorating. It’s too easy to talk about good or bad education, we have to go deeper into things: if my correspondents don’t answer me, is it also out of weariness? In extreme cases, is it the death of the desire to share? To meet people, to confront, to exchange is to live, what does this withdrawal into oneself mean? I’m not making this up, many people around me feel it, it’s not just rudeness.

Dans notre hameau, des maisons ont poussé comme des champignons, nous ne connaissons pas leurs habitants et quand nous disons bonjour… certains ne répondent pas.
In our hamlet, houses have sprung up like mushrooms, we don’t know their inhabitants and when we say hello… some don’t answer.

J’aime beaucoup l’expression « tissu social ». Un tissu est composé d’un grand nombre de fibres et elles sont si fines qu’on ne voit pas chaque brin, on ne voit que leur assemblage. Une société est un « organe » infiniment complexe, il en faut des fils tordus dans le mauvais sens pour obtenir un moche tissu tout mou sans caractère et sans tenue, il en faut pour faire basculer toute une société du mauvais côté !
I really like the term « social fabric ». A fabric is made up of a large number of fibers and they are so fine that we do not see each strand, we only see their assembly. A society is an infinitely complex « organ », it takes threads of it twisted the wrong way to get an ugly limp fabric with no character and no hold, it takes a lot to tip to the wrong way to the whole society!

Michel présente le musée de la vache — Michel presents the cow museum

Peut-on parler de paradoxe ?
L’espèce humaine a inventé le langage, puis l’écriture. Parmi d’innombrables autres inventions extraordinaires. Les incapables qui nous gouvernent font partie de cette espèce pourtant tellement intelligente, et penser à cela me donne le vertige.
J’en reviens à notre tissu, fabriqué comme un nid d’oiseau avec tout ce qui leur tombe sous le bec. Avec le pire et le meilleur qui se côtoient. Cela a toujours été le cas.
Le malheur, c’est le pouvoir que prennent les médiocres, et les mauvais choix qui aujourd’hui risquent de… Bref, vous le savez, je ne m’éterniserai pas là-dessus.
Can we speak of a paradox?
The human species invented language, then writing. Among countless other extraordinary inventions. The incompetents who govern us are part of this species yet so intelligent, and thinking about it makes me dizzy.
I come back to our fabric, made like a bird’s nest with everything that falls under their beak. With the worst and the best that rub shoulders. This has always been the case.
The misfortune is the power taken by the mediocre, and the bad choices which today risk… In short, you know it, I will not dwell on this.

Le pire et le meilleur, je les trouve à un degré élevé dans le dernier livre que j’ai lu.
The worst and the best I find in a high degree in the last book I read.

Jérôme, chanceux, a rencontré l’auteure Gabrielle Filteau-Chiba et lui a demandé de nous dédicacer son dernier opus, Bivouac. Paul et moi avons dévoré l’ouvrage. On y retrouve les personnages de ses romans précédents, « Encabanée » et « Sauvagines », deux livres que j’aime. Ce Bivouac m’a bouleversée comme un livre réussit rarement à le faire. J’ai plus l’impression d’avoir rencontré ces activistes, d’avoir lutté avec eux pour protéger la forêt. Les grandes compagnies sont puissantes, ont l’appui des gouvernants et de la police, réussissent à obtenir l’autorisation de massacrer la forêt.
Jérôme, lucky, met the author Gabrielle Filteau-Chiba and asked her to autograph her latest opus, Bivouac, for us. Paul and I devoured the book. It features characters from her previous novels, « Encabanée » and « Sauvagines », two books that I love. This Bivouac overwhelmed me as a book rarely manages to do. I have more the impression of having met these activists, of having fought with them to protect the forest. The big companies are powerful, have the support of the rulers and the police, manage to obtain authorization to massacre the forest.

p 329 Comment se fait-il que des compagnies aient le feu vert en l’absence d’évaluations environnementales, sans même avoir obtenu le consentement éclairé des principaux affectés ?* Les lobbies des forestières et des pétrolières ont corrompu le système, tout simplement. Il y de ça bien, bien longtemps.
* Il s’agit bien entendu des Premières Nations, non consultées.
p 329 How is it that companies get the green light in the absence of environmental assessments, without even having obtained the informed consent of the principals affected?* The lobbies of the forestry and oil companies have simply corrupted the system. It’s been a long, long time.
* These are of course the First Nations, not consulted.

p 226 — En gros, si on continue de bûcher de même, il ne restera plus d’espaces sauvages au Québec, pas un seul arbre plus vieux que nous. J’veux pas vivre dans ce monde-là. Il nous reste quelques îlots bio-diversifiés. Faut les protéger.
p 226 — Basically, if we continue to log the same, there will be no more wilderness in Quebec, not a single tree older than us. I don’t want to live in that world. We have a few bio-diverse islands left. Must protect them.

Chez Françoise

Ce beau roman est écrit en pur québécois, il y a même à la fin un glossaire parfois bien utile. Sauf que souvent le contexte fait sens.
Il y a comme un aller-retour permanent de la vie militante à la vie sentimentale, une écriture fluide et directe. Gabrielle n’a pas peur des mots et elle te fait partager l’intimité des personnages. On se sent nu de leur nudité.
La magie de l’écriture, c’est de te faire entrer dans une autre réalité en quittant ta propre réalité. C’est particulièrement sensible avec ce livre-là.
This beautiful novel is written in pure Quebec language, there is even at the end a sometimes very useful glossary. Except that often the context makes sense.
There is like a constant back and forth from militant life to sentimental life, a fluid and direct writing. Gabrielle is not afraid of words and she makes you share the intimacy of the characters. We feel naked from their nudity.
The magic of writing is to make you enter another reality by leaving your own reality. It is particularly noticeable with this book.

Voilà pour Jérôme qui attendait avec curiosité, dit-il, mes conseils de lecture !
So much for Jérôme who was waiting with curiosity, he said, for my reading tips!

Cependant, la semaine a été chargée. Pour la petite histoire, nous avons donné des poissons, ils sont trop nombreux dans la mare. J’ai emprunté une vraie épuisette après un échec avec le jouet que j’avais. Mais je n’ai pas été plus brillante avec l’outil adapté, les poissons en rient encore. Lou-Anne a réussi la performance d’en coincer un que j’ai pu capturer.
However, the week has been busy. For the record, we gave fish, there are too many in the pond. I borrowed a real landing net after a failure with the toy I had. But I haven’t been any brighter with the right tool, the fish are still laughing about it. Lou-Anne succeeded in trapping one that I was able to capture.

L’association Bugey Sud Actif organisait une visite des jardins ce week-end. Les photos parsemées ici et là sur cette page sont le résultat de nos explorations. Après être allés chez Michel, puis chez Françoise, et enfin chez Chantal et Maurice, nous avons reçu une trentaine de visiteurs, parmi eux des amis perdus de vue et qu’on a été très heureux de retrouver.
The Bugey Sud Actif association organized a visit to the gardens this weekend. The photos scattered here and there on this page are the result of our explorations. After going to Michel’s, then to Françoise’s, and finally to Chantal and Maurice’s, we received about thirty visitors, among them friends we had lost sight of and whom we were very happy to find again.

Dominique conte — Dominique tells

Je parlais de manque de lien social ?
I mean lack of social connection?

D’autres photos suivront !
More photos will follow!

Dans les coulisses / Behind the scenes

Peut-être que la question « comment fait-on pour publier des chroniques de façon presque hebdomadaire » ne vous turlupine pas, ne vous fait pas vibrer, alors tant pis car vous avez la réponse que vous n’avez pas demandée (Il faudrait ajouter un petit smiley, là).
Maybe the question « how do you publish reviews almost weekly » doesn’t bother you, doesn’t make you vibrate, so too bad because you have the answer you didn’t ask for (I should add a little smiley there).

Lundi –
Le plus souvent, je termine ma chronique le lundi. Je la poste, en catimini, puis je programme l’envoi de la fameuse « piqûre de rappel ».

De lundi à lundi – Rassembler les thèmes, les trier, en jeter quelques-uns, en garder pour une autre fois, trouver comment présenter les autres pour rendre la lecture attrayante… ça prend bien la semaine. C’est mieux si l’élan d’écriture ne s’arrête pas.
Lundi revient, il faut terminer. Un quart d’heure pour la traduction vers l’anglais : j’utilise google pour éviter de dactylographier une nouvelle fois mon texte, mais je vérifie attentivement ce que me propose l’intelligence artificielle ; certes, elle s’améliore avec le temps, mais ce n’est qu’une machine, avec tout ce que ça peut générer d’erreurs… Attention aux mots comme « temps », à traduire par « time » ou « weather », à moi de vérifier, google ne sait pas, même si le contexte lui est très utile. J’utilise souvent le nom latin pour les végétaux, il y a moins de risques d’erreur.
Le français utilise beaucoup le sens figuré, la traduction littérale donne d’étranges résultats !
Monday –
Most often, I finish my column on Monday. I mail it, on the sly, then I program the sending of the famous « reminder shot ».

Monday to Monday – Gathering themes, sorting them, throwing a few away, saving for another time, figuring out how to present others to make reading engaging… it takes the week well. It’s better if the writing momentum doesn’t stop.
Monday is coming back, I have to finish. A quarter of an hour for the translation into English: I use google to avoid typing my text again, but I carefully check what the artificial intelligence offers me; yes, it gets better with time, but it’s just a machine, with all the errors it can generate… Beware of words like « temps », to be translated as « time » or « weather », it’s up to me to check, google doesn’t know, even if the context is very useful to it. I often use the Latin name for plants, there is less risk of error.
French uses the figurative meaning a lot, the literal translation gives strange results!

Véronique en épis — Royal candles

La question des thèmes que je vais aborder se pose en permanence.
Quand les sujets brûlants d’actualité éveillent mon enthousiasme ou ma colère, j’ai souvent l’impression de défendre une position originale. Mais peu de temps après, je vois bien que j’ai seulement enfoncé des portes ouvertes.
The question of the themes that I am going to address arises constantly.
When hot topics arouse my enthusiasm or my anger, I often have the impression of defending an original position. But soon after, I see that I only broke open doors.

Voilà que la revue suisse « le Temps » publie un texte remarquable de Jean-François Bayart. Je fais une recherche avant de décider s’il va apparaître dans mes pages : Jean-François Bayart est professeur de l’IHEID, « L’Institut de hautes études internationales et du développement » un établissement d’enseignement supérieur pionnier dans l’exploration des questions mondiales. Jean-François Bayart nous parle de Macron et de démocraties « illibérales ». Le mot est joli, je ne le connaissais pas, il me séduit. Macron a généré une forte haine, et il n’est pas aisé de le positionner dans le cours de l’histoire. À son sujet, il m’est difficile de tenir un discours politique structuré et argumenté ; je peux dire par exemple qu’il a réponse à tout, mais ses réponses sont vides de sens, il s’agit, comme au tennis, de renvoyer la balle, pof pof pof, indéfiniment. En parlant de lui, j’ai du mal à dépasser le côté superficiel que je lui reproche.
The Swiss magazine « Le Temps » has published a remarkable text by Jean-François Bayart. I do a search before deciding if it will appear in my pages: Jean-François Bayart is a professor at IHEID, « L’Institut de hautes études internationales et du développement », « The Graduate Institute of International and Development Studies » a pioneering higher education institution in the exploration global issues. Jean-François Bayart tells us about Macron and « illiberal » democracies. The word is pretty, I did not know it, it seduces me. Macron has generated strong hatred, and it is not easy to position him in the course of history. About him, it is difficult for me to hold a structured and argued political speech; I can say for example that he has an answer to everything, but his answers are meaningless, it is a question, like in tennis, of returning the ball, pof pof pof, indefinitely. Speaking of him, I find it difficult to overcome the superficial side that I reproach him for.

Jean-François Bayart se présente comme spécialiste des régimes autoritaires. Il évoque « la propension au réformisme étatique et anti-démocratique », il fait dans le paragraphe « une réalité parallèle » la liste des mensonges qui font que la réforme des retraites n’a pas de légitimé démocratique, quoi qu’en dise notre bon président. Bref, l’article m’aide à mettre des mots sur mon ressenti et mes inquiétudes.
Jean-François Bayart presents himself as a specialist in authoritarian regimes. He talks about « the propensity for state and anti-democratic reformism », he lists in the paragraph « a parallel reality » the lies that make pension reform have no democratic legitimacy, whatever our good president. In short, the article helps me put my feelings and concerns into words.

Un ami évoque des propos homophobes et racistes tenus pas loin d’ici. Certains d’entre eux par une élue. On le savait déjà, mais entendre des victimes ostracisées, c’est autre chose.
Certes, Macron n’a pas autorisé cette femme à parler ainsi, toujours est-il que le climat de haines, haines avec un S car elles sont nombreuses et se développent partout, approuvées par nos édiles, est vivement encouragé par l’attitude du chef de l’état.
Wokisme, théorie du genre, islamo-gauchisme, écoterrorisme… voilà un vocabulaire qui n’est pas anodin. On ne peut pas parler de démocratie quand du moment que tu critiques quelque chose, on te colle une de ces étiquettes – ostracisme d’état cette fois.
A friend mentions homophobic and racist remarks made not far from here. Some of them by an elected. We already knew that, but hearing about ostracized victims is something else.
Admittedly, Macron did not authorize this woman to speak like this, the fact remains that the climate of hatredS, hatredS with an S because they are numerous and are developing everywhere, approved by our city officials, is strongly encouraged by the attitude of the head of state.
Wokism, gender theory, Islamo-leftism, ecoterrorism… here is a vocabulary that is not insignificant. You can’t talk about democracy when as long as you criticize something, you get one of those labels – state ostracism this time.

Quand je décide d’évoquer pour vous ce type de réflexions, je fais de nombreux allers-retours entre mon expérience personnelle et mes recherches sur internet.
When I decide to evoke this type of reflection for you, I go back and forth between my personal experience and my research on the internet.

Plus délicat : voici quelques lignes empruntées à Wikipédia : « L’idée centrale de Hitler est simple : lorsqu’on s’adresse aux masses, point n’est besoin d’argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assénés à satiété constituent l’essentiel de son arsenal propagandiste (…) ». Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai pas comparé Macron à Hitler, trop de différences les séparent, même si Macron aussi fait appel à la force, même si les brutalités ne sont pas « l’effet de passions déchaînées, mais l’application des directives permanentes qui leur sont données » (aux SA).
Trickier: Here are some lines borrowed from Wikipedia: « Hitler’s central idea is simple: when addressing the masses, there is no need to argue, just seduce and strike. The impassioned speeches, the refusal of any discussion, the repetition of a few themes struck to satiety constitute the essence of its propagandist arsenal (…) ». Don’t make me say what I didn’t say, I didn’t compare Macron to Hitler, too many differences separate them, even if Macron also uses force, even if brutalities are not « the effect of unleashed passions, but the application of the permanent directives given to them » (to the SA).

Ai-je enfoncé des portes ouvertes en lisant avec un vif intérêt le texte de Jean-François Bayart qui parle d’illibéralisme mais pas de fascisme ? Il remarque aussi que le peuple est accusé de paresse, est infantilisé… Se sentir méprisé, c’est insupportable. Je me sens méprisée quand les luttes auxquelles je donne tout mon soutien sont présentées comme actes de banditisme (les méga-bassines, parmi d’autres…).
Did I break open doors by reading with great interest Jean-François Bayart’s text which speaks of illiberalism but not of fascism? He also notices that the people are accused of laziness, are infantilized… To feel despised is unbearable. I feel despised when the struggles to which I give my full support are presented as acts of banditry (the mega-basins, among others…).

Même pour vous faire un récit de voyage, les enchaînements sont délicats : alors que les secondes se succèdent dans leur course immuable et fluide, le récit, qui supprime des secondes, des minutes, des heures, et même des jours entiers, est beaucoup plus chaotique…
Quand j’évoque un problème aussi sinistre que la politique du moment, avec quoi vais-je enchaîner ?
J’ai sorti le bégonia-dragon, il ne craint plus le gel, mais il a mauvaise mine, il est tout maigrelet. Je l’ai taillé, il faudra recommencer pour l’aider à s’étoffer.
Even to give you a travelogue, the sequences are delicate: while the seconds follow one another in their immutable and fluid course, the story, which removes seconds, minutes, hours, and even whole days, is much more chaotic…
When I bring up an issue as sinister as current politics, what do I follow up with?
I took out the begonia-dragon, it no longer fears frost, but it looks bad, it is all skinny. I pruned it, it will have to be done again to help it grow.

Nous avons pu faire une séance de musique en gardant la porte ouverte et Manwei a joué du violon chinois, nous avons pu manger dehors, toutes choses redevenues bientôt impossibles avec le retour du froid. Un peu de pluie, juste assez.
La clématite en bien mauvaise santé est repartie. Je surveille l’arbre de Judée, le savon noir semble avoir été efficace, mais il faudra recommencer car les « cacopsylla pulchella » ne s’éliminent pas facilement.
Les topinambours font un bon démarrage.
We were able to do a music session with the door open and Manwei played the Chinese violin, we were able to eat outside, all things soon became impossible again with the return of the cold. A little rain, just enough.
The clematis in very poor health has returned. I watch the Judas tree, the black soap seems to have been effective, but it will be necessary to start again because the « cacopsylla pulchella » do not eliminate easily.
Jerusalem artichokes make a good start.

J’ai voulu tailler le cognassier du Japon qui avait souffert du gel, et j’ai trouvé un nid caché dans ses branches : à tâtons j’ai compté quatre œufs, mais quelques jours plus tard, le nid était vide. Inaccessible aux chats, ce sont sans doute de plus petites créatures qui ont fait un festin – pauvres oiseaux !
I wanted to prune the Japanese quince which had suffered from the frost, and I found a nest hidden in its branches: I felt my way and counted four eggs, but a few days later the nest was empty. Inaccessible to cats, it was probably smaller creatures that had a feast – poor birds!

Roses… et pucerons — Roses… and aphids

D’autres oiseaux se portent bien si j’en crois les deux mésanges qui passent leur journée à voler et sautiller. Le nid est dans le mur, sous la fenêtre de la salle de bain. Quand un parent rapporte de la nourriture, il commence une marche d’approche que les militaires lui envieraient : il se pose sur un fil, se déplace en regardant de tous les côtés, gesticulation nerveuse qui ne s’arrête jamais, puis repart dans une autre direction, puis une autre, passant pour tous ses points d’approche stratégiques. Ces deux oiseaux ne sont jamais immobiles, ils me donnent le tournis !
Other birds are doing well if I believe the two tits who spend their day flying and hopping. The nest is in the wall, under the bathroom window. When one of the parents brings back food, it begins an approach march the military would envy it: it lands on a wire, moves around, looking around, nervous gesticulation that never stops, then starts again in a another direction, then another, passing for all its strategic points of approach. These two birds are never still, they make me dizzy!

L’asiminier — (Asimina triloba)

En français, on appelle « marronnier » les sujets rebattus qui reviennent régulièrement. Pourtant les petits détails de notre quotidien que je viens d’évoquer (j’espère qu’ils ne sont pas soporifiques) représentent vraiment notre existence tranquille. Avec parfois une sortie moins routinière.
On est allés voir le film « interdit aux chiens et aux Italiens », un film d’animation réalisé par Alain Ughetto qui raconte sa famille, la pauvreté, l’arrivée en France… Ariane Ascaride est la voix de la grand-mère, et quand elle dit « on n’est pas d’un pays, on est de son enfance », elle emprunte cette superbe formule au poète René Frégni.
Je n’ai pas de mots assez élogieux pour évoquer ce film très inventif et touchant.
In French, we call « marronnier » the hackneyed subjects that come up regularly. Yet the small details of our daily life that I have just mentioned (I hope they are not soporific) really represent our quiet existence. With sometimes a less routine outing.
We went to see the film « interdit aux chiens et aux Italiens », « forbidden to dogs and Italians », an animated film directed by Alain Ughetto which tells about his family, poverty, the arrival in France… Ariane Ascaride is the voice of the grandmother, and when she says « we are not from a country, we are from one’s childhood », she borrows this superb formula from the poet René Frégni.
I do not have enough laudatory words to evoke this very inventive and touching film.

Je ne pense pas que cela change grand-chose pour vous d’être invités dans les coulisses de mon blog : j’essaie de faire preuve d’imagination pour ne pas me contenter d’énumérations fastidieuses. J’ai prévu de vous parler de mes lectures, il faut croire que j’ai le temps de lire puisque j’aimerais vous conseiller les derniers ouvrages qui m’ont beaucoup plu. Ce sera pour une autre fois, je ne sais pas encore quand…
I don’t think it matters much for you to be invited behind the scenes of my blog: I try to be imaginative so as not to content myself with tedious enumerations. I planned to talk to you about my readings, I have to believe that I have time to read since I would like to advise you of the latest books that I really liked. It will be for another time, I don’t know when yet…

forêt de chênes — oak forest

Et les photos ?
Ce lundi 15 mai, j’ai fait une longue séance dans le parc, le mois de mai est idéal. Ainsi vous aurez un état des lieux.
Voilà… Ça semble digeste, assez bien calibré. J’ai tout relu. N’ai-je rien oublié du sommaire sommaire prévu ?
And the pictures?
This Monday, May 15, I did a long session in the park, the month of May is ideal. So you will have an inventory.
That’s it… It seems digestible, quite well calibrated. I reread everything. Did I miss anything from the summary summary provided?

Arbre de François — François’ tree
Do you confirm the publication?

« En mai, fais ce qu’il te plaît »

Saint-Montan est vraiment un village magnifique. Je me fais un petit plaisir en publiant encore une fois cette photo de la ruelle pavée. Je dois préciser que c’est Paul qui prend les photos dès qu’il y a des vieilles pierres : lui prend son temps, cadre avec soin. Moi, je fais des quantités de photos que je recadre depuis l’ordinateur, et je dois en jeter beaucoup.
D’ailleurs, j’ai mis mon Canon en dormance et je n’ai pas d’illustrations pour ce qui va suivre, vous aurez donc des photos d’autres temps et d’autres lieux !
Saint-Montan is truly a magnificent village. I give myself a little pleasure by posting this photo of the cobbled alley once again. I must specify that it is Paul who takes the photos as soon as there are old stones: he takes his time, frames carefully. Me, I take lots of photos that I crop from the computer, and I have to throw away a lot.
Besides, I put my Canon in dormancy and I do not have illustrations for what will follow, so you will have photos of other times and other places.

photinia

Cela fait maintenant longtemps que nous avons abandonné les vieilles ruelles et les chats farouches de Saint-Montan.
La maison, le jardin et le parc sont toujours là. Et même des fruits commencent à se former sur les arbres. Le gel n’a pas fait de dégâts et c’est une bonne nouvelle.
À peine revenus, nous recevons le SEL (Système d’Echange Local). Ici comme ailleurs, les confinements ont été lourds de conséquence, le SEL qui était très dynamique a du mal à redémarrer. Nous étions quinze ou vingt il y a quelques années à nous retrouver sur le thème du jardin (échanges divers, plantes, outils, savoir-faire), aujourd’hui nous sommes sept…
It’s been a long time since we left behind the old streets and the fierce cats of Saint-Montan.
The house, the garden and the park are still there. And even fruits are beginning to form on the trees. The frost didn’t do any damage and that’s good news.
Barely returned, we receive the SEL (or LES : Local Exchange System). Here as elsewhere, the confinements have had serious consequences, the SEL which was very dynamic is struggling to restart. We were fifteen or twenty a few years ago to meet on the theme of the garden (various exchanges, plants, tools, know-how), today we are seven…

wégélia

Cependant, nous avons le plaisir de retrouver dans ce petit groupe Étienne perdu de vue depuis plusieurs dizaines d’années ! Bien sûr, il me reconnaît, moi je ne suis pas physionomiste et c’est souvent très compliqué pour moi. Et bien sûr, Paul le reconnaît. Étienne a une solide expérience de jardinage, de permaculture, il partage volontiers ses connaissances, nombreuses et fort intéressantes.
Alors on fait appel à lui pour une nouvelle journée avec le broyeur. Lolo a bien préparé le terrain : il y a un peu partout des tas de branches, le jour J avec l’aide d’Étienne, Lolo et Jean-Pierre tout passe dans la machine. Bon, on garde trois brindilles pour Jérôme qui arrive demain, ce serait dommage qu’il n’ait pas droit à fabriquer lui aussi ce bois fragmenté ! Comme d’habitude je ne travaille guère plus d’une heure…
Les broyeurs de la commune sont prêtés gratuitement, avec comme seule condition le remplissage du réservoir d’essence. Actuellement, les prêts se font sur deux journées, inutile de consulter la montre toutes les deux minutes dans ces conditions, on a le temps de finir sans trop de hâte.
However, we are pleased to find in this small group Étienne lost sight of for several decades! Of course, he recognizes me, I am not a physiognomist and it is often very complicated for me. And of course, Paul recognizes him. Étienne has a solid experience of gardening, permaculture, he willingly shares his knowledge, numerous and very interesting.
So we call on him for another day with the grinder. Lolo has prepared the ground well: there are lots of branches all over the place, on D-Day with the help of Etienne, Lolo and Jean-Pierre everything goes through the machine. Well, we’ll save three twigs for Jerome who arrives tomorrow, it would be a shame if he couldn’t make this fragmented wood too! As usual, I hardly work more than an hour…
The shredders of the municipality are loaned free of charge, with the only condition being the filling of the gas tank. Currently, the loans are made over two days, no need to consult the watch every two minutes in these conditions, there is time to finish without too much haste.

bleuet

Yves va déménager ! Il quitte la région pour retrouver Genève et surtout sa famille. Nous sommes heureux pour lui mais navrés de le perdre de vue, alors nous fêtons son départ. En espérant qu’il reviendra nous voir, Genève, ce n’est pas si loin.
Cette fois, il fallait immortaliser la réunion, alors j’ai sorti l’équipement lourd, le Canon avec son pied et le retardeur. J’ai couru pour m’asseoir et j’ai la main un peu crispée sur mes lunettes. Dommage mais tant pis, c’est le souvenir d’une belle journée.
Yves is moving! He leaves the region to find Geneva and especially his family. We are happy for him but sorry to lose sight of him, so we celebrate his departure. Hoping he will come back to see us, Geneva is not that far away.
This time, the meeting had to be immortalized, so I took out the heavy equipment, the Canon with its tripod and the self-timer. I ran to sit down and my hand is a little tense on my glasses. Too bad but too bad, it’s the memory of a beautiful day.

Un gros chantier vient de commencer pour « améliorer » la route : les véhicules passent déjà bien trop vite dans le hameau, sur une route dégradée. Nous craignons le pire quand il y aura un ruban d’asphalte en bon état.
En attendant, les voitures continuent de passer malgré l’interdiction, quelqu’un ayant poussé sur le bord le panneau d’interdiction : faisant preuve de civisme, nous le replaçons au milieu de la route.
Les panneaux de signalisation sont dans un tel état de délabrement qu’on a envisagé de faire l’aumône à la société qui gère ce chantier.
A major project has just started to « improve » the road: vehicles are already passing far too quickly in the hamlet, on a degraded road. We fear the worst when there will be a strip of asphalt in good condition.
In the meantime, cars continue to pass despite the ban, someone having pushed the ban sign over the edge: showing good citizenship, we put it back in the middle of the road.
The road signs are in such a state of disrepair that we considered giving alms to the company that manages this site.

En revanche, un autre chantier sur la commune de Saint-Victor-de-Morestel ne réveille pas la même pitié : ici, il s’agit de bêtise humaine. Au milieu de nulle part, installation d’un parking destiné à la recharge de batteries des voitures électriques. Les vaches vont être drôlement contentes d’avoir de la compagnie, mais que vont faire les chauffeurs pendant les trois secondes nécessaires à la recharge ?
Bien sûr, moi, je peux y aller en chargeant mon vélo sur ma voiture, et me balader en vélo en attendant.
En plus je n’ai même pas de voiture électrique.
On the other hand, another construction site in the town of Saint-Victor-de-Morestel does not arouse the same pity: here, it is about human stupidity. In the middle of nowhere, installation of a car park intended for recharging the batteries of electric cars. The cows are going to be awfully happy to have company, but what are the drivers going to do for the three seconds it takes to recharge?
Of course, I can go there by loading my bike on my car, and ride my bike while waiting.
Besides, I don’t even have an electric car.

Consoude – Comfrey

Je retrouve mes soucis de jardinière-sorcière, infirmière des plantes malades : encore un remerciement à Jean-Yves Meignen pour son livre. L’arbre de Judée est de nouveau envahi par la redoutable « cacopsylla pulchella », joli insecte sous certaines de ses cinq formes, mais prédateur redoutable. J’ai cru cet arbre perdu à plusieurs reprises, je l’ai sauvé à chaque infestation : voilà que ça recommence cette année, et je n’ai pas attendu pour l’arroser d’une préparation à base de Bacilus thuringiensis.
Paul a planté l’année dernière de jolis arbustes fruitiers de petite taille, les pucerons les adorent : pour eux, ce sera le savon noir – ne pas oublier de rincer le lendemain de la pulvérisation.

J’ai fait ces traitements dans l’urgence, ce ne sont pas les conseils de J-Y Meignen que j’ai suivis, maintenant il me faut me procurer quelques huiles essentielles pour appliquer ses recettes.
I rediscover my worries as a gardener-witch, nurse of sick plants: another thank you to Jean-Yves Meignen for his book. The Judas tree is again invaded by the dreaded « cacopsylla pulchella », a pretty insect in some of its five forms, but a fearsome predator. I thought this tree was lost several times, I saved it with each infestation: it’s starting again this year, and I didn’t wait to spray it with a preparation based on Bacilus thuringiensis.
Paul planted some lovely little fruit bushes last year, the aphids love them: for them it will be the black soap – remember to rinse off the day after spraying.

I did these treatments in a hurry, it was not J-Y Meignen’s advice that I followed, now I need to get some essential oils to apply his recipes.

Photo prise il y a deux ans des monstres et de l’un de leurs ennemis.
Photo taken two years ago of the monsters and one of their enemies.

Pendant le bref séjour de Jérôme, nous avons retrouvé les bois tout proches avec ce bon vieil Ent, fidèle au poste.
During Jérôme’s brief stay, we found the woods nearby with this good old Ent, faithful to the post.



Des choses ont changé : dans le chemin aux châtaigniers, un très vieil arbre, sans doute mort depuis longtemps, n’a pas résisté au dernier coup de vent.
Things have changed: in the path to the chestnut trees, a very old tree, probably long dead, did not resist the last gust of wind.

Ce drôle de cœur est constitué par deux arbres qui se sont serrés très fort l’un contre l’autre pendant leur existence. L’un est un chêne, l’autre certainement un charme. Ont-ils connu l’un pour l’autre de doux sentiments, au point de laisser un cœur en souvenir ?
This funny heart is made up of two trees that have hugged each other very tightly during their existence. One is an oak, the other certainly a hornbeam. Did they know sweet feelings for each other, to the point of leaving a heart in memory?


Au mois de mai, c’est la fête à tous les coins de rue. Notre boulanger favori, Gauthier, a organisé la fête du four, qui a connu un beau succès. Sur sa page Faceboook, il a publié d’autres photos (je ne sais jamais si mes lecteurs s’intéressent aux liens que je publie !).
Pour moi, c’est l’occasion d’y aller en vélo. Non seulement Paul travaille trop au jardin pour avoir le temps de pédaler, mais sa roue est à plat… Je recommence à faire quelques petites sorties qui me font du bien. Je vais aussi en vélo à Salagnon à l’occasion de la foire aux vins pour la visite la plus rapide que j’y ai jamais faite ! La pluie menace mais je réussis à revenir seulement sous les premières gouttes.
LIEN https://www.facebook.com/boulangerieauvieuxfour/
In May, it’s party time on every street corner. Our favorite baker, Gauthier, organized the oven party, which was a great success. On his Facebook page, he posted more photos (I never know if my readers are interested in the links I post!).
For me, it’s the opportunity to go there by bike. Not only does Paul work too much in the garden to have time to pedal, but his wheel is flat… I’m starting to do a few little outings again that do me good. I also cycle to Salagnon for the wine fair for the quickest visit I’ve ever had there! The rain threatens but I manage to come back only under the first drops.
LINK https://www.facebook.com/boulangerieauvieuxfour/

« Un nerf de swing »

Si je veux vous faire partager nos passionnantes aventures, je n’ai pas d’autre choix que de publier ces méli-mélo, ces fourre-tout — après tout notre quotidien est une addition de secondes et de minutes, puis d’heures, avec ces sautillements d’une histoire à une autre.
Pour nous, il présente un avantage certain : si nous relisons des publications anciennes, ce que nous avons connu et oublié nous revient en mémoire, avec toutes les sensations qui s’attachaient à ces moments.
If I want to share our exciting adventures with you, I have no choice but to publish these hodgepodge, these catch-alls — after all our daily life is a sum of seconds and minutes, then hours, with these jumps from one story to another.
For us, it has a definite advantage: if we reread old publications, what we have known and forgotten comes back to us, with all the feelings that attached to those moments.

Avec un léger mal de tête* / With a light headache*

*Le mal de tête, c’est seulement
pour ceux qui ont abusé de gentiane ou de rinquinquin

*The headache is only
for those who have abused gentian or rinquinquin

Atchoum ! Parfois, quelques fragments de physique quantique me chatouillent le nez… Je n’y comprends rien, mais c’est rassurant : j’ai lu quelque part que si vous y comprenez quoi que ce soit en physique quantique, c’est la preuve absolue que vous n’avez rien compris.
Je pensais à cela alors que nous suivions un fort joli sentier pour nous rendre au « château » en dessus de Manosque, tout près du col de la mort d’Imbert*. Je regardais la muraille d’arbres : certes, il y a de l’espace entre les arbres, mais si la densité végétale est suffisante, en additionnant le premier plan avec le deuxième, puis le suivant et ainsi de suite, votre regard s’arrête sur une muraille continue.
Or, le marcheur ne l’ignore pas, il peut franchir cette muraille continue.
La physique quantique, c’est pareil : il y a un mur épais, solide, continu, mais des machins le traversent, peut-être des électrons ou des mammouths à poil laineux, je ne sais pas, mais le fait est là : la muraille infranchissable peut être franchie. J’espère que vous serez reconnaissants d’être devenus experts en physique quantique grâce à moi.

*col de la mort d’Imbert
On raconte que ce gros lourdaud d’Imbert était follement amoureux de Laure, qu’il la poursuivait de ses assiduités et a cherché à assassiner le jeune homme qu’elle venait d’épouser : c’est Laure qui a pris un grand couteau de cuisine et a assassiné Imbert – légitime défense ?

Sneeze! Sometimes a few bits of quantum physics tickle my nose… I don’t get it, but it’s reassuring: I read somewhere that if you understand anything about quantum physics, that’s absolute proof that you didn’t understand anything.
I was thinking of this as we followed a very pretty path to get to the « castle » above Manosque, very close to the col de la mort d’Imbert*. I was looking at the wall of trees: of course, there is space between the trees, but if the plant density is sufficient, by adding the first plan with the second, then the next and so on, your gaze stops on a continuous wall.
However, the walker knows that he can cross this continuous wall.
Quantum physics is the same: there is a thick, solid, continuous wall, but things go through it, maybe electrons or woolly mammoths, I don’t know, but the fact is there: the impassable wall can be crossed. I hope you will be grateful for becoming an expert in quantum physics thanks to me.

*col de la mort d’Imbert – *Imbert death pass
It is said that this big dull Imbert was madly in love with Laure, that he pursued her with his attentions and sought to assassinate the young man she had just married: it was Laure who took a large knife from kitchen and murdered Imbert – self-defense?

muraille infranchissable
impassable wall
muraille infranchissable
impassable wall

Eh bien pas d’Imbert au col éponyme, ni de Laure, mais des promeneurs enchantés de profiter du doux soleil. Nous sommes tellement satisfaits de cette douce météo que nous pique-niquons à une table installée là juste pour notre confort.
Well, not Imbert at the eponymous pass, nor Laure, but walkers delighted to enjoy the gentle sun. We are so pleased with this mild weather that we picnic at a table set up there just for our comfort.

Avant de quitter la région de Manosque, nous découvrons les gorges de Trévans à Estoublon, parallèles à celles du Verdon bien plus célèbres. On choisit le sentier direction Valbonnette, c’est très beau, mais la montée très raide aura raison de nous, dès que ça devient facile nous faisons demi-tour. On n’a plus vingt ans. Ni même quarante. Ni même… – où en étais-je ?
Au retour en regardant la carte, nous réalisons que les trois heures annoncées pour le circuit sont largement sous-estimées.
Retour par le plateau de Valensole.
Before leaving the Manosque region, we discover the gorges of Trévans in Estoublon, parallel to those of the much more famous Verdon. We choose the path towards Valbonnette, it is very beautiful, but the very steep climb will get the better of us, as soon as it gets easy we turn around. We are no longer twenty years old. Not even forty. Not even… – where was I?
On the way back, looking at the map, we realize that the three hours announced for the circuit are largely underestimated.
Return via the Valensole plateau.

Nous quittons Manosque avec regret, et traversons les Baronnies sans nous presser, avec pique-nique au pied du joli village d’Aurel. Nous arrivons chez mon père mais cette fois nous ne logeons pas chez lui : à l’avenir, s’il n’habite plus là, il nous faudra aller dans un gîte, alors nous commençons la prospection.
We leave Manosque with regret, and cross the Baronnies without hurrying, with a picnic at the foot of the pretty village of Aurel. We arrive at my father’s house but this time we are not staying with him: in the future, if he does not live there anymore, we will have to go to a lodge, so we start prospecting.

gorges de Trévans
Aurel
Aurel

Une fois nos bagages en place dans notre nouvelle demeure, nous allons prendre un rafraîchissement, c’est intéressant d’habiter en face d’un café-restaurant ! Je reconnais le maire du village que j’avais vu à mon passage précédent, je vais le saluer : il dit à sa compagne que son grand-père faisait de la spéléo avec mon père ! C’est comme ça que j’apprends qu’il est le petit-fils d’Albert, Albert dont j’ai un si bon souvenir, décédé maintenant (il aurait largement dépassé le siècle).
Once our luggage is in place in our new home, we will have a refreshment, it is interesting to live in front of a coffee shop! I recognize the mayor of the village whom I had seen on my previous visit, I will greet him: he told his companion that his grandfather was caving with my father! This is how I learn that he is Albert’s grandson, Albert of whom I have such good memories, deceased now (he would have been well over a century).

Saint-Montan
Photo Paul

Je passerais des heures à remuer les vieux souvenirs.
Paul découvre avec beaucoup d’intérêt le vieux village : depuis plus de cinquante ans, « les amis de Saint-Montan » font un travail incroyable de réhabilitation, avec fort peu de moyens. Un peu partout, on trouve, affichée sur les maisons, la photo « avant-après ». Quand j’étais petite, j’avais l’habitude de ce paysage ruiné ; il s’est lentement relevé de ses ruines, comme si le temps avait avancé à reculons.
Nous découvrons un petit espace d’exposition, désert, et nous le visitons. Puis un homme revient du chantier en cours et la discussion s’engage. Saint-Montan était une coseigneurie (ou castrum) : une seigneurie avec plusieurs propriétaires, chacun souhaitant posséder le plus haut donjon. Ils étaient concurrents bien plus qu’amis, et les archives racontent les procès qu’ils se faisaient les uns aux autres. Notre interlocuteur explique comment ces innombrables procès documentent les archives utilisées pour reconstituer fidèlement le village tel qu’il était autrefois.
Notre logement date certainement du Moyen-Age, comme la majorité des constructions ici.
https://www.saint-montan.fr/Les-Amis-de-Saint-Montan

I would spend hours stirring up old memories.
Paul discovers the old village with great interest: for more than fifty years, « the friends of Saint-Montan » do an incredible job of rehabilitation, with very little means. A little everywhere, we find, posted on the houses, the photo « before and after ». When I was young, I was used to this ruined landscape; it slowly rose from its ruins, as if time had moved backwards.
We discover a small exhibition space, deserted, and we visit it. Then a man returns from the construction site in progress and the discussion begins. Saint-Montan was a coseigneurie (or castrum): a seigneury with several owners, each wishing to own the highest dungeon. They were more competitors than friends, and records tell of the lawsuits they took on each other. Our interlocutor explains how these countless trials document the archives used to faithfully reconstruct the village as it once was.
Our accommodation certainly dates from the Middle Ages, like the majority of buildings here.
https://www.saint-montan.fr/Les-Amis-de-Saint-Montan

Saint-Montan
Photo Paul

En fin de journée se tient un petit marché de producteurs sur la place.
Un grand costaud moustachu bavarde avec les passants : je lui demande son nom, et je lui dis que nous étions à l’école ensemble. Il me reconnaît, me fait claquer chaleureusement des bises sur les deux joues. Quand il était enfant, j’étais plus grande que lui, j’ai (toujours) un an de plus, mais maintenant c’est lui qui me dépasse et de loin.
Maman était la maîtresse d’école du village. Il ignorait son décès, j’oublie de lui dire qu’elle est partie rapidement, sans souffrance. Il se rappelle que nous avons déménagé en 1960. J’oublie de lui demander comment ça s’est passé après notre départ. Ma sœur et moi étions scolarisées dans une classe avec cinq élèves, à notre départ ils n’étaient plus que trois – mais à part lui qui étaient ces trois ?
Son village (juste à côté) a beaucoup changé dit-il, je confirme, j’y passe parfois.
At the end of the day, a small farmers’ market is held on the square.
A big burly man with a mustache chats with passers-by: I ask his name, and I tell him that we were at school together. He recognizes me, warmly blows kisses on both cheeks. When he was a child, I was taller than him, I am (still) a year older, but now he is the one who surpasses me by far.
Mom was the village schoolteacher. He was unaware of her death, I forgot to tell him that she left quickly, without suffering. He remembers that we moved in 1960. I forget to ask him how it went after we left. My sister and I were in a class with five students, when we left there were only three – but besides him who were those three?
His village (just next door) has changed a lot, he says, I confirm, I go there sometimes.

Retourner sur les lieux de son enfance, c’est reconnaître quelque chose qui n’est jamais pareil : même si rien ne change, les années changent notre regard. J’avais seulement huit ans quand nous avons quitté ce village où j’ai le souvenir de beaucoup de bêtises que j’y faisais. Il a raison, tout a changé, y compris la possibilité de lâcher mes huit ans sur les chemins déserts.
Avant de vous quitter, je vous recopie une formule trouvée sur une boîte aux lettres de Saint-Montan et qui nous a bien fait rire :
« Arrêtez de tout interdire, je n’arrive plus à tout désobéir ! »
Returning to the places of one’s childhood is recognizing something that is never the same: even if nothing changes, the years change our outlook. I was only eight years old when we left this village where I remember many stupid things I did there. He’s right, everything has changed, including the possibility of letting go of my eight-year-old on the deserted roads.
Before leaving you, I’m copying you a formula found on a mailbox in Saint-Montan and which made us laugh:
« Stop forbidding everything, I can’t disobey everything anymore! »

gorges de Trévans