Floooooood

Dimanche 31,
Paul et moi sommes passés
entre les gouttes
pour aller faire un peu d’exercice.
Par endroit la Viarhona est coupée par la montée du fleuve.
J’ai profité
de la balade
pour vous concocter
un reportage
très humide !

Sunday the 31st
Paul and I went
through the drops
to get a little exercise.
In places the Viarhona is cut off by the rising river.
I took advantage
of the ride
to concoct
a very wet
report!


Les états de Washington, Oregon et Californie ont fait sécession, se regroupant sous le nom d’Écotopia. Vingt ans après, un journaliste new-yorkais, William Weston, spécialiste des relations internationales, va faire un séjour officiel en Écotopia alors que jusque-là, visite ou communication étaient interdites.
The states of Washington, Oregon and California have seceded, regrouping under the name Ecotopia. Twenty years later, a New York journalist, William Weston, a specialist in international relations, makes an official stay in Ecotopia while until then, visit or communication were prohibited.

Ce récit utopique d’Ernest Callenbach a été publié en 1975 et son succès ne s’est pas démenti. Il est composé des notes personnelles de William Weston alternant avec ses articles publiés, ce qui permet de connaître le fond de sa pensée et ce qu’il choisit de communiquer au public.
This utopian tale by Ernest Callenbach was published in 1975 and its success has not wavered. It is composed of William Weston’s personal notes alternating with his published articles, which allows to know the depths of his thoughts and what he chooses to communicate to the public.

Ce récit est aussi la lente transformation d’un New-Yorkais plutôt imbu de lui-même et de ses valeurs, d’abord hostile, puis partisan du projet Écotopia.
This story is also the slow transformation of a New Yorker rather imbued with himself and his values, first hostile, then supporter of the Ecotopia project.


Lu en pleine pandémie, ce livre me trouve particulièrement sensibilisée aux relations sociales telles que décrites par l’auteur. Alors que nous crevons d’isolement, l’auteur compare l’existence de William à New-York, et en Ecotopia : là, il y a plus d’isolement qu’ici. Depuis sa chambre d’hôtel, il entend une altercation et devient le témoin d’une dispute amoureuse extrêmement violente. D’abord en paroles, puis le couple en vient aux coups. Quand l’homme semble prêt à fracasser la tête de sa compagne contre un mur, les témoins le retiennent. Mais ils ont laissé des coups moins dangereux s’échanger. Le couple vide littéralement sa querelle et après ce pugilat, ils tombent en pleurant dans les bras l’un de l’autre.
Read in the midst of the pandemic, this book finds me particularly sensitive to social relations as described by the author. As we die of isolation, the author compares William’s existence in New York, and in Ecotopia: there, there is more isolation than here. From his hotel room, he hears an altercation and becomes the witness of an extremely violent romantic argument. First in words, then the couple hit it off. When the man seems ready to smash his partner’s head against a wall, the witnesses hold him back. But they let less dangerous blows trade. The couple literally ends their quarrel and after this fight, they fall crying into each other’s arms.

« Les autres, ça me regarde » semble nous dire l’auteur. Même si la limite entre l’ingérence et une intervention moins dérangeante n’est pas évidente, je suis favorable à ce type d’attitude, mais il n’est pas dans notre culture où l’on « lave le linge sale en famille ».
The author seems to say to us « The others, that concerns me ». Even if the line between interference and a less disturbing intervention is not obvious, I am in favor of this type of attitude, but it is not in our culture where you « don’t wash your dirty linen in public. »


Le jour de mon accident de vélo, j’étais assise par terre à rassembler mes esprits, pendant que des voitures passaient sans s’arrêter. En Écotopia, j’aurais été secourue tout de suite.
On the day of my bicycle accident, I was sitting on the floor, gathering my minds, as cars passed by without stopping. In Écotopia, I would have been rescued immediately.


Ce n’est pas la seule fois où Ernest Callenbach évoque les relations sociales. En Écotopia, on n’est pas isolé. D’ailleurs, la moindre famille compte facilement dix personnes si ce n’est plus. Il s’agit de famille au sens large, peu importe en réalité s’il y a un degré de parenté. Alors que le tissu social au temps du Covid-19 se désagrège, que les comportements se teintent de toutes les dérives folles dues à l’isolement, dépressions, agressivités… en Écotopia ce même tissu est solide : d’ailleurs William, pur Américain, a beaucoup de mal à s’habituer à la façon dont on s’intéresse à lui, les inconnus n’hésitant pas à lier la conversation.
This is not the only time Ernest Callenbach talks about social relations. In Ecotopia, we are not isolated. In fact, any family easily has ten people if not more. It is a family in the broad sense, regardless of whether there is a degree of kinship. While the social fabric at the time of Covid-19 is disintegrating, as behavior is tinged with all the crazy drifts due to isolation, depression, aggressiveness … in Ecotopia this same fabric is solid: moreover William, a pure American, has a hard time getting used to the way they are interested in him, strangers not hesitating to strike up a conversation.


J’approuve vivement l’auteur pour son insistance sur cet aspect de nos existences.
I warmly endorse the author for his emphasis on this aspect of our lives.


Il aborde d’innombrables questions. On ne trouve pas de sodas en Écotopia, pas de nourriture industrielle, pas d’obèses non plus, les véhicules « à combustion interne » ont disparu mais pas les vélos, et des foules non soumises au stress de la rentabilité se déplacent à pied ou en vélo, portant de lourds chargements au besoin, chacun étant bien entraîné à un mode de vie non sédentaire. La pollution n’est plus générée et a disparu, on a laissé le PNB s’écrouler. Les Écotopiens ne cherchent pas à dominer les autres espèces mais à co-exister pacifiquement. On a rétabli une égalité absolue hommes-femmes. On a décentralisé écoles, hôpitaux, industrie…
He addresses countless questions. There are no sodas in Ecotopia, no junk food, no obese either, « internal combustion » vehicles have disappeared but not bicycles, and crowds not subject to the stress of profitability are moving on foot or by bicycle, carrying heavy loads as needed, each well trained in a non-sedentary lifestyle. The pollution is no longer generated and has disappeared, the GNP has been allowed to collapse. Ecotopians do not seek to dominate other species but to co-exist peacefully. Absolute equality between men and women has been restored. They have decentralized schools, hospitals, industry …


Je veux en savoir plus sur ce roman traduit de l’américain, d’abord connaître son titre original : je tape donc quelques mots en anglais pour aboutir et je trouve Ecotopia (sans accent – normal. Pour une fois une traduction n’est pas à six mille kilomètres de l’original). En français ou en anglais, il s’agit, à l’évidence, d’un mot-valise constitué d’écologie et d’utopie. Mais je vais en apprendre davantage.
I want to know more about this novel translated from the American, first to know its original title: so I type a few words in English to end up and I find Ecotopia (without accent – normal. For once a translation is not six thousand kilometers from the original). In French or in English, it is obviously a portmanteau made up of ecology and utopia. But I will learn more.


Je découvre une interview d’Ernest Callenbach par « Bay Nature magazine » : dans sa jeunesse, raconte-t-il, fasciné par la lecture de « Maria la tempête », il en contacte l’auteur, Georges Rippey Stewart, qu’il rencontre, Callenbach étant âgé de 17 ans, à l’époque où Stewart enseigne à Berkeley. Ernest Callenbach prend un bus de nuit. Il traverse à l’aube les collines arides et desséchées de Livermore en Californie, à moitié endormi par le long trajet, il se promène dans une confortable fraîcheur et il a le coup de foudre pour ce lieu fantastique, au goût de paradis, où il se sent chez lui, au point qu’il y reviendra pour « prendre racine et s’installer ».
I discover an interview with Ernest Callenbach by « Bay Nature magazine » : in his youth, he says, fascinated by reading « Storm » (in French : « Maria la tempête »), he contacts the author, Georges Rippey Stewart, whom he meets, Callenbach being 17 years old, when Stewart is teaching at Berkeley. Ernest Callenbach takes a night bus. He crosses at dawn the arid and parched hills of Livermore in California, half asleep by the long journey, he walks in a comfortable coolness and he falls in love with this fantastic place, with the taste of paradise, where he feels at home, to the point where he will come back « to put down roots and settle down. »


Note : vous trouverez quantité de magnifiques photos
si vous cherchez les collines de Livermore en Californie,
mais sans doute pas libres de droit alors je ne les publie pas.
Si ça vous chante, à vous d’essayer de comprendre
la fascination que leurs courbes sensuelles ont exercée sur notre écrivain.

Note: you will find plenty of wonderful photos
if you are looking for the Livermore Hills in California,
but probably not copyright free so I am not publishing them.
If you feel like it, it’s up to you to try to understand
the fascination that their sensual curves exerted on our writer.


Longtemps après sa rencontre avec George R. Stewart et les collines de Livermore, alors qu’il s’apprête à envoyer son livre chez l’imprimeur, Callenbach a l’idée de rechercher la racine grecque de son « écologie utopique » : or, elle signifie « chez soi, lieu d’origine » heureuse surprise pour lui ! Comme si ses mots pouvaient dire encore plus que ce que l’auteur souhaitait exprimer.
Long after his meeting with George R. Stewart and the hills of Livermore, when he is about to send his book to the printer, Callenbach has the idea of looking for the Greek root of his « utopian ecology »: it means « home place » nice surprise for him! As if his words could say more than what the author wanted to say.


Eco du grec oikos ( la maison ou le foyer)
Topia du grec topos ( le lieu).

Eco from the Greek oikos (the house)
Topia from the Greek topos (the place).


« On se sent vraiment chez soi, c’est la chose étrange, et l’air est toujours très important. » Ernest Callenbach
« It really did feel like home, that’s the weird thing, and the air is still very important. » Ernest Callenbach

En continuant mes sauts de puce sur le web, je découvre un mouvement bien réel, un projet de sécession, Cascadie. Si le roman Écotopia concerne les états de Californie, Oregon et Washington, Cascadie ne comprend pas la Californie. On y retrouve l’Oregon et l’état de Washington ainsi que la Colombie-Britannique au Canada.
By continuing to jump on the web, I discover a very real movement, a secession project, Cascadia. If the Ecotopia novel concerns the states of California, Oregon and Washington, Cascadia does not include California. It includes Oregon and Washington State as well as British Columbia in Canada.


« Les gens de cette région sont liés par la géographie, par l’expérience de la nature, l’éloignement des capitales (Ottawa et Washington) et par une société plus tolérante, mais sans l’excès qui caractérise la Californie. Les centres urbains les plus importants de Cascadia seraient Seattle, Vancouver, Portland » nous dit Wikipédia.
« The people of this region are linked by geography, by experience of nature, remoteness from the capitals (Ottawa and Washington) and by a more tolerant society, but without the excess that characterizes California. The most important urban centers of Cascadia would be Seattle, Vancouver, Portland, » Wikipedia tells us.


Cascadia ou Cascadie ? L’article complet publié par Wikipédia vous donnera les différentes significations du terme « Cascadia ».
Cascadia or Cascadie? The full article published by Wikipedia will give you the different meanings of the term « Cascadia ».

Cascadia en anglais
Cascadia in English

Cascadie en français
Cascadie in French

Ici est publiée une interview de Ernest Callenbach par « cascadia now ». L’interview date de 2005, trente ans après la parution d’Écotopia, et la question se pose de savoir ce qui a changé en trente ans.
Here an interview is published with Ernest Callenbach by « cascadia now ». The interview dates back to 2005, thirty years after the release of Ecotopia, and the question arises of what has changed in thirty years.

La réalité rejoint la fiction : Callenbach évoque Écotopia avec des militants de Cascadie, et Wikipédia publie cette carte sur laquelle Écotopie et Cascadia sont délimitées.
Reality meets fiction: Callenbach evokes Écotopia with activists from Cascadia, and Wikipedia publishes this map on which Écotopie and Cascadia are delimited.

The different regions of Cascadia: Gray zone: the historic regions of the Oregon Country and the Columbia Disctrict at its greatest extent. Green Line: Cascadia Bioregion (= Pacific Northwest Bioregion), defined as « the watersheds of rivers that flow into the Pacific Ocean through North Americas’s temperate rainforest zone ». Yellow line: Ecotopia. Red Line: Cascadia Subduction Zone

Pressée par le temps, l’approche du mardi et la publication du blog je n’ai pas terminé ma lecture d’Écotopia.
Time running, the approach of Tuesday and the blog post, I haven’t finished reading Ecotopia.


Imaginons qu’une pandémie style Covid-19 se soit abattue sur les Écotopiens : ce sont des gens responsables, responsabilisés, dans ces conditions chacun donne le meilleur de lui-même. Ils auraient pris des initiatives variées, ils n’auraient pas fait une affaire politique du problème, lequel serait resté du domaine médical exclusivement. Tous auraient œuvré pour étudier les moyens de lutte les plus efficaces contre la pandémie. J’imagine qu’ils n’auraient confiné que les malades, asymptomatiques ou pas. Et ce confinement n’aurait pas été isolement, enfermement, alors que depuis vingt ans leurs belles forêts repoussent.
Let’s imagine that a pandemic like Covid-19 has befallen on the Ecotopians: they are responsible, empowered people, in these conditions everyone gives the best of themselves. They would have taken various initiatives, they would not have made a political affair of the problem, which would have remained exclusively in the medical field. All would have worked to study the most effective means of combating the pandemic. I imagine they would  have confined only the sick, asymptomatic or not. And this confinement would not have been isolation, imprisonment, while for twenty years their beautiful forests have been growing back.


Une réflexion féconde à nous mettre sous la dent.
A fruitful reflection to put in our mouths.


« Eh, Kaly, tu nous racontes vraiment la vie au Charbinat, là ?
« Hey, Kaly, are you really telling us about life in Charbinat, there?
— Oups… cette fois il s’agit de ma vie intérieure, de mes réflexions, des idées qui me passent par la tête.
— Oops… this time it’s about my interior life, my thoughts, the ideas that go through my head.
— Et pour la vie non intérieure, ça se passe comment ?
— And for non-interior life, how does it work?
— Avec mes quatre rendez-vous par semaine, j’ai l’impression de ne plus être à la retraite ! Disons-le : la rééducation se passe bien, les résultats sont encourageants. Il y a deux ou trois semaines, j’ai trouvé passionnante mon aventure à l’hôpital, de guichet en salle d’attente, et j’en ai donné tous les détails. Il paraît que c’était un peu fastidieux. Eh bien quand on est dedans c’est tellement ubuesque qu’on a envie de raconter l’incroyable, mais sorti de là on voit bien que c’est pareil pour tout le monde.
— With my four dates a week, I don’t feel like I’m retired anymore! Let’s say it: the rehabilitation is going well, the results are encouraging. Two or three weeks ago, my adventure in the hospital, from wicket to waiting room, seemed exciting and I have given all the details. It seems it was a bit tedious. Well when you’re in it it’s so ubiquitous that you want to tell the incredible story, but out of there you can see that it’s the same for everyone.
— Et tu n’oublies personne ?
— And you are not forgetting anyone?
— Il faudrait que je fasse un papier sur Georges Rippey Stewart, dont le “Storm” “Marie la tempête” a provoqué ce fameux voyage au cours duquel Ernest Callenbach a découvert les collines de Livermore. Cette histoire d’un cyclone “fit naître l’idée de donner un nom aux tempêtes tropicales” nous dit-on sur Babélio. Georges R. Stewart a aussi écrit un roman de science-fiction post apocalyptique en 1949, “La Terre demeure”. De quoi lire par ces journées pluvieuses ! »
— I would have to write a paper on Georges Rippey Stewart, whose “Storm” caused this famous trip during which Ernest Callenbach discovered the hills of Livermore. This story of a cyclone “gave birth to the idea of giving a name to tropical storms” we are told on Babélio. Georges R. Stewart also wrote a post apocalyptic science fiction novel in 1949, “Earth Abides”. Something to read on these rainy days! »

2 réflexions sur « Floooooood »

  1. Intéressant ce Ernest Callenbach et son concept d’Ecotopia.
    Je ne suis pas sûr qu’en Ecotopie la gestion du Covid19 soit meilleure, au delà de la dimension politique (effectivement on peut imaginer que l’on brasserait moins d’air) sur le plan sanitaire je doute qu’il y ait une solution miracle…

    Comme disait Desproges, « un jour j’irai vivre en théorie, car en théorie tout se passe bien ».

    • Il y a plusieurs niveaux d’utopie, le plus élevé bien sûr c’est quand il n’y a pas de pandémie quelle qu’en soit l’origine (virus échappé d’un labo, peu probable disent certains spécialistes, le génie humain n’étant pas capable de fabriquer une « chose » pareille, ou virus apporté par la faune sauvage dont on a bouffé le territoire en rasant les forêts). En Écotopia, on veille à avoir un impact le plus léger possible sur la planète.
      Il n’y a certainement pas de solution miracle sur le plan sanitaire, mais je t’invite à regarder la vidéo dont je parle dans la chronique qui suit celle-ci, et qui relativise bien les choses (trop occupée par mon blog, n’ai pas encore eu le temps de la zieuter).
      Ah, Desproges ! Il a dit aussi (parmi tant d’autres choses !) « l’on « doit » rire de tout pour « désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles». »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.