Owen, but not only …

Paul est un grand lecteur, il est maintenant inscrit sur « Babélio » où chacun peut présenter un livre, le commenter ou y copier les fragments les plus remarquables. Lire ce que les autres disent d’un livre qu’on découvre est très instructif. Il y a cependant une chose qui nous inquiète : quand les lecteurs s’extasient sur la forme sans être dérangés par le fond. Sur Babélio, un roman est encensé, dans lequel le père viole régulièrement sa fille et entretient un arsenal d’armes chez lui. Comme l’auteur fait quelques descriptions de la flore locale, il fait partie des auteurs de « nature writing » (ou plutôt des « auteurs-natures », le franglais m’exaspère !).
Paul reads a lot, he is now registered on « Babélio » where everyone can present a book, comment on it or copy the most remarkable fragments. Reading what others say about a book you are discovering is very informative. There is one thing, however, that worries us: when readers rave about the form without being disturbed by the content. On Babélio, a novel is praised, in which the father regularly rapes his daughter and maintains an arsenal of weapons at home. As the author makes some descriptions of the local flora, he is one of the authors of « nature writing » (or rather in French « auteurs-natures », Frenglish is exasperating me!).

Il a même fallu que Paul écrive à une lectrice consternée, qui croyait découvrir un auteur-nature, pour lui expliquer que lui n’aurait jamais classé cet auteur dans cette catégorie.
Paul even had to write to a dismayed reader, who thought she was discovering a natural author, to explain that he would never have classified this author in this category.

Toujours est-il que si la critique négative de Paul sur Babélio a reçu quelques approbations, la majorité des lecteurs continuent de follement aimer ce livre malgré (ou à cause de ?) ces scènes de sexe et la présence des armes.
The fact remains that if Paul’s negative criticism of Babélio has received some approvals, the majority of readers continue to madly love this book despite (or because of?) these sex scenes and the presence of weapons.

Certes, on peut tout écrire a priori puisque écrire, ce n’est pas passer à l’acte. Mais quel intérêt y a-t-il dans un roman policier à donner tous les détails d’une scène de torture ? Avons-nous vraiment besoin de ça pour être heureux ? Pour nous sentir bien dans notre peau ?
Of course, we can write everything a priori since writing is not about taking action. But what interest is there in a detective story in giving all the details of a torture scene? Do we really need this to be happy? To feel good about ourselves?

En réalité, je suis persuadée qu’écrire façonne les lecteurs : si nous ne lisons que des livres violents, insidieusement la violence entre en nous par cette porte, et devient normale, naturelle. Même si ce n’est pas dit explicitement dans le livre, l’abondance de scènes du même tabac nous porte à croire qu’il n’y a pas d’autre issue.
In reality, I am convinced that writing shapes readers: if we only read violent books, insidiously violence enters us through this door, and becomes normal, natural. Even if it is not explicitly said in the book, the abundance of scenes of the same subject leads us to believe that there is no other way out.

 

Les photos qui suivent ont toutes été prises le 5 mars : je suis allée chercher des couleurs un jour de pluie. La série du 5 mars s’arrête au forsythia à Izieu…
The following photos were all taken on March 5: I went to get colors on a rainy day. The March 5 series ends at Forsythia at Izieu …

 

Paul et moi admirons beaucoup le film « Une autre Montagne », qui comporte des interviews de femmes kurdes. Pas l’ombre d’une violence policière, pas de personne blessée ou morte sous la torture, l’horreur n’est là que si l’on écoute les paroles de ces interviewées. C’est au point où l’on se sentirait presque paisible. Ces femmes qui ont perdu un être aimé dans des conditions terribles sont admirables. Je crains que certains spectateurs à la sensibilité émoussée ne soient pas capables de saisir le message véhiculé par ce film. Il y a donc des artistes capables de ne pas faire usage des recettes faciles… Les choses peuvent être dites sans surenchère dans l’horreur.
Paul and I greatly admire the film « Une autre Montagne », which includes interviews with Kurdish women. No even scene of police violence, no one injured or died under torture, the horror is only there if we listen to the words of these interviewees. It’s to the point where you’ll feel almost peaceful. These women who lost a loved one in terrible conditions are admirable. I fear that some spectators with blunt sensitivity may not be able to grasp the message conveyed by this film. So there are artists capable of not making use of easy recipes … Things can be said without overbidding in horror.

Que ce soit dans un film ou dans un livre, une jolie scène d’amour qui ne fait pas l’impasse sur le sexe, ça ne me dérange pas. Mais que s’y ajoute de la cruauté, je ne suis pas d’accord pour lire cela ni même pour que ce soit écrit. Eh oui, je me pose en moralisatrice grincheuse.
Whether it’s in a movie or in a book, a pretty love scene that doesn’t overlook sex, I don’t mind. But add to that the cruelty, I don’t agree to read that or even to have it written. Yes, I am a cranky moralizer.

J’ai trouvé pire.
I found worse.

Tout ça sur internet, je n’ai rien inventé, rien ajouté.
All this on the internet, I didn’t invent anything, add anything.

En 1990, lors de l’émission « Apostrophe », de Bernard Pivot, Denise Bombardier, journaliste canadienne, est la seule à désapprouver Gabriel Matzneff qui présentait un de ses livres qui relatait ses activités pédophiles.
« J’ai été traitée de mal baisée partout. On m’a dit de retourner à ma banquise », se souvient Denise Bombardier.
In 1990, during the program « Apostrophe », by Bernard Pivot, the Canadian journalist Denise Bombardier was the only one to disapprove of Gabriel Matzneff who presented one of his books which recounted his paedophile activities.
« I was treated as a frustrated one everywhere. I was told to go back to my sea ice, » Denise Bombardier recalls.

En décembre 2019, Vanessa Springora raconte sa relation sous emprise, à 14 ans, avec le même Matzneff qui était alors quinquagénaire, dans son ouvrage, « le consentement ». À cette occasion, Denise Bombardier revient sur sa confrontation avec Matzneff lors de l’émission de Bernard Pivot, et déclare que le milieu littéraire et la presse français se sont couchés pendant trente ans devant un pédophile et un prédateur sexuel déclarant dans ses livres « sodomiser des mineurs ».
In December 2019, Vanessa Springora recounts in her book « le consentement » her relationship under the influence, beeing 14 years old, with the same Matzneff who was then in his fifties. On this occasion, Denise Bombardier returns to her confrontation with Matzneff during the Bernard Pivot program, and declares that the literary milieu and the French press have « gone to bed » for thirty years before a pedophile and a sexual predator declaring in his books « sodomize minors ».

Pour ceux qui s’intéresseraient au « consentement » de Vanessa Springora, un commentaire sur Babélio précise que les amateurs de scènes graveleuses seront déçus. L’auteur a écrit une œuvre littéraire, de la belle ouvrage, et je lui tire mon chapeau d’avoir ainsi répondu enfin au harcèlement dont elle était victime.
For those interested in Vanessa Springora’s book, a comment on Babélio states that lovers of gravelly scenes will be disappointed. The author has written a literary work, a fine work, and I salute to her for having finally responded to the harassment she suffered.

Je suis profondément scandalisée de voir que Matzneff n’a pas été inquiété pendant trente ans alors qu’il proclamait les crimes dont les récits faisaient sa fortune.
I am deeply scandalized to see that Matzneff was not worried for thirty years while he was proclaiming the crimes whose accounts made his fortune.

Plus récemment, je trouve ceci : « le César de la déclaration la plus stupide est attribué à la comédienne Adèle Haenal. » Victime elle-même d’agressions sexuelles, elle quitte la salle quand le césar du cinéma est attribué à Roman Polanski. Pourquoi est-elle stupide ? Parce qu’elle aurait dû applaudir à tout rompre la nomination de Polanski. En effet, si l’on fait partie du sérail, nos crimes importent peu du moment que l’on est un grand artiste.
More recently, I find this: « The Caesar of the most stupid declaration is attributed to the actress Adèle Haenal. » She is victim of sexual assault, she leaves the room when the cinema césar is awarded to Roman Polanski. Why is she stupid? Because she should have applauded Polanski’s appointment. Indeed, if you are part of the seraglio, our crimes do not matter as long as you are a great artist.

Le machisme a encore de beaux jours devant lui…
Machismo is still present…

Je ne sais ce qui me perturbe le plus, l’impunité dont a joui Matzneff, ou la présomption d’innoncence pour Polanski. Cette fameuse présomption d’innocence ne tient pas quand un gilet jaune se fait condamner sans preuve…
I don’t know what bothers me the most, Matzneff’s impunity, or the presumption of innocence for Polanski. This famous presumption of innocence does not hold when a yellow vest is condemned without proof …

Voilà exprimées et ma colère du jour et mon incompréhension. Tout déballé en vrac. Heureusement, ici, notre mode de vie loin de ces ambiances délétères nous permet de prendre de bonnes goulées d’oxygène.
Here are expressed and my anger of the day and my incomprehension. All unpacked in bulk. Fortunately, our way of life away from these harmful atmospheres allows us to take good breaths of oxygen.

On a commencé à travailler dehors déjà fin janvier. La clôture doit être réparée, Paul prépare des piquets. Il a toujours un stock de bois pour cela.
We started working outside already at the end of January. The fence must be repaired, Paul is preparing stakes. He always has a stock of wood for that.

Je l’aide à élaguer les arbres de la haie, avec une corde ou à la main pour que les branches ne tombent pas chez le voisin. Je fais de la taille moi aussi, ici les lavatères, là les spirées, je n’ai jamais taillé la lavande et c’est dommage sans doute : j’essaie de façonner un peu ce buisson.
I help him to prune the hedge trees, with a rope or by hand so that the branches do not fall on the neighbor. I also prune, here the « lavatères » (lavatera olbia rosea), there the spirea, I have never pruned lavender and it’s probably a shame: I’m trying to shape this bush a little.

Le travail le plus long, c’est de broyer tous ces branchages, les copeaux de bois servent à couvrir le sol. Début mars Laurent nous donne un sérieux coup de main lors d’un bref séjour.
The longest job is to grind all these branches, the wood chips are used to cover the ground. At the beginning of March Laurent gave us a serious helping hand during a brief stay.

mélèze — larch

Il y a vingt ans nous avons fait un échange de terrains qui nous a permis d’avoir ce grand parc près de la maison. Cet ancien champ de maïs est devenu presque un arboretum, presque un jardin botanique. La nature y a repris ses droits, la flore est très diversifiée. Le plus remarquable, c’est la façon dont des espèces s’installent, même sans y avoir été invitées. Certaines qu’on voudrait voir dans le parc ne s’y sentent pas bien et disparaissent.
Twenty years ago we did a land swap that allowed us to have this big park near the house. This ancient cornfield has almost become an arboretum, almost a botanical garden. Nature has taken back its rights, the flora is very diverse. The way in which species settle is the most remarkable, even without being invited to do so. Some that we would like to see in the park do not feel good there and disappear.

Le serpolet a conquis tout le terrain :
The « serpolet » (wild thyme? — thymus serpyllum?) conquered the whole field:

En 2003, lors de la canicule, alors que nous avions de gros problèmes pour l’arrosage (maintenant nous avons des milliers de litres d’eau dans des cuves), j’avais semé quelques graines de coquelourde. Les plants étaient minuscules et fragiles, je me souviens que je les arrosais avec une petite cuillère ! La coquelourde a maintenant envahi le parc, on en trouve partout, des plants vraiment solides.
In 2003, during the heat wave, when we had big problems with watering (now we have thousands of liters of water in tanks), I had sown some seeds of « coquelourde » (lychnis coronaria). The plants were tiny and fragile, I remember I watered them with a small spoon! The « coquelourde » has now invaded the park, we find them everywhere, really solid plants.

L’arbre aux faisans aussi commence à s’installer. Nous en avons planté un seul, un deuxième a poussé plus loin, transporté certainement dans les excréments des animaux ; nous en avons découvert un troisième il y a quelques jours.
The « arbre aux faisans » (leycesteria formosa) is also starting to settle. We planted only one, a second one grew further, certainly transported in the excrement of animals; we discovered a third a few days ago.

Nous arrachons la précieuse consoude un peu partout, c’est excellent pour le compost, alors même si c’est le seul usage que nous en avons, c’est bon comme ça. La bourrache aussi est omniprésente.
We tear off the precious comfrey everywhere, it’s great for compost, so even if it’s the only use we have of it, it’s good like that. Borage is also omnipresent.

Dans un terrain comme celui-ci, les surprises sont constantes et nombreuses, bonnes ou mauvaises. J’aime tout particulièrement découvrir de nouvelles plantes, faire leur connaissance, apprendre leurs usages. Ce n’est pas toujours nous qui décidons, parfois c’est la nature qui n’en fait qu’à sa tête.
In a field like this, surprises are constant and numerous, good or bad. I especially like to discover new plants, get to know them, learn their uses. It’s not always us who decide, sometimes it’s nature that only decides.

Le 5 février, à Izieu, les forsythias, sans doute très bien exposés, étaient déjà fleuris, ici ils commencent à peine à s’ouvrir plus d’un mois après. Caprice de la nature ?
On February 5, in Izieu, the forsythias, probably very well exposed, were already in bloom, here they barely begin to open more than a month later. Caprice of nature?

En ce qui concerne David et Kristen, la nature a répondu à leurs attentes ! En mai 2019, ils n’avaient pas caché leur rêve d’avoir un bébé, déjà ils commençaient à s’équiper et nous avions bien ri.
As far as David and Kristen are concerned, nature has met their expectations! In May 2019, they had not hidden their dream of having a baby, already they were starting to equip themselves and we had a good laugh.

Nous avions remarqué que Kristen faisait très attention à beaucoup de choses, par exemple elle ne buvait plus une goutte de vin… Quelques mois plus tard, nous avons appris que le bébé était attendu. Enfin, nous apprenons qu’Owen est né le 26 février…
We had noticed that Kristen was very careful about many things, for example she no longer drank a drop of wine… A few months later, we learned that the baby was expected. Finally, we learn that Owen was born on February 26 …

Quel beau bébé ! Je reconnais le Renard du Petit Prince sur le vêtement. Mais alors… Owen n’était-il pas déjà là, minuscule graine, avant le départ de David et Kristen ? Conçu au Charbinat, nous nous sentons un peu comme ses parrain et marraine !
What a nice baby ! I recognize the Little Prince Fox on the garment. But then … wasn’t Owen already there, tiny seed, before the departure of David and Kristen? Conceived at Charbinat, we feel a bit like his godfather and godmother!

Bienvenue sur notre planète bien tourneboulée, petit homme. Nous avons beaucoup d’estime pour tes parents, nous savons que tu es en très bonnes mains.
Welcome to our confused planet, little man. We have great respect for your parents, we know you are in very good hands.

 

Ce mardi matin, nous sommes fébriles : il y a trois jours Paul a trouvé un gîte dans le Luberon, nous sommes sur le départ, avec les vélos : les prochaines nouvelles seront sportives !
This Tuesday morning, we are feverish: three days ago Paul found a lodging in the Luberon, we are on the start, with the bikes: the next news will be sporty!

4 réflexions sur « Owen, but not only … »

    • Ce n’est pas très honnête de ma part, mais dans l’article que tu cites, Lavande, je relève ça :
      « L’histoire de l’art grouille de salopards qui ont aussi été de grands artistes, et la morale n’a pas à s’immiscer dans la création. »
      Eh bien, ça se discute.
      Justement.
      Et puis il y a des excès partout, y compris dans le féminisme, je suis tout à fait d’accord là-dessus !

  1. Merci beaucoup, Kaly! Nous avons beaucoup de chance que notre rêve d’avoir un bébé a était réalisé si rapidement! Ça fait seulement deux semaines, mais il a déjà beaucoup grandi!

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