Banalerie du quotidien – everyday ordinarity

Les photos
publiées ici
sont le souvenir
d’une balade dans le Beaufortain
en janvier 2014.

The photos
published here
are the memory
of a walk in Beaufortain
in January 2014.

Léthargie – lethargy
On les sauve du Covid-19, on les tue quand même. Les vieux se laissent s’éteindre car le souffle de leur vie c’était de revoir les seuls qui comptent pour eux, les plus proches : les petits-enfants, dont on les prive pour les sauver.
We save them from Covid-19, we kill them anyway. The old people allow themselves to be extinguished because the breath of their life was to see the only ones who matter to them, the closest: the grandchildren, from whom they are deprived in order to save them.

Plus amusant : la consommation de sucre explose depuis le premier confinement. On a besoin de compensation, ça tombe bien, c’est la saison des papillotes. Un de nos visiteurs (il va se sentir visé !) en est tout à fait conscient, il a besoin de sucreries. Et après tout, n’est-ce-pas le système de consolation des petits, un bonbon pour guérir une écorchure ? Nous retrouvons notre âme d’enfant : au lieu de faire du saut à l’élastique, du parapente ou un vol en montgolfière, ou encore de la plongée au milieu de requins soi-disant tueurs, ou encore des stages de survie dans des forêts sauvages, nous avons recours à des petites douceurs, qui nous rappellent la douceur de vivre. J’aime les choses simples.
More fun: sugar consumption has exploded since the first confinement. We need some compensation, that’s good, it’s sweet things season. One of our visitors (he will feel targeted!) Is quite aware of this, he needs sweets. And after all, isn’t that the consolation system of the little ones, a candy to heal a scrape? We rediscover our childhood soul: instead of bungee jumping, paragliding or a hot air balloon flight, or diving among so-called killer sharks, or even survival courses in forests wild, we have recourse to little sweets, which remind us of the sweetness of life. I like the simple things.

Nous, là je parle de Paul et moi, surtout moi, nous sommes toujours entre deux chaises, tellement à l’écart de la « vraie » vie que pour ma part j’en oublie même le masque. Je l’ai porté le 17 décembre pour la dernière fois, la prochaine sera le 14 janvier, dans ces deux cas à l’occasion des examens médicaux. Oui, je ne bouge pas d’ici. Quand je pars marcher avec Paul, nous ne prenons même pas la voiture qui nous permettrait de changer d’horizon. On sort et on file à droite ou à gauche, plus loin encore une fois à droite ou à gauche. En réalité il y a peu de choix.
We, here I am talking about Paul and I, especially me, are always between two chairs, so far removed from « real » life that I personally forget the mask. I wore it on December 17th for the last time, the next one will be on January 14th, in both cases during the medical exams. Yes, I’m not moving from here. When I go for a walk with Paul, we don’t even take the car that would allow us to change the horizon. We go out and walk to the right or to the left, further to the right or to the left. In reality there is little choice.

Ça me convient. Avec Paul nous bavardons de choses ou d’autres, nous avons toujours des choses à nous dire. Nous ne vivons pas à moitié, mais un peu au ralenti, un peu à l’air du temps : il fait le plus souvent gris, froid et humide… Nous sommes peut-être un peu, un tout petit peu en léthargie. J’ai pris le 8 janvier mon premier bain de soleil de l’année, le seul pour le moment, l’ensoleillement fut bref.
It’s OK for me. With Paul we chat about things and other things, we always have things to say to each other. We don’t live half-life, but a little slow, a little trendy: it is mostly gray, cold and humid … We are perhaps a little, a little bit in lethargy. I took my first sunbath of the year on January 8, the only one so far, the sunshine was brief.

Nos noces d’or en 2023 : nous venons de passer quarante-huit ans de mariage. Nous avons encore des trucs à nous dire, ça tombe bien.
Our golden anniversary in 2023: we have just spent forty-eight years of marriage. We still have things to say to each other, that’s good.

Mes proches semblent souvent surpris de ne pas me trouver au trente-sixième dessous, handicapée comme je le suis. Je pourrais bien entendu passer mes journées à pleurer sur mon sort, encore faudrait-il qu’il fût triste ! Je l’ai déjà dit, Paul m’aide autant que j’en ai besoin ; je fais le minimum dont je suis capable, mais je n’hésite pas à lui demander son aide (cinquante fois par jour pour remettre l’orthèse que je passe mon temps à enlever !) en essayant de ne pas trop interférer avec ses activités, et pour moi ça fonctionne.
My relatives often seem surprised not to find me below thirty-sixth: very sad, handicapped as I am. I could of course spend my days crying over my fate, in case it were sad! I’ve said it before, Paul helps me as much as I need; I do the minimum I am capable of, but I do not hesitate to ask for his help (fifty times a day to put back the orthosis that I spend my time removing!) trying not to interfere too much with his activities, and for me it works.

Lolo va au marché en vélo même s’il fait moins quatre : il est tellement emballé à ces moments qu’on le croit gros. Il est content comme ça. Il a ramassé les feuilles du platane et les a transportées à l’autre bout du terrain : pour avoir déjà fait ce boulot, je sais à quel point c’est fastidieux.
Lolo rides his bike to the market even though it’s minus four: he is so wrapped at these times you think he’s fat. He is happy like that. He picked up the leaves from the plane tree and carried them to the other end of the field: having already done this job, I know how tedious it is.

Il est abonné à la revue « Décroissance », qui a critiqué un jour les tiny house, bien lourdes à déplacer, très gourmandes en carburant, alors il a écrit à la revue pour dire qu’il habite une tiny mais qu’il n’est pas le consommateur décrit dans l’article. D’ailleurs il a enlevé les roues à sa maison. Un journaliste est alors venu lui faire une visite très sympa. J’ai hâte de lire l’article à venir.
He subscribes to the magazine « Décroissance », which once criticized tiny houses, which were very heavy to move, very greedy in fuel, so he wrote to the magazine to say that he lived in a tiny but that he is not the consumer described in the article. Besides, he took off the wheels of his house. A journalist then came to pay him a very nice visit. I can’t wait to read the next article.

Le journaliste est venu en vélo depuis Bourgoin, et reparti pour Lyon en vélo – courageux, ce jour-là aussi il ne faisait pas chaud du tout !
The journalist came by bike from Bourgoin, and left for Lyon by bike – brave, that day too it was not hot at all!

Nous rencontrons peu d’amis, un peu toujours les mêmes puisque tout est devenu si compliqué ; nous voulions depuis longtemps inviter Liliane et Fred : cela voulait dire Lolo et Nanath aussi, bien entendu. Le 15 décembre je racontais sur ce blog leur balade musicale dans les rues d’un village, balade qui a fait l’effet d’un bon bol d’oxygène aux participants enthousiasmés. Mettez Lolo et Fred dans la même pièce, toutes les conditions sont réunies pour une impro musicale. Nanath nous a chanté de la bossa nova. Nous avons eu de bons fous rires et un moment musical bien plaisant.
We meet few friends, always a bit the same since everything has become so complicated; for a long time we wanted to invite Liliane and Fred: that meant Lolo and Nanath too, of course. On December 15, I recounted on this blog their musical stroll through the streets of a village, a stroll that gave the enthusiastic participants a good boost. Put Lolo and Fred in the same room, all the conditions are met for a musical improvisation. Nanath sang bossa nova to us. We had a lot of laughs and a very pleasant musical moment.

Un autre jour, Dom, Séverine et Séb sont venus fêter mon anniversaire. Un soixante-neuf un peu particulier, en principe je serai plus agile pour les septante !
Another day, Dom, Séverine and Séb came to celebrate my birthday. A somewhat unusual sixty-nine, in principle I will be more agile for the seventies!

J’ai été gâtée par tout le monde, et pour clôturer dignement la fête nous avons fait un moment de musique : Nanath à la flûte traversière, Paul à l’accordéon, Lolo à la guitare et moi au micro (dans la main gauche). Je ne demande qu’à recommencer et c’est tout à fait envisageable. Inutile de préciser que plus personne n’est en mode léthargie.
I was pampered by everyone, and to end the party with dignity we had a moment of music: Nanath on the transverse flute, Paul on the accordion, Lolo on the guitar and me on the microphone (in the left hand) . I’m just asking to start over and it’s totally possible. Needless to say, no one is in lethargy mode anymore.

Nous avons même été en mode franche rigolade pour une raison que je vais garder secrète quelques temps.
We even went into full laughs for a reason I’m going to keep a secret for a while.

On s’émerveille ! – We marvel!
« Le monde ne mourra pas par manque de merveilles, mais par manque d’émerveillement. » Ce n’est pas de Vincent Munier, mais quand il cite ces jolies paroles, on croirait que ça vient de lui. Vincent s’émerveille. Ne l’appelons pas trop vite « photographe animalier », car il est capable d’oublier d’appuyer sur le déclencheur, tout à la joie d’assister à un spectacle fantastique. On l’appelle le « pape » de la photo animalière et je ne pense pas qu’il l’apprécie. La notoriété est venue mais ne l’a pas changé. Quand il a voulu suivre une formation de photographe, quand il a réalisé qu’il s’agissait de formater les participants, il a abandonné pour rester sur son propre chemin. Il s’y sent bien. Je pense que s’il prend des photos, c’est pour les autres, c’est pour nous, pour nous offrir à son tour les belles images qui se sont offertes à lui.
« The world will not die for lack of wonders, but for lack of wondering. » It’s not by Vincent Munier, but when he quotes those pretty words, you would think they come from him. Vincent is amazed. Let’s not call him a « wildlife photographer » too hastily because he is able to forget to press the shutter button, all in the joy of watching a fantastic spectacle. He’s called the « pope » of wildlife photography and I don’t think he likes it. The notoriety came but didn’t change him. When he wanted to train as a photographer, when he realized it was about formatting the participants, he gave up to stay on his own path. He feels good there. I think that if he takes pictures, it is for others, it is for us, to give us in turn the beautiful images that are offered to him.

On s’émerveille moins : devenez bandit – We marvel less: become a bandit
Je trouve ceci sur le site d’une mairie, sans autre explication : il s’agit d’un code utilisé par les cambrioleurs. Quand ils vous ont fait leur déplaisante visite, la police trouve parfois un de ces signes écrit sur le portail. Et si je les y copiais tous, ça donnerait quoi ?
I find this on a town hall website, without further explanation: it is a code used by burglars. When they’ve made their unpleasant visit, the police sometimes find one of these signs written on the gate. And if I copied them all there, what would it be?

Femme seule – woman alone
Cambrioler le dimanche – burglarize on Sunday
etc

Quand on passe « chez » Ariane et Renato, maintenant, un gros chien style berger allemand aboie furieusement : les nouveaux propriétaires craignent-ils les cambrioleurs ? Le portail qui restait ouvert autrefois est maintenant solidement fermé. Je n’ai aucune raison de le franchir, bien au contraire !
When we go « to » Ariane and Renato, now, a large German Shepherd-style dog barks furiously: are the new owners afraid of burglars? The gate that once remained open is now firmly closed. I have no reason to cross it, on the contrary!

On s’émerveille avec regret – We marvel with regret
Le concert du nouvel an à la Fenice de Venise s’est tenu avec des musiciens masqués.Pour les instruments à vent les musiciens sont séparés par des cloisons transparentes. Même les choristes sont masqués. Seuls les solistes chantent à visage nu, impossible de faire autrement ! Je suis partagée entre le plaisir de voir une preuve de la combativité des artistes dans l’existence même de ce concert, et la tristesse à cause des conditions dans lesquelles il se tient.
The New Year’s concert at the Fenice in Venice was held with masked musicians. For wind instruments the musicians are separated by transparent partitions. Even the choristers are masked. Only the soloists sing with naked faces, impossible to do otherwise! I am divided between the pleasure of seeing proof of the combativeness of the artists in the very existence of this concert, and the sadness because of the conditions in which it is held.

Comme souvent, comme toujours, ma rubrique hebdomadaire est un joyeux fourre-tout. Il s’agit en gros de résumer une semaine en deux pages, et je ne peux pas toujours lier joliment les choses dont je souhaite parler. Quand l’hiver et mon épaule en folie se liguent pour que notre quotidien reste fort plat, je me demande parfois si je ne devrais pas mettre mon blog en pause jusqu’à ce qu’il arrive quelque chose d’exceptionnel.
As often, as always, my weekly column is a happy catch-all. It’s basically summing up a week in two pages, and I can’t always tie the things I want to talk about nicely. When winter and my shoulder in madness come together to keep our everyday life very flat, I sometimes wonder if I shouldn’t put my blog on hiatus until something exceptional happens.

L’exceptionnel pour moi, c’est le prochain examen médical, où je devrais apprendre comment mon proche futur va se dérouler.
The exceptional one for me is the next medical exam, where I should learn how my near future will unfold.

Et pour finir une petite info, un bon signe : je tape des deux mains !
And to finish a little info, a good sign: I type with both hands!

2 réflexions sur « Banalerie du quotidien – everyday ordinarity »

  1. Encore de biens belles photos bien de saison, c’est beau la neige en montagne…
    ce serait dommage de mettre en pause ton blog à présent que tu as récupéré tes 10 doigts 😉

    En cherchant bien on peut toujours trouver un sujet à évoquer, même tout simple…

    • Mes humeurs sont variables, c’est parfois longuet d’être manchote ! J’ai parfois envie de coincer la bulle. Et quand je me demande si je devrais mettre mon blog en pause, c’est, comment dire, un peu comme un nuage dans le ciel, ça ne reste pas (en réalité des nuages on en a à ne savoir qu’en faire, mais ce ne sont jamais les mêmes, ils se baladent !).

      Merci de m’encourager !

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