Savoie, vraiment ?

Mes colères habituelles ne se calment pas, n’ont aucune raison de se calmer, alors que je rêve encore de Savoie, et que je souhaite continuer à partager les beaux moments de notre dernier séjour. Si mes chroniques sont trop longues, elles ne seront pas lues : comment faire ? Je ne vais pas attendre 107 ans pour exprimer colère et angoisse. Ou plutôt je laisse parler le Nouvel Obs, un journal ni extrémiste ni terroriste, cela donnera au besoin plus de poids à mes propos.
My usual anger does not calm down, has no reason to calm down, while I still dream of Savoie, and I want to continue to share the beautiful moments of our last stay. If my columns are too long, they will not be read: what should I do? I’m not going to wait 107 years to express anger and anguish. Or rather I let the Nouvel Obs do the talking, a neither extremist nor terrorist newspaper, this will give more weight to my remarks if necessary.
LIEN – LINK:
https://www.nouvelobs.com/opinions/20230624.OBS74918/dissolution-des-soulevements-de-la-terre-le-gouvernement-s-en-prend-a-ceux-qui-refusent-de-demeurer-passifs-face-a-la-catastrophe.html

Cette respectable revue déplore le tournant autoritaire et la politique écocidaire du gouvernement, dans un article qui dénonce la dissolution des « Soulèvements de la Terre. » Rien de bien nouveau dans l’attitude du gouvernement, qui cherche à rabaisser, mépriser, infantiliser, ou au contraire assimiler au grand banditisme les militants : à les dénigrer par tous les moyens. Alors qu’ils méritent, et de loin, le plus grand respect entre autre pour leur engagement et les risques qu’ils prennent consciemment. Je parle des militants écologistes bien sûr. Notre gouvernement a voté quantités de lois liberticides : si l’extrême-droite arrive au pouvoir (rappelez-vous, on attendait le duel entre Jospin et Chirac, c’était peut-être en 1995, et le duel a eu lieu entre Chirac et Le Pen. Depuis, l’avancée de l’extrême-droite se poursuit. On m’a expliqué que Mitterand est à l’origine de son essor pour d’obscures raisons, sans doute électoralistes, que j’ai oubliées. Au nom de la démocratie, on a laissé ce petit parti devenir gros, au nom de la démocratie on laisse s’approcher dangereusement du pouvoir un parti pas du tout démocratique, cherchez l’erreur – ouf, je reprends mon souffle !). Si l’extrême-droite arrive au pouvoir disais-je, elle n’aura qu’à appliquer les lois qui sont fin prêtes. Encore une fois cherchez l’erreur.
This respectable journal deplores the authoritarian turn and the government’s ecocidal policy, in an article that denounces the dissolution of the « Soulèvements de la Terre », « Earth Uprisings. » Nothing really new in the attitude of the government, which seeks to belittle, despise, infantilize, or on the contrary assimilate militants to organized crime: to denigrate them by all means. While they deserve, by far, the greatest respect, among other things, for their commitment and the risks they consciously take. I’m talking about environmental activists of course. Our government has passed many draconian laws: if the extreme right comes to power (remember, we were expecting the duel between Jospin and Chirac, maybe it was in 1995, and the duel took place between Chirac and Le Pen. Since then, the advance of the far right has continued. It was explained to me that Mitterand is at the origin of its rise for obscure reasons, undoubtedly electoralist, which I have forgotten. In the name of democracy, we let this little party grow big, in the name of democracy we let an undemocratic party get dangerously close to power, find the error – phew, I’m catching my breath!). If the extreme right comes to power, I was saying, it will only have to apply the laws that are ready. Again find the error.

« Je ne comprends pas » répète Michel Bühler à de nombreuses reprises dans sa très belle « lettre à Menétrey ». Il ne comprend pas comment un soldat peut empêcher de passer une voiture dans laquelle une enfant doit se rendre à l’hôpital pour sa dialyse, et faute de ces soins elle en mourra. Il ne comprend pas par quel processus un être humain peut perdre son humanité à ce point. Que le soldat soit israélien et la fillette palestinienne, est-ce que cela change quelque chose ?
« I don’t understand » Michel Bühler repeats many times in his beautiful « lettre à Menétrey ». He does not understand how a soldier can prevent a car from passing in which a child must go to the hospital for her dialysis, and without this care she will die. He does not understand by what process a human being can lose his humanity at this point. That the soldier is Israeli and the girl is Palestinian, does that make any difference?

St-Nicolas la Chapelle
l’école en bas, la cour de récréation par dessus
the school below, the playground above

Michel ne comprend pas non plus pourquoi l’humanité, engagée depuis toujours vers le progrès, vers l’amélioration des conditions d’existence au fil du temps, est maintenant prise dans une spirale de désespérance et de recul, de dégradation de ces conditions d’existence :
« Où est passé le progrès ? Il y a quelques dizaines d’années, les femmes obtenaient le droit de vote, l’égalité avec les hommes. Plus loin dans le temps, on abolissait l’esclavage. Beaucoup plus loin, il y a des millénaires, l’homme, chasseur, devenait cultivateur.
On allait vers un mieux.
Mais là, dans l’immédiat, sous notre nez ? Ne vivons-nous pas une période de reflux ? »
Michel also does not understand why humanity, which has always been committed to progress, to the improvement of living conditions over time, is now caught in a spiral of despair and setback, of degradation of these living conditions of existence :
« Where has the progress gone? A few decades ago, women obtained the right to vote, equality with men. Later in time, slavery was abolished. Much further, millennia ago, man, a hunter, became a farmer.
We were going for the better.
But right there, right under our noses? Aren’t we living in a period of ebb? »

J’imagine que Michel aurait autant que Paul et moi apprécié ce dialogue:
« Dis-moi mon garçon, demandait Jag qui aimait les fables, qu’est-ce qui est le mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
— Le berger.
— Et qui tond le mouton ?
— Le berger.
— Et qui le tue pour le manger ?
— Le loup !
— Non, Anton. C’est encore le berger. Il est bien rare qu’un loup parvienne à tuer un mouton, parce que le berger veille, et il a de gros chiens. Mais qui donc protège le mouton quand le berger veut l’immoler ?
— Personne.
— Et pourtant de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
— Du loup !
— Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l’existence des loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. »
Alain Mascaro (Avant que le monde ne se ferme)

I imagine that Michel would have enjoyed this dialogue as much as Paul and I:
« Tell me boy, asked Jag who loved fables, what is better for a sheep, the shepherd or the wolf?
— The shepherd.
— And who shears the sheep? »
— The shepherd.
— And who kills it to eat it? »
— The wolf !
— No, Anton. It is still the shepherd. It is very rare that a wolf succeeds in killing a sheep, because the shepherd is watching, and he has big dogs. But who protects the sheep when the shepherd wants to sacrifice it?
— Person.
—And yet who is the sheep afraid of: the shepherd or the wolf?
— The wolf !
— Yes, boy, that’s the whole drama of men: they’re just like sheep. They are made to believe in the existence of wolves and those who are supposed to protect them are in fact those who shear and kill them. »
Alain Mascaro (Avant que le monde ne se ferme)

Je ne comprends pas que le gouvernement soit aveugle au point de ne pas prendre les mesures d’urgence qui s’imposent. Après tout mêmes les plus riches seront victimes de la pollution, du dérèglement climatique, impossible d’y échapper même en consacrant des fortunes à un déménagement incertain. Certains de mes amis disent que nous sommes gouvernés par des psychopathes, d’autres par des autistes, toujours est-il que la distance est incroyable entre la réalité du monde et le discours de nos dirigeants. On nous propose mollement des mesures sans se donner le moyen de les appliquer. C’est la finance qui gouverne et qui décide. Dans la dissolution des « Soulèvements de la Terre » pèse le poids de la FNSEA qui représente les industriels de l’agro-alimentaire. Finance, encore et toujours. Déni plus ou moins discret des problèmes écologiques.
I do not understand why the government is blind to the point of not taking the necessary emergency measures. After all, even the richest will be victims of pollution, climate change, impossible to escape even by devoting fortunes to an uncertain move. Some of my friends say that we are governed by psychopaths, others by autistic people, but the distance between the reality of the world and the discourse of our leaders is incredible. They offer measures halfheartedly without giving the means to apply them. It is finance that governs and decides. In the dissolution of the « Soulèvements de la Terre » weighs the weight of the FNSEA which represents the industrialists of the food industry. Finance, again and again. More or less discreet denial of ecological problems.

Nombreux chalets, la plupart inoccupés
Many chalets, most unoccupied

Si la pub sur youtube vous exaspère, vous pouvez la supprimer contre un paiement de 25 euros par mois – un rien. Vous pouvez en faire bénéficier un nombre restreint de vos proches.
If the advertisement on youtube annoys you, you can remove it against a payment of 25 euros per month – nothing. You can benefit a limited number of your relatives.

Dans la réserve naturelle de Doñana, en Espagne, « des exploitations illégales de fraises ont puisé dans les sources d’eau et drainé les zones humides pour faire pousser leurs cultures. Pire encore, les autorités locales andalouses s’apprêtent à accorder une amnistie pour toutes les fermes irriguées illégalement. »
Vous pouvez en savoir plus et si vous le souhaitez signer la pétition.
In Doñana Nature Reserve, Spain, « illegal strawberry farms have tapped into water sources and drained wetlands to grow their crops. Worse still, local Andalusian authorities are preparing to grant an amnesty for all illegally irrigated farms. »
You can find out more and if you want to sign the petition.
LIEN – LINK:
https://act.wemove.eu/campaigns/sauvez-donana?utm_campaign=20230621_FR&utm_medium=email&utm_source=civimail-55846

Entre les « Soulèvements de la Terre », Michel Bühler, le loup d’Alain Mascaro, YouTube et les fraises espagnoles, vous allez dire que je mélange tout ? Eh bien non : pour moi, il y a un fil conducteur, un fil rouge bien visible, la notion de profit vue sous différents angles. En ce qui concerne Michel Bühler et la Palestine, le fil devient ténu, en fait la « lettre à Menétrey » mériterait une chronique entière à elle seule pour montrer l’immense humanité de l’auteur : le livre entier déborde d’humanisme, de sagesse.
Between the « Soulèvements de la Terre », Michel Bühler, Alain Mascaro’s wolf, YouTube and Spanish strawberries, are you going to say that I mix everything? Well no: for me, there is a common thread, a very visible red thread, the notion of profit seen from different angles. As far as Michel Bühler and Palestine are concerned, the thread becomes tenuous, in fact the « lettre à Menétrey » deserves an entire chronicle on its own to show the immense humanity of the author: the whole book overflows with humanism, wisdom.

Je ne pensais pas en dire aussi long, mes lectures passionnantes se liguent pour que ma page se rallonge indéfiniment. J’ai en tête beaucoup plus de questions que de réponses, leur donner forme écrite est une démarche intéressante. Et j’espère que ça vous apporte quelque chose, par exemple des listes de livres à vous procurer ?
I didn’t think I would say so much, my fascinating readings combine to make my page extend indefinitely. I have many more questions in mind than answers, giving them written form is an interesting approach. And I hope it brings you something, like lists of books to get?

Cette mystérieuse boîte aux lettres est-elle à l’un d’entre vous ? À mon avis, vous ne recevrez pas votre courrier tant que vous n’aurez pas fauché l’herbe !
Does this mysterious mailbox belong to any of you? In my opinion, you won’t get your mail until you mow the grass!

C’était une promenade au-dessus du village, et nous avons admiré le jardin d’une vielle dame, enchantée d’avoir un auditoire. Sa maison a été primée dans un concours de maisons fleuries, bon choix.
It was a walk above the village, and we admired the garden of an old lady, delighted to have an audience. Her house was awarded in a competition of flowered houses, good choice.

Savoie

Notre séjour en Savoie a tenu toutes ses promesses.
J’ai à peine évoqué le site du barrage de Saint-Guérin : nous y pique-niquons puis faisons un petit tour.
Our stay in Savoie kept all its promises.
I barely mentioned the site of the Saint-Guérin dam: we picnic there and then take a short walk.

Ces fleurs fanées ne sont sans doute pas du tussilage, mais comment savoir ?
Those faded flowers might not be coltsfoot, but how to know?

C’est si beau !
It is so beautiful !

Salut au vénérable barbu
Salute to the venerable bearded man

L’eau de fonte des neiges s’écoule à grand fracas dans le lac.
Snowmelt water rushes into the lake.

Zoom sur ce qui ne peut pas être une coupe de bois : quelle tempête a provoqué de tels dégâts ?
Zoom in on what can’t be a logging: what storm caused such damage?

Vue au travers de la passerelle himalayenne. On ressent toujours un flottement quand on est au milieu, elle bouge – à peine.
View through the Himalayan Gateway. You always feel a flutter when you’re in the middle, it moves – barely.

Nous reprenons la route. Nostalgie : nous avons campé là, ça va faire vingt ans.
We take the road again. Nostalgia: we camped there, it’s been twenty years.

Hauteluce est un charmant village. Nous ne pourrons pas prendre une boisson comme il y a deux ans, le bar est fermé. C’est une maladie grave qui frappe bars et restaurants, le nombre d’établissements qui ferment est très inquiétant. Les gens aux revenus moyens n’ont plus assez pour s’offrir le plaisir d’un verre ou d’un repas.
Déçus de ne pas pouvoir savourer un café, nous faisons quelques pas dans la rue principale et unique du village.
Hauteluce is a charming village. We won’t be able to get a drink like two years ago, the bar is closed. It is a serious disease that strikes bars and restaurants, the number of establishments that close is very worrying. People with average incomes no longer have enough to afford the pleasure of a drink or a meal.
Disappointed at not being able to enjoy a coffee, we take a few steps down the main and unique street of the village.

Je vous parlais de la maison de Maurice et Chantal, maison des douaniers. La frontière avec l’Italie passait aussi par ici.
I was telling you about Maurice and Chantal’s house, the customs house. The border with Italy also passed through here.

Un éco-musée nous ouvre sa porte. Il est désert, même le responsable ne nous a pas entendus. Nous faisons une visite fort intéressante, une belle collection nous raconte la vie d’autrefois, nous parle de différents métiers, nous montre l’intérieur d’un domicile… Avec beaucoup de matériel.
An eco-museum opens its door to us. It is deserted, even the manager did not hear us. We make a very interesting visit, a beautiful collection tells us about life in the past, tells us about different trades, shows us the interior of a home… With a lot of material.

La reconstitution de l’école nous rappelle des souvenirs ! Je me suis assise sur de tels bureaux (il y a bien longtemps !).
The recreation of the school brings back memories! I have sat on such desks (a long time ago!).

Pendant plusieurs années, maman était aussi ma maîtresse d’école, et ma sœur et moi pouvions parfois jouer dans la minuscule salle de classe, hors des horaires scolaires bien sûr.
Sur les murs étaient affichés les fameux tableaux didactiques Rossignol. Vous pouvez en acquérir pour des sommes conséquentes auprès de différents vendeurs.
Voici parmi d’autres, innombrables, ce que les « têtes blondes » (les têtes brunes, vous n’y pensez pas !) pouvaient admirer depuis leur banc de bois.
For several years, Mom was also my schoolteacher, and my sister and I could sometimes play in the tiny classroom, outside of school hours of course.
On the walls were displayed the famous Rossignol didactic paintings. You can acquire them for substantial sums from different sellers.
Here is among countless others what the « blonde heads » (brown heads, don’t even think on it!) could admire from their wooden bench.

LIENS — LINKS
http://www.authentic-antiques.com/zoom_tableaux-pedagogiques-Rossignol.html
https://www.ebay.fr/b/Rossignol-dans-affiches-scolaires-de-collection/117826/bn_7006232202

chez l’épicier
at the grocer
chez le tailleur
at the tailor

L’année dernière, j’ai expliqué (je ne sais plus à qui) que la vache est un ruminant : mon interlocutrice était stupéfaite. Pour moi qui ai presque toujours vécu à la campagne, et aussi parce que ce splendide panneau était peut-être affiché dans ma classe, les animaux ruminants n’avaient rien de surprenant. Seuls les lecteurs francophones pourront vraiment apprécier tous les détails : avez-vous appris que la vache marche sur la pointe de ses doigts et de ses orteils ? J’aime les précisions : contenance de la panse, longueur des intestins…
Last year, I explained (I forget to whom) that the cow is a ruminant: my interlocutor was amazed. For me who has almost always lived in the countryside, and also because this splendid panel was perhaps displayed in my classroom, ruminant animals were not surprising. Only French-speaking readers will really be able to appreciate all the details: did you learn that the cow walks on the tips of its fingers and toes? I like the details: capacity of the belly, length of the intestines…

Vis-à-vis du sport, ma position est souvent ambigüe, rarement enthousiaste. Et aussi vis-à-vis des grands spectacles télévisuels, ceux-ci accompagnant souvent ceux-là.
With regard to sport, my position is often ambiguous, rarely enthusiastic. And also vis-à-vis the great television shows, these often accompanying those.

Les nouveaux outils rendent-ils l’homme plus intelligent, plus sage ?
La télévision par exemple.
Depuis cinquante ans qu’elle existe, a-t-elle amélioré l’humanité ? Je n’en ai pas le sentiment. Simplement, parce qu’ils passent devant elle beaucoup de temps assis, elle a rendu les gens plus gros.
– Michel Bühler, « Lettre à Menétrey »

Do new tools make man smarter, wiser?
Television for example.
In the fifty years of its existence, has it improved mankind? I don’t feel it. Simply, because they spend a lot of time sitting in front of it, it made people fatter.
– Michel Bühler, « Lettre à Menétrey »

[Elle] eut un peu de peine pour tous ces gens assis devant la même image, chacun chez soi. Et elle entendit mourir les histoires, les palabres et les questions. « Plus rien d’intéressant ne peut se dire, maintenant, » pensa-t-elle.
– Éric Dupont, « La fiancée américaine »

[She] felt a little sorry for all these people sitting in front of the same image, each at home. And she heard the stories die, the palavers and the questions. « Nothing interesting can be said now, » she thought.
– Eric Dupont, « La fiancée américaine »

Pourtant Paul et moi avions admiré la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Albertville en 1992 avec la mise en scène grandiose de Decouflé. Ici, deux costumes portés par des enfants rappellent l’événement.
Yet Paul and I had admired the opening ceremony of the Olympic Games in Albertville in 1992 with the grandiose staging of Decouflé. Here, two costumes worn by children recall the event.

Nous quittons Hauteluce sous un ciel menaçant.
We leave Hauteluce under a threatening sky.

J’aime tellement marcher ! Nous n’avons pas fini de profiter de cette superbe région.
I love walking so much! We have not finished enjoying this superb region.

Grands mouvements

Le plus souvent, lors de nos sorties à vélo, c’est ce type de photos que vous voyez.
More often than not, during our bike rides, it is these types of photos that you see.

Ma dernière expédition en vélo était d’un tout autre style : j’ai accompagné pendant trois heures Dom qui, lui, avait décidé de courir pendant cent kilomètres. Il est venu à bout de ce défi en guère plus de 12 heures. Quand je l’ai rejoint, il avait déjà dépassé les 70 kilomètres…
Pour ne rien vous cacher, ce n’est pas la fatigue qui m’a fait quitter la piste avant la fin, ce sont mes fesses qui en avaient assez de se meurtrir sur une selle.
My last bike expedition was of a completely different style: I accompanied Dom for three hours, he had decided to run for one hundred kilometers. He completed this challenge in just over 12 hours. When I joined him, he had already exceeded 70 kilometers…
To be honest with you, it wasn’t fatigue that made me leave the track before the end, it was my butt that was tired of getting bruised on a saddle.

Lucas, ami et entraîneur, accompagne Dom toute la journée. Il transporte un pulvérisateur de jardin avec lequel il rafraîchit Dom régulièrement.
Un groupe de cyclistes nous double en disant « bravo bravo ! » car j’ai vendu la mèche. L’un d’eux saute de son vélo pour participer. Il accompagne Dom quelques minutes. Trop sympa !
Lucas, friend and trainer, accompanies Dom all day. He carries a garden sprayer with which he regularly refreshes Dom.
A group of cyclists pass us saying « bravo bravo ! »! because I spilled the beans. One of them jumps off his bike to participate. He accompanies Dom for a few minutes. So nice !

Malheureusement, il fait très chaud, d’ailleurs Dom absorbe neuf litres de liquide (eau pure ou additivée) pendant cette dure épreuve.
Ce n’est pas facile d’accompagner, je suis souple mais pas agile. Or tout doit être fait pour servir l’athlète, ne pas le ralentir, ne pas changer son rythme : Dom marche quand je lui donne à boire, je me mets à son niveau pour lui donner la gourde puis la reprendre.
Unfortunately, it is very hot, moreover Dom absorbs nine liters of liquid (pure or additive water) during this hard ordeal.
It is not easy to accompany, I am flexible but not agile. But everything must be done to serve the athlete, not to slow him down, not to change his pace: Dom walks when I give him a drink, I get to his level to give him the bottle and then take it back.

Dom a commencé à souffrir après quarante ou cinquante kilomètres : si je lui propose de s’arrêter au prochain relais pour qu’on le raccompagne en voiture, et ainsi de ne pas terminer l’épreuve trop dure, il refuse catégoriquement : s’il ne va pas au bout de ce défi il lui faudra recommencer, et c’est hors de question.
Dom began to suffer after forty or fifty kilometres: if I suggest that he stop at the next belay so that we can drive him home, and thus not finish the test too hard, he categorically refuses: if he doesn’t finish this challenge, he’ll have to start over, and that’s out of the question.

Tout en étant très attentifs aux demandes de Dom, un peu comme s’il était malade, Lucas et moi avons largement le temps de bavarder ; en même temps, nous poussons sans trop d’effort sur les pédales de nos VAE. Lucas est un entraîneur (j’évite comme d’habitude le franglais « coach »), et si, moi, j’ai proposé à Dom de ne pas aller au bout, cette pensée semble ne pas avoir effleuré Lucas : il est capable de savoir si le sportif peut y aller ou pas. La mode est aux sports extrêmes, et beaucoup de gens consultent Lucas sur des projets qu’il ne soutient pas : ils veulent faire quelque chose de très dur sans en avoir les moyens, ni assez d’entraînement. Il connaît parfaitement Dom. Le gros souci pendant ma période d’accompagnement, c’est que Dom est incapable de manger, et Lucas sera soulagé quand Dom réussira enfin à absorber un petit quelque chose.
While being very attentive to Dom’s requests, a bit like he was sick, Lucas and I had plenty of time to chat; at the same time, we push without too much effort on the pedals of our VAE (electrically assisted bicycle). Lucas is a trainer (in French as usual I avoid the Franglais/Frenglish « coach »), and if I suggested to Dom not to go to the end, this thought does not seem to have crossed Lucas: he is able to know if the sportsman can go there or not. Extreme sports are all the rage, and a lot of people consult Lucas on projects he doesn’t support: they want to do something really hard without having the means or enough training. He knows Dom perfectly. The big worry during my coaching period is that Dom is unable to eat, and Lucas will be relieved when Dom finally manages to absorb a little something.

C’est un défi gratuit. Rien d’autre que son entêtement ne pousse Dom à aller jusqu’au bout. Et l’addiction dont on parle tant ? Un peu comme moi avec mon blog après tout. Je ne peux pas me mettre dans sa peau, mais en quelque sorte, le défi je connais ça.
Nous l’attendons chez lui, et quand il a pris un peu de repos et une douche, il enfile un tee-shirt avec un vélo dessiné dessus et la formule : « faire du vélo c’est ma méditation. »
It’s a free challenge. Nothing but his stubbornness pushes Dom to go all the way. And the much talked about addiction? A bit like me with my blog after all. I can’t put myself in his shoes, but somehow, the challenge, I know that.
We wait for him in his house, and when he’s had some rest and a shower, he puts on a T-shirt with a bicycle drawn on it and the phrase, « cycling is my meditation. »

Sans être sportive (ni sédentaire), j’ai trouvé très intéressant de me trouver au cœur de l’effort, même s’il ne s’agit pas du mien. Le sport ne m’attire pas tellement, surtout le grand spectacle puant l’enjeu financier avec éructations d’un commentateur au discours indigent. Mais j’aime faire des efforts, à un tout autre niveau que Dom bien sûr. J’avais découvert le plaisir de l’escalade quand on grimpe de façon lente et régulière, alors que la paroi donne envie d’aller vite. Curieusement, c’est la pratique du yoga qui m’avait fait faire cette prise de conscience : être dans l’instant et chercher à s’y trouver bien, ce qui permet de doser l’effort autrement. Sinon tu t’épuises…
Without being sporty (nor sedentary), I found it very interesting to find myself at the heart of the effort, even if it is not mine. Sport does not attract me so much, especially the big show reeking of the financial stakes with the bellow of a commentator with poor speech. But I like to make efforts, on a whole different level than Dom of course. I had discovered the pleasure of climbing when you climb slowly and steadily, while the wall makes you want to go fast. Curiously, it was the practice of yoga that made me realize this awareness: to be in the moment and to try to feel good there, which allows me to balance the effort differently. Otherwise you get exhausted…

Lucas nous donne des informations au sujet de la sensation d’épuisement. Il sait que les ressources du corps sont très supérieures à ce que l’on croit.
Lucas gives us information about the feeling of exhaustion. He knows that the resources of the body are far superior to what we believe.

L’arrivée — The arrival
« Il reste deux cents mètres, je continue !!! »
« There are two hundred meters left, I continue!!! »
Ils méritent d’être fiers !
They deserve to be proud!

Et voici que je fais un grand bond très sportif, un grand bond dans l’espace et dans le temps : la course de Dom a eu lieu fin mai, voici que Paul et moi retournons en Savoie et que le mois de juin est bien entamé.
And here I am taking a very athletic big leap, a big leap in space and time: Dom’s race took place at the end of May, here Paul and I are returning to Savoie and the month of June is well underway.

Lac de Saint-Guérin

Nous retrouvons avec un immense plaisir « notre » gîte » à Saint-Nicolas-la-Chapelle : attirés par la Provence (ah ! Saint-Étienne-les-Orgues !) nous n’étions pas revenus en Savoie depuis deux ans.
We find with great pleasure « our » gîte in Saint-Nicolas-la-Chapelle: attracted by Provence (ah! Saint-Étienne-les-Orgues!) we had not returned to Savoie for two years.

Plus haut, le potager de Bernadette et Alain…
Higher up, Bernadette and Alain’s vegetable garden…

…encore plus haut, la chapelle.
…even higher, the chapel.

Il y a même un geai venu nous accueillir, ou bien est-il en train de se goinfrer de cerises ?
There’s even a jay to greet us, or is he stuffing himself with cherries?

Nous allons méditer (peut-être un tout petit peu), prendre notre temps et profiter de notre séjour par ici.
We are going to meditate (perhaps a little bit), take our time and enjoy our stay here.

Jardin din din din…

Nous étions chez Chantal et Maurice l’année dernière au mois de juin, pour un repas partagé après les visites rituelles des jardins. Un bel arc en ciel et une lumière fantastique nous ont fascinés.
We were with Chantal and Maurice last year in June, for a shared meal after the ritual visits to the gardens. A beautiful rainbow and fantastic light fascinated us.

Quel plaisir de retourner dans cette belle propriété ! Elle est facile à trouver. À la limite des départements de l’Ain, de l’Isère et de la Savoie, autrefois c’était la maison des douaniers. Le jardin là aussi est magique.
What a pleasure to return to this beautiful property! It’s easy to find it. At the border of the departments of Ain, Isère and Savoie, it used to be the customs officers house. The garden is also magical.

Peu après notre arrivée, c’est le moment choisi par Chantal pour conter.
Maurice joue un air d’accordéon, puis laisse la place à Chantal qui commence par jouer du piano à pouce. Je reconnais l’histoire de Jeanne et Jean, puis celle de la grand-mère qui assiste au mariage de sa petite-fille, histoires que j’avais oubliées, qui me reviennent tout doucement en mémoire.
Shortly after our arrival, it is the moment chosen by Chantal to tell.
Maurice plays an accordion tune, then gives way to Chantal who begins by playing the thumb piano. I recognize the story of Jeanne and Jean, then that of the grandmother who attends the wedding of her granddaughter, stories that I had forgotten, which come back to my memory very slowly.

Elle termine en racontant pour la première fois l’histoire d’un roi qui gardait en cage un oiseau de toutes les couleurs. Contes pour enfants ? Sans doute, et pour mon plus grand plaisir car les contes ont beaucoup à nous apprendre.
She ends by telling for the first time the story of a king who kept a bird of all colors in a cage. Children’s stories? No doubt, and for my greatest pleasure because stories have a lot to teach us.

Après ce beau moment tranquille, nous sortons visiter les alentours. Quand le terrain est en pente, évidemment c’est plus pénible pour y travailler, mais les vues d’ensemble sont plus foisonnantes.
After this beautiful quiet moment, we go out to visit the surroundings. When the ground is sloping, obviously it is more difficult to work there, but the overviews are more plentiful.

Pourquoi dit-on « rouge comme une pivoine » ? « Pæonia » offre une grande variété de couleurs, telles les nuances de rose de celle-ci.
Why do we say « red as a peony »? « Pæonia » offers a wide variety of colors, such as the pink shades of this one.

Ici, du rouge : au fond à gauche, il s’agit de la sauge « goutte de sang », à droite les blettes montent à graine en montrant le rouge vif de leurs côtes.
Here, red: in the background on the left, it is the sage « goutte de sang », « drop of blood », on the right the chard goes to seed showing the bright red of their stalk.

Au sujet des gamahés, ou camaïeu, Wikisource nous dit que « la superstition [leur] a fait attribuer de grandes vertus ». Chez Chantal et Maurice, il s’agit de ce visage douloureux, nettement visible sur le bois d’une des lattes qui constituent les cloisons de cette petite bâtisse.
About the « gamahés », or « camaieu », Wikisource tells us that « superstition has caused [them] to attribute great virtues ». At Chantal and Maurice, it is this painful face, clearly visible on the wood of one of the slats which constitute the partitions of this small building.

Il fait encore grand jour mais le soleil ne va pas tarder à disparaître. Nous laissons le chat plongé dans sa méditation féline.
It is still broad daylight but the sun will soon disappear. We leave the cat immersed in its feline meditation.

Le lendemain cela se passe chez nous et je prends plaisir à récolter une brassée de fleurs et de feuillages pour embellir mon panneau. Paul fabrique une flèche directionnelle, même ceux qui ne sont jamais venus n’auront aucun mal à trouver.
The next day it happens at our house and I take pleasure in harvesting an armful of flowers and foliage to embellish my panel. Paul makes a directional arrow, even those who have never been will have no trouble finding the place.

Paul se lance dans de nombreuses explications. Il a fait des recherches sur des légendes concernant les hêtres, elles sont innombrables – je vous laisse faire pareil si l’aventure vous tente.
Paul launches into many explanations. He has researched beech legends, there are countless of them – I’ll let you do the same if the adventure tempts you.

Toutes sortes de visiteurs sont là, je veux parler de ceux qui ont de grandes connaissances et de ceux qui sont plutôt ignorants, mais venus visiter les jardins parce qu’ils sont eux aussi amoureux des arbres, des fleurs, des potagers. Les questions fusent, les appareils photos sont en plein travail, les échanges sont passionnants.
All kinds of visitors are there, I mean those with great knowledge and those who are rather ignorant, but come to visit the gardens because they too are in love with the trees, the flowers, the vegetable gardens. The questions fly, the cameras are hard at work, the exchanges are fascinating.

Les gens admirent le travail accompli. Cela me fait un effet étrange, pour moi c’est comme si ce parc, ces arbres avaient toujours été là, même si le paysage est en changement perpétuel. Pourtant, en janvier 2004, nous avions une grande prairie avec deux arbres minuscules, un cèdre du Liban qui a bien grandi, et un cyprès d’Arizona disparu, sans doute à cause des désherbants résiduels utilisés par le propriétaire précédent.
People admire the work done. It has a strange effect on me, for me it is as if this park, these trees had always been there, even if the landscape is in perpetual change. However, in January 2004, we had a large meadow with two tiny trees, a Lebanese cedar that grew well, and an Arizona cypress that had disappeared, probably due to residual weedkillers used by the previous owner.

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À la même époque (2003 ? 2004 ?) Dom a survolé la propriété et pris la photo que voici, accolée à une autre bien plus récente.
Au moment de terminer cette page, me voici presque en panne de réseau ! Je vous abandonne en vitesse, pendant qu’il en reste une miette !

At the same time (2003? 2004?) Dom flew over the property and took this photo, attached to another much more recent one.
At the time of finishing this page, here I am almost out of network! I leave you in haste, while there is still a crumb!