Dans les coulisses / Behind the scenes

Peut-être que la question « comment fait-on pour publier des chroniques de façon presque hebdomadaire » ne vous turlupine pas, ne vous fait pas vibrer, alors tant pis car vous avez la réponse que vous n’avez pas demandée (Il faudrait ajouter un petit smiley, là).
Maybe the question « how do you publish reviews almost weekly » doesn’t bother you, doesn’t make you vibrate, so too bad because you have the answer you didn’t ask for (I should add a little smiley there).

Lundi –
Le plus souvent, je termine ma chronique le lundi. Je la poste, en catimini, puis je programme l’envoi de la fameuse « piqûre de rappel ».

De lundi à lundi – Rassembler les thèmes, les trier, en jeter quelques-uns, en garder pour une autre fois, trouver comment présenter les autres pour rendre la lecture attrayante… ça prend bien la semaine. C’est mieux si l’élan d’écriture ne s’arrête pas.
Lundi revient, il faut terminer. Un quart d’heure pour la traduction vers l’anglais : j’utilise google pour éviter de dactylographier une nouvelle fois mon texte, mais je vérifie attentivement ce que me propose l’intelligence artificielle ; certes, elle s’améliore avec le temps, mais ce n’est qu’une machine, avec tout ce que ça peut générer d’erreurs… Attention aux mots comme « temps », à traduire par « time » ou « weather », à moi de vérifier, google ne sait pas, même si le contexte lui est très utile. J’utilise souvent le nom latin pour les végétaux, il y a moins de risques d’erreur.
Le français utilise beaucoup le sens figuré, la traduction littérale donne d’étranges résultats !
Monday –
Most often, I finish my column on Monday. I mail it, on the sly, then I program the sending of the famous « reminder shot ».

Monday to Monday – Gathering themes, sorting them, throwing a few away, saving for another time, figuring out how to present others to make reading engaging… it takes the week well. It’s better if the writing momentum doesn’t stop.
Monday is coming back, I have to finish. A quarter of an hour for the translation into English: I use google to avoid typing my text again, but I carefully check what the artificial intelligence offers me; yes, it gets better with time, but it’s just a machine, with all the errors it can generate… Beware of words like « temps », to be translated as « time » or « weather », it’s up to me to check, google doesn’t know, even if the context is very useful to it. I often use the Latin name for plants, there is less risk of error.
French uses the figurative meaning a lot, the literal translation gives strange results!

Véronique en épis — Royal candles

La question des thèmes que je vais aborder se pose en permanence.
Quand les sujets brûlants d’actualité éveillent mon enthousiasme ou ma colère, j’ai souvent l’impression de défendre une position originale. Mais peu de temps après, je vois bien que j’ai seulement enfoncé des portes ouvertes.
The question of the themes that I am going to address arises constantly.
When hot topics arouse my enthusiasm or my anger, I often have the impression of defending an original position. But soon after, I see that I only broke open doors.

Voilà que la revue suisse « le Temps » publie un texte remarquable de Jean-François Bayart. Je fais une recherche avant de décider s’il va apparaître dans mes pages : Jean-François Bayart est professeur de l’IHEID, « L’Institut de hautes études internationales et du développement » un établissement d’enseignement supérieur pionnier dans l’exploration des questions mondiales. Jean-François Bayart nous parle de Macron et de démocraties « illibérales ». Le mot est joli, je ne le connaissais pas, il me séduit. Macron a généré une forte haine, et il n’est pas aisé de le positionner dans le cours de l’histoire. À son sujet, il m’est difficile de tenir un discours politique structuré et argumenté ; je peux dire par exemple qu’il a réponse à tout, mais ses réponses sont vides de sens, il s’agit, comme au tennis, de renvoyer la balle, pof pof pof, indéfiniment. En parlant de lui, j’ai du mal à dépasser le côté superficiel que je lui reproche.
The Swiss magazine « Le Temps » has published a remarkable text by Jean-François Bayart. I do a search before deciding if it will appear in my pages: Jean-François Bayart is a professor at IHEID, « L’Institut de hautes études internationales et du développement », « The Graduate Institute of International and Development Studies » a pioneering higher education institution in the exploration global issues. Jean-François Bayart tells us about Macron and « illiberal » democracies. The word is pretty, I did not know it, it seduces me. Macron has generated strong hatred, and it is not easy to position him in the course of history. About him, it is difficult for me to hold a structured and argued political speech; I can say for example that he has an answer to everything, but his answers are meaningless, it is a question, like in tennis, of returning the ball, pof pof pof, indefinitely. Speaking of him, I find it difficult to overcome the superficial side that I reproach him for.

Jean-François Bayart se présente comme spécialiste des régimes autoritaires. Il évoque « la propension au réformisme étatique et anti-démocratique », il fait dans le paragraphe « une réalité parallèle » la liste des mensonges qui font que la réforme des retraites n’a pas de légitimé démocratique, quoi qu’en dise notre bon président. Bref, l’article m’aide à mettre des mots sur mon ressenti et mes inquiétudes.
Jean-François Bayart presents himself as a specialist in authoritarian regimes. He talks about « the propensity for state and anti-democratic reformism », he lists in the paragraph « a parallel reality » the lies that make pension reform have no democratic legitimacy, whatever our good president. In short, the article helps me put my feelings and concerns into words.

Un ami évoque des propos homophobes et racistes tenus pas loin d’ici. Certains d’entre eux par une élue. On le savait déjà, mais entendre des victimes ostracisées, c’est autre chose.
Certes, Macron n’a pas autorisé cette femme à parler ainsi, toujours est-il que le climat de haines, haines avec un S car elles sont nombreuses et se développent partout, approuvées par nos édiles, est vivement encouragé par l’attitude du chef de l’état.
Wokisme, théorie du genre, islamo-gauchisme, écoterrorisme… voilà un vocabulaire qui n’est pas anodin. On ne peut pas parler de démocratie quand du moment que tu critiques quelque chose, on te colle une de ces étiquettes – ostracisme d’état cette fois.
A friend mentions homophobic and racist remarks made not far from here. Some of them by an elected. We already knew that, but hearing about ostracized victims is something else.
Admittedly, Macron did not authorize this woman to speak like this, the fact remains that the climate of hatredS, hatredS with an S because they are numerous and are developing everywhere, approved by our city officials, is strongly encouraged by the attitude of the head of state.
Wokism, gender theory, Islamo-leftism, ecoterrorism… here is a vocabulary that is not insignificant. You can’t talk about democracy when as long as you criticize something, you get one of those labels – state ostracism this time.

Quand je décide d’évoquer pour vous ce type de réflexions, je fais de nombreux allers-retours entre mon expérience personnelle et mes recherches sur internet.
When I decide to evoke this type of reflection for you, I go back and forth between my personal experience and my research on the internet.

Plus délicat : voici quelques lignes empruntées à Wikipédia : « L’idée centrale de Hitler est simple : lorsqu’on s’adresse aux masses, point n’est besoin d’argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assénés à satiété constituent l’essentiel de son arsenal propagandiste (…) ». Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai pas comparé Macron à Hitler, trop de différences les séparent, même si Macron aussi fait appel à la force, même si les brutalités ne sont pas « l’effet de passions déchaînées, mais l’application des directives permanentes qui leur sont données » (aux SA).
Trickier: Here are some lines borrowed from Wikipedia: « Hitler’s central idea is simple: when addressing the masses, there is no need to argue, just seduce and strike. The impassioned speeches, the refusal of any discussion, the repetition of a few themes struck to satiety constitute the essence of its propagandist arsenal (…) ». Don’t make me say what I didn’t say, I didn’t compare Macron to Hitler, too many differences separate them, even if Macron also uses force, even if brutalities are not « the effect of unleashed passions, but the application of the permanent directives given to them » (to the SA).

Ai-je enfoncé des portes ouvertes en lisant avec un vif intérêt le texte de Jean-François Bayart qui parle d’illibéralisme mais pas de fascisme ? Il remarque aussi que le peuple est accusé de paresse, est infantilisé… Se sentir méprisé, c’est insupportable. Je me sens méprisée quand les luttes auxquelles je donne tout mon soutien sont présentées comme actes de banditisme (les méga-bassines, parmi d’autres…).
Did I break open doors by reading with great interest Jean-François Bayart’s text which speaks of illiberalism but not of fascism? He also notices that the people are accused of laziness, are infantilized… To feel despised is unbearable. I feel despised when the struggles to which I give my full support are presented as acts of banditry (the mega-basins, among others…).

Même pour vous faire un récit de voyage, les enchaînements sont délicats : alors que les secondes se succèdent dans leur course immuable et fluide, le récit, qui supprime des secondes, des minutes, des heures, et même des jours entiers, est beaucoup plus chaotique…
Quand j’évoque un problème aussi sinistre que la politique du moment, avec quoi vais-je enchaîner ?
J’ai sorti le bégonia-dragon, il ne craint plus le gel, mais il a mauvaise mine, il est tout maigrelet. Je l’ai taillé, il faudra recommencer pour l’aider à s’étoffer.
Even to give you a travelogue, the sequences are delicate: while the seconds follow one another in their immutable and fluid course, the story, which removes seconds, minutes, hours, and even whole days, is much more chaotic…
When I bring up an issue as sinister as current politics, what do I follow up with?
I took out the begonia-dragon, it no longer fears frost, but it looks bad, it is all skinny. I pruned it, it will have to be done again to help it grow.

Nous avons pu faire une séance de musique en gardant la porte ouverte et Manwei a joué du violon chinois, nous avons pu manger dehors, toutes choses redevenues bientôt impossibles avec le retour du froid. Un peu de pluie, juste assez.
La clématite en bien mauvaise santé est repartie. Je surveille l’arbre de Judée, le savon noir semble avoir été efficace, mais il faudra recommencer car les « cacopsylla pulchella » ne s’éliminent pas facilement.
Les topinambours font un bon démarrage.
We were able to do a music session with the door open and Manwei played the Chinese violin, we were able to eat outside, all things soon became impossible again with the return of the cold. A little rain, just enough.
The clematis in very poor health has returned. I watch the Judas tree, the black soap seems to have been effective, but it will be necessary to start again because the « cacopsylla pulchella » do not eliminate easily.
Jerusalem artichokes make a good start.

J’ai voulu tailler le cognassier du Japon qui avait souffert du gel, et j’ai trouvé un nid caché dans ses branches : à tâtons j’ai compté quatre œufs, mais quelques jours plus tard, le nid était vide. Inaccessible aux chats, ce sont sans doute de plus petites créatures qui ont fait un festin – pauvres oiseaux !
I wanted to prune the Japanese quince which had suffered from the frost, and I found a nest hidden in its branches: I felt my way and counted four eggs, but a few days later the nest was empty. Inaccessible to cats, it was probably smaller creatures that had a feast – poor birds!

Roses… et pucerons — Roses… and aphids

D’autres oiseaux se portent bien si j’en crois les deux mésanges qui passent leur journée à voler et sautiller. Le nid est dans le mur, sous la fenêtre de la salle de bain. Quand un parent rapporte de la nourriture, il commence une marche d’approche que les militaires lui envieraient : il se pose sur un fil, se déplace en regardant de tous les côtés, gesticulation nerveuse qui ne s’arrête jamais, puis repart dans une autre direction, puis une autre, passant pour tous ses points d’approche stratégiques. Ces deux oiseaux ne sont jamais immobiles, ils me donnent le tournis !
Other birds are doing well if I believe the two tits who spend their day flying and hopping. The nest is in the wall, under the bathroom window. When one of the parents brings back food, it begins an approach march the military would envy it: it lands on a wire, moves around, looking around, nervous gesticulation that never stops, then starts again in a another direction, then another, passing for all its strategic points of approach. These two birds are never still, they make me dizzy!

L’asiminier — (Asimina triloba)

En français, on appelle « marronnier » les sujets rebattus qui reviennent régulièrement. Pourtant les petits détails de notre quotidien que je viens d’évoquer (j’espère qu’ils ne sont pas soporifiques) représentent vraiment notre existence tranquille. Avec parfois une sortie moins routinière.
On est allés voir le film « interdit aux chiens et aux Italiens », un film d’animation réalisé par Alain Ughetto qui raconte sa famille, la pauvreté, l’arrivée en France… Ariane Ascaride est la voix de la grand-mère, et quand elle dit « on n’est pas d’un pays, on est de son enfance », elle emprunte cette superbe formule au poète René Frégni.
Je n’ai pas de mots assez élogieux pour évoquer ce film très inventif et touchant.
In French, we call « marronnier » the hackneyed subjects that come up regularly. Yet the small details of our daily life that I have just mentioned (I hope they are not soporific) really represent our quiet existence. With sometimes a less routine outing.
We went to see the film « interdit aux chiens et aux Italiens », « forbidden to dogs and Italians », an animated film directed by Alain Ughetto which tells about his family, poverty, the arrival in France… Ariane Ascaride is the voice of the grandmother, and when she says « we are not from a country, we are from one’s childhood », she borrows this superb formula from the poet René Frégni.
I do not have enough laudatory words to evoke this very inventive and touching film.

Je ne pense pas que cela change grand-chose pour vous d’être invités dans les coulisses de mon blog : j’essaie de faire preuve d’imagination pour ne pas me contenter d’énumérations fastidieuses. J’ai prévu de vous parler de mes lectures, il faut croire que j’ai le temps de lire puisque j’aimerais vous conseiller les derniers ouvrages qui m’ont beaucoup plu. Ce sera pour une autre fois, je ne sais pas encore quand…
I don’t think it matters much for you to be invited behind the scenes of my blog: I try to be imaginative so as not to content myself with tedious enumerations. I planned to talk to you about my readings, I have to believe that I have time to read since I would like to advise you of the latest books that I really liked. It will be for another time, I don’t know when yet…

forêt de chênes — oak forest

Et les photos ?
Ce lundi 15 mai, j’ai fait une longue séance dans le parc, le mois de mai est idéal. Ainsi vous aurez un état des lieux.
Voilà… Ça semble digeste, assez bien calibré. J’ai tout relu. N’ai-je rien oublié du sommaire sommaire prévu ?
And the pictures?
This Monday, May 15, I did a long session in the park, the month of May is ideal. So you will have an inventory.
That’s it… It seems digestible, quite well calibrated. I reread everything. Did I miss anything from the summary summary provided?

Arbre de François — François’ tree
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6 réflexions sur « Dans les coulisses / Behind the scenes »

  1. Bonjour Kaly,
    Toujours un bon moment de parcourir ton (on se tutoie ?) blog. Et j’admire la régularité de la qualité et de la dimension importante, le rythme hebdomadaire est incroyable.
    Les réflexions sociales et politiques m’intéressent.
    Arrivé en France à seize ans et ne parlant pas le français, il est évident que le film « Interdit aux chiens et aux italiens » ne m’a pas laissé indifférent. Mais je dois reconnaître que je n’ai pas été confronté à des actes ou paroles racistes. J’avais un bon niveau scolaire dans les matières scientifiques et j’étais un honnête gratouilleur de guitare. J’ai donc eu des amis rapidement et des amitiés sincères et durables. La suite de ma vie m’a fait devenir un bon fonctionnaire et citoyen français sans interrompre mon italianité de naissance. Double culture que je considère être une chance inouïe.
    Nous partageons l’appréciation négative sur Macron. Comparer Macron et Hitler serait un non sens. Mais comparer des situations politiques (comparer c’est voir les similitudes et voir les différences) est une saine réflexion politique.
    Hitler est le produit d’une situation politique issue d’une presque guerre civile, d’une volonté des classes dirigeantes allemandes de faire barrage par tous les moyens au communisme. Contrairement à ce qu’on prétend souvent, Hitler n’a pas été élu chancelier, il a été nommé après des succès et des échecs électoraux aux législatives. Le prix Goncourt « L’ordre du jour » de Éric Vuillard décrit parfaitement tout cela.
    Macron aussi est le produit d’une situation politique, situation moins dramatique que l’allemande des années 1920. Mais « moins dramatique » n’est pas à mettre au crédit de Macron. Que ferait-il s’il n’y avait pas des contre pouvoirs, syndicats, associations, presse (ce qui reste de presse indépendante) ? L’oligarchie financière nous a imposé le « produit Macron ». Ma crainte est que, comme l’oligarchie allemande des années 1920, la française joue le pourrissement pouvant aboutir au « produit Le Pen ».
    Amitiés.
    Angelo.

    • Grand merci Angelo pour ce long message, et, oui, on continue à se tutoyer puisque ça a toujours été le cas !
      Chance inouïe en effet pour toi d’avoir cette double culture, d’autant plus que tu n’as pas connu les souffrances de certains. En « attrapant » sa deuxième nationalité, canadienne, notre fils Sébastien le voyageur se sentait devenir citoyen du monde…
      J’apprécie beaucoup ce que tu exprimes sur le plan politique, ça me permet d’aller plus loin dans mes réflexions, de rendre évidentes des notions qui flottaient à la limite du vague dans mon esprit : « comparer, c’est voir les similitudes et les différences », voilà qui est limpide !
      Je suis dans la même crainte que toi d’un futur qui pourrait faire empirer une situation déjà bien dégradée.
      Encore merci
      Kaly

  2. Ah Macron…. Il prétend toujours avoir reçu un blanc-seing en étant élu pour gouverner et décider à sa guise, sans admettre qu’une très grande partie de ses électeurs ont voté pour lui afin d’empêcher Marine Le Pen d’être élue. Il aurait pu l’admettre après le résultat des législatives qui ne lui a pas donné de majorité.
    En tout cas par son aveuglement il est en train de dérouler le tapis rouge au RN (je partage l’analyse d’ Angelo)….
    L’avenir ne présage rien de bon.
    Je note le conseil pour le film interdit aux chiens et aux Italiens.
    Et j’attends avec curiosité les conseils de lecture !

    • Ouf !
      Une journée bien agitée, j’en parlerai… Alors j’ai mis à réagir plus de temps que d’habitude.
      Je me demande si Macron a un ego surdéveloppé au point de croire qu’il est, si j’ose l’exprimer ainsi, un Élu.
      Il ne peut pas ignorer que même des personnes haut placées, des députés, etc, de l’opposition, ont voté pour lui pour faire barrage au RN un point c’est tout.
      Alors, c’est la règle du jeu, il prétend parler au nom du peuple. On est dans un océan de mensonges mais nous, on n’a pas le droit de mentir…

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