Encore à Brême !

Au départ, c’était un jeu : Paul a fait une simulation, on pourrait aller ici ou là, en passant par ici ou par là. Il y a des chambres avec un coin cuisine à un tarif raisonnable. C’est loin, mille kilomètres, le train s’impose ! On se pose des tas de questions dans tous les sens, j’y vas-t-y j’y vas-t-y pas, mais on n’a pas de réponse.
Pour finir, on clique sur une touche quelconque et on confirme toutes les réservations, le train, la chambre… Moins de dix jours avant le départ. Ce sera en train le lundi et le samedi, avec entre ces deux dates quatre jours pour découvrir Brême.
Initially, it was a game: Paul did a simulation, we could go here or there, passing this way or that way. There are rooms with a kitchenette at a reasonable rate. It’s a long way, a thousand miles, the train is needed! We ask ourselves a lot of questions in all directions, I’m going there I’m not going there, but we don’t have an answer.
Finally, we click on any button and we confirm all the reservations, the train, the room… Less than ten days before departure. It will be in train on Monday and Saturday, with between these two dates four days to discover Bremen.

Ne pas parler allemand est un vrai problème. Comment savoir qui est Mudder Cordes ?
Not speaking German is a real problem. How do I know who Mudder Cordes is?

Cette œuvre d’art nous plaît mais nous ne comprenons pas ce que raconte ce panneau qui l’accompagne.
We like this work of art but we don’t understand what says this panel that accompanies it.

Plus ennuyeux, nous prenons un tram après la visite d’un musée, apparemment celui qui nous a déposés ici, mais il dévie de sa trajectoire vers le centre. Nous trouvons le retour long, Paul ne reconnaît pas les noms des stations qu’il avait tenté de repérer, nous finissons par nous retrouver abandonnés en pleine banlieue. Notre retour dans un tram brinquebalant dure bien plus longtemps que l’aller.
Depuis des années nous allons dans des pays dont nous connaissons plus ou moins la langue. Je n’ai pas eu le temps d’assimiler quelques notions d’allemand, comme je l’ai fait pour aller en Slovénie ou en Roumanie. Alors, on se débrouille en anglais, ce qui réduit la communication à l’essentiel. S’il n’y a pas de confusion totale !
More boring, we take a tram after visiting a museum, apparently the one that dropped us here, but it deviates from its path towards the center. We find the return long, Paul does not recognize the names of the stations he had tried to locate, we end up finding ourselves abandoned in the middle of the suburbs. Our return in a rickety tram lasts much longer than the outward journey.
For years we have been going to countries whose language we know more or less. I did not have time to assimilate a few notions of German, as I did to go to Slovenia or Romania. So we manage in English, which reduces communication to the essentials. If there is no total confusion!

C’est devenu très compliqué le samedi au retour, quand nous avons compris que nous n’aurons pas notre correspondance. L’homme à tout faire (les contrôleurs font aussi le service du bar…) nous a pris en charge : « Vous ne descendrez pas comme prévu, vous continuerez jusqu’à Karlsruhe, je reviendrai vous voir car pour le moment je n’ai pas les informations. » Nous pensons qu’il ne les aura que quand le train aura changé de land. Il revient vers nous après que le micro ait crachoté un long discours dans lequel nous avons vaguement compris « Paris, Lyon, Marseille », ces mots noyés dans un discours inaudible en anglais. Il est obligeant et patient, il nous fait une belle explication de texte et s’assure que nous avons tout compris.
It became very complicated on the Saturday on the way back, when we realized that we won’t have our connection. The handyman (the controllers also do the bar service…) took care of us: « You will not get off as planned, you will continue to Karlsruhe, I will come back to see you because at the moment I don’t have the information. » We think he will have them only when the train arrives in another land. He comes back to us after the microphone sputters a long speech in which we vaguely understand « Paris, Lyon, Marseille », these words drowned in an inaudible speech in English. He is obliging and patient, he gives us a nice explanation of the text and makes sure that we have understood everything.

À Karlsruhe, comme il nous l’a indiqué, nous prenons un train pour Paris. Une contrôleuse française charmante (et qui ne gère pas les commandes du bar) nous conseille de faire telle recherche, mais, en plus de ne pas parler allemand, nous voyageons sans smartphone, et cela la laisse abasourdie. Tout aussi aimable que son collègue d’Outre-Rhin, elle nous indique comment passer de la gare de l’Est à la gare de Lyon, et nous conseille de prendre nos tickets de métro ici-même, au bar. Ce qui nous permet de filer à grande vitesse d’une gare à l’autre et même d’avoir le temps de faire une réservation sur le Paris-Lyon.
In Karlsruhe, as he told us, we take a train to Paris. A charming French controller (and who doesn’t manage the bar orders) advises us to do such research, but, in addition to not speaking German, we travel without a smartphone, and that leaves her stunned. Just as friendly as her colleague from across the Rhine, she tells us how to get from the Gare de l’Est to the Gare de Lyon, and advises us to get our metro tickets right here, at the bar. This allows us to go at high speed from one station to another and even to have time to make a reservation on the Paris-Lyon.

Un autre problème est apparu pendant ce voyage.
Au quotidien, en France aussi bien qu’en Allemagne, je suis confrontée à une nouvelle difficulté, les pictogrammes : sur un appareil de chauffage/climatisation, le soleil veut dire « hiver » et le flocon de neige « été », parce que le soleil veut dire « on chauffe » et le flocon « on refroidit ». Une autre logique voudrait le contraire, c’est une question de convention. Mes réserves feraient sourire Alicia, qui prône le langage FALC, « Facile À Lire et à Comprendre », la langue des pictogrammes. Je viens de trouver ce site qui émane d’une agence de communication à Lille-Nord, où il semble possible de devenir incollable sur la langue FALC ! J’y passerai peut-être du temps, plus tard, si ça peut m’être utile… Pour le moment, je suis loin d’être convaincue de l’intérêt de cette langue.
Another problem arose during this trip.
On a daily basis, in France as well as in Germany, I am confronted with a new difficulty, the pictograms: on a heating/air conditioning device, the sun means « winter » and the snowflake means « summer », because the sun means « we heat » and the snowflake means « we cool ». Another logic would like the opposite, it is a matter of convention. My hesitation would make Alicia smile, who advocates the FALC language, « Facile À Lire et à Comprendre », « Easy To Read and Understand », the language of pictograms. I have just found this site which comes from a communication agency in Lille-Nord, where it seems possible to become unbeatable on the FALC language! I will perhaps spend some time there, later, if it can be useful to me… For the moment, I am far from being convinced of the interest of this language.

Malgré tout ce qui précède, ni les trajets ni le séjour en Allemagne n’ont été une catastrophe, bien au contraire. On apprend plus ou moins à vivre dans un monde qui change trop vite, qui nous dépasse. Même s’il s’agit seulement de mesurer nos éventuelles incapacités, en avoir conscience me semble une bonne chose. Retournons donc en Allemagne.
Despite all the above, neither the journeys nor the stay in Germany were a disaster, quite the contrary. We learn more or less to live in a world that is changing too quickly, that is beyond us. Even if it is only a question of measuring our possible incapacities, being aware of it seems to me a good thing. So let’s go back to Germany.

Je vous avais déjà montré ce joli gréement, eh bien au niveau du renfoncement, le mystère est éclairci.
I had already shown you this pretty rig, well at the level of the recess, the mystery is cleared up.

Tout au long de la rue figurent les empreintes de main de personnalités avec leur nom.
All along the street are the handprints of personalities with their name.

On a des surprises à tous les carrefours, ici c’est un troupeau inattendu de cochons, le maître, le chien…
We have surprises at every crossroads, here it is an unexpected herd of pigs, the master, the dog…

On doit économiser l’énergie ? Je ne compte pas les magasins aux portes ouvertes. Vous pouvez consommer en terrasse bien chauffée. Des couvertures sont à disposition sur des dossiers, peut-être que des clients s’en contenteront.
Should we save energy? I do not count the stores with open doors. You can eat on the well-heated terrace. Blankets are available on folders, perhaps customers will be satisfied with them.

Ici aussi les guerres de religion ont fait des ravages. La ville conserve une reconnaissance éternelle à Roland (pas le même que chez nous), dont la statue de plus de dix mètres de haut avec le socle fait face à l’église. Cette statue a été protégée des bombardements par des murs construits tout autour avec du sable pour combler les espaces vides.
Here too the religious wars have wreaked havoc. The city retains an eternal gratitude to Roland (not the same as ours), whose statue of more than ten meters high with the base faces the church. This statue was protected from bombardments by walls built around it with sand to fill in the empty spaces.

Au pied de Roland se trouve l’estropié, personnage énigmatique. Il y a de cela bien longtemps, la comtesse Emma était prête à céder des terres à la ville : elle accordait autant de terre que ce qu’un homme est capable de parcourir en un jour. Son neveu exigea que ce soit un estropié qui ferait ce travail. L’homme réussit à parcourir 130 hectares (je suppose qu’il a fait une boucle !) mais mourut d’épuisement.
At Roland’s feet is the cripple, an enigmatic character. Long ago, Countess Emma was willing to cede land to the city: she granted as much land as a man can walk in a day. His nephew demanded that a cripple do the job. The man managed to cover 130 hectares (I guess he made a loop!) but died of exhaustion.

Il est là, peu visible.
It is there, barely visible.

On ne peut visiter Brême sans se perdre dans les ruelles du Schnoor, quartier médiéval relativement épargné par les bombardements. Peu de temps après la guerre, un projet d’autoroute a failli en venir à bout. On y trouve ateliers, galeries d’art, boutique d’art et d’artisanat, magasins d’antiquités, bars, cafés, restaurants, et c’est un quartier qui reste vivant malgré le gros impact touristique.
You cannot visit Bremen without getting lost in the alleys of the Schnoor, a medieval quarter relatively spared from the bombardments. Shortly after the war, a highway project almost came to an end. There are workshops, art galleries, arts and crafts shops, antique shops, bars, cafes, restaurants, and it is a neighborhood that remains alive despite the heavy tourist impact.

Ce vieux monsieur me trouve bien audacieuse.
This old gentleman thinks I’m very audacious.

Des personnages déguisés vous racontent l’histoire de ce quartier.
Disguised characters tell you the history of this neighborhood.

Mais… la connaissez-vous, la légende des musiciens de Brême, l’histoire de l’âne, du chien, du chat et du coq ?
Il paraît qu’on y voit souvent une parabole de la migration. Il est vrai que nos quatre amis prennent la route pour fuir des maîtres décidés à les tuer.
Par la suite ils finissent paisiblement leur vieux jours dans une maison qui n’est pas à eux. Le fait qu’ils l’aient « volée » à des brigands les excuse-t-il ? Ou encore cette histoire nous dit que les vieux démunis devraient avoir les mêmes droits que n’importe qui ?
But… do you know the legend of the Musicians of Bremen, the story of the donkey, the dog, the cat and the rooster?
It seems that we often see there a parable of migration. It is true that our four friends take to the road to flee masters determined to kill them.
Thereafter they end their old age peacefully in a house that is not theirs. Does the fact that they « stole » it from robbers excuse them? Or does this story tell us that the old destitute should have the same rights as everyone else?

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