Philosophie et quotidien

Des photos du sud de l’Ardèche — Photos from South of Ardèche

J’ai été élevée dans une ambiance raciste de bon aloi. Je veux dire qu’il ne s’agissait pas de Ku Klux Klan, mais de la certitude que l’on m’avait inculquée de l’infériorité des Noirs. Je veux dire que cela semblait tellement naturel, évident, comme l’infériorité des femmes ou des personnes handicapées ! Et ce ne sont pas les stupidités de la comtesse de Ségur qui m’auraient ouvert l’esprit !
Si j’ai horreur de me rappeler que j’ai pu penser comme cela, je comprends aisément comment l’arrogance et l’ignorance du Blanc l’ont poussé à « civiliser » les peuples « sauvages » d’Afrique. Comment les invasions européennes ont pu déferler sur le continent. Comment le petit enfant de là-bas, une fois scolarisé, répétait docilement « nos ancêtres les Gaulois ».
I I’ve been raised in a healthy racist environment. I mean it wasn’t about the Ku Klux Klan, it was about the certainty I had been instilled in of the inferiority of Black People. I mean it seemed so natural, obvious, like the inferiority of women or disabled people! And it wasn’t the Comtesse de Ségur’s stupidities that would have opened my mind!
If I hate to remember that I could think like that, I easily understand how the arrogance and ignorance of the White Man pushed him to « civilize » the « savage » peoples of Africa. How European invasions were able to sweep across the continent. How the little child over there, once schooled, obediently repeated « our ancestors the Gauls ».

cistus albidus

Je ne résiste pas au plaisir de recopier la présentation que fait Babélio du livre de François Reynaert : « nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises » :
« Nous avons tous appris un jour que Clovis était le premier des rois de France. Qui sait qu’en Allemagne, il est considéré comme un roi allemand ? De Saint Louis, on garde l’image d’un grand souverain, rendant la justice sous son chêne. On ignore qu’il imposa aux Juifs de porter l’équivalent de l’étoile jaune. Jeanne d’Arc est la grande héroïne du Moyen Âge. Pourquoi a-t-on oublié toutes les autres ? »
I can’t resist the pleasure of copying Babelio’s presentation of François Reynaert’s book: « nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises », « our ancestors the Gauls and other nonsense »:
« We all learned one day that Clovis was the first of the kings of France. Who knows that in Germany he is considered a German king? From Saint Louis, we keep the image of a great sovereign, dispensing justice under his oak tree. It is not known that he required Jews to wear the equivalent of the yellow star. Joan of Arc is the great heroine of the Middle Ages. Why have we forgotten all the others? »

L’Afrique est immense, son histoire est complexe et je n’en connais pour ainsi dire rien. La première guerre mondiale a été l’occasion d’aller chercher de la chair à canon dans des régions « françaises ».
La langue « petit nègre », créée au milieu du dix-neuvième siècle, s’est alors montrée très utile pour transmettre des ordres simples à des personnes d’ethnies diverses parlant des langues diverses.
Africa is huge, its history is complex and I know virtually nothing about it. The First World War was an opportunity to go for cannon fodder in « French » regions.
The « little nigger » language (« petit nègre », pidgin), created in the mid-nineteenth century, then proved to be very useful for transmitting simple commands to people of various ethnicities speaking various languages.

« Selon la linguiste Laélia Véron, » nous dit Wikipédia « le français dit “petit nègre” est issu d’une idéologie coloniale et visait en fait à “enseigner un sous-français à des personnes auxquelles on ne voulait pas donner la citoyenneté française”. »
« According to linguist Laélia Véron, » Wikipedia tells us, « the so-called “petit nègre’” French came from a colonial ideology and was actually intended to “teach a sub-French to people to whom we did not want to give French citizenship”. »

En Afrique, on ne voyait jamais de Blancs malades, puisque dans ce cas ils étaient rapatriés. Beaucoup d’Africains on cru que nous étions des Dieux… Jusqu’au jour où ils sont venus se battre en France. Ont découvert la misère. Ont vu à leurs côtés d’autres pauvres poilus, blessés comme eux, mourant comme eux.
In Africa, they never saw sick White Men, since in this case they were repatriated. Many Africans believed that we were Gods… Until the day they came to fight in France. They discovered misery. They saw other poor « poilus » alongside them, wounded like them, dying like them.

« La Dame de onze heures »

Tout cela se bouscule dans ma tête quand mon père me parle de la candidature de madame Taubira : il n’aimerait pas qu’un.e basané.e devienne président.e de la république française dit-il. Que Christiane Taubira soit née en Guyane ne change rien à l’affaire.
All this jostles in my head when my father tells me about the candidacy of Madame Taubira: he would not like a swarthy person to become president of the French republic, he says. Christiane Taubira being born in Guyana does not change the matter.

Fleur de noyer — walnut blossom

Que dire à un homme âgé de 95 ans ? Que tout ce qui touche de près ou de loin à l’Afrique est traité avec condescendance ? Que c’est vil de ne pas accorder la même considération aux êtres humains à cause de leur apparence ? Que si c’est pour refuser à madame Taubira ses chances en France, alors il ne fallait pas se mêler des affaires des Africains ?
What to say to a 95 year old man? That everything related directly or indirectly to Africa is treated with condescension? That it is vile not to give equal consideration to human beings because of their appearance? That if it is to deny Madame Taubira her chances in France, then one should not meddle in the affairs of Africans?

Fleur de chêne — Oak blossom

Je ravale ma colère et je dis à papa que je souhaite photographier Djilluli : mon grand-père, combattant de 14/18, a peint ce portrait. À quoi pouvait bien penser cet homme, ce 22 février 1917 ? Dans quelle langue ? A-t-il survécu jusqu’à la fin des combats, a-t-il pu retourner chez lui ? Dans le contexte de la guerre, je suis persuadée qu’il n’était pas français de souche.
« Djilluli dit Blanchette en sentinelle au poste de police – Paars (Aisne) 22 février 1917 (9 heures) »
I swallow my anger and tell dad that I want to photograph Djilluli: my grandfather, a 14/18 fighter, painted this portrait. What could this man be thinking, this February 22, 1917? In what language? Did he survive until the fighting was over, was he able to return home? I am convinced that he was not of French origin because of the context of the war.
« Djilluli called Blanchette (The White) on sentry duty at the police station – Paars (Department of Aisne) February 22, 1917 (9 a.m.) »

Cette visite à mon père n’a pas été en permanence sous tension, heureusement. Chaque fois que je vais le voir, je lui demande où il souhaiterait aller, puisqu’il ne peut plus se déplacer seul. Alors il propose de tenter l’aventure du platane : quand j’étais petite, nous avons campé là si souvent ! Parfois nous étions les seuls, parfois d’autres promeneurs profitaient du bord de l’eau.
This visit to my father was not permanently under tension, fortunately. Every time I go to see him, I ask him where he would like to go, since he can no longer move on his own. So he suggests trying the adventure of the plane tree: when I was young, we camped there so often! Sometimes we were the only ones, sometimes other walkers were enjoying the waterfront.

Au fond, Aiguèze — At the bottom, Aiguèze

La balade est une épreuve difficile pour lui. Quand on n’y voit presque rien, marcher dans les cailloux est pénible et dangereux.
The walk is a difficult test for him. When you can hardly see anything, walking in the stones is painful and dangerous.

Comme deux yeux vigilants au pied de la falaise, ces deux abris sous roche ont toujours été mon repère.
Like two watchful eyes at the foot of the cliff, these two rock shelters have always been my landmark.

Nous arrivons finalement à destination, sans nous presser. J’ai toujours connu ce platane, je suis étonnée qu’il ne soit pas plus imposant. Sa forme est bizarre, il a dû être taillé sévèrement. Autrefois je bâtissais des châteaux de sable à son pied, le sable a été emporté par l’érosion.
We finally arrive at our destination, without hurrying. I have always known this plane tree, I am surprised that it is not more imposing. Its shape is odd, it had to be sharply pruned. I used to build sand castles at its foot, the sand has been washed away by erosion.

Un autre jour, nous retournons explorer le bois du Laoul où je suis déjà venue avec lui une autre année dans l’espoir de trouver des pivoines : nous n’en avions pas vu une seule. Aujourd’hui, je ne trouve rien dans un premier temps, et nous explorons les abords de la chapelle de Chalon avec ses vieux chênes imposants. Quand nous repartons, je vois la première pivoine, et à partir de ce moment-là j’en trouve des quantités ! En plus des sceaux de Salomon et d’un narcisse perdu tout seul sur le bord du chemin, les pivoines abondent. Un promeneur nous indique un endroit où elles sont innombrables : ce chemin-là n’est pas pour nous mais nous sommes contents de leur présence, tout en nous demandant comment ces « pæonia peregrina » se sont installées ici.
Another day, we return to explore the Bois du Laoul where I have already come with him another year in the hope of finding peonies: we had not seen a single one. Today, I find nothing at first, and we explore the surroundings of the chapel of Chalon with its old imposing oaks. When we leave, I see the first peony, and from then on I find lots of them! In addition to Polygonatum odoratum and a narcissus lost all alone on the side of the road, peonies abound. A walker tells us a place where they are innumerable: this path is not for us but we are happy with their presence, while wondering how these « pæonia peregrina » settled here.

Fleur de chêne — Oak blossom
Sceau de Salomon Polygonatum odoratum

Je n’ai pas respecté la chronologie pour vous faire le récit de mes palpitantes aventures. Fin mars, après avoir longuement réfléchi, cherché des informations et même téléphoné, Paul était prêt pour une expédition à Lyon. Au lieu de prendre les transports en commun comme d’habitude, nous nous sommes garés dans le quartier de la Croix-Rousse au plus près de notre destination. C’est là que Paul avait acheté son accordéon il y a une quinzaine d’années. Il est toujours content de son Maugein, mais celui-ci n’a que deux rangées de notes à main droite. Ce qui est parfait pour un débutant et pour un certain style de musique est devenu insuffisant parfois, par exemple pour m’accompagner quand je chante. Nous sommes donc allés regarder de près un Castagnari, « la rolls des accordéons » nous a dit le vendeur. Paul avait eu tout le temps nécessaire pour savoir très exactement ce qu’il lui fallait. Le Castagnari est un peu plus gros donc un peu plus lourd que le Maugein, mais il correspond à ce dont Paul a besoin. Il n’a pas hésité longtemps, nous sommes partis avec son trésor…
I did not respect the chronology to tell you the story of my thrilling adventures. At the end of March, after having thought for a long time, sought information and even telephoned, Paul was ready for an expedition to Lyon. Instead of taking public transport as usual, we parked in the Croix-Rousse district closest to our destination. This is where Paul bought his accordion about fifteen years ago. He is still satisfied with his Maugein, but this one has only two rows of notes on the right hand. What is perfect for a beginner and for a certain style of music has sometimes become insufficient, for example to accompany me when I sing. So we went to have a close look at a Castagnari, « the Rolls of accordions » the salesman told us. Paul had had plenty of time to know exactly what he needed. The Castagnari is a little bigger and therefore a little heavier than the Maugein, but it corresponds to what Paul needs. He didn’t hesitate long, we left with his treasure…

Nous avions la voiture pour éviter de transporter l’accordéon dans le métro. J’appréhendais ces trajets en ville mais je préférais que Paul me guide, plutôt que d’avoir à le guider moi-même. À ma grande surprise, circuler dans le centre de Lyon a été une partie de plaisir, tout s’est très bien passé.
We had the car to avoid transporting the accordion in the metro. I dreaded these trips in town but I preferred that Paul guide me, rather than having to guide him myself. To my great surprise, driving around the center of Lyon was a lot of fun, everything went very well.

Cela va faire un mois et Paul a bien apprivoisé ce bel instrument. Nos moments musicaux ne sont pas intéressants à raconter, mais nous sommes restés bien assidus. Nous travaillons chant et accompagnement chaque jour et quand je ne suis pas là, Paul travaille autrement.
It’s been a month and Paul has tamed this beautiful instrument. Our musical moments are not interesting to tell, but we remained very assiduous. We work on vocals and accompaniment every day and when I’m not there, Paul works differently.

Nous avons rencontré un autre accordéon. Celui qui en joue, c’est François Gaillard. Pendant qu’il joue et qu’il chante, sa compagne, Marie Bobin, dessine et peint. Ce qu’elle fait est projeté sur un écran et le public assiste en direct à l’élaboration de l’œuvre. J’ai trouvé très amusante la possibilité d’acheter les œuvres, car à la fin du spectacle, elles sont encore fraîches : l’encre et la peinture continuent de couler…
Je vous invite à aller fouiner, écouter, regarder les richesses de leur beau site. Marie organise aussi des stages de dessin. Et comme ce sont des vadrouilleurs dans l’âme, le spectacle s’appelle « Tracer la route. »
We encountered another accordion. The one who plays is François Gaillard. While he plays and sings, his companion, Marie Bobin, draws and paints. What she does is projected on a screen and the public witnesses the development of the work live. I found the possibility of buying the works very amusing, because at the end of the show, they are still fresh: the ink and the paint continue to flow…
I invite you to browse, listen, look at the riches of their beautiful site. Marie also organizes drawing courses. And since they are wanderers at heart, the show is called « Tracer la route. »

Du site http://www.tracerlaroute.com/

Je n’ai pas voulu empêcher les spectateurs enthousiastes de se manifester, j’ai essayé d’être brève, et François a tout de suite donné son accord pour passer le lendemain visiter les lieux dans l’idée que tous deux viennent se produire un soir dans le parc. Le lendemain, la visite les a enthousiasmés. Des idées folles ont commencé à jaillir. Certes, notre programme de spectacles est déjà bouclé pour l’année en cours, mais nous espérons très fort mitonner ensemble un projet délirant.
I didn’t want to prevent the enthusiastic spectators from showing up, I tried to be brief, and François immediately gave his agreement to come the next day to visit the place with the idea that the two of them would come to perform one evening in the park. The next day, the visit thrilled them. Crazy ideas started popping up. Admittedly, our program of shows is already completed for the current year, but we very much hope to cook up a delirious project together.

Leur livre — Their book

Je termine avec quelques mots au sujet de Séb dont les projets se précisent. Il lance une levée de fonds pour éditer son quatrième roman, je l’encourage avec enthousiasme. C’est l’occasion de me replonger dans ce beau texte. Pour vous, c’est la possibilité d’en lire le début et de participer si cela vous intéresse.
J’aime beaucoup son style d’écriture, il plonge au plus profond de l’âme et on peut se laisser emporter.
I will end with a few words about Séb, whose projects are taking shape. He is launching a fundraiser to publish his fourth novel, I encourage him enthusiastically. This is an opportunity to immerse myself in this beautiful text. For you, it’s the opportunity to read the beginning and participate if you’re interested.
I really like his style of writing, it dives deep into the soul and you can get carried away.

Lire après Lure

Il m’arrive d’acheter un livre parce qu’il m’éblouit, parce qu’il semble me donner des clés importantes, parce qu’il stimule ma réflexion par une analyse originale. Ce qui me capte dans une librairie, ce sont les ouvrages qui m’expliquent le monde : alors, feuilletant ci feuilletant ça, j’ai le porte-monnaie qui me démange entre sociologie, politique ou jardinage, autobiographies ou biographies, petits essais abscons ou thèses consistantes et si je laisse faire, je rapporte un lourd butin.
Sometimes I buy a book because it dazzles me, because it seems to give me important keys, because it stimulates my thinking through an original analysis. What captivates me in a bookstore are the books that explain the world to me: so, leafing through this leafing through that, my wallet is itching between sociology, politics or gardening, autobiographies or biographies, little abstruse essays or consistent theses and if I let it go, I bring back a heavy booty.

Malheureusement, il me manque souvent une formation intellectuelle pour capter le message, après tout quand j’ai commencé à étudier la philo au lycée, je n’y ai rien compris. Comme ces idéogrammes écrits avec de l’eau, l’idée exprimée s’évapore trop vite pour faire sens avec la suite. Voilà un livre auquel je n’ai pas accès. C’est décourageant, comme quand Gandalf ne réussit pas à ouvrir la porte de la Moria, faute de connaître la formule magique.
Unfortunately, I often lack an intellectual formation to capture the message, after all when I started studying philosophy in high school, I didn’t understand anything. Like these ideograms written with water, the idea expressed evaporates too quickly to make sense with what follows. This is a book I don’t have access to. It’s disheartening, like when Gandalf couldn’t open the door to Moria, because he didn’t know the magic formula.
Comment suivre un raisonnement quand la parole est touffue, quand le texte est si dense que je m’y perds ? Comment digérer ce que je lis, en faire ma propre substance ?
How do I follow a reasoning when the speech is thick, when the text is so dense that I get lost in it? How do I digest what I read, make it my own stuff?

J’ai élaboré ma propre formule magique : étrange peut-être, mais elle fonctionne. Je prends le livre à la première page, je choisis une sorte de mot-clé, et, sacrilège, je l’entoure au crayon ! Il peut s’agir d’un mot très simple, même d’une préposition, parfois une négation me suffit. Je m’installe dans la page, j’entoure quelques mots, je les relis (et ils se relient), et cette fois la page a du sens. Je peux même la réécrire à ma façon : « Si nous en étions restés au regret du “c’était mieux avant”, l’humanité en serait encore à la préhistoire. Les humains ont peur du changement, mais ceux-ci se produisent, et même de plus en plus vite. Des penseurs sans formation scientifique prédisent le pire sans tenir compte de tout ce qui s’est déjà produit par le passé, y compris les catastrophes. Ce livre propose une approche scientifique pour remettre les choses à leur place, et que l’on en arrive à une gestion raisonnable des phénomènes sociétaux. » (Je souligne quand je cite exactement l’auteur.)
I have devised my own magic formula: strange perhaps, but it works. I take the book to the first page, I choose some kind of keyword, and, sacrilege, I circle it with a pencil! It can be a very simple word, even a preposition, sometimes a negation is enough for me. I settle into the page, circle a few words, reread them (and they connect), – in French it’s a joke: je les relis (et ils se relient) – and this time the page makes sense. I can even rewrite it in my own way: « If we had remained with the regret of “it was better before”, humanity would still be in prehistory. Humans are afraid of change, but change is happening, and even faster. Thinkers without scientific training predict the worst without taking into account everything that has happened in the past, including disasters. This book offers a scientific approach to put things in their place, and to arrive at a reasonable management of societal phenomena. » (I underline when quoting the author.)

Ils travaillent pendant que je lis !
They work while I read!

Je commence à m’y retrouver. Je réussis ainsi à saisir l’introduction de « Arrêtons d’avoir peur – la science vous aide à y voir plus clair » écrit par le professeur Didier Raoult. Le personnage, très médiatisé, a peut-être un ego surdimensionné, sa réputation est très particulière, mais je trouve intéressante sa pensée, et si j’arrive à la saisir, je pourrai mettre en marche dans ma tête la machine-à-réfléchir qui ne demande que ça.
I’m starting to find myself there. I thus managed to grasp the introduction to « Arrêtons d’avoir peur – la science vous aide à y voir plus clair » « Let’s stop being afraid – science helps you see more clearly » written by Professor Didier Raoult. The character, very publicized, may have an oversized ego, his reputation is very particular, but I find his thought interesting, and if I manage to grasp it, I will be able to start the thinking-machine in my head who only asks for that.

Parenthèse sur une idée qui génère mes plus grandes inquiétudes. Quand Didier Raoult écrit « Nous n’avons pas les moyens de gérer l’avenir » je lui donne raison, mais alors… qu’en est-il de l’industrie nucléaire, comment convaincre nos descendants de gérer correctement les saloperies que nous leur laissons en héritage, les centrales et leurs tonnes de déchets toxiques ? Comment les former à cela ?
« Nous sommes à l’aube de découvertes exceptionnelles » poursuit ce scientifique. C’est pour cela qu’il croit que la science résoudra tous les problèmes : parce que c’est un chercheur avec un solide bagage et la connaissance précise des découvertes en question. Il « suffit » (ça, c’est moi qui le dis) que la science ait les moyens matériels d’avancer. Il « suffit » de ne pas porter au pouvoir des personnes à l’intelligence formatée par les banques, incapables de voir où sont les vrais problèmes. Cependant l’industrie nucléaire pourrait bien générer des problèmes insolubles, et ça, c’est encore moi qui le dis, mais je ne suis pas la seule à le penser !
Parenthesis on an idea that generates my greatest concerns. When Didier Raoult writes « We don’t have the means to manage the future » I agree with him, but then… what about the nuclear industry, how do we convince our descendants to properly manage the crap we leave them as a legacy, the power plants and their tons of toxic waste? How do you train them for this?
« We are at the dawn of exceptional discoveries » continues this scientist. This is why he believes that science will solve all problems: because he is a researcher with a solid background and precise knowledge of the discoveries in question. It is « enough » (that’s me saying) that science has the material means to advance. It is « enough » not to bring to power people with bank-trained intelligence who cannot see where the real problems are. However the nuclear industry could well generate insoluble problems, and that, it is again me who says it, but I am not the only one to think it!

De toute façon, ce livre permet un autre regard sur le monde. Il s’attaque aux idées reçues et fournit une foule d’exemples. J’apprécie toujours les idées éloignées de la « pensée unique ».
Anyway, this book allows another view of the world. He tackles common belief and provides a host of examples. I always appreciate ideas away from « one-size-fits-all thinking ».

Un autre ouvrage attend que je le lise pendant l’hiver – avez-vous remarqué que le printemps est là ?J’arrêterai d’avoir peur plus tard car il s’agit du livre « les soins naturels aux arbres » d’Éric Petiot aux éditions du Terran. Si je veux passer mon diplôme de sorcière, je ne peux plus remettre à demain ce que personne ne voudra faire à ma place après-demain : j’aimerais apprendre à fabriquer les substances qui feront du bien aux plantes du parc et du jardin. Autant suivre une formation sérieuse, et la publication d’Éric Petiot peut me le permettre. Si je l’étudie au lieu de passer mes journées sur mon blog, bien entendu…
Another book is waiting for me to read it during the winter – have you noticed that spring is here? I’ll stop being afraid later because it’s the book « natural tree care » « les soins naturels aux arbres » by Eric Petiot published by Terran. If I want to graduate as a witch, I can’t put off until tomorrow what no one will want to do for me the day after tomorrow: I’d like to learn how to make substances that will benefit the plants in the park and garden. I might as well follow a serious training, and the publication of Éric Petiot can allow me to do so. If I study it instead of spending my days on my blog, of course…

Dès les premières pages, l’historique des modes de traitement est passionnant : savez-vous que le premier cas de résistance d’insectes aux insecticides a été signalé déjà en 1914 ? Par ailleurs, des firmes comme Rhône-Poulenc n’ont pas pratiqué une autre forme de résistance face au Reich, « y compris au détriment des juifs évincés » précise l’auteur. Je savais déjà que Rhône-Poulenc, Bayer et tant d’autres s’étaient enrichis par la guerre de façon inconcevable. L’historienne Annie Lacroix-Riz n’a trouvé nulle part de trace de contrainte. La question de la résistance conclut-elle, « ne s’est jamais vraiment posée aux dirigeants de la finance et de l’industrie (…), elle était aberrante, étrangère à leurs préoccupations (…), la résistance est restée longtemps pour eux absurde et sans objet ».
From the first pages, the history of treatment methods is fascinating: did you know that the first case of insect resistance to insecticides was reported already in 1914? Moreover, firms like Rhône-Poulenc did not practice any other form of resistance against the Reich, « including to the detriment of the ousted Jews », specifies the author. I already knew that Rhône-Poulenc, Bayer and so many others had enriched themselves by the war in an inconceivable way. Historian Annie Lacroix-Riz found no trace of coercion anywhere. The question of resistance, she concludes, « never really arose for the leaders of finance and industry (…), it was aberrant, foreign to their concerns (…), the resistance remained for a long time for them absurd and pointless ».

Tu poses si tu as quelque chose à poser, tu prends ce qui t’intéresse.
You put if you have something to put, you take what interests you.

Bon, j’apprécie de trouver ces informations dans un livre technique. Il a de plus une présentation belle et efficace avec de nombreux encadrés et des bandeaux, par exemple productrice de roténone qui facilitent la lecture (tiens, c’est un peu pareil quand j’encadre un mot…!). Les illustrations sont utiles. Et j’ai mis longtemps à remarquer la petite chenille qui court sur le cadre !
Well, I appreciate finding this information in a technical book. It also has a beautiful and effective presentation with many frames and banners, for example productrice de roténone (rotenone producer) which facilitates reading (hey, it’s a bit the same when I frame a word…!). Illustrations are helpful. And it took me a long time to notice the little caterpillar running across the frame!

Mais je prends conscience seulement maintenant que quand nous parlons d’agriculture conventionnelle, il ne s’agit pas, mais alors pas du tout, des pratiques ancestrales. L’usage des produits chimiques est récent, l’agriculture conventionnelle a connu un essor fulgurant au début du vingtième siècle. Les pratiques modernes n’ont rien de traditionnel. L’agriculture biologique cherche à retrouver le savoir qui s’est perdu, et à le développer à l’aide d’analyses ou d’observations.
But I am only now realizing that when we talk about conventional agriculture, we are not talking about ancestral practices, not at all. The use of chemicals is recent, conventional agriculture experienced a dazzling rise at the beginning of the twentieth century. Modern practices are not traditional. Organic farming seeks to recover the knowledge that has been lost, and to develop it using analyzes or observations.

J’allais vous faire un cours complet sur l’agriculture mais je vois déjà Paul me faire les gros yeux, lui qui a noté la brièveté de ma page de la semaine dernière… Trop long, trop court… c’est toujours trop… Je ferai mieux de reprendre ma lecture interrompue.
Il n’y a pas vraiment de lien entre mon texte et mes photos. Vous avez pu voir celles de la dernière journée avec le broyeur, avec l’aide des habitués et des nouveaux… Un gros travail fatigant, encore une fois, mais nous étions 8 et à midi nous avions terminé ! Merci encore une fois à Lolo, Jean-Pierre et Chantal, merci à Jérôme, Yves et Karine. On a passé une belle journée avec vous tous !
I was going to give you a complete course on agriculture but I can already see Paul making big eyes at me, he who noted the brevity of my page last week… Too long, too short… it’s always too much… I better resume my interrupted reading.
There is not really a link between my text and my photos. You could see the ones from the last day with the grinder, with the help of regulars and new ones… A lot of tiring work, again, but there were 8 of us and by noon we were done! Thanks once again to Lolo, Jean-Pierre and Chantal, thanks to Jérôme, Yves and Karine. We had a great day with you all!

Vous avez pu voir aussi la rencontre à Lhuis de jardiniers, dans une ambiance vraiment sympathique. Tu poses ce que tu as apporté, tu prends ce qui t’intéresse. Il n’est même pas nécessaire de faire la moindre tractation, c’est à disposition. Nous avons écouté la chorale avec Soizic et Gauthier…
You could also see the meeting at Lhuis of gardeners, in a really friendly atmosphere. You put down what you brought, you take what interests you. It is not even necessary to make the slightest negotiation, it is available. We listened to the choir with Soizic est Gauthier…

Sous la couverture, le bébé !
Under the blanket, the baby!

…et Esther dans une formation musicale.
…and Esther in a musical formation.

Je ne serai pas là la semaine prochaine, je crois que je vous retrouve le 26 avril.
I won’t be there next week, I think I’ll meet you on April 26th.

Lure the last

La semaine dernière, je croyais que mon blog en aurait terminé avec la montagne de Lure et tous les villages, toutes les collines, tous les sentiers des environs. Puis j’ai dû me rendre à l’évidence, j’aurais regretté de m’en tenir là, il me faut vous raconter encore ce plaisant séjour. Notre semaine a été bien trop courte, nous avons l’impression d’avoir à peine effleuré la région.
Last week, I thought my blog would have finished with the Lure mountain and all the villages, all the hills, all the trails in the area. Then I had to face the facts, I would have regretted stopping there, I still have to tell you about this pleasant stay. Our week was far too short, we feel like we have barely touched the region.

Vous allez donc pouvoir admirer encore une fois la somptueuse hêtraie du circuit de Notre-Dame-de-Lure.
You will therefore be able to admire once again the sumptuous beech forest of the Notre-Dame-de-Lure circuit.

Chutes d’arbres — Falling trees
arbre mangeur de cailloux — tree eater stones

Vous admirerez certainement aussi Simiane-la-Rotonde. Paul désigne désormais sous le nom de « ciel provençal » ce ciel gris qui ne nous a pas quittés.
You will certainly also admire Simiane-la-Rotonde. Paul henceforth designates under the name of « Provençal sky » this gray sky which has not left us.

C’est beau, mais c’est vide, c’est mort, à part des jardiniers qui font une remise en état et s’essoufflent dans les ruelles en pente. Le silence de ce village nous pèse.
It’s beautiful, but it’s empty, it’s dead, apart from gardeners who are repairing and running out of steam in the sloping alleys. The silence of this village weighs on us.

Bien entendu, la rotonde ne se visite pas avant le mois d’avril (tu me diras, payer du personnel qui va passer des journées sans voir personne…). Pour être honnête, nous voyons le soleil.
Of course, the rotunda cannot be visited before April (you will tell me, pay staff who will spend days without seeing anyone…). To be honest, we see the sun.

Regardez bien — Look carefully

La tombe Ponson est-elle un stationnement de très longue durée ?
Is Ponson’s Tomb super long term parking?

Il n’y a tellement personne, c’est tellement fermé partout que les fenêtres sont parfois murées.
There is so much nobody, it is so closed everywhere that the windows are sometimes bricked up.

Même la chatière est grillagée !
Even the cat flap is mesh!

Cette jonquille est en haut d’une tige interminable, le prix à payer pour dépasser le buisson dans lequel elle se trouvait.
This daffodil is at the top of an endless stem, the price to pay for outgrowing the bush it was in.

Je crains que cette porte ne soit pas très efficace.
I’m afraid that door isn’t very effective.

Ciel provençal — Provençal sky

Nous passons par Saint-Michel-l’Observatoire et ses dômes…
We pass by Saint-Michel-l’Observatoire and its domes …

…avant de retrouver avec plaisir Forcalquier, sa librairie, son restau conseillé par la libraire.
… before returning with pleasure to Forcalquier, its bookstore, its restaurant recommended by the bookseller.

Nous prenons sans tarder la direction des Mourres, à deux pas de Forcalquier, un lieu extraordinaire.
We immediately take the direction of Mourres, a stone’s throw from Forcalquier, an extraordinary place.

Ouf ! À la dernière seconde, Paul a évité la chute de ce petit caillou !
Phew! At the last second, Paul avoided the fall of that little pebble!

Des cavaliers visitent le labyrinthe.
Riders visit the labyrinth.

Lion?
Crapaud ? — Toad?
chat-lapin-castor ? cat-rabbit-beaver?

Après cette plaisante indigestion, je n’avais pas envie d’ajouter un cairn à ces édifices !
After this pleasant indigestion, I had no desire to add a cairn to these buildings!

Sans transition, voici un épisode surréaliste de notre voyage.
La poste de Banon, comme toutes les postes, est un roman à elle toute seule… Devant la porte, une femme prend d’innombrables photos, des dizaines et des dizaines, mais pourquoi ?
À l’intérieur, une autre femme est au téléphone à gérer ce qui semble être une crise, elle n’est pas là pour s’occuper du public.
Par contre deux autres femmes sont là pour nous, nous faisant savoir qu’elles sont autant perdues que nous ici : l’une n’y est jamais venue, l’autre vient une fois par semaine. Elles l’expliquent quand le livreur de fuel arrive pour leur remettre sa facture. Il les rassure, il a juste ce papier à poser là. Il précise qu’il faut couper le chauffage : ni l’une ni l’autre ne sait comment faire – alors tant pis dit-il, c’est pas grave – mais on lui répond que de toute façon la chaudière ne fonctionne pas.

Without transition, here is a surreal episode of our trip.
Banon’s post office, like all post offices, is a novel all on its own… In front of the door, a woman takes countless photos, dozens and dozens, but why?
Inside, another woman is on the phone dealing with what appears to be a crisis, she is not there to deal with the public.
However, two other women are there for us, letting us know that they are as lost as we are here: one has never been there, the other comes once a week. They explain it when the fuel delivery man arrives to give them his bill. He reassures them, he just has this paper to put there. He clarifies that the heating must be turned off: neither of them knows how to do it – so never mind, he says, it’s okay – but he is told that the boiler isn’t working anyway.

Pendant ce temps, nous choisissons une enveloppe sur le présentoir, mais, justement, c’est un présentoir, il ne faut rien enlever, juste demander le modèle que nous voulons : la dame se lance dans une recherche hasardeuse en nous avertissant qu’elle n’a aucune idée de l’endroit où se cache la chose, elle ouvre un tiroir et pousse un cri de triomphe. Pendant ce temps, j’ai pu rassembler toutes les pièces de monnaie représentant la somme à payer, y compris les huit centimes de la fin.
Nous quittons cet endroit étonnant, dehors rien n’a changé, pas de débarquement extra-terrestre. Il est temps de retourner à la librairie « le Bleuet. »
During this time, we choose an envelope on the display, but, precisely, it is a display, we must not remove anything, just ask for the model we want: the lady embarks on a hazardous search, warning us that she has no idea where the thing is hiding, she opens a drawer and lets out a triumphant cry. During this time, I was able to collect all the coins representing the sum to be paid, including the eight centimes of the end.
We leave this amazing place, outside nothing has changed, no alien landing. It’s time to go back to « Le Bleuet » bookstore.

Merci à Paul qui a trouvé comment faire la mise en couleur du texte, plus agréable selon moi pour faciliter votre lecture du français ou de l’anglais…
Thanks to Paul who found how to color the text, more pleasant in my opinion to facilitate your reading of French or English…