Luberon (2)

L’histoire a connu de tous temps des catastrophes, que l’on faisait payer ici aux juifs, là aux femmes, ailleurs aux chats… J’espère que ce temps est révolu, et je pense que malgré nos angoisses bien légitimes, nous avons l’avantage de disposer d’innombrables moyens technologiques, telle la possibilité de communiquer avec nos proches.
Mon admiration pour la technologie n’est pas non plus inconditionnelle : elle a amplement favorisé l’extension de la pandémie, par les déplacements en avion. De plus, en Italie puis en France (et certainement dans d’autres pays) les gens les plus riches ont quitté les villes aux premières mesures de confinement, participant largement à la propagation du virus.
There has always been disasters, which one made pay here to the Jews, there to the women, elsewhere to the cats… I hope that this time is past, and I think that in spite of our quite legitimate anxieties, we have the advantage of having countless technological means, such as the possibility of communicating with our loved ones.
My admiration for technology is not unconditional either: it has greatly contributed to the spread of the pandemic, by air travel. In addition, in Italy and then in France (and certainly in other countries) the wealthiest people left the cities at the first containment measures, largely contributing to the spread of the virus.

Quant aux plus démunis, s’ils le propagent eux aussi, c’est quand on les contraint à travailler sans appliquer les règles de sécurité. Ce sont eux les plus atteints, comme toujours, trop nombreux dans des logements trop petits.
As for the poorest people, if they spread it too, it is when they are forced to work without applying safety rules. They are the most affected, as always, too many in housing too small.

Je suis à la fois triste, presque dépressive, et heureuse. Méfiante et confiante. Effrayée et rassurée.
I am at the same time sad, almost depressed, and happy. Distrustful and confident. Frightened and reassured.

Et si l’humanité toute entière se trouvait dans le même état de détresse psychologique, puisque nous sommes tous dans le même bain ?
Je passe beaucoup plus de temps au téléphone depuis le début du confinement, et on a réveillé Skype. Nous devrions tous prendre des nouvelles des autres, plus que ce que nous faisions, ranimer les liens endormis. Les gens qui chantent tous ensemble sur les balcons dans les villes, ça fait du bien. Cherchons d’autres idées.
What if all of humanity were in the same psychological distress, since we are all in the same bath?
I’ve been spending a lot more time on the phone since the confinement started, and we woke up Skype. We should all take news from others, more than we did, wake sleeping links. People singing together on balconies in cities, it feels good. Let’s look for other ideas.

Le présent est noir mais pas seulement. Partout, il y a aussi des gestes de solidarité. Comme tant d’autres fois dans l’histoire, des espoirs fous se lèvent. Certains ont une lourde responsabilité dans la tragédie que nous connaissons, est-ce que ce sera suffisant pour qu’à l’avenir il y ait un changement en profondeur des comportements et des mentalités ? Un refus des actes qui nous sont imposés mais qui sont destructeurs pour la planète ? Mais aussi pour la qualité de l’existence de chacun d’entre nous ? Cette existence unique et si précieuse.
The present is black but not only. Everywhere there are also signs of solidarity. As so many times in history, great hopes arise. Some has a heavy responsibility in the tragedy that we know, will it be enough to get a substantial change in behavior and mentalities in the future? A rejection of the acts that are imposed to us but that are destructive for the planet? But also for the quality of existence of each of us? This unique and precious existence.

J’accepte les mesures dictatoriales qui nous sont imposées pour des raisons sanitaires. Mais je suis en rage parce que l’on manque toujours de matériel médical alors que l’équipement répressif ne fait pas défaut, bien au contraire : c’est la CGT qui a fait ce rapprochement. Et je suis très inquiète pour la sortie de la crise sanitaire : et si nos dirigeants  oublient ce jour-là de nous rendre nos libertés ?
I accept the dictatorial measures imposed on us for health reasons. But I’m in a rage because there is always a shortage of medical equipment while there is no shortage of repressive equipment, quite the contrary: the union CGT made this connection. And I am very worried about the end of the health crisis: what if our leaders forget that day to give us back our freedoms?

Tiré d’un tract de la CGT :
« La Fédération CGT des Services publics dénonce les choix du gouvernement qui font que ce sont les masques de protection, gel hydroalcoolique et tests médicaux qui manquent alors que jamais les armes de guerre militaire ou anti-manifestant (LBD, gaz…) ne sont en rupture de stock. Terrible traduction des préoccupations et intérêts de l’état et des Capitalistes. » LBD Lanceur de Balles de Défense
From a CGT leaflet:
« The CGT Federation of Public Services denounces the government’s choices which mean that it is the protective masks, hydroalcoholic gel and medical tests that are missing while never the weapons of military war or anti-demonstrator (LBD, gas …) are in sold out. Terrible translation of the concerns and interests of the state and the Capitalists. » LBD Lanceur de Balles de Défense — Defense Ball Launcher

Quel sera le coût médical et social du confinement ? Je suis persuadée que si nous étions testés, si n’étaient confinées que les personnes positives, la vie pourrait être bien plus normale. Et les personnes positives ne seraient jamais confinées aussi longtemps que nous le sommes tous par ignorance de notre état !
What will be the medical and social cost of confinement? I am convinced that if we were tested, if only the positive people were confined, life could be much more normal. And positive people would never be confined as long as we are all out of ignorance of our condition!

Notre escapade en Luberon n’est pas très loin dans le temps, mais il s’est passé tant de choses qu’elle brille dans nos souvenirs comme un passé très lointain. Je continue le récit de nos petites aventures ordinaires et la publication de tonnes de photos — paradis perdu. Provisoirement.
Our getaway in the Luberon is not very far back in time, but so much has happened that it shines in our memories like a very distant past. I continue the story of our little ordinary adventures and the publication of tons of photos – lost paradise. Provisionally.

C’est à peine si j’ai évoqué nos visites de Caseneuve et Viens, le 12 mars.
I barely mentioned our visits to Caseneuve and Viens on March 12.

Le zoom de mon Canon est vraiment fantastique, il me permet d’identifier Saignon, son église semblable à une tour défensive, alors que nous nous trouvons sur le versant d’en face, à plusieurs kilomètres, à Caseneuve.
The zoom of my Canon is really fantastic, it allows me to identify Saignon, its church evoking a defensive tower, while we are on the hill opposite, several kilometers away, in Caseneuve.

Un arbre fantôme disparaît dans la pierre.
A ghost tree disappears in the stone.

Et puis Badette, confinée à Grenoble, m’écrit qu’elle connaît Viens où elle va depuis de nombreuses années. Son amie y est présidente des « Amis de Viens ». Paul se rappelle alors la boîte aux lettres que j’avais photographiée pour son caractère militant, « nous voulons des coquelicots » : un appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides, refus des compteurs linky…
And then Badette, who is confined at Grenoble, writes me that she knows Viens where she has been going for many years. Her friend is president of the « Amis de Viens ». Paul then remembers the mailbox I had photographed for its militant character, « we want poppies »: a call to resistance for the ban on all pesticides, refusal of linky electric meters …

Salut à toi, Huguette ! Dans ton village paisible à quelques pas de chez toi le soleil égaie ce petit bout de jardin. Un drap sèche sur un fil. Prunus et mimosa sont fleuris – ah, le parfum du mimosa !
Hi to you, Huguette! In your peaceful village a few steps from your home, the sun brightens up this little piece of garden. A bed sheet dries on a wire. Prunus and mimosa are in bloom – ah, the fragrancy of mimosa!

Un vélo en pré-retraite n’attend plus de passager. Si l’on regarde bien, il est couvert de chaînes,  contre quels voleurs ?, il ne va pas se sauver sur ses pneus vénérables. Bientôt sans doute un jardinier fera pousser des fleurs dans ce pot-ci et quelqu’un mettra une bougie dans celui-là. La petite dynamo pour l’éclairage, j’ai toujours adoré, plus tu vas vite mieux tu y vois.

A pre-retirement bicycle no longer waits for passengers. If you look closely, it is covered with chains, against which thieves? It is not going to run away on his venerable tires. No doubt soon a gardener will grow flowers in this pot and someone will put a candle in that one. The little dynamo for lighting, I always loved, the faster you go the better you see.

Deux chiens veillent au grain tandis que des poissons remontent le courant.
Two dogs are on guard while fish go upstream.

Les livres gratuits, maintenant on en trouve partout, mais parfois en triste état. Ici la boîte à lire est toute pimpante et bien rangée.
Free books are now everywhere, but sometimes they’re deteriorated. Here the reading box is very neat and tidy.

Après avoir arpenté ces ruelles jusqu’à épuisement, nous avons suivi le chemin des cèdres que j’ai déjà évoqué.
After having surveyed these alleys until exhaustion, we followed the path of the cedars which I already mentioned.

La difficulté pour le jour suivant, c’était de ne pas nous trouver sur le passage du Paris-Nice. Cette compétition cycliste s’est  d’ailleurs terminée le samedi, un jour plus tôt que prévu, l’arrivée à Nice aurait rassemblé beaucoup trop de personnes : on commençait à envisager timidement le confinement, mais, quand même, pas avant les élections municipales. Après avoir étudié le parcours de la course (qui tournait un peu dans tous les sens autour de chez nous, bloquant la circulation), Paul a repéré le fort de Buoux et c’est comme ça que nous sommes allés dans cette vallée à l’écart.
The difficulty for the next day was not being on the passage of Paris-Nice. This cycling competition also ended on Saturday, a day earlier than expected, the arrival in Nice would have gathered too many people: we were starting to shyly consider confinement, but, all the same, not before the municipal elections . After having studied the course of the race (which turned a little in all directions around our home, blocking the traffic), Paul spotted the fort of Buoux and that’s how we went in this valley apart.

Il fait bien frais, un peu humide, dans ce vallon.
It is very cool, a bit humid, in this valley.

Ce mauvais chemin, accessible, passé le fort, seulement à des véhicules tout terrain, tenait autrefois une position stratégique importante nous dit un panneau : c’était « une des plus anciennes voies permettant de franchir le Luberon depuis la vallée de la Durance et d’envahir la ville d’Apt. »
This path in poor condition, accessible only for all-terrain vehicles past the fort, held an important strategic position in the past, a sign says: it was « one of the oldest ways to cross the Luberon from the Durance valley and to invade the town of Apt. »

Nous passons sous un gigantesque abri sous roche qui a été occupé sans doute par des pré-Néandertaliens, occupation très ancienne donc.
We pass under a gigantic rock shelter which was probably occupied by pre-Neanderthals, very old occupation therefore.

Sur le site (multilingue) concernant le fort de Buoux, accessible ici, vous cliquez sur « Les premiers hommes du Luberon » pour en savoir plus : il y a quelques pages passionnantes sur la vie de nos lointains ancêtres. Ce site vous propose aussi des vues que je ne peux faire, prises depuis drone ou avion…
On the (multilingual) site concerning the fort of Buoux, accessible here, you click on « The first men of Luberon » to find out more: there are some fascinating pages on the life of our distant ancestors. This site also offers you views that I cannot do, taken from a drone or a plane…

Nous suivons le chemin jusqu’à l’entrée du fort où une dame nous aurait volontiers gardés toute la journée pour égayer sa solitude.
We follow the path to the entrance to the fort where a lady would gladly have kept us all day to brighten up her solitude.

Quand on commence à fouiner dans les vieilles pierres, on sait quand ça commence…
When you start snooping around in old stones, you know when it starts…

Les guerres de religions ont laissé des souvenirs terribles dans le sud de la France. Le fort de Buoux a été pris et repris à plusieurs reprises par catholiques et protestants. Ici, nous essayons de comprendre la raison des murs grossiers de cette église qui doublent une muraille d’une autre facture.
The wars of religion have left terrible memories in the south of France. Fort de Buoux was taken and taken back several times by Catholics and Protestants. Here we are trying to understand why the walls of this church are surrounded by another coarse wall that has a very different style.

Les silos ont peut-être été creusés à l’époque protohistorique, ils seraient d’origine celto-ligure, mais cette opinion est contestée. Le travail de creusement de ces silos, bien plus long que la construction d’un bâtiment, est sans doute choisi pour son efficacité : pas un rongeur ne va réussir à rentrer là-dedans aussi longtemps que les couvercles (certainement rendus étanches, par exemple avec du tissu) seront en place.
The silos may have been dug during the protohistoric era, their origin could be Celtic-Ligurian, but this opinion is disputed. The digging work of these silos, much longer than the construction of a building, is undoubtedly chosen for its efficiency: not a rodent will manage to get in there as long as the covers (certainly sealed, for example with fabric) will be in place.

Le site occupe tout le haut d’une colline légèrement en pente : nous dominons maintenant le plateau.
The site occupies the entire top of a slightly sloping hill: we now dominate the plateau.





La course cycliste va passer tout là-bas !
The cycling race will pass over there!

Ce rocher serait le roc de l’aigle.
This rock could be le roc de l’aigle.


Quand on commence à fouiner dans les vieilles pierres, on sait quand ça commence…
…et quand ça finit on s’aperçoit qu’on a passé au moins deux heures à explorer ce site étonnant !
D’en haut, on avait repéré cette ancienne ferme, devenue restaurant. La dame à l’entrée du fort nous a décrit avec enthousiasme les menus que l’on peut déguster ici. Nous arrivons tard, affamés. Quelques personnes sont attablées en terrasse.
When you start snooping around in old stones, you know when it starts…
… and when it ends we realize that we have spent at least two hours exploring this amazing site!
From above, we had spotted this old farm, now a restaurant. The lady at the entrance to the fort enthusiastically described the menus that can be enjoyed here. We arrive late, hungry. A few people are seated on the terrace.

Non, les menus alléchants ne sont pas encore disponibles, mais la serveuse nous propose très aimablement une salade, de la charcuterie et du fromage, le tout arrosé d’une bière locale… Il y aura même une pâtisserie maison. Quand elle voit que nous n’avons pas fini de manger la deuxième tomme, elle propose une tartine de pain supplémentaire, et… nous ne laissons rien, enchantés de ce repas en plein air.
No, the enticing menus are not yet available, but the waitress very kindly offers us a salad, cold meats and cheese, accompanied with a local beer … There will even be a homemade pastry. When she sees that we have not finished eating the second tomme, she offers an extra slice of bread, and … we leave nothing, delighted with this meal in the open air.

L’après-midi, muni de nos livres, nous partons en direction de Sivergues par un chemin balisé.
In the afternoon, with our books, we leave in the direction of Sivergues by a marked path.

Il y a une araignée humaine, j’agrandis la photo et vous finirez par la distinguer sur la paroi. Je ne peux la quitter des yeux, fascinée par l’aisance avec laquelle elle grimpe. Sur la photo, elle se repose, ou bien elle étudie la suite, posée sur son baudrier. Je la vois faire le grand écart en passant son pied plus haut que son épaule. On dirait qu’elle est en surplomb presque en permanence.
There is a human spider, I will enlarge the photo and you will end up distinguishing it on the wall. I can’t take my eyes off her, fascinated by the ease with which she climbs. In the photo, she is resting, or else she is studying the rest, placed on her harness. I see her doing the splits by passing her foot higher than her shoulder. It looks like it is overhanging almost constantly.



Nous faisons quelques pauses de lecture paresseuse, mais nous arrivons finalement à Sivergues, beau petit village endormi. La batterie de mon Canon est à plat, vous n’aurez pas droit à des milliers de photos : sur google-map, il y en a assez pour se faire une idée. J’ai cependant presque réussi celle-ci, qui montre les étranges soubassements de cette maison, construite par-dessus un renfoncement.
We take a few lazy reading breaks, but we finally arrive in Sivergues, a beautiful sleepy little village. My Canon’s battery is blank, you won’t get thousands of photos: on google-map, there’s enough to get an idea. However, I almost succeeded in this one, which shows the strange foundations of this house, built over a recess.

Au retour, c’est un homme maintenant qui escalade la paroi : il a les jambes verticales, pieds en haut, et il est plié en deux — vous me suivez ?
On the way back, it is a man now who climbs the wall: he has vertical legs, feet up, and he is folded in half – you follow me?

Comme tout ça ne m’a pas l’air facile, je fais une recherche et je découvre que le site de Buoux est un site majeur d’escalade. Vous pouvez en savoir plus, ici.
Since all this does not seem easy to me, I do a research and I discover that the Buoux site is a major climbing site. You can find out more here.

Ou regarder cette vidéo.
Or watch this video.

Sur le chemin du retour, je photographie cet arbre courageux, encore un, qui survit dans de difficiles conditions.
On the way back, I photograph this courageous tree, another one, which survives in difficult conditions.

Nous retrouvons avec plaisir le beau village de Saignon au soleil couchant…
We are pleased to find the beautiful village of Saignon at sunset…

 

Un symbole… mais de quoi ?
A symbol … but of what?

Rappelez-vous…
Remember …

Et maintenant
And now

 Merci à ceux qui m’ont écrit après ma précédente publication
Thank you to those who wrote to me after my previous publication


Luberon? Not really

NON, CE N’EST PAS LA GUERRE !
NO, THIS IS NOT WAR!

La guerre dresse des nations les unes contre les autres. De l’autre côté de la frontière, le voisin devient l’ennemi. On est décoré si on l’abat. On est passible de cour martiale si l’on reste ami…
War raises nations against each other. On the other side of the border, the neighbor becomes the enemy. We are decorated if we shoot him down. We are liable to court martial if we remain friends …

Je pourrais continuer la comparaison longtemps. Une pandémie peut toucher toute la planète : il y a alors intérêt (commun) à unir nos forces et à combattre au coude à coude, mais pas contre aucun autre être humain.
I could continue the comparison for a long time. A pandemic can affect the whole planet: there is then a (common) interest in joining forces and fighting shoulder to shoulder, but not against any other human being.

La notion de profit qui depuis toujours nous contamine devrait être éradiquée : que les laboratoires travaillent ensemble, sans se concurrencer, sans profit à espérer autre que la satisfaction de faire du bon travail. En l’occurence il s’agit de trouver une solution pour faire reculer la maladie. C’est utopique ? Bien sûr, mais les personnes désireuses de soigner les autres sont nombreuses, et si ces valeurs se mettaient en place il y aurait des candidats.
The notion of profit which has always contaminated us should be eradicated: laboratories have to work together, without competing, without profit to hope other than the satisfaction of doing good work. In this case it is a question of finding a solution to roll back the disease. Is it utopian? Of course, but there are many people who want to care for others, and if these values were put in place there would be candidates.

Alors que cette catastrophe planétaire menace l’humanité toute entière, ceux qui cherchent à s’enrichir grâce à la pandémie sont innombrables. Il me semble que l’état renfloue les banques et continue à oublier l’hôpital, je n’ai pas de mot pour qualifier cela. La Belgique (11.4 millions en 2018) débloque un milliard d’euros pour les hôpitaux, la France (67 millions d’habitants) 200 millions.
As this planetary disaster threatens all of humanity, there are countless those who seek to enrich themselves through the pandemic. It seems to me that the state is bailing out the banks and continues to forget about the hospital, I have no words to describe this. Belgium (11.4 million inhabitants in 2018) releases one billion euros for hospitals, France (67 million inhabitants) 200 million.

Bien sûr, la situation actuelle rappelle la guerre par quelques analogies, mais on m’a appris à appeler un chat un chat. Cette formulation volontairement fausse me rappelle les mensonges permanents de nos dirigeants.
C’est tout de même incroyable ! Ils ont accès à des informations que le commun des mortels ne connaît pas, mais leur ego surdimensionné ou leur incompétence a retardé les mesures qui auraient protégé la planète entière !

Of course, the current situation recalls the war by some analogies, but I was taught to call a spade a spade. This deliberately false formulation reminds me of the permanent lies of our leaders.
It’s still amazing! They have access to information that ordinary people do not know, but their oversized ego or incompetence has delayed the actions that would have protected the entire planet!

Paul me signale que l’Allemagne dispose de 25 000 lits d’hôpital avec appareils respiratoires contre 7000 en France et 5000 en Italie.
Paul reports that Germany has 25,000 hospital beds with breathing apparatus, compared to 7,000 in France and 5,000 in Italy.

Il y a une vingtaine d’années, un médecin nous expliquait la catastrophe à venir, alors que le recrutement d’étudiants en faculté de médecine avait baissé de façon drastique : on voit aujourd’hui les effets de ces « économies » mal placées.
About twenty years ago, a doctor explained to us the disaster to come, while the recruitment of medical school students had dropped drastically: we are now seeing the effects of these ill-placed « savings ».

Que vont devenir les prisonniers, les migrants entassés dans des « camps », les habitants des bidonvilles, les SDF ?
What will become of the prisoners, the migrants piled up in « camps », the inhabitants of the slums, the homeless?

Bien sûr j’exprime toute mon admiration pour le personnel soignant. Et je partage leur dégoût, leur désespoir.
Of course I express my admiration for the nursing staff. And I share their disgust, their despair.

Nous avons pu parler avec nos chère petites-filles par skype, quelle chance ! Mais quand pourrons-nous les serrer dans nos bras ? Le confinement génère l’isolement. Combien de personnes fragiles ne vont plus pouvoir lutter contre leur dépression ? Combien de suicides seront dus aux mesures de confinement ?
We were able to speak with our dear granddaughters by skype, we’re so lucky! But when can we hug them? Confinement generates isolation. How many fragile people will no longer be able to fight against their depression? How many suicides will be due to containment measures?

Chacun vit la crise avec sa propre sensibilité : ceux qui souhaitent plus que tout la survie de la planète se réjouissent déjà de la baisse de la pollution. Pouvoir respirer dans Paris ou Lyon c’est bien sûr une excellente chose. Mais notre société laborieuse n’est pas faite pour ces vacances inattendues, cette vacuité, ce vide. Travailler rapporte de l’argent, et cet argent ne sert pas seulement à acheter n’importe quoi, tout le monde a besoin de certains biens de première nécessité. « Plus d’un mois d’arrêt serait dramatique pour l’économie française » nous dit-on. Encore une confusion entre les besoins réels et les besoins artificiels. Je me moque des industriels, mais je m’inquiète pour les travailleurs dans des situations de plus en plus précaires.
Everyone is experiencing the crisis with their own sensitivity: those who want the survival of the planet more than anything are already delighted by the reduction in pollution. Being able to breathe in Paris or Lyon is of course an excellent thing. But our hard working society is not made for this unexpected vacation, this vacuity, this emptiness. Working earns money, and that money is not only used to buy anything, everyone needs certain basic necessities. « More than a month of downtime would be dramatic for the French economy, » we are told. Another confusion between real needs and artificial needs. I don’t care about industrialists, but I worry about workers in increasingly precarious situations.

Et les besoins basiques des personnes les plus démunies devraient être satisfaits.
And the basic needs of the poorest people should be fulfilled.

Si les consommateurs de biens inutiles prennent conscience de la futilité de leurs achats et changent de comportement, ce sera une bonne conséquence.
If consumers of useless goods become aware of the futility of their purchases and change their behavior, this will be a good consequence.

Ceux qui ne le savent pas encore verront que la nourriture est une des premières nécessités (bien avant la voiture à grosse cylindrée). Comprendront-ils l’intérêt des circuits courts de production ? Plutôt que des unités gigantesques, de petites fermes à taille humaine seraient bien plus adaptées.
Those who do not know it yet will see that food is one of the first necessities (long before the big-displacement car). Will they understand the value of short production circuits? Rather than gigantic units, small farms on a human scale would be much more suitable.

Une fois la pandémie contrôlée (est-ce possible ?), y aura-t-il une réflexion sur la production industrielle ? Aura-t-on la bonne idée de (re)créer de petites unités de production qui seraient capables très vite de fabriquer des masques médicaux ou des gels désinfectants ou n’importe quoi de nécessaire dès que le besoin s’en fait sentir ?
Once the pandemic has been controlled (is it possible?), will there be a reflection on industrial production? Will we have the good idea to (re)create small production units which would be able very quickly to manufacture medical masks or disinfectant gels or anything necessary as soon as the need arises?

Je suis certaine d’avoir déjà publié cette sentence qui est attribuée à plusieurs Amérindiens célèbres :
« Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson.
Alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas. »
I am sure that I have already published this sentence which is attributed to several famous Native American:
« When they have cut down the last tree, polluted the last stream, caught the last fish.
Then they will realize that money can not be eaten. »

Ce n’est pas tout à fait adapté à la situation mais c’est à garder présent à l’esprit !
It is not quite suitable for the situation but it is to be kept in mind!

Depuis quelques années notre pays ne fabrique plus ses médicaments, alors que les faits prouvent maintenant que les pays devraient être autonomes pour les produits indispensables.
For a few years now, our country has no longer manufactured its medicines, while the facts now prove that countries should be autonomous for essential products.

Ne plus vouloir rentabiliser l’hôpital (ni les transports, ni plus généralement tous les services dits publics) mais offrir aux citoyens des soins de qualité, une existence de qualité.
No longer want to make the hospital profitable (neither transport, nor more generally all so-called public services) but offer citizens quality care, a quality existence.

Ceux qui veulent changer le monde sentent bien que le moment est là, propice, presque à portée de main.
Those who want to change the world feel that the time is there, favourable, almost at hand.

Déjà, on apprend que le Covid 19 (COronaVIrusDisease2019) fait moins de victimes que la pollution en Chine ! Inquiétude : quand le confinement sera levé, la production rattrapera-t-elle le retard en faisant de nouveau mourir quantité de victimes ?
We have already learned that the Covid 19 (COronaVIrusDisease2019) claims fewer victims than pollution in China! Worry: when the containment is lifted, will production catch up by causing many victims to die again?

Comme tout le monde, je suis bien sûr très affectée par la tragédie que nous connaissons. Pourtant je découvre, ailleurs, des gens dont la situation est bien pire que la nôtre. Paul a regardé un début de reportage sur Arte (disponible jusqu’au 19 avril en cliquant sur ce lien, et pour les insomniaques il sera diffusé le 25 mars à 00:10.)
I am of course very affected like everyone, by the tragedy we are experiencing. However, I discover, elsewhere, people whose situation is much worse than ours. Paul watched the beginning of a report on Arte (available until April 19 by clicking on this link, and for insomniacs it will be broadcast on March 25 at 12:10 am).

« Chez eux, en Éthiopie, les Oromos n’ont rien. Par dizaine de milliers, ils migrent vers l’Arabie Saoudite, richissime contrée où ils s’imaginent un avenir. Mais la route est longue, périlleuse, impossible. Elle se pratique à pied, faute de pouvoir payer les passeurs (…). Au Yémen, l’industrie migratoire est infiltrée par les mafias locales. Les migrants oromos y deviennent des proies. Les plus pauvres sont les plus vulnérables. Déviés de la route, aux prises avec des passeurs sans scrupules, ils sont torturés jusqu’à ce que leurs familles paient la rançon, parfois ruinées par la vente de toutes leurs terres pour sortir un fils ou une fille de l’enfer des maisons de torture. »
« At home in Ethiopia, the Oromos have nothing. By the tens of thousands, they migrate to Saudi Arabia, a wealthy country where they imagine a future. But the road is long, perilous, impossible. It is practiced on foot, for lack of being able to pay the smugglers (…). In Yemen, the migration industry is infiltrated by local mafias. Oromo migrants become prey there. The poorest are the most vulnerable. Deviated from the road, faced with unscrupulous smugglers, they are tortured until their families pay the ransom, sometimes ruined by the sale of all their land to get a son or a daughter out of the hell of the houses of torture. »

Nous croyons vivre un cauchemar — nous vivons un cauchemar — mais ces hommes vivent bien pire que nous. Nous n’avons pas besoin de marcher pendant mille kilomètres pour trouver des moyens d’existence.
We believe we are living a nightmare — we are living a nightmare — but these men live much worse than we do. We don’t have to walk a thousand miles to find a livelihood.

Comment prendre conscience de ce qui se passe ailleurs ? Comment exiger plus d’égalité, et que la fraternité dépasse les frontières ? J’avais beaucoup aimé l’expression « devoir d’ingérence », il faudrait se la remettre en mémoire.
How do you become aware of what is happening elsewhere? How to demand more equality, and that the brotherhood crosses borders? I really liked the expression « duty of interference », it should be remembered.

Cette chronique n’est pas structurée, c’est déjà assez pénible de ressasser ces idées. Mes lecteurs m’en voudront peut-être, gavés du même sujet : excusez-moi. Pourtant je n’ai aucune envie d’éviter cette désagréable obsession. Ce blog est un journal, j’y raconte ce que je vis ou ce qui me passe par la tête.
This column is not structured, it is already painful enough to rehash these ideas. My readers may be mad at me, stuffed with the same subject: excuse me. However, I have no desire to avoid this unpleasant obsession. This blog is a diary, I tell you what I live or what comes to my mind.

En une semaine, beaucoup de choses se sont passées puisque nous sommes maintenant confinés. Avec Gaëlle, avec Séb. Les jours passent et notre santé reste bonne, pas de contamination par ici apparemment.
In a week, a lot has happened since we are now confined. With Gaëlle, with Séb. Days go by and our health remains good, no contamination around here apparently.

Mardi dernier j’ai bien regretté de ne pas publier davantage de photos. Alors je vous fais revivre tout au long de ce texte les balades racontées la semaine dernière, la visite de Saignon, la virée en vélo au milieu des champs de lavande, retour (en longeant la gare désaffectée de Saignon par la piste cyclable aménagée sur l’ancienne voie ferrée) et enfin l’exploration de Caseneuve puis de Viens. Mention spéciale pour ce figuier qui ne voulait pas rentrer dans mon Canon, un tronc qui tire sa substance entre la pierre et le goudron et monte jusqu’au ciel ! Deux photos pour tenter d’avoir une idée de sa hauteur !
Last Tuesday I regretted not publishing more photos. So let me relive throughout this text the rides told last week, the visit of Saignon, the bike ride in the middle of the lavender fields, return (along the disused station of Saignon by the cycle path built on the old railroad) and finally the exploration of Caseneuve then Viens. Special mention for this fig tree which did not want to enter my Canon, a trunk which draws its substance between stone and tar and goes up to the sky! Two photos to try to get an idea of its height!

 

À situation exceptionnelle,
demande exceptionnelle

In exceptional situation,
exceptional demand

Quelques-uns d’entre vous échangent avec moi, mais je ne sais pas qui sont les autres : je voudrais que vous tous vous m’écriviez, juste quelques mots, par commentaire ici ou par courriel.
Je voudrais avoir de vos nouvelles,
je souhaite très fort que tout se passe pour vous aussi bien que possible.

Prenez bien soin de vous,
respectez les mesures d’hygiène,
et rêvez avec moi au monde de demain.

Some of you are in touch with me, but I don’t know who the others are: I would like all of you to write to me, just a few words, by comment here or by email.
I would like to hear from you,
I very much hope that everything goes for you as well as possible.

Take good care of yourself,
respect hygiene measures,
and dream with me of the world of tomorrow.

Luberon (1)

Je remercie Angelo d’avoir écrit ceci : « Bien d’accord sur la colère contre les artistes prédateurs et violeurs. Mais aussi contre les financiers organisateurs d’un système qui fait des affaires en or avec les turpitudes écrites ou filmées de ces artistes à la moralité en dessous de zéro. Le dernier film de Polansky a coûté 25 millions d’euros. La motivation des financiers est évidente : il ne s’agit pas de produire une œuvre artistique, il s’agit d’utiliser la polémique autour de Polansky pour que le film rapporte gros. Et quand les victimes des prédateurs crient leur colère on les agresse et on les menace, comme a fait ce triste Olivier Carbone qui dit à Adèle Haenel que sa carrière est finie. »
I thank Angelo for writing this: « I agree on the anger against the predatory and rapist artists. But also against the financial organizers of a system that does gold business with the written or filmed turpitudes of these artists whose morality is below zero. Polansky’s latest film cost 25 million euros. The motivation of the financiers is obvious: it is not a question of producing an artistic work, it is a question of using the controversy around Polansky so that the film pays big. And when the victims of predators cry out in anger, they are attacked and threatened, as this sad Olivier Carbone did, saying to Adèle Haenel that her career is over. »

Quand Lavande a exprimé (par commentaire) son ras le bol de la polémique autour de Polanski, je me suis aperçue que mes colères se sont engouffrées dans les actualités les plus en vogue, un peu comme si moi aussi je m’étais laissé piéger. Cependant l’article que Lavande propose dans son commentaire soulève une de ces questions qui font débat. Débat que je ne veux pas ouvrir car mes propres réponses à l’emporte-pièce ne feront certainement pas avancer la réflexion :
« L’histoire de l’art grouille de salopards qui ont aussi été de grands artistes, et la morale n’a pas à s’immiscer dans la création. »
Pour moi, la morale peut et doit s’immiscer dans la création, et comment ! Vous voyez bien qu’avec moi, le débat sera vite clos ?
When Lavande (by comment) said she was fed up with the controversy surrounding Polanski, I realized that my anger was engulfed in the most popular news, a bit as if I too had been trapped. However, the article about which Lavande writes raises one of these questions that must be debated. Debate that I do not want because my own categorical answers will certainly not advance the reflection:
« The history of art is teeming with bastards who were also great artists, and morality does not have to interfere with creation. »
For me, morality can and must interfere with creation, oh yes! Do you see that with me the debate will quickly be closed?

Revenons sur terre, le nez dans les fleurs, mmm, qui embaument ! Et enfin ces couleurs qui commencent à battre en brèche la grisaille de l’hiver ! Geneviève me fait une remarque pertinente : elle trouve que les forsythias d’Izieu ressemblent étrangement au jasmin d’hiver ! HEUREUSEMENT que Geneviève a ouvert l’œil et le bon ! J’ai vu du jaune, j’ai pensé « forsythia » et clic j’ai photographié ce bouquet, mais il s’agit en effet de jasmin d’hiver. J’ai un tout petit peu honte, là, j’aurais quand même dû faire plus attention. Je me sens toute petite, je vais me cacher dans un trou de souris, me transformer en pachyure étrusque qui pèse 1.8 gramme.
Back on earth, nose in the flowers, mmm, which perfume! And finally these colors that are starting to beat the greyness of winter! Geneviève makes me a relevant remark: she thinks that Izieu’s forsythias look a lot like winter jasmine! FORTUNATELY Geneviève opened her eye and the good one! I saw yellow, I thought « forsythia » and click I photographed this bouquet, but it is indeed winter jasmine. I’m a little ashamed, now, I still should have been more careful. I feel very small, I will hide in a mouse hole, transform myself into a « pachyure étrusque » (suncus etruscus) which weighs 1.8 grams.

LA SUITE DE NOS AVENTURES
Paul nous a trouvé un gîte dans le Luberon trois jours avant le départ. Nous avions noté depuis longtemps les dates où nous pouvions nous évader du Charbinat. C’était avant que les mesures de confinement de plus en plus sévères se prennent autour du coronavirus.
FOLLOWING OUR ADVENTURES
Paul found a lodging in the Luberon for us three days before departure. We had long noted the dates when we could escape from the Charbinat. This was before the increasingly severe containment measures were taken around the coronavirus.

Le mardi 10 (j’ai posté secrètement ma chronique la veille) nous prenons la route presque sans escale jusqu’à Apt : là nous découvrons un peu la ville, qui verra passer le Paris-Nice vendredi. Nous avons un joli petit gîte confortable et lumineux. Nous nous trouvons sur la commune de Saignon et nous commençons le mercredi par en explorer les ruelles. Vues sur le Ventoux, le Luberon, les montagnes du Vaucluse… Comme souvent, le village, très touristique, ne semble qu’à moitié vivant. Les maisons ont du caractère mais beaucoup sont des résidences secondaires.
Tuesday 10 (I secretly posted my column the day before) we take the road almost nonstop to Apt: there we discover a little bit the city, where there will be Paris-Nice (cycling race) on Friday. We stay in a nice little comfortable and bright cottage. We are in the town of Saignon and we start on Wednesday by exploring the alleys. Views of the Ventoux, the Luberon, the Vaucluse mountains … As often, the village, very touristy, seems only half alive. The houses have character but many are second homes.

Saignon fait partie des villages perchés du Luberon, on a une belle vue sur Apt. Saignon is one of the perched villages of the Luberon, we have a beautiful view of Apt.

Bâti sur une crête, le village est à moitié construit, à moitié creusé dans la roche.
Built on a ridge, the village is half built, half dug in the rock.

Le point blanc tout au fond… c’est le Mont Ventoux.
The white dot at the very bottom … is Mont Ventoux.

De la belle ouvrage vraiment très ancienne.
Beautiful, very old work.

Le village de Caseneuve se reconnaît facilement même de loin.
The village of Caseneuve is easily recognized even from afar.

Beau point de vue.
Beautiful point of view.

Nous ignorons à quoi aura servi cette tourelle et ces structures en bois.
We do not know what this turret and wooden structures will have been used for.

érosion — erosion

Souriez vous êtes filmés depuis le clocher
Smile you are filmed from the bell tower

Sauf les photos du jasmin et du pachyure étrusque, toutes les photos qui précèdent ont été prises à Saignon.
All the  photos above were taken in Saignon except those of jasmine and « pachyure étrusque ».

L’après-midi, nous partons en vélo pour une quarantaine de kilomètres : l’ancienne voix ferrée est devenue piste cyclable. J’aime les voies ferrées car elles ont des dénivelés très faibles. Malgré les batteries sur nos vélos, j’ai du mal dans les montées. Peut-être est-ce que je manque d’entraînement…
In the afternoon, we set off on our bicycles for around forty kilometers: the old railroad has become a bicycle path. I like the railways because they have very low elevations. Despite the batteries, riding a bike becomes difficult for me as soon as the road is climbing. Maybe I lack training …

La région permet d’innombrables sorties en vélo, les itinéraires sont très nombreux. D’ailleurs, à Apt, nous avons remarqué de nombreux magasins pour acheter, louer ou réparer les vélos. Nous faisons la pause à Céreste, puis retour « chez nous ».
The region offers countless bike tours, there are many routes. Besides, we noticed in Apt many shops to buy, rent or repair bikes. We take a break in Céreste, then return « home ».

Le jeudi, nous prenons courageusement la voiture pour visiter Caseneuve et Viens, deux charmants villages « perchés ». Un peu plus d’animation à Viens, et toujours un impact touristique très sensible.
On Thursday, we bravely take the car to visit Caseneuve and Viens, two lovely « hilltop » villages. A little more animation in Viens, and always a very sensitive tourist impact.

Ensuite nous allons sur la commune de Bonnieux découvrir le « sentier du Portalas » au milieu des cèdres.
Then we go to the town of Bonnieux to discover the « sentier du Portalas » in the middle of the cedars.

Paul est en train de disparaître.
Paul is disappearing.

Ouh là là, je ressemble tellement à maman ! Je fais repousser mes cheveux, c’est la galère totale.
Ooh there, I look so much like mom! I let grow my hair, what to do with it?

Voici les informations que j’ai trouvées :
« En 1862, des graines de cèdre en provenance de l’Atlas algérien sont semées pour reboiser le sommet du Petit Luberon.
Ces cèdres de 1ère génération ont maintenant 150 ans, ils ont une silhouette imposante et sont arrière grands-parents… Leurs descendants les entourent et forment la forêt d’aujourd’hui. »
Here is the information I found:
« In 1862, cedar seeds from the Algerian Atlas were sown to reforest the summit of the Petit Luberon.
These 1st generation cedars are now 150 years old, they have an imposing silhouette and are great grandparents … Their descendants surround them and form the forest of today. »

Regardez bien la grande arche creusée dans la roche !
Take a good look at the large arch dug in the rock!

Une partie de la balade se fait au milieu de la végétation d’origine, une autre dans la forêt, le contraste est remarquable.
Part of the walk is in the middle of the original vegetation, another in the forest, the contrast is remarkable.


Deux jumeaux — Two twins

D’étranges cabanes sont construites au pied des arbres.
Strange huts are built at the foot of the trees.

 

Je vous raconterai la suite de notre exploration du Luberon mardi prochain. Pendant que nous profitons de nos balades, tout change et voilà qu’il nous faut rentrer chez nous au plus vite.
I will tell you the rest of our exploration of the Luberon next Tuesday. While we are enjoying our walks, everything changes and now we have to go home as soon as possible.

Prenez bien soin de vous, et suivez le conseil de Paul : quand vous embrassez votre chéri(e), n’oubliez pas de vous laver les mains…!
Take good care of yourself, and follow Paul’s advice: when you kiss your sweetheart, don’t forget to wash your hands …!

 

 

Owen, but not only …

Paul est un grand lecteur, il est maintenant inscrit sur « Babélio » où chacun peut présenter un livre, le commenter ou y copier les fragments les plus remarquables. Lire ce que les autres disent d’un livre qu’on découvre est très instructif. Il y a cependant une chose qui nous inquiète : quand les lecteurs s’extasient sur la forme sans être dérangés par le fond. Sur Babélio, un roman est encensé, dans lequel le père viole régulièrement sa fille et entretient un arsenal d’armes chez lui. Comme l’auteur fait quelques descriptions de la flore locale, il fait partie des auteurs de « nature writing » (ou plutôt des « auteurs-natures », le franglais m’exaspère !).
Paul reads a lot, he is now registered on « Babélio » where everyone can present a book, comment on it or copy the most remarkable fragments. Reading what others say about a book you are discovering is very informative. There is one thing, however, that worries us: when readers rave about the form without being disturbed by the content. On Babélio, a novel is praised, in which the father regularly rapes his daughter and maintains an arsenal of weapons at home. As the author makes some descriptions of the local flora, he is one of the authors of « nature writing » (or rather in French « auteurs-natures », Frenglish is exasperating me!).

Il a même fallu que Paul écrive à une lectrice consternée, qui croyait découvrir un auteur-nature, pour lui expliquer que lui n’aurait jamais classé cet auteur dans cette catégorie.
Paul even had to write to a dismayed reader, who thought she was discovering a natural author, to explain that he would never have classified this author in this category.

Toujours est-il que si la critique négative de Paul sur Babélio a reçu quelques approbations, la majorité des lecteurs continuent de follement aimer ce livre malgré (ou à cause de ?) ces scènes de sexe et la présence des armes.
The fact remains that if Paul’s negative criticism of Babélio has received some approvals, the majority of readers continue to madly love this book despite (or because of?) these sex scenes and the presence of weapons.

Certes, on peut tout écrire a priori puisque écrire, ce n’est pas passer à l’acte. Mais quel intérêt y a-t-il dans un roman policier à donner tous les détails d’une scène de torture ? Avons-nous vraiment besoin de ça pour être heureux ? Pour nous sentir bien dans notre peau ?
Of course, we can write everything a priori since writing is not about taking action. But what interest is there in a detective story in giving all the details of a torture scene? Do we really need this to be happy? To feel good about ourselves?

En réalité, je suis persuadée qu’écrire façonne les lecteurs : si nous ne lisons que des livres violents, insidieusement la violence entre en nous par cette porte, et devient normale, naturelle. Même si ce n’est pas dit explicitement dans le livre, l’abondance de scènes du même tabac nous porte à croire qu’il n’y a pas d’autre issue.
In reality, I am convinced that writing shapes readers: if we only read violent books, insidiously violence enters us through this door, and becomes normal, natural. Even if it is not explicitly said in the book, the abundance of scenes of the same subject leads us to believe that there is no other way out.

 

Les photos qui suivent ont toutes été prises le 5 mars : je suis allée chercher des couleurs un jour de pluie. La série du 5 mars s’arrête au forsythia à Izieu…
The following photos were all taken on March 5: I went to get colors on a rainy day. The March 5 series ends at Forsythia at Izieu …

 

Paul et moi admirons beaucoup le film « Une autre Montagne », qui comporte des interviews de femmes kurdes. Pas l’ombre d’une violence policière, pas de personne blessée ou morte sous la torture, l’horreur n’est là que si l’on écoute les paroles de ces interviewées. C’est au point où l’on se sentirait presque paisible. Ces femmes qui ont perdu un être aimé dans des conditions terribles sont admirables. Je crains que certains spectateurs à la sensibilité émoussée ne soient pas capables de saisir le message véhiculé par ce film. Il y a donc des artistes capables de ne pas faire usage des recettes faciles… Les choses peuvent être dites sans surenchère dans l’horreur.
Paul and I greatly admire the film « Une autre Montagne », which includes interviews with Kurdish women. No even scene of police violence, no one injured or died under torture, the horror is only there if we listen to the words of these interviewees. It’s to the point where you’ll feel almost peaceful. These women who lost a loved one in terrible conditions are admirable. I fear that some spectators with blunt sensitivity may not be able to grasp the message conveyed by this film. So there are artists capable of not making use of easy recipes … Things can be said without overbidding in horror.

Que ce soit dans un film ou dans un livre, une jolie scène d’amour qui ne fait pas l’impasse sur le sexe, ça ne me dérange pas. Mais que s’y ajoute de la cruauté, je ne suis pas d’accord pour lire cela ni même pour que ce soit écrit. Eh oui, je me pose en moralisatrice grincheuse.
Whether it’s in a movie or in a book, a pretty love scene that doesn’t overlook sex, I don’t mind. But add to that the cruelty, I don’t agree to read that or even to have it written. Yes, I am a cranky moralizer.

J’ai trouvé pire.
I found worse.

Tout ça sur internet, je n’ai rien inventé, rien ajouté.
All this on the internet, I didn’t invent anything, add anything.

En 1990, lors de l’émission « Apostrophe », de Bernard Pivot, Denise Bombardier, journaliste canadienne, est la seule à désapprouver Gabriel Matzneff qui présentait un de ses livres qui relatait ses activités pédophiles.
« J’ai été traitée de mal baisée partout. On m’a dit de retourner à ma banquise », se souvient Denise Bombardier.
In 1990, during the program « Apostrophe », by Bernard Pivot, the Canadian journalist Denise Bombardier was the only one to disapprove of Gabriel Matzneff who presented one of his books which recounted his paedophile activities.
« I was treated as a frustrated one everywhere. I was told to go back to my sea ice, » Denise Bombardier recalls.

En décembre 2019, Vanessa Springora raconte sa relation sous emprise, à 14 ans, avec le même Matzneff qui était alors quinquagénaire, dans son ouvrage, « le consentement ». À cette occasion, Denise Bombardier revient sur sa confrontation avec Matzneff lors de l’émission de Bernard Pivot, et déclare que le milieu littéraire et la presse français se sont couchés pendant trente ans devant un pédophile et un prédateur sexuel déclarant dans ses livres « sodomiser des mineurs ».
In December 2019, Vanessa Springora recounts in her book « le consentement » her relationship under the influence, beeing 14 years old, with the same Matzneff who was then in his fifties. On this occasion, Denise Bombardier returns to her confrontation with Matzneff during the Bernard Pivot program, and declares that the literary milieu and the French press have « gone to bed » for thirty years before a pedophile and a sexual predator declaring in his books « sodomize minors ».

Pour ceux qui s’intéresseraient au « consentement » de Vanessa Springora, un commentaire sur Babélio précise que les amateurs de scènes graveleuses seront déçus. L’auteur a écrit une œuvre littéraire, de la belle ouvrage, et je lui tire mon chapeau d’avoir ainsi répondu enfin au harcèlement dont elle était victime.
For those interested in Vanessa Springora’s book, a comment on Babélio states that lovers of gravelly scenes will be disappointed. The author has written a literary work, a fine work, and I salute to her for having finally responded to the harassment she suffered.

Je suis profondément scandalisée de voir que Matzneff n’a pas été inquiété pendant trente ans alors qu’il proclamait les crimes dont les récits faisaient sa fortune.
I am deeply scandalized to see that Matzneff was not worried for thirty years while he was proclaiming the crimes whose accounts made his fortune.

Plus récemment, je trouve ceci : « le César de la déclaration la plus stupide est attribué à la comédienne Adèle Haenal. » Victime elle-même d’agressions sexuelles, elle quitte la salle quand le césar du cinéma est attribué à Roman Polanski. Pourquoi est-elle stupide ? Parce qu’elle aurait dû applaudir à tout rompre la nomination de Polanski. En effet, si l’on fait partie du sérail, nos crimes importent peu du moment que l’on est un grand artiste.
More recently, I find this: « The Caesar of the most stupid declaration is attributed to the actress Adèle Haenal. » She is victim of sexual assault, she leaves the room when the cinema césar is awarded to Roman Polanski. Why is she stupid? Because she should have applauded Polanski’s appointment. Indeed, if you are part of the seraglio, our crimes do not matter as long as you are a great artist.

Le machisme a encore de beaux jours devant lui…
Machismo is still present…

Je ne sais ce qui me perturbe le plus, l’impunité dont a joui Matzneff, ou la présomption d’innoncence pour Polanski. Cette fameuse présomption d’innocence ne tient pas quand un gilet jaune se fait condamner sans preuve…
I don’t know what bothers me the most, Matzneff’s impunity, or the presumption of innocence for Polanski. This famous presumption of innocence does not hold when a yellow vest is condemned without proof …

Voilà exprimées et ma colère du jour et mon incompréhension. Tout déballé en vrac. Heureusement, ici, notre mode de vie loin de ces ambiances délétères nous permet de prendre de bonnes goulées d’oxygène.
Here are expressed and my anger of the day and my incomprehension. All unpacked in bulk. Fortunately, our way of life away from these harmful atmospheres allows us to take good breaths of oxygen.

On a commencé à travailler dehors déjà fin janvier. La clôture doit être réparée, Paul prépare des piquets. Il a toujours un stock de bois pour cela.
We started working outside already at the end of January. The fence must be repaired, Paul is preparing stakes. He always has a stock of wood for that.

Je l’aide à élaguer les arbres de la haie, avec une corde ou à la main pour que les branches ne tombent pas chez le voisin. Je fais de la taille moi aussi, ici les lavatères, là les spirées, je n’ai jamais taillé la lavande et c’est dommage sans doute : j’essaie de façonner un peu ce buisson.
I help him to prune the hedge trees, with a rope or by hand so that the branches do not fall on the neighbor. I also prune, here the « lavatères » (lavatera olbia rosea), there the spirea, I have never pruned lavender and it’s probably a shame: I’m trying to shape this bush a little.

Le travail le plus long, c’est de broyer tous ces branchages, les copeaux de bois servent à couvrir le sol. Début mars Laurent nous donne un sérieux coup de main lors d’un bref séjour.
The longest job is to grind all these branches, the wood chips are used to cover the ground. At the beginning of March Laurent gave us a serious helping hand during a brief stay.

mélèze — larch

Il y a vingt ans nous avons fait un échange de terrains qui nous a permis d’avoir ce grand parc près de la maison. Cet ancien champ de maïs est devenu presque un arboretum, presque un jardin botanique. La nature y a repris ses droits, la flore est très diversifiée. Le plus remarquable, c’est la façon dont des espèces s’installent, même sans y avoir été invitées. Certaines qu’on voudrait voir dans le parc ne s’y sentent pas bien et disparaissent.
Twenty years ago we did a land swap that allowed us to have this big park near the house. This ancient cornfield has almost become an arboretum, almost a botanical garden. Nature has taken back its rights, the flora is very diverse. The way in which species settle is the most remarkable, even without being invited to do so. Some that we would like to see in the park do not feel good there and disappear.

Le serpolet a conquis tout le terrain :
The « serpolet » (wild thyme? — thymus serpyllum?) conquered the whole field:

En 2003, lors de la canicule, alors que nous avions de gros problèmes pour l’arrosage (maintenant nous avons des milliers de litres d’eau dans des cuves), j’avais semé quelques graines de coquelourde. Les plants étaient minuscules et fragiles, je me souviens que je les arrosais avec une petite cuillère ! La coquelourde a maintenant envahi le parc, on en trouve partout, des plants vraiment solides.
In 2003, during the heat wave, when we had big problems with watering (now we have thousands of liters of water in tanks), I had sown some seeds of « coquelourde » (lychnis coronaria). The plants were tiny and fragile, I remember I watered them with a small spoon! The « coquelourde » has now invaded the park, we find them everywhere, really solid plants.

L’arbre aux faisans aussi commence à s’installer. Nous en avons planté un seul, un deuxième a poussé plus loin, transporté certainement dans les excréments des animaux ; nous en avons découvert un troisième il y a quelques jours.
The « arbre aux faisans » (leycesteria formosa) is also starting to settle. We planted only one, a second one grew further, certainly transported in the excrement of animals; we discovered a third a few days ago.

Nous arrachons la précieuse consoude un peu partout, c’est excellent pour le compost, alors même si c’est le seul usage que nous en avons, c’est bon comme ça. La bourrache aussi est omniprésente.
We tear off the precious comfrey everywhere, it’s great for compost, so even if it’s the only use we have of it, it’s good like that. Borage is also omnipresent.

Dans un terrain comme celui-ci, les surprises sont constantes et nombreuses, bonnes ou mauvaises. J’aime tout particulièrement découvrir de nouvelles plantes, faire leur connaissance, apprendre leurs usages. Ce n’est pas toujours nous qui décidons, parfois c’est la nature qui n’en fait qu’à sa tête.
In a field like this, surprises are constant and numerous, good or bad. I especially like to discover new plants, get to know them, learn their uses. It’s not always us who decide, sometimes it’s nature that only decides.

Le 5 février, à Izieu, les forsythias, sans doute très bien exposés, étaient déjà fleuris, ici ils commencent à peine à s’ouvrir plus d’un mois après. Caprice de la nature ?
On February 5, in Izieu, the forsythias, probably very well exposed, were already in bloom, here they barely begin to open more than a month later. Caprice of nature?

En ce qui concerne David et Kristen, la nature a répondu à leurs attentes ! En mai 2019, ils n’avaient pas caché leur rêve d’avoir un bébé, déjà ils commençaient à s’équiper et nous avions bien ri.
As far as David and Kristen are concerned, nature has met their expectations! In May 2019, they had not hidden their dream of having a baby, already they were starting to equip themselves and we had a good laugh.

Nous avions remarqué que Kristen faisait très attention à beaucoup de choses, par exemple elle ne buvait plus une goutte de vin… Quelques mois plus tard, nous avons appris que le bébé était attendu. Enfin, nous apprenons qu’Owen est né le 26 février…
We had noticed that Kristen was very careful about many things, for example she no longer drank a drop of wine… A few months later, we learned that the baby was expected. Finally, we learn that Owen was born on February 26 …

Quel beau bébé ! Je reconnais le Renard du Petit Prince sur le vêtement. Mais alors… Owen n’était-il pas déjà là, minuscule graine, avant le départ de David et Kristen ? Conçu au Charbinat, nous nous sentons un peu comme ses parrain et marraine !
What a nice baby ! I recognize the Little Prince Fox on the garment. But then … wasn’t Owen already there, tiny seed, before the departure of David and Kristen? Conceived at Charbinat, we feel a bit like his godfather and godmother!

Bienvenue sur notre planète bien tourneboulée, petit homme. Nous avons beaucoup d’estime pour tes parents, nous savons que tu es en très bonnes mains.
Welcome to our confused planet, little man. We have great respect for your parents, we know you are in very good hands.

 

Ce mardi matin, nous sommes fébriles : il y a trois jours Paul a trouvé un gîte dans le Luberon, nous sommes sur le départ, avec les vélos : les prochaines nouvelles seront sportives !
This Tuesday morning, we are feverish: three days ago Paul found a lodging in the Luberon, we are on the start, with the bikes: the next news will be sporty!

Sous la pluie


J’ai toujours été rebelle. Petite déjà, je n’étais pas très obéissante. Mon attirance pour la liberté et l’autonomie n’a pas changé. Quand j’ai découvert l’anarchie, j’ai été viscéralement attirée par cette plus grande expression de l’ordre. Pour moi il s’agit de cette liberté qui s’arrête où s’arrête celle des autres.

I have always been rebellious. As a child, I was not very obedient. My attraction to freedom and autonomy has not changed. When I discovered anarchy, I was viscerally drawn to this greater expression of order. For me it’s about this freedom that stops where the freedom of others stops.

« Plus grande expression de l’ordre » car s’il n’y a pas un pouvoir au-dessus de nous pour nous contrôler… eh bien c’est à chacun de nous de contrôler si ce que nous faisons est favorable ou pas à l’émergence d’une société harmonieuse. Je rêve d’un monde où chacun est respectueux des autres, de lui-même, et aussi bien entendu de l’environnement.
« Greater expression of order » because if there is not a power above us to control us … well it is up to each of us to control whether what we do is favorable or not to the emergence of a harmonious society. I dream of a world where everyone is respectful of others, of themselves, and of course of the environment.

Je ne suis pas sensible à la hiérarchie : je respecte une personne parce que je la trouve digne de respect, à cause sans doute de ses qualités humaines, mais certainement pas parce qu’elle occupe un rang élevé dans la société. Je n’ai pas besoin que des personnes « supérieures » à moi gèrent une existence que je suis tout à fait capable de gérer.
I am not sensitive to hierarchy: I respect a person because, for me, he’s worthy of respect, probably because of his human qualities, but certainly not because he occupies a high rank in society. I don’t need people « superior » to me to manage an existence that I am fully capable of managing.

Si je respecte la loi comme Brassens qui ne voulait pas perdre du temps en contrôles policiers, c’est aussi une attitude consentie : je ne vais pas mettre la vie des gens en danger en ne respectant pas le code de la route. Mais ce n’est pas par peur du képi.
If I respect the law like Brassens who did not want to waste time in police checks, it is also an agreed attitude: I am not going to put the lives of people in danger by not respecting the traffic rules. But it’s not out of fear of the cap.

Quand j’ai découvert la bande à Bonnot, dans un livre qui relatait seulement les faits (essentiellement des braquages de banque), j’ai eu du mal à comprendre pourquoi Jules Bonnot se proclamait anarchiste. Maintenant je sais qu’il y a des partisans de la violence, ce qui a permis de donner au terme « anarchie » le sens de « désordre ». Je ne peux pas être d’accord avec Jules Bonnot, mais je le comprends. Après tout j’éprouve les mêmes colères que lui quand je vois les conditions de vie de certains.
When I discovered « la bande à Bonnot », in a book that only told the facts (mostly bank robberies), I had a hard time understanding why Jules Bonnot proclaimed himself anarchist. Now I know that there are supporters of violence, which has made it possible to give the term « anarchy » the meaning of « disorder ». I can’t agree with Jules Bonnot, but I understand him. After all, I experience the same anger as him when I see the living conditions of some.

Octave Garnier de « la bande à Bonnot » a écrit ceci :
« Réfléchissons. Nos femmes et nos enfants s’entassent dans des galetas, tandis que des milliers de villas restent vides. Nous bâtissons les palais et nous vivons dans des chaumières. Ouvrier, développe ta vie, ton intelligence et ta force. Tu es un mouton : les sergots sont des chiens et les bourgeois sont des bergers. Notre sang paie le luxe des riches. Notre ennemi, c’est notre maître. Vive l’anarchie. »
Octave Garnier who was a part of « la bande à Bonnot » wrote this:
« Let’s think. Our wives and children are crammed into attics, while thousands of villas remain empty. We build palaces and we live in thatched cottages. Worker, develop your life, your intelligence and your strength. You are a sheep: the sergots are dogs and the bourgeois are shepherds. Our blood pays for the luxury of the rich. Our enemy is our master. Long live anarchy. »
« sergot » (argot — slang) => sergent, agent de ville — sergeant, city agent

Aujourd’hui encore, j’ai tendance à adopter des idées de manière affective, sans réflexion préalable, parce qu’elles m’interpellent tout simplement. Dans ces conditions, je ne peux pas toujours les étayer par de solides arguments. Mais si à défaut de les faire adopter par d’autres je souhaite les partager, il me faut dépasser le stade affectif !
Even today, I tend to adopt ideas in an emotional way, without prior thought, because they simply appeal to me. Under these conditions, I cannot always support them with solid arguments. But if impossible to have them adopted by others, I want to share them, I must go beyond the emotional stage!

Les notions de solidarité, autonomie, liberté sont faciles à défendre, ne demandant pas de justification – même si en creusant, les définitions que chacun en donne peuvent différer sensiblement.
The notions of solidarity, autonomy, freedom are easy to defend, asking for no justification – even if by digging, the definitions that each one gives can differ appreciably.

En revanche vouloir abolir le pouvoir ne fait pas l’unanimité. Quand on voit où nous mène un système soi-disant « démocratique » – un enrichissement indécent des plus riches avec mise en danger de la vie sur la planète, tandis que beaucoup de démunis se battent sans espoir – on rêve d’un vrai changement, mais de là à préconiser l’anarchie, le pas est difficile à faire.
However, wanting to abolish power is not unanimous. When we see where a so-called « democratic » system is leading us – an indecent enrichment of the richest with endangering life on the planet, while many destitute fight hopelessly – we dream of a real change, but from there to advocate anarchy, the approach is difficult to do.

La semaine dernière, j’évoquais « Murray Bookchin — l’écologie sociale et libertaire » de Vincent Gerber et Floréal Romero. Il y est dit que la croissance infinie est impossible dans un monde fini. Que la démocratie est trop inféodée aux groupes économiques : « Il ne peut y avoir de changement écologique sans une reprise en main de la société par la base. »
Last week, I mentioned « Murray Bookchin — l’écologie sociale et libertaire » by Vincent Gerber and Floréal Romero. It says that infinite growth is impossible in a finite world. That democracy is too subservient to economic groups: « There can be no ecological change without taking control of society from the bottom up. »

Si l’être humain cause des déséquilibres à la nature, il en est de même dans la structure même de la société précisent les auteurs. « Les déséquilibres qu’il a provoqués dans le monde naturel résultent de ceux qu’il a provoqués dans la société. »
If humans cause imbalances in nature, it is the same in the very structure of society, the authors say. « The imbalances that he has caused in the natural world are the result of those that he has caused in society. »

Partout on parle de déshumanisation, j’aime beaucoup comment Gerber et Romero abordent ce problème et notre permanent besoin de lien social sans oublier de donner du sens à nos vies :
Everywhere we talk about dehumanization, I really like how Gerber and Romero approach this problem and our permanent need for social link without forgetting to give meaning to our lives:

« L’être humain est ainsi toujours plus dépersonnalisé, car toujours mis en concurrence, atomisé, coupé des liens avec son prochain, donc de lui-même et de son individualité, et toujours plus construit et modelé selon la volonté du marché. Pour Bookchin, il est urgent de réhumaniser la société et par conséquent chacun de nous, de façon à reprendre à notre compte “l’être-au-monde-ensemble” qui se manifeste dans tout ce qui relève du don, d’une existence riche et significative, en empathie avec l’autre autant qu’avec l’environnement. Il s’agit de reprendre conscience du besoin de donner sens et valeur à nos vies. » (…).
« The human being is therefore always more depersonalized, because he is always in competition, atomized, cut from links with his neighbor, therefore of himself and his individuality, and always more constructed and shaped according to the will of the market. For Bookchin, it is urgent to rehumanize society and therefore each of us, so as to take over our “being-in-the-world-together” which manifests itself in everything that comes from the gift, of a rich and meaningful existence, in empathy with the other as much as with the environment. It’s about regaining awareness of the need to give meaning and value to our lives. » (…).

Quelques lignes de blog ne suffisent pas à développer un tel sujet, je suis consciente d’une approche bien trop succincte, mais que voulez-vous… ces thèmes me passionnent et il en va de notre futur.
A few blog lines are not enough to develop such a subject, I am aware of an approach that is far too succinct, but what do you want … these topics fascinate me and so does our future.

Ces idées qui me sont chères ne sont pas celles de tout le monde : quand j’étais directrice d’école, je souhaitais partager ce rôle avec les collègues plutôt que de l’endosser. J’étais la seule à le souhaiter ! Ce n’est pas un très bon exemple car ce poste n’est pas si important, mais l’attitude des collègues m’a frappée. Il m’arrivait d’être la bonne interlocutrice vis-à-vis de ma hiérarchie ou de l’administration puisque j’étais directrice — je n’ai jamais pu m’y faire…!
These ideas I love are not those of everyone: when I was a school principal, I wanted to share this role with colleagues rather than take it on. I was the only one who wanted it! It is not a very good example because this position is not so important, but the attitude of colleagues surprised me a lot. Sometimes I was the right contact with my hierarchy or the administration since I was headmistress – I could never get used to it!

Une autre personne ne partage pas du tout mes idées.
Mon père aura 93 ans cette semaine. Il est raciste, xénophobe, et réactionnaire. Je trouve qu’il a du mérite et du courage à vivre comme il le fait, seul, presque aveugle. Mais en ce qui concerne ses opinions, je préférerais qu’il les garde pour lui. Il m’arrive de lui parler sincèrement de mes idées… une excellente façon de comprendre qu’une conviction, ça ne se partage pas comme ça.
Another person does not share my ideas at all.
My father will be 93 this week. He is racist, xenophobic, and reactionary. For me he has merit and courage to live as he does, alone, almost blind. But regarding his opinions, I would prefer that he keep them for himself. Sometimes I tell him sincerely about my ideas … a great way to understand that a belief cannot be shared like that.

Je vais parfois le voir, j’y suis allée quelques jours avant Noël et nous avons pu faire des balades près de chez lui : je connais cette chapelle depuis très longtemps, j’ai plaisir à la retrouver. Un autre jour, nous avons rencontré un homme qui connaissait papa. Et moi, j’avais connu le grand-père de cet homme ! J’aimais beaucoup Albert, si gentil, et je raconte à cet homme ma dernière rencontre avec son grand-père.

Sometimes I go to visit him, I went there a few days before Christmas and we were able to go for walks near his home: I have known this chapel for a very long time, I am pleased to see it again. Another day we met a man who knew Dad. And I had known this man’s grandfather! I really liked Albert, so nice, and I tell this man about my last meeting with his grandfather.

Ces rencontres fortuites me rattachent à tout un pan de mon existence. Albert n’est plus là, mais c’est bon de se souvenir. C’est bon de revenir marcher dans ces sentiers et de retrouver les sensations que je reconnais aussi loin que je me rappelle. Quand Paul me rejoint chez mon père, nous faisons une grande balade dans le beau village médiéval de Saint-Montan, j’avais publié des photos que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
These chance encounters link me to a whole section of my existence. Albert is no longer there, but it is good to remember. It is good to come back to walk these paths and find the sensations that I recognize as far back as I can remember. When Paul joins me at my father’s, we are taking a long walk in the beautiful medieval village of Saint-Montan, I had published photos which you can find by clicking here.

En février, je suis retournée chez mon père : à cette occasion, j’ai passé une journée sous la bruine et dans le brouillard, dont j’avais vraiment perdu l’habitude dans le sud de l’Ardèche ! Ma sœur habite en pleine guarrigue, témoin de la vie sauvage, et elle me raconte ce qui évolue sous ses yeux. Bizarrement, alors que le département du Gard et les autres plus au sud subissent de fréquentes inondations, le sud de l’Ardèche manque de pluie depuis des années.
On February, I returned to my father’s house: on this occasion, I spent a day in the drizzle and in the fog, which I had really lost the habit in the south of the Ardèche! My sister lives in full guarrigue (scrubland ?), she’s witness of the wild life, and she tells me what evolves before her eyes. Oddly, while the Gard department and the others further south suffer frequent flooding, the south of the Ardèche has been lacking in rain for years.

J’ai ramené mon père chez nous, et après quelques jours je l’ai raccompagné chez lui : je crois qu’il aime bien prendre quelques vacances chez nous, où il n’a plus le souci des repas. Ni d’autres soucis.
I brought my father to our home, and after a few days I took him to his home: I think he likes to take a vacation with us, where he no longer cares about meals. No other worries.

Nous restons chacun sur des points de vue bien trop divergents. Et pourtant, nous avons bien quelques points en commun.
Toujours dans le livre autour de Bookchin, il est dit que la production pour la production génère la consommation pour la consommation, et mon père est tout aussi hostile au gaspillage que moi. Il est tout aussi favorable à la fabrication d’objets durables, réparables… Bookchin distingue les besoins réels (se nourrir, se loger…) des besoins artificiels (se procurer tout ce qui est à la mode…).
We each remain on far too divergent points of view. And yet, we do have a few things in common.
Also in the book around Bookchin, it says that production for production generates consumption for consumption, and my father is just as hostile to waste as I am. He is also favorable to the manufacture of durable, repairable objects … Bookchin distinguishes between real needs (food, shelter …) and artificial needs (getting everything in fashion …).

Je crois que mon père est encore d’accord quand je dis qu’il faut un changement politique radical, que nos dirigeants ne veulent pas réellement modifier les choses. Mais lui ne voit comme moyens de changement que la répression, la punition, l’interdiction.
I think my father still agrees when I say that we need a radical political change, that our leaders do not really want to change things. But he sees only as means of change repression, punishment, prohibition.

Un grand fossé nous sépare et je le regrette, mais j’en ai pris mon parti depuis longtemps.
There is a big gap between us and I regret it, but I have made up my mind for a long time.

Il pleut il pleut et il pleut. Je tiendrais certainement le même discours s’il faisait soleil…
François, tu nous fait rencontrer ton ami Vincent Gerber quand tu veux !
It’s raining it’s raining and it’s raining. I would certainly make the same speech if it was sunny …
François, you make us meet your friend Vincent Gerber when you want!