Alhambra

Proverbe mauresque :
…comme les maisons des maures :
à l’extérieur pleines d’écailles,
à l’intérieur se cache un vrai trésor…
Moorish proverb:
… as the houses of the Moors:

outside full scales,
inside lies a treasure …

Mon histoire d’amour avec l’Alhambra de Grenade a commencé en août 1969.
Il faisait une chaleur écrasante, et je me rappelle les vieilles Andalouses vêtues de noir, agitant leur éventail. L’une d’elle avait même un petit ventilateur portatif à pile, on n’arrête pas le progrès !
Toute cette eau, cette orgie d’eau, il y en avait partout, où que l’on aille… Cela m’avait fait une très forte impression. L’escalier de l’eau, où elle coule dans une rampe creuse !
Et puis cette dentelle arabe, la pierre dentelée, ce travail d’une incroyable minutie, et en telle quantité.

My love story with the Alhambra of Granada began in August 1969.
It was a exhausting heat, and I remember the old dressed in black Andalusian women, waving their “abanico”. One of them had even a small portable fan with batteries, you can’t stop progress!
All this water, this orgy of water, it was everywhere, wherever you go … It made me a very strong impression. The staircase of the water, where it flows into a hollow ramp!
And this Arab lace, lace made with stones, this work of incredible detail, and in such amount.

Impossible to find the translation of “éventail”.

In Spanish: "abanico", in French "éventail", and in English?

Parfois, il nous arrive de ressentir un sentiment de plénitude. Nous vivons un moment exceptionnel, intense, qui laissera des marques profondes. Pour moi, cela peut survenir à la lecture d’un roman particulièrement bien écrit sur des sujets qui me tiennent à cœur, ou lorsque je regarde un film, cela peut être provoqué par de la musique ou une chanson, ou encore une rencontre avec des inconnus avec qui je me trouve en phase…
Sans savoir toujours pourquoi ni comment, on atteint la perfection…

Sometimes, we feel a sense of fullness. We live an exceptional and intense moment, that will leave deep marks.  For me, it can happen by reading a  particularly well written novel about topics that are close to my heart. It can also happen when I watch a movie, or may be caused by an encounter with unknown people with whom I feel in phase. ..
Without ever knowing how or why, we reach perfection …

Il est peut-être plus facile, plus évident, d’être très ému par la découverte d’un lieu naturel particulièrement grandiose. Quand le lieu en question a été conçu par des êtres humains, il leur faut un sacré talent, un sacré génie, pour être éblouissants !

It may be easier, obviously, to be seized with emotion by discovering a particularly grandiose natural place. When the place in question has been imagined and planned by human beings, they had to be great talented, to be genius, to be awesome!

Une œuvre littéraire, musicale, un film… ont plus de facilités à nous émouvoir : on se laisse pénétrer à mesure que la narration prend de l’ampleur, on plonge jusqu’à l’intimité avec le récit.
Quand on visite l’Alhambra, on “tombe” sur une immense œuvre d’art éblouissante, poussée jusqu’à la perfection.
Alors que je cherchais quels mots pourraient traduire mon émerveillement, j’ai pensé à l’œuvre de Tony Hillerman parlant de “hozro”, un terme navajo difficile à traduire, entre beauté, harmonie et équilibre.
Pour tenter d’exprimer l’admiration ressentie il y a longtemps à Séville, et ici à l’Alhambra de Grenade, je conserve le mot hozro.

It’s more easy to be moved with a literary or musical work, with a movie … As the story becomes more significant, one dives into intimacy with the story.
When visiting the Alhambra, one “falls” into a huge dazzling work of art, carried to perfection.
While I was looking for what words could translate my amazement, I thought of Tony Hillerman’s work speaking about “hozro”, a Navajo word that is hard to translate, that is between beauty, harmony and balance.
I try to express my admiration long ago in Seville, and here at the Alhambra in Granada, by using the word hozro.

Presque un demi-siècle plus tard (oooops !), je savais que j’allais être à nouveau  bouleversée par la visite de l’Alhambra, et j’ai voulu connaître davantage l’histoire de ces lieux avant d’y aller.
Vous pouvez lire ici ou ailleurs ce qui concerne Al Andalus, nom donné à une région sous domination musulmane du VIIIè siècle à 1492 (chute de Grenade). On parle de riche épanouissement culturel pendant ces quelques siècles. Des vestiges trouvés à Nîmes permettent de penser à une extension d’Al Andalus jusqu’à cette cité.

Almost half a century later (oooops!), I knew I would be deeply touched again by the visit of the Alhambra, and I wanted to know more about the history of the place before going there.
You can read here or elsewhere regarding Al Andalus, the name given to a region under Muslim rule from the eighth century until 1492 (fall of Granada). It’s talken about rich cultural development during these centuries. Remains found in Nimes suggest an extension of Al Andalus until this city.

Mais entre le XIIIè et le XVè siècle, la dynastie des Nasrides sait que le territoire d’Al Andalus, déjà réduit, est condamné à disparaître. C’est sans doute une des raisons pour construire l’Alhambra, bastion militaire mais aussi séjour d’une immense beauté. C’est aussi parce que le sultan désire quitter l’Albaicin pour la colline de Sabika, mieux située.

But between the thirteenth and fifteenth century, the dynasty of Nasrid knows that the territory of Al Andalus, already reduced, is condemned to disappearance. This is probably one of the reasons for building the Alhambra, military stronghold but also stay of immense beauty. This is also because the sultan wants to leave the Albaicin hill for Sabika, better located.

 

Al Andalus

Mon ignorance de la langue arabe ne me permet pas de savoir s’il s’agit bien du nom « Al Andalus » dans la calligraphie ci-dessus, mais pourquoi google se tromperait ?
Because of my ignorance of the Arabic language, I don’t know if it is really the name « Al Andalus » in the above calligraphy, but why google would be wrong?

  • Jannat al-Arif جَنَّة الْعَرِيف

De même, je recopie bêtement Jannat al-Arif en arabe, plus connu sous le vocable Generalife, qui évoque à tort un grade militaire pour les francophones, alors qu’il signifie “jardin”, ou “paradis” de l’architecte.
Similarly, I stupidly copy the Arabic name Jannat al-Arif, better known as the Generalife, which wrongly suggests a military rank for Francophones, while it means “garden” or “paradise” of the architect.

Jardin, paradis ?
Jardin-paradis, assurément, et c’est par cela, par le Generalife, que Paul, Solenn et moi avons commencé la visite.
Nous avions pris nos précautions : nous avions acheté nos billets trois jours à l’avance, payant le supplément pour les palais nasrides, pour lesquels l’heure de visite est indiquée, à respecter impérativement.
Il y avait foule, avec les fameuses perches à selfie, la dernière calamité à la mode, d’autres visiteurs pratiquant des prises de vue plus classiques de monsieur par madame ou le contraire, se donnant bien de la peine pour dégager un couloir vide entre eux.
Ce sera ma seule parenthèse de mauvaise humeur. Si tous les hommes sont égaux, tout le monde a quand même le droit de visiter l’Alhambra et même si la foule stupide m’a dérangée, c’est bien l’inculture généralisée et les comportements moutonniers que je dois déplorer.
Je trouvais que Séb exagérait quand il dénonçait cette manie de se photographier devant les sites les plus extraordinaires, et maintenant je suis bien d’accord avec lui. Quel est l’intérêt d’avoir les lions de l’Alhambra flous en arrière-plan et nos bobines devant ?

Garden, paradise?
Garden-paradise, certainly, and Paul, Solenn and I began the tour through this, through the Generalife.
We had carefully bought our tickets three days in advance, paying the extra for the Nasrid palace, for which visiting time is indicated, and must be followed.
There was a crowd, with the famous selfie sticks, last calamity fashionable, other visitors practicing more conventional shots of Sir by Madame or the contrary, having much trouble to free an empty corridor between them.
This will be my only bad mood. If all men are equal, everyone still has the right to visit the Alhambra and even if the stupid crowd bothers me, I have only to deplore widespread ignorance and herd behavior.
I thought Seb was exaggerating when he deplored the mania of photographing before the most extraordinary sites, and now I quite agree with him. What is the interest of having blurry Alhambra lions in the background and our faces in the foreground?

Mais la visite efface toute trace de mauvaise humeur.
Dominant les potagers un peu vides en cette saison, nous traversons le théâtre de plein air, les jardins nouveaux, et pénétrons dans le palais.
Je ne peux pas entrer dans les détails (le guide officiel pèse plus de trois cents pages) alors je me contente de la cour du cyprès de la sultane. Malheureusement, l’arbre vénérable est mort, mais la postérité n’oubliera pas le récit : « la légende raconte que ce cyprès de la sultane fut témoin des amours d’un chevalier abencerraje et de l’épouse de Boabdil. »
Les Abencerraje étaient une tribu arabe maure du royaume de Grenade.
Boabdil fut le dernier sultan, celui qui a fui précipitamment lors de la “Reconquista” par les rois catholiques et a pleuré, quelques kilomètres plus loin , en regardant “sa” ville une dernière fois. Aujourd’hui, on raconte qu’il se trouvait au col du “Soupir du Maure”, un nom qui désigne une foule de lieux dans les environs.
Avant même de visiter, je savais que je pourrais ressentir cette nostalgie du paradis perdu.
Quant à la sultane et à son chevalier, je n’en ai plus trouvé trace.
But the visit erases bad mood.
Overlooking the gardens, empty in this season, we cross the open-air theater, new gardens and penetrate into the palace.
I can’t give a lot of details (the official guide has over three hundred pages) so I tell only the story of the cypress and the yard of the Sultana. Unfortunately, the venerable tree is dead, but posterity will not forget the story, “the legend says that the Sultana cypress has been the witness of the love of a knight Abencerraje and Boabdil’s wife.”
The Abencerraje were an Arab Moorish tribe in the kingdom of Granada.
Boabdil was the last sultan, who fled precipitately during the “Reconquista” by the Catholic Kings and cried, a few kilometers away, watching “his” city one last time. Today, tradition wants this place to be the pass called “Sigh of the Moor”, a name that refers to a variety of places in the area.
Before visiting, I knew I could feel the nostalgia of the lost paradise.
About the Sultana and her knight, I have found no traces.

Le pavillon romantique et la maison des amis sont restés fermés ou en travaux.
J’ai trouvé intéressant de donner beaucoup d’explications à Solenn et Paul, ayant étudié le guide.
Un exemple tout simple : la Cour du Pied-à-terre comporte sur son périmètre des bancs destinés à descendre de cheval.
Mes connaissances restent très superficielles. Je retiens le nom de Boadbil car il ne peut pas échapper au visiteur, mais je serais incapable de citer d’autres sultans ou des dates de règne !
Mais les petit détails comme celui de la Cour du Pied-à-terre rendent la visite bien plus vivante.


Et l’escalier de l’eau, je l’attendais !
The romantic pavilion and the friends’ house remain closed or on work.
After studying the guide, it was interesting for me to give a lot of explanations to Solenn and Paul.
A simple example: “la cour du Pied-à-terre” has on its perimeter benches for dismount.
My knowledges are very superficial. I remember Boadbil’s name because none visitor can avoid it, but I am unable to mention other sultans or dates of reign!
But little details like “la cour du Pied-à-terre” make the visit to be much more lively.

And the staircase of the water, I was waiting for!

Le temps passe très vite et nous ne pouvons pas nous attarder comme nous le souhaiterions.
Le Generalife et l’Alhambra sont séparés par un ravin : nous le franchissons sur un pont puis passons sous la muraille d’enceinte pour rejoindre la deuxième partie de notre visite. Et nous traversons toute l’Alhambra pour nous rendre à l’Alcazaba. Comprendre : nous ne visiterons qu’à seize heures trente les palais nasrides.
Dans l’Alcazaba, nous ne pourrons voir ni le hamman, ni la citerne, dont mon guide propose pourtant une photo fort attirante.
Mais les lieux sont en travaux permanents comme ils l’ont toujours été, j’ai vu à de nombreuses reprises ce genre de choses :
Il est évident que la sculpture n’est terminée que d’un côté.
Nous montons au sommet de la tour de Guet.
Time runs and we can’t stay as long as we would like.
The Generalife and the Alhambra are separated by a ravine: we cross the bridge upon it and go on under the city walls to get to the second part of our visit. And we go through all the Alhambra to get to the Alcazaba. Understand: we will not visit before 4:30 p.m. the Nasrid palace.
In the Alcazaba, we can see neither the hammam, nor the tank, which my guide yet offers a very attractive picture.
But the places are in permanent work as they always have been, I have seen many times this stuff:
It is obvious that the sculpture is completed only on one side.

We climb to the top of the tower of Guet.

Encore une fois, nous ne pouvons pas nous attarder, et nous allons faire la queue à l’entrée des palais nasrides. Rendez-vous donné à seize heures trente, l’attente est interminable, nous n’aurons guère plus d’une heure pour “voir” avant la fermeture.
La prochaine fois : prendre deux entrées par personne, et quitte à choisir les prendre à l’heure de l’ouverture.
Nous gardons tous les trois un souvenir ébloui de notre visite, mais quatre heures, c’est nettement insuffisant. Solenn n’a pu venir que ce jour-là à l’Alhambra. Paul et moi y sommes montés deux autres fois pour profiter des espaces accessibles gratuitement, et ce furent là aussi de magnifiques visites.

Once more, we cant’t eternize, and we have to wait in line at the entrance of the Nasrid palace. Appointment has been given at 4.30 pm, the wait is endless, we will have few more than an hour to “see” before closing.
Next time, take two entries per person, and even choose to take the time of the opening.
We keep all three dazzled memories of our visit, but four hours is clearly inadequate. Solenn could come only that day to the Alhambra. Paul and I went up there two other times to enjoy the available free space, and there were also wonderful visits.