Il y a foule


Nous avons revu nos petites-filles le 17 mai. Je suis partie en vélo avant que les autres me rejoignent et le chargent sur la voiture. On se serait crus « comme avant », il faisait beau et il y avait une circulation intense, voitures, motos, vélos… Il y a, sans surprise, une frénésie à reprendre les « bonnes » habitudes. Au quotidien, la seule différence c’est le port du masque, imposé dans la plupart des magasins, portés parfois dans la rue.

We saw again our granddaughters on May 17th. I went on a bike before the others joined me and loaded it onto the car. We would have thought « as before », the weather was good and there was intense traffic, cars, motorcycles, bikes … There is, not surprisingly, a frenzy to resume the « good » habits. On a daily basis, the only difference is the wearing of a mask, which is compulsory in most stores, sometimes used in the street.

Nous avons passé une belle journée, heureux de nous revoir…
We had a great day, happy to see each other again…

Quand on va voir cet arbre remarquable, on n’a pas le choix, on doit monter dessus — pas facile.
When you go to see this remarkable tree, you have no choice, you have to climb on it – not easy.

Souvenir souvenir… Il y a six ans, Haneul, Peter et Kent s’y étaient essayés…
Souvenir souvenir … Six years ago, Haneul, Peter and Kent had tried it …

 

De retour chez nous bien sûr la routine continue… Paul passe des heures à jardiner, j’ai toujours mille choses à faire avant de l’aider. Pourtant, il y a une urgence, les oignons sont attaqués par un parasite : j’utilise le Bacillus Thuringiensis pour tenter de les sauver.
Je fais un peu de désherbage ici ou là, j’ai souvent à la main un sécateur bien utile.
Paul repique, pioche et se fait mal au dos, tamise de la terre, fait des kilomètres !
Il avait jeté des rhizomes de canna sur un compost l’année dernière, aujourd’hui de magnifiques cannas se développent et prolifèrent : Paul déplace vers un autre tas le compost auquel il servira de ferment, et passe la motobineuse autour de ce nouveau massif de fleurs.
Back home of course the routine goes on … Paul spends hours gardening, I always have a thousand things to do before helping him. However, there is an emergency, the onions are attacked by a parasite: I use Bacillus Thuringiensis to try to save them.
I do a little weeding here and there, I often have a useful pruner in my hand.
Paul transplants, picks and hurts his back, sifts the soil, travels for miles!
He had thrown canna rhizomes on a compost last year, today magnificent cannas develop and proliferate: Paul moves to another pile the compost to which he will serve as ferment, and passes the tiller around this new flower bed.

Cette année, nous ne pouvons recevoir de helpers ou workawayers comme nous le faisons depuis huit ans. Jean-Pierre et Chantal nous ont beaucoup aidés pendant le confinement. Mais Chantal reprend le travail, Jean-Pierre ses activités musicales. Alors Laurent… mais c’est qui Laurent ?
This year, we cannot host helpers or workawayers as we have been doing for eight years. Jean-Pierre and Chantal helped us a lot during the confinement. But Chantal resumes work, Jean-Pierre his musical activities. So Laurent … but who is Laurent?

Notre quotidien s’emballe quand arrive le grand week-end de l’Ascension. Le projet de Laurent… mais c’est qui Laurent ? Notre premier contact a eu lieu en janvier 2019, suite à une annonce qu’il avait passée dans la revue « l’Âge de Faire » : il était à la recherche d’un bout de terrain où poser sa tiny house. Nous établissons un échange de service, un peu comme on l’a fait avec les helpers et les workawayers.
Our daily lives get carried away when the long Ascension weekend arrives. Laurent’s project … but who is Laurent? Our first contact took place in January 2019, following an announcement he had made in the review « l’Âge de Faire »: he was looking for a piece of land to put his tiny house. We organize a service exchange, like we did with helpers and workawayers.

Depuis cette rencontre, Laurent et Nathalie sont venus nous voir à plusieurs reprises.
Since this meeting, Laurent and Nathalie have come to see us on several occasions.

Séb essaie de passer avec son Chamion entre la souche et le bouquet de noisetiers, il faudra que la petite maison de Laurent passe par le même chemin. Le Chamion passe « presque » , ça veut dire qu’il ne passe pas du tout. Eh bien c’est décidé, il va falloir détruire la souche. Je réussis avec une seule allumette à démarrer un feu qui va brûler pendant quatre jours. Laurent avait prévu de donner un sérieux coup de main, mais il n’a pas pu venir aider à cause du confinement.
Séb tries to pass with his Chamion between the stump and the bunch of hazelnuts, the small house of Laurent will have to pass by the same way. The Chamion passes « almost », that means that it does not pass at all. Well it’s decided, we’ll have to destroy the stump. I manage with a single match to start a fire that will burn for four days. Laurent had planned to give a serious helping hand, but he could not come to help because of the confinement.

Traces de cendre à l’emplacement de la souche
Traces of ash at the location of the stump

Je récolte plus de quatre kilos de rhubarbe – Jérôme va être jaloux ! – et j’en trie la moitié : comme je l’expliquais l’autre jour, je laisse macérer le sucre, une heure suffit je pense. Et avant de mettre à cuire je goûte… Mais la rhubarbe crue, ça ne me dit rien du tout – j’aurais essayé !
I harvest more than four kilos of rhubarb – Jérôme will be jealous! – and I sort half of it: as I explained the other day, I let the sugar macerate, an hour is enough I think. And before I cook I taste … But raw rhubarb doesn’t mean anything to me at all – I would have tried!

 

Mais Laurent arrive, et Nathalie, et Solenn. Je charge ces dernières de trier le reste de rhubarbe pendant que Laurent se fait jardinier. Nathalie lasure ici ou là. Tout le monde s’active, un soulagement pour Paul et moi ! Il y a du monde partout, des groupes informels de discussions variées, de la musique arrive depuis le parc… Quel plaisir d’être nombreux !
But Laurent arrives, and Nathalie, and Solenn. I instruct them to sort the rest of the rhubarb while Laurent is gardening. Nathalie stains here and there. Everyone is busy, a relief for Paul and me! There are people everywhere, informal groups of various discussions, music arrives from the park … What a pleasure to be numerous!

Jean-Pierre habite ici depuis deux ans.
Laurent va installer sa tiny house dès que possible, en principe fin juin.
Jean-Pierre has lived here for two years.
Laurent will install his tiny house as soon as possible, in principle at the end of June.


 

Jean-Pierre est au paradis. Laurent hésite à utiliser un terme si éloigné de ses croyances. D’autres ont parlé de paradis, ici, au Charbinat, dans le jardin, dans le parc, au soleil levant, au milieu des chants d’oiseaux (et des braillements des coqs, car des coqs entassés trop nombreux dans un space réduit, ça braille)… Et moi j’ai souvent pensé que ce paradis, c’est quand même un peu l’enfer, le travail n’est jamais fini, et les soucis du jardinier permanents (parasites, limaces, coup de froid, gel, sécheresse… et j’en passe – ne pas oublier les pulvérisations toxiques du voisin…).
Jean-Pierre is in paradise. Laurent hesitates to use a term so far removed from his beliefs. Others have spoken of paradise, here in Charbinat, in the garden, in the park, in the rising sun, in the midst of birdsong (and roars of roosters, because roosters crowded too many in a small space are roaring)… And I have often thought that this paradise is still a bit of hell, the work is never finished, and the gardener’s concerns are permanent (parasites, slugs, cold, frost , drought … and so on – don’t forget the neighbor’s toxic sprays …).

Coeur de Marie dans la tempête — Bleading heart in the storm


Je commence à comprendre que le paradis, ça peut être ça, un labeur interminable et pas toujours gratifiant par exemple quand la météo ne suit pas, un paradis qui se paye en permanence, mais un paradis car on s’y sent si bien… En d’autres termes, les efforts ne sont pas toujours récompensés, et pourtant c’est le meilleur choix qu’on a à faire.
I am beginning to understand that paradise can be that, an endless and not always gratifying work for example when the weather is bad, a paradise that one has to pay all the time, but a paradise because it feels so good … In other words, efforts are not always rewarded, and yet it is the best choice one has to make.

Solenn goûte enfin un long week-end de liberté après un interminable confinement à tavailler dans son appartement de la Croix-Rousse, à Lyon. Pour Nathalie, le travail a repris dans sa médiathèque et c’est infernal. Nous passons de longs moments à échanger sur nos expériences, avec sans surprise une formule qui revient souvent : on n’est pas égaux devant le confinement !
Solenn finally appreciates a long weekend of freedom after an interminable confinement, working in her apartment in Croix-Rousse, in Lyon. For Nathalie, work has resumed in her media library and it’s hellish. We spend long moments sharing our experiences, with no surprise a formula that often comes up: we are not equal when it comes to confinement!

Paul a enfin obtenu un rendez-vous chez la coiffeuse ! Ce n’est pas le cas pour les moutons.
Paul finally got an appointment with the hairdresser! This is not the case for sheep.

Nathalie et Laurent nous proposent une intervention musicale improvisée, nous les écoutons avec plaisir. Jean-Pierre et un visiteur nous rejoignent un moment. Le répertoire de Nathalie et Laurent n’est pas très joyeux, il faut dire qu’ils adorent les saudades ! Alors nous cherchons de quels titres de Boby Lapointe nous nous rappelons, et ceux qui se rappellent se joignent au chant… Pour marquer le tempo, quelques clous dans une boîte de café feraient l’affaire si ce n’était si lourd. Nous passons un moment fort agréable.
Nathalie and Laurent offer us an improvised musical intervention, we listen to them with pleasure. Jean-Pierre and a visitor join us for a while. Nathalie and Laurent’s repertoire is not very happy, it must be said that they love saudades! So we’re looking for what Boby Lapointe songs we remember, and those who remember join the song … A few nails in a coffee can would do the trick to point out the tempo if it weren’t so heavy. We are having a great time.

Je n’évoque plus la pandémie dans ces modestes récits de notre quotidien. Sauf quand elle le croise. Par exemple : ce masque jeté dans la nature.
I no longer mention the pandemic in these modest stories from our daily lives. Except when it meets it. For example: this mask thrown in nature.
Pour parler du Covid-19, je complète peu à peu le texte dédié, dont voici les nouveaux titres :
STATISTIQUES
— ÉCOLES

Si vous voulez (re)lire « Mes colères – Anger », cliquez ici. « Anger » veut dire colère en anglais, ce n’est pas le nom de la ville d’Angers…
To talk about the Covid-19, I gradually complete the dedicated text, of which here is the current summary:
— STATISTICS
SCHOOLS
If you want to (re)read « Mes colères – Anger », click here. « Anger » is not the name of the city of Angers …

With rainbow


Cela va faire cinquante ans (ouh là là !) que j’ai quitté mon Ardèche natale. Après deux années à l’École Normale d’institutrices de Grenoble, je suis venue m’installer dans le Nord Isère avec Paul. Les premiers hivers ont été très durs, le temps de m’habituer à l’interminable période des arbres défeuillés : j’avais tellement l’habitude de la garrigue avec ses chênes verts sempervirens !

It will be fifty years (wow there!) that I left my native Ardèche. After two years at the École Normale d’institutrices de Grenoble (to become a teacher), I came to settle in Nord Isère with Paul. The first winters were very hard, the time to get used to the endless period of leafless trees: I was so used to the scrubland with its evergreen holm oaks!

Je ne sais plus quand j’ai entendu pour la première fois parler des Saints de Glace. Maintenant, je sais qu’ils désignent la dernière date du début du printemps où il reste un risque de gel. Eh bien il peut geler le mois d’avant,  bien sûr, mais le jardinier s’en moque – qui n’a pas encore commencé de semer. Il paraît que sur les soixante-dix dernières années, cette période cruciale n’a connu le gel qu’à trois ou quatre reprises. Il n’y a pas si longtemps (cinq ans ?), une gelée très tardive a eu lieu, un 18 mai, cinq jours après la date autorisée – mais que fait la police ?
I no longer remember when I first heard of the « Saints de Glace » Ice Saints. Now I know they mean the last date in early spring when there is still a risk of frost. Well it can freeze the month before, of course, but the gardener doesn’t care – who hasn’t started sowing yet. It seems that over the past seventy years, during this crucial period It has frozen only three or four times. Not too long ago (five years?), a very late frost occurred, on May 18, five days after the authorized date – but what is the police doing?

Si les Saints de glace sont assez connus, ce n’est pas le cas des Saints Cavaliers, une période qui va généralement du 23 avril au 6 mai, alors que la lune rousse va généralement du 5 avril au 6 mai nous dit Wikipédia. Ah oui, la lune rousse : c’est la couleur des feuilles de vos plantes quand la lune a été très visible, la nuit très claire, alors en l’absence d’une couche protectrice de nuages, il a gelé. Wikipédia précise en outre que ces événements météo sont dus uniquement aux aléas des climats régionaux.
If the Saints de glace are well known, this is not the case for the Saints Cavaliers, a period which generally goes from April 23 to May 6, while the red moon generally goes from April 5 to May 6, Wikipedia tells us. Ah yes, the red moon: it is the color of the leaves of your plants when the moon was very visible, the night very clear, so in the absence of a protective layer of clouds, it froze. Wikipedia further specifies that these weather events are due only to the vagaries of regional climates.

Nous avons connu cette lune rousse il y a deux ou trois ans, les viornes avaient certaines feuilles moitié brunes moitié vertes : elles n’en ont pas beaucoup souffert, mais il y a eu beaucoup de petits dégâts cette nuit-là. Les feuilles sont restées bicolores pendant des semaines et des semaines.
There has been this red moon two or three years ago, viburnums had some leaves half brown half green: they did not suffer much, but there was a lot of small damage that night. The leaves remained two-tone for weeks and weeks.

Cette année, les Saints de Glace coïncident avec le début du déconfinement. Après huit semaines de beau temps, voilà le froid et la pluie qui reviennent.
This year, the Saints de Glace coincide with the start of deconfinement. After eight weeks of nice weather, the cold and the rain come back.

Il n’y a pas eu une goutte de pluie en avril. Sauf les deux derniers jours. Et puis les jours suivants.
There was not a drop of rain in April. Except the last two days. And then the following days.

Jean-Pierre continue d’arroser sous la serre, un jour sur deux seulement, à l’extérieur ce n’est plus nécessaire et les mauvaises herbes s’en donnent à cœur joie dans les semis de Paul. Quant le sol aura suffisamment séché, il va falloir intervenir.
Jean-Pierre continues watering under the greenhouse, only every other day, outside it is no longer necessary and weeds are having a lot of fun in Paul’s seedlings. When the soil has dried enough, we will have to intervene.

Paul n’est pas content quand il pleut car il ne peut pas aller dehors et son dos lui fait mal. Pour ne rien arranger, ses cheveux lui tombent dans les yeux et il attend impatiemment de retourner voir la coiffeuse.
Paul is not happy when it rains because he cannot go outside and his back hurts. To make matters worse, his hair falls into his eyes and he waits impatiently to return to the hairdresser.

Son vélo se couvre de poussières et de toiles d’araignées. Paul passe beaucoup plus de temps au jardin que moi !
His bike is covered with dust and spider webs. Paul spends much more time in the garden than I do!

 

Je ne partage pas toujours les idées de mon père : il a un trop grand respect de la hiérarchie ou des diplômes, ainsi que de l’ordre établi. Mais j’admire son courage depuis le début du confinement. Depuis dix ans, depuis le décès de ma mère, il a établi un emploi du temps auquel il se tient strictement. Avec le confinement, il l’a adapté au contexte.
I don’t always share my father’s ideas: he has too much respect for hierarchy or diplomas, as well as for established order. But I admire his courage from the start of confinement. For ten years, since the death of my mother, he has established a timetable which he strictly adheres to. With confinement, he adapted it to the context.

Pendant huit semaines, il n’a vu que deux personnes par semaine : l’infirmière et l’aide à domicile. Comme il est presque aveugle et qu’il ne peut plus conduire — il habite à cinq kilomètres du premier commerce — cette personne l’accompagne pour faire ses courses. Pendant le confinement, elle venait prendre sa liste et repartait seule faire les achats demandés. Cette organisation reste en vigueur.
For eight weeks, he saw only two people a week: the nurse and the home aide. Since he is almost blind and can no longer drive – he lives five kilometers from the first store – this person accompanies him to do his shopping. During the confinement, she came to take her list and left alone to make the requested purchases. This organization remains in force.

Mon père n’a jamais voulu avoir de carte bancaire, il est d’une autre époque : il paye ses achats avec de l’argent liquide. Après huit semaines, sa réserve allait s’épuiser, et aucun moyen de faire un retrait par lui-même. Heureusement, une de mes sœurs a pu faire un retrait et lui donner des billets en échange d’un chèque. Mais il redoute terriblement d’être contaminé, donc la relation est réduite au strict minimum.
My father never wanted to have a bank card, he is from another era: he pays for his purchases with cash. After eight weeks, his reserve was going to run out, and no way to make a withdrawal by himself. Fortunately, one of my sisters was able to make a withdrawal and give him bank notes in exchange of a check. But he’s dreadfully afraid of being infected, so the relationship is reduced to the bare minimum.

Il approchait des quatre-vingts ans quand il a touché un ordinateur pour la première fois. Depuis, il a fait un sacré bout de chemin. Il utilise des clés USB : il a eu un problème avec l’une d’elles, qu’il avait verrouillée accidentellement – quand on est mal-voyant, beaucoup de choses nous échappent !
He was not far from eighty when he first touched a computer. Since then, he has come a long way. He uses USB keys: he had a problem with one of them, which he had accidentally locked – when we are visually impaired, a lot of things elude us!

Je n’ose imaginer comment cela se serait passé s’il avait été encore plus isolé : bien sûr, je serais allée chez lui au besoin, mais combien de contrôles aurais-je eu à subir pendant plus de deux cents kilomètres ? Et comment cela s’est-il passé pour des personnes de son âge encore plus isolées ?
I dare not imagine how it would have happened if he had been even more isolated: of course, I would have gone to his house if necessary, but how many checks would I have had to undergo for more than two hundred kilometers? And how did it go for even more isolated people as old as him?

Et encore, mon père a la chance d’habiter une maison dans un quartier calme et avec un grand terrain : lui aussi a pu sortir autant qu’il le voulait.
And even, my father is fortunate to live in a house in a quiet area with a large land: he too has been able to go out as much as he wanted.

Pour ma part, confinement ou pas, quand j’ai appris l’ouverture d’une boulangerie à quelques kilomètres, j’avais un prétexte tout trouvé pour m’y rendre. En vélo bien entendu.
For my part, confinement or not, when I learned of the opening of a bakery a few kilometers away, I had a ready-made excuse to go there. By bike of course.

Gauthier prépare un excellent pain biologique. Comme il n’a pas encore tout son équipement, il pétrit cent kilos de pâte à la main : sa production reste relativement réduite. Il a proposé un jour des Kouign Aman : j’ai mis le mien dans un sac étanche, heureusement car le beurre a coulé pendant le retour.
Gauthier prepares an excellent organic bread. As he does not yet have all his equipment, he kneads a hundred kilos of dough by hand: his production remains relatively small. He once proposed Kouign Aman: I put mine in a waterproof bag, luckily because the butter spilled during the return.

Pendant le confinement, je pouvais couvrir en vélos les neuf kilomètres qui me séparent de son four. Maintenant, j’ai plaisir à continuer à faire mes achats en vélo : c’est ma deuxième voiture, je l’ai toujours dit.
During confinement, I could ride the nine kilometers that separate me from his oven by bicycle. Now I’m happy to continue shopping on my bike: it’s my second car, I’ve always said that.

J’ai déjà récolté deux fois de la rhubarbe, et il va falloir recommencer : je la prépare, gardant parfois les feuilles toxiques pour faire un insecticide, ça détruit certains pucerons. Je pèse les tronçons comestibles, je rajoute dix pour cent de sucre… et j’attends. Au bout d’un moment, quand il y a une bonne épaisseur de jus au fond de la casserole, je fais cuire pendant à peine dix minutes. Et ma compote est prête. C’est acide et vraiment délicieux, je ne m’en lasse pas…
I have already harvested rhubarb twice, and we will have to start again: I prepare it, sometimes keeping the toxic leaves to make an insecticide, it destroys some aphids. I weigh the edible sections, add ten percent sugar … and wait. After a while, when there is a good thickness of juice at the bottom of the pan, I cook for barely ten minutes. And my compote is ready. It’s acidic and really delicious, I never get tired of it …

Les hirondelles sont revenues le 5 mai. Ce jour-là, une belle averse sous un beau soleil a donné lieu à un magnifique arc en ciel.
The swallows returned on May 5. That day, a beautiful downpour under a beautiful sun gave rise to a magnificent rainbow.

Nous venons de recevoir un message de Sofia qui souhaite retrouver Carmen et Tyler et que tous trois viennent nous revoir : ce serait un très grand plaisir pour nous tous. Impossible de savoir quand, Tyler est au Canada et la frontière lui est fermée pour le moment. Quel dommage ! Franchir la frontière entre Espagne et France ne doit pas être facile en ce moment.
We have just received a message from Sofia who wishes to find Carmen and Tyler and that all three come to see us again: it would be a great pleasure for all of us. Impossible to know when, Tyler is in Canada and the border is closed to him for the moment. What a pity ! Crossing the border between Spain and France does not have to be easy at the moment.

J’ai décidé d’écarter le Covid-19 de mes chroniques, afin de ne pas vous imposer ce sujet obsessionnel. Il est difficile de rester sain d’esprit sous le déluge d’informations contradictoires et alarmantes. Pour ma part je reste à l’affût de ce qui se dit, tout en essayant de me sortir la tête de ce bazar : ne pas y passer trop de temps. C’est malsain de ressasser sans arrêt les mêmes choses, en même temps il y en a tellement à dire ! Partagée entre ces deux aspects de la question, je vous laisse décider d’aller y voir ou pas.
I decided to dismiss the Covid-19 from my chronicles, so as not to impose this obsessive subject on you. It’s hard to stay sane under the deluge of conflicting and alarming information. For my part, I am on the lookout for what is being said, while trying to get my head out of this bazaar: do not spend too much time there. It’s unhealthy to keep thinking about the same things over and over, at the same time there is so much to say! Divided between these two aspects of the question, I let you decide whether to go there or not.

Je souhaite répercuter les innombrables infos qui m’arrivent, les questionnements, les idées qui sont émises : je crée pour cela une rubrique spéciale, il vous faut cliquer ici pour y accéder.
I want to pass on the innumerable news that comes to me, the questions, the ideas that are expressed: I create a special section for this, you need to click here to access it.

Là-dessus, je m’en vais coudre un ou deux masques pour mon père : il aura plus de chances d’avoir quelque chose de qualité. Pour en savoir plus allez lire mes colères !
On that, I’m going to sew one or two masks for my father: he will have more chances to have something of quality. To find out more, read my anger!

Spécial Covid-19


INFO PUBLIÉE LE 23 JUIN
LA PESTE
Il y a tant à dire que j’ai publié ce texte séparément, à lire en cliquant ici.
There is so much to say that I published this text separately, to read by clicking here.



Ça démarre tout petit — il est tard, je reviendrai compléter ce dossier à mesure. Il traite du Covid-19.

It starts very small – it is late, I will come back to complete this file as I go. It’s talking about the Covid-19.

Ici, c’est tout en vrac, et j’ai l’intention de rajouter mes colères à mesure… de modifier ce texte, de le re-structurer quand il va s’allonger.
Here, it’s all loose, and I intend to add my anger as I go … to modify this text, to re-structure it when it lengthens.

« Le confinement consiste à demander à la population de gérer la pénurie » a déclaré un ancien directeur de la santé sur Le Monde.
« Confinement means asking the population to manage the shortage, » said a former health director on Le Monde.

 

MASQUES
Les innombrables scandales autour des masques ne sont pas terminés !

« Il convient certainement de préférer les masques tissus conçus par des petites mains qui respectent les normes et ont des qualités ergonomiques souvent supérieures aux produits commerciaux » nous dit Pascal Maillard. Mais lisez l’article complet ici.
MASKS
The countless scandals around the masks are not over!

« It is certainly advisable to prefer fabric masks designed by small hands respecting the standards and having ergonomic qualities often superior to commercial products » says Pascal Maillard. But read the full article here.

J’ai été scandalisée en apprenant qu’Intermarché ne vend des masques que si les clients ont la carte de fidélité. Il faut de plus commander par internet ! Je voyais là une mesure discriminatoire. Se procurer des masques rassurait mon père, mais il n’a pas accès à internet.
Et puis je me suis aperçue que la chaîne de magasins est débordée par une file d’attente virtuelle trop longue.

I was shocked when I learned that Intermarché only sells masks if customers have the loyalty card. You must also order online! I saw this as discriminatory. Getting masks reassured my father, but he doesn’t have internet access.

And then I realized that the chain of stores was overwhelmed by a virtual queue that was too long.

Est-il utile de le préciser ? Je ne suis pas en mesure de vous donner le moindre conseil médical…
Is it useful to specify it? I am not able to give you any medical advice …



STATISTIQUES — STATISTICS
Site plus axé sur la France, bourré de toutes sortes d’infos. Une carte par département permet, en cliquant sur l’un d’entre eux, d’avoir des chiffres sur ce département
Site more focused on France, full of all kinds of information. A map by department allows, by clicking on one of them, to have figures on this department
Des liens conduisent vers des sites en anglais.
Links lead to sites in English.

• Je vais tous les jours surveiller l’évolution des chiffres dans quelques pays :
I’ll be monitoring the numbers every day in a few countries:

ÉCOLES
Solenn enseigne à l’INSA de Lyon. Le confinement a considérablement augmenté son horaire de travail, qui était déjà à la limite du supportable. Ce qui l’inquiète, c’est la rentrée de septembre : ses étudiants viennent de toutes les régions de France, ou encore des DOM-TOM, ou des pays d’Afrique du Nord… (La plupart n’ont jamais quitté leurs parents et n’ont personne pour les prendre en charge, ils doivent apprendre à gérer leur quotidien en plus de leurs études.) Chaque année, ce groupe informel devient une classe, avec des interactions sociales, des rencontres… La distanciation va-t-elle faire voler en éclats ce qui est un besoin vital ? Nous sommes des animaux de meute, nous confronter aux autres fait partie de nos besoins fondamentaux.
    Je lui dis que je constatais cela quand je faisais l’école aux enfants de Petite Section : ces électrons libres dont certains avaient connu la crèche et d’autres seulement leur famille, devenaient des élèves, des éléments d’un groupe — c’était le plus gros de mon travail pendant les premières semaines. La socialisation est une étape vitale dans notre existence.

SCHOOLS
Solenn teaches at INSA Lyon. The confinement considerably increased her work schedule, which was already at the limit of the bearable. What worries her is the start of the new school year in September: her students come from all regions of France, or from overseas departments and territories, or from North African countries… (Most of them have never left their parents and have no one to take care of them, they must learn to manage their daily life in addition to their studies.) Each year, this informal group becomes a class, with social interactions, meetings … Will the distancing go to shatter what is a vital need? We are pack animals, confronting others is part of our basic needs.
    I told her that I saw this when I was teaching the children of « Petite Section »: these free electrons, some of whom had known the nursery and others only their family, became pupils, members of a group – it was most of my work for the first few weeks. Socialization is a vital step in our existence.
LES VIDÉOS RECOMMANDÉES PAR SOLENN
Ces liens renvoient vers des informations en français. J’ai l’intention de donner des précisions quand j’aurai vu les vidéos.

These links refer to information in French. I intend to provide details when I see the videos.

Lien vers la partie 3, qui vient de sortir et que Solenn recommande fortement (la plus actuelle sûrement, même si les autres valent le coup aussi) :

Penser la pandémie (partie 1):

Quelques notes prises dans cette vidéo : — la question du déconfinement — La pandémie agit comme un révélateur des dysfonctionnements du système de recherche. — Comparaison France et Allemagne — Le mépris à l’égard de la Chine fait qu’on n’a pas assez tenu compte de données pourtant précises — décision de l’UK — Dans cette première vidéo nous avons reconstitué le fil chronologique des faits scientifiques et une part de la réaction des dirigeants français.

Panser la pandémie (partie 2):

La mort, plus nue que la vérité (annexe à la partie 2):

 INFOS PUBLIÉES LE 4 JUIN
« Les sacrifiés de la sucrerie de Toury »

Un article de Florence Aubenas publié mercredi 3 juin dans « le Monde » évoque les 128 salariés de la sucrerie de Toury (Eure-et-Loir) « qui ont beaucoup travaillé pendant le confinement, notamment en produisant de l’alcool pour les gels hydroalcooliques. Mais cela n’empêchera pas la fermeture du site et leur licenciement le 30 juin. » La journaliste pense que peut-être, aujourd’hui, on ne déciderait pas de fermer : « La crise sanitaire a fait exploser le chômage, révélé les fragilités et les dépendances françaises dans des secteurs essentiels. »

Dix-huit millions de masques sont commandés au Vietnam, alors que les entreprises françaises qui pouvaient en fabriquer ont arrêté toutes leurs autres productions. Et se trouvent déjà en excédent…

Je vous invite à découvrir ou redécouvrir « bas les masques »
Nous lançons un appel à tous nos collègues professionnel.le.s de santé et du médico-social qui partent travailler la boule au ventre. Un appel aux « travailleurs et travailleuses essentiel.le.s », aux « premier.e.s de corvée », qui sont exposé.e.s pour faire tourner la machine.Un appel à toutes les personnes qui n’en peuvent plus de cette gestion de crise calamiteuse, de ce qu’elles endurent depuis des années, d’un système économique, politique et social désastreux.

Une très belle vidéo qui fait un tabac depuis quelques jours :
« Réveillons-nous »

INFO PUBLIÉE LE 6 JUIN
Dans CQFD n° 188 de juin 2020, dans les brèves de la page 6, je copie ceci :

“ L’interdictionite jusqu’à l’absurde
Pendant le confinement, l’accès à la nature a été empêché partout en France. Une prohibition des plus insensées, comme l’a relevé sur le site Reporterre (14/5) l’épidémiologiste Laurent Gerbaud : « Le virus circule d’abord dans les lieux confinés et denses. Au lieu de laisser la population se disperser en plein air, on l’a concentrée dans des zones réduites. C’est complètement absurde. » Même après le déconfinement du 11 mai, les parcs parisiens sont restés fermés plusieurs semaines, poussant les habitants de la capitale à s’agglutiner dans le moindre carré d’herbe accessible. À Marseille, le parc naturel des Calanques est demeuré interdit, tout comme les plages et les rochers du littoral. Mais même si les policiers venaient parfois jouer les trouble-fêtes, tout le monde se baignait quand même. À raison : l’eau était déjà très bonne. ”

BIENTÔT — SOON:
LA PESTE

See you!

Mai(s) encore

Je viens vous parler encore de confinement alors que les mesures ont changé après huit semaines : ce petit texte devait être publié mardi dernier, rappelez-vous. Et puis… sommes-nous réellement sortis de l’isolement imposé depuis le 17 mars ?
I come to talk to you again about confinement when the measures have changed after eight weeks: this little text was to be published last Tuesday, remember. And then … have we really come out of the isolation imposed since March 17?

 



Je ne résiste pas au plaisir de publier encore des photos de madame Saskatoon, la chatte grise,  plongée dans des rêves, modèle de non-stress.
I can’t resist the pleasure of still publishing photos of Mrs. Saskatoon, the gray cat, immersed in dreams, model of non-stress.

Je le disais mardi dernier : il ne nous manque que ce qui manque à (presque ?) tout le monde, plus de lien social.
I said it last Tuesday: we are missing only what (almost?) everyone is lacking, more social ties.

Comme toutes les espèces nous avons besoin de respirer, boire, manger, éliminer, dormir… sans quoi nous aurions bientôt fini de vivre. D’autres besoins presque aussi intenses peuvent attendre un peu plus, mais pas indéfiniment. J’aime plus que tout confronter mes opinions avec celles de quelqu’un qui n’est pas du tout ou pas entièrement d’accord : l’exercice peut être difficile, mais quel défi alors que d’approfondir nos idées, peser celles des autres, faire évoluer nos convictions aussi… Que valent mes idées si elles ne sont pas étayées ?
Like all species, we need to breathe, drink, eat, eliminate, sleep… without which we would soon have finished living. Other almost as intense needs can wait a little longer, but not indefinitely. More than anything, I like to compare my opinions with those of someone who is not at all or not entirely in agreement: the exercise can be difficult, but what a challenge while deepening our ideas, weighing those others, to change our convictions too … What are my ideas worth if they are not supported?

Les relations nous permettent aussi de vivre notre affectivité, nos émotions, et aussi de développer l’estime, de l’autre, comme de soi-même en écho à celle qui nous est témoignée. Connaître les autres, se connaître soi-même… Relativiser nos expériences par comparaison avec celles des autres.
Relationships also allow us to live our affectivity, our emotions, and also to develop esteem, of the other, as of ourselves, in echo of that which is shown to us. Knowing others, knowing yourself … Relativize our experiences by comparison with those of others.

Les relations ne sont-elles pas comme un aller-retour permanent de balles de tennis ? Et je ne parle pas d’un repas convivial entre proches, famille, amis…
Aren’t relationships like a permanent round trip of tennis balls? And I’m not talking about a convivial meal with loved ones, family, friends …

Nous sommes des animaux de meute.
We are pack animals.

Le confinement nous prive d’une part de notre humanité.
Confinement deprives us of part of our humanity.

Il y a quelque chose de monstrueux dans la distanciation obligatoire, cette attitude de recul, cette impossibilité de toucher l’autre personne. La poignée de main, les embrassades, l’échange de baisers nous parlent un langage que nous comprenons intuitivement, au-delà de la conscience. Changer cette attitude est très inconfortable.
There is something monstrous about the obligatory distancing, this attitude of hindsight, this impossibility of touching the other person. The handshake, the hugs, the exchange of kisses speak to us a language that we understand intuitively, beyond consciousness. Changing this attitude is very uncomfortable.

Certes, les Asiatiques ne se touchent pas pour saluer, ils s’inclinent en joignant les mains. Loin de moi l’idée de les critiquer ! Il s’agit d’une autre culture et ce n’est pas pour cause de pandémie qu’ils ont pour habitude d’éviter le contact.
Sure, Asians do not touch to greet, they bow while clasping their hands. Far be it from me to criticize them! This is another culture and it’s not because of a pandemic that they tend to avoid contact.

Cette distanciation m’est extrêmement désagréable, et me pousse étrangement à détourner les yeux, alors que j’ai toujours apprécié les regards directs.
This distancing is extremely unpleasant to me, and strangely pushes me to look away, while I have always appreciated direct looks.

Ma colère est grande, et mon inquiétude, quand j’apprends comment une femme s’est vu interdire le fait d’installer son ampli à son balcon pour faire écouter de la musique au voisinage : elle ne mettait personne en danger, ne dérangeait pas le quartier. Il ne s’agit plus de mesure sanitaire mais de dictature.
My anger is great, and my concern, when I learn how a woman was prohibited from installing her amplifier on her balcony to listen to music in the vicinity: she did not endanger anyone, did not bother the neighborhood. It is no longer a health measure but a dictatorship.

Dans les domaines de la psychiatrie et de la psychologie, le confinement va finir par faire plus de dégâts que le Covid-19.
In the sphere of psychiatry and psychology, confinement will end up doing more damage than the Covid-19.

C’est « Science et Vie » qui l’écrit, rappelant aussi qu’« en temps normal, environ 1670 personnes meurent chaque jour en France toutes causes confondues » :
« Deux études canadiennes montrent aussi que le fait d’avoir été en quarantaine déclenche par la suite des comportements d’évitement des foules ou des endroits publics. »
« Science et Vie » writes this, also recalling that « in normal times, around 1670 people die every day in France from all causes »:
« Two Canadian researches also show that being quarantined subsequently triggers avoidance behavior from crowds or public places. »

Le Petit Journal écrit ceci :
« Ce contexte [NDLC le confinement] peut générer une forte charge émotionnelle parfois difficile à contrôler, qui peut se manifester par : de la fatigue émotionnelle, des troubles du sommeil, une préoccupation permanente concernant l’avenir, la peur des autres, une altération du jugement, des troubles de l’humeur, une tendance à l’hypocondrie…
(…) L’expatriation en rajoute une couche. »
Le Petit Journal writes this: « This context [editor’s note: confinement] can generate a strong emotional charge that is sometimes difficult to control, which can manifest itself in: emotional fatigue, sleep disturbances, a permanent concern for the future, fear of others, impairment judgment, mood disorders, a tendency to hypochondria…
(…) Expatriation adds a layer. »

Au moins, être confinés à quatre plutôt qu’à deux ou, pire, d’être tout seul, c’est vraiment appréciable.
At least being confined to four rather than two or, worse, being alone, is really nice.

Je l’ai déjà dit, chacun a son mode de vie. Gaëlle préparait ses examens, Paul et moi avons repris le rythme habituels des activités printanières. Pour Séb, il fallait partir sur de nouveaux projets.
Alors il travaille le bois…
As I said before, everyone has their own way of life. Gaëlle was preparing for her exams, Paul and I have resumed the usual rhythm of spring activities. Séb had to start on new projects.
So he works with wood…


 

UN PARALLÈLE INTÉRESSANT
AN INTERESTING PARALLEL

Je viens de lire « L’Enfantement de la paix », édité en 1926. Je ne peux évoquer la « Grande Guerre » sans penser aux « mutins de 1917 » où Debronckart dénonce l’absurdité, l’horreur de la guerre, les gradés envoyant les hommes à la mort « juste pour corser le communiqué », dans l’idée aussi d’y gagner du galon. (Les paroles sont ici, la chanson là.)
L’auteur du livre, Henri Poulaille, créateur du courant de la littérature prolétarienne, évoque la situation des Poilus, ces héros, qui, rendus à la vie civile, ont le plus grand mal à retrouver un travail.
Ils ont sauvé la France, et la France ne le leur a pas rendu. Le premier mai 1919, un jeune homme est tué par la police, un autre, grièvement blessé, décédera quelques jours plus tard.

I have just read « L’Enfantement de la paix », published in 1926. I cannot talk about the « Grande Guerre » without thinking of the « mutins de 1917 — mutineers of 1917 » in which Debronckart denounces the absurdity, the horror of war, the officers sending men to death « just to make the press release », in the idea also to gain stripe. (The lyrics are here, the song there.)
The author, Henri Poulaille, creator of the current of proletarian literature, evokes the situation of the Poilus (Hairy — fighters of the first world war), these heroes, who, returned to civilian life, have the greatest difficulty in finding a job.
They saved France, and France did not give it back to them. On May 1, 1919, a young man was killed by the police, another, seriously injured, died a few days later.

Les héros d’aujourd’hui, les soignants, vont-il retrouver les conditions de travail qui les ont fait descendre dans la rue les mois derniers, coups de matraque à la clé ? À la place des gradés, nos dirigeants continueront-ils à fanfaronner et à s’enrichir ? Ils en rêvent, c’est certain, leur comportement d’autistes ou de psychopathes n’a pas changé…
Will today’s heroes, the caregivers, find the working conditions that made them take to the streets in the last few months, accompanied by baton blows ? Instead of the officers, will our leaders continue to boast and get rich? They dream of it, for sure, their behavior as autistic or psychopathic has not changed …

L’histoire se répète… Que répétera-t-elle cette fois ? « Si nous ne rêvons pas que le monde va changer, le monde ne changera pas » a dit Serge Utgé-Royo.
History repeats itself … What will it repeat this time? « If we do not dream that the world will change, the world will not change » Serge Utgé-Royo said.

MA COLÈRE DE LA SEMAINE
MY ANGER OF THE WEEK

Bien sûr, je ne vais pas me priver d’un minimum de mots de colère.
Of course, I will not deprive myself of a minimum of angry words.

Clément Viktorovitch, analysant le discours du premier ministre à l’assemblée, note que celui-ci commence par empoisonner le puits : il s’agit d’une tactique destinée à discréditer l’adversaire. Après cela, ayant balayé tout discours d’opposition, le ministre y va de sa déclaration. Il ne s’agit pas d’information, je déteste la malhonnêteté de cette façon d’agir. Clément Viktorovitch est un spécialiste de la rhétorique en politique, je m’intéresse à ses commentaires pertinents. Il souhaite aider à renouer le dialogue entre les citoyens et le monde politique – bon courage !
Clement Viktorovitch, analyzing the Prime Minister’s speech at the assembly, notes that he begins by poisoning the well: it is a tactic intended to discredit the adversary. After that, having swept away all opposition speeches, the minister makes his statement. This is not information, I hate this dishonest way of doing things. Clément Viktorovitch is a specialist in rhetoric in politics, I am interested in his relevant comments. He wants to help to reconnect the dialogue between citizens and the political world – good luck!

Dans le livre de Henri Poulaille évoqué plus haut, j’ai découvert ce qui s’est passé le premier mai 1919, et grâce au nom du jeune homme tué par la police, Charles Lorne, j’ai trouvé « Fourmies et les premier mai » dont de larges extraits sont accessibles sur le web. À l’origine de ce dernier ouvrage, si j’ai bien compris, un colloque dans lequel l’historienne Madeleine Rebérioux a tenu un rôle important. Le livre est publié sous sa direction. De nos jours, on célèbre la fête du travail, occultant les manifestations destinées à obtenir la journée de huit heures.
In Henri Poulaille’s book mentioned above, I discovered what happened on May 1, 1919, and thanks to the name of the young man killed by the police, Charles Lorne, I found « Fourmies et les premier mai » of which large extracts are accessible on the web. At the origin of this last book, if I understood correctly, a conference in which the historian Madeleine Rebérioux played an important role. The book is published under her direction. Nowadays, Labor Day is celebrated, masking the demonstrations aimed at obtaining the eight-hour day.

Je vais désormais essayer de parler d’autre chose : nous avons tous une indigestion de politique, de pandémie, de souci, d’angoisse… qui finiront par ne mener à rien.
I will now try to talk about something else: we all have an indigestion of politics, pandemic, worry, anxiety … which will ultimately lead to nothing.

Rassurez-vous, des colères j’en ai toujours des quantités, mais je vous en fais grâce. Il faut que je continue ma ronde. En effet, les bus ne sont plus confinés, ils commencent à rouler les uns derrière les autres en longues files.
Rest assured, I always have quantities of angeres, but I dispense you of them. I have to continue to patrol. Indeed, the buses are no longer confined, they begin to run one behind the other in long lines.

Après les embouteillages, tout s’est arrêté brusquement : un matin, il n’y avait plus une seule chenille.  La photo suivante a été prise la veille de leur disparition. Les oiseaux devaient être très satisfaits…
After the traffic jams, everything stopped suddenly: one morning there was no longer a single caterpillar. Next photo was taken the day before their disappearance. The birds had to be very satisfied …

 

J’ai fait une collection de diamants éphémères. Sur l’arbre de Judée j’ai retrouvé mes ennemis, bien peu nombreux maintenant. Deux minuscules traits sur la gauche.
 Regardez bien, vous verrez les vilains parasites.
I made a collection of ephemeral diamonds. On the tree of Judea I found my enemies, very few now. Two tiny lines on the left. Look closely, you will see the ugly parasites.

Et puis la goutte d’eau grossit, grossit…
And then the drop of water gets bigger, bigger …

plouf splash plonk !

Mai

Pendant l’été 2016, Dom et Séb ont donné un bon coup de main pour commencer la construction de la cabane dont Paul rêve depuis des années. Plus disponible, Sébastien continue le travail et développe de bonnes compétences pour travailler le bois. C’est décidé, il rêve depuis longtemps de se construire une maison, cette maison sera en bois.
During summer 2016, Dom and Séb helped a lot to start building the cabin that Paul has dreamed of for years. More available, Sébastien continues the work and develops good skills for working with wood. It’s been decided, he has long dreamed of building a house, this house will be made of wood.


L’automne arrive, il achète le camion qui deviendra Chamion (chalet-camion), récupère ou achète des matériaux et se lance dans la construction. Première utilisation nocturne très sommaire du futur Chamion.
Autumn arrives, he buys the truck that will become Chamion (chalet-camion : chalet-truck), recovers or buys materials and starts building the construction. First very basic night use of the future Chamion.

Travaux en cours – Work in progress


Nous l’avons filmé le premier jour où il l’a conduite, si vous regardez la vidéo vous aurez en prime une bien belle chanson (Into The Wild).
We filmed him the first day he drove it, if you watch the video you’ll get a great song (Into The Wild) as a bonus.

Il habite quelques temps sa première maison, très confortable, mais déjà il prépare un nouveau projet, vend sa maison (garde le camion) et en invente une autre, plus petite, mais qui sera aux normes.
He lives in his very comfortable first house for a while, but already he prepares a new project, sells his house (keeps the truck) and invents another one, smaller, but which would be up to standard.

Entre les deux constructions, le Chamion redevenu camion permet le transport de lattes de bois.
Between the two manufacturings, the Chamion, once again a truck, is used for the transport of wooden slats.


Construction de la deuxième « tiny house »
Construction of the second « tiny house »


S’il a tout fait absolument tout seul, sauf une aide brève pour fixer la structure, il fait appel aux compétences mécaniques de Patrice pour une remise en état bien nécessaire.
If he did everything on his own, except for a brief help to fix the structure, he called upon Patrice’s mechanical skills for a much-needed repair.


Après quoi, enfin enfin, le véhicule est homologué comme camping-car. Il produit son électricité d’origine solaire et son autonomie alimentaire peut atteindre les deux semaines. Séb reprend la route, et comme la mauvaise saison est là, plutôt que d’aller vers un pays du nord de l’Europe il se dirige tout tranquillement vers l’Espagne. Il attend encore avant de franchir la frontière que la tempête Gloria ait fini de tout casser, d’ailleurs il trouvera partout les traces de son passage destructeur.
After which, finally finally, the vehicle is approved as a motorhome. It produces its electricity from solar origin and its food autonomy can reach two weeks. Séb is back on the road, and since the bad season is here, rather than going to a country in the north of Europe, he heads quietly towards Spain. He still waits before crossing the border for the storm Gloria to finish breaking everything, and he will find traces of its destructive crossing everywhere.

C’est donc loin d’ici qu’il se trouve quand le confinement est décidé, et il espère pouvoir continuer ses magnifiques randonnées. Mais non, la police lui précise qu’il ne peut sortir que pour acheter de quoi manger. Dans ces conditions, vivre dans un tout petit espace perd tout intérêt.
En trois jours il parcourt les 1170 kilomètres qui le séparent d’ici.
So he is far from here when confinement is decided, and he hopes to be able to continue his magnificent hikes. But no, the police tells him that he can only go out to buy food. Under these conditions, living in a very small space loses all interest.
In three days he covers the 1,170 kilometers that separate him from here.

De son côté, maintenant que Gaëlle étudie en télé-travail, c’est plus agréable pour elle de s’installer à la campagne et nous sommes ravis de sa visite.
For her part, now that Gaëlle is studying on telecommuting, it is more pleasant for her to settle in the countryside and we are delighted with her visit.

Tombera tombera pas ? - Will fall will not fall?


C’est donc pour une bonne part le hasard qui nous réunit tous les quatre pour la durée du confinement. C’est une chance immense d’être relativement nombreux.
It is therefore largely a coincidence that brings us all four together for the duration of the confinement. It’s a great opportunity to be relatively numerous.

C’est une autre chance si Paul est tellement amoureux du parc et du jardin : après tout, depuis toujours pour le jardin, depuis vingt ans pour le parc, il y travaille, y réfléchit, le modifie, le réinvente… C’est devenu presque un labyrinthe où même moi je suis parfois un peu désorienté. Je serais incapable de situer avec précision sur un plan les arbres, les massifs, les haies les uns par rapport aux autres !…
It is another chance if Paul is so in love with the park and the garden: after all, always for the garden, for twenty years for the park, he works there, thinks about it, modifies it, reinvents it… It has become almost a labyrinth where even I am sometimes a little disoriented. I would be unable to locate precisely on a plan the trees, the flower bed, the hedges in relation to each other!…

Toute une vie s’est développée là, des oiseaux s’installent, des plantes que nous n’avons jamais semées aussi ! Nous bénéficions d’un cadre de vie riche et plein de surprises.
A whole life has developed there, birds settle, plants that we have never sown too! We enjoy a rich living environment full of surprises.

Ainsi vivons-nous le confinement, dans des conditions correctes, chacun à son rythme et avec ses propres activités.
So we live confinement, in correct conditions, each at his own pace and with his own activities.

Il ne nous manque que ce qui manque à (presque ?) tout le monde, plus de lien social.
We are missing only what (almost?) everyone is lacking, more social ties.

 

 Arrivés là,
Séb
et
Paul
ont dit « c’est trop long ! »
Alors cric crac,
j’ai coupé
la suite
de mon texte
que
vous
lirez
mardi
prochain.
Mais c’est pas fini.

There,
Séb
and
Paul
said « It’s too long! »
so
I cut
the rest
of my text
which
you
will read
next
Tuesday.
But it’s not over.

Je laisse la place à celles qui m’ont envoyé des photos : Badette, et Magali, que je remercie. Le muguet d’un jardin d’Échirolles…
I give way to those who sent me photos: Badette, and Magali, whom I thank. Lily of the valley from a garden of Échirolles …

Le muguet, le piano et la main de Mag’…
Lily of the valley, piano and Mag’s hand …