Le plein de musiques

C’est devenu le bazar, ce blog. J’essaie de retrouver un rythme régulier de publication.
This blog has become a mess. I’m trying to get back to a regular rhythm of posting.

Nous sommes allés chez Esther écouter Kara Nubé, un duo formé par Veronika Warkentin et Jean-Pierre Sarzier. Tous deux ont une expérience musicale solide et variée ! Bon, comment écrire sur quelque chose qui s’écoute ? Admirer tout de suite la complicité évidente des deux artistes. Même si certains chanteurs comptent joliment le « un deux trois », Jean-Pierre et Veronika s’en dispensent, tout est dans le regard. Cela semble couler de source, cela semble naturel et détendu. Et si c’est vraiment le cas, c’est à cause de tout ce travail préalable, considérable, mais qu’on ne voit pas. Tous deux ont une grande maîtrise de leur art.
We went to Esther to listen to Kara Nubé, a duo formed by Veronika Warkentin and Jean-Pierre Sarzier. Both have a solid and varied musical background! Well, how do you write about something that can be listened to? Immediately admire the obvious complicity of the two artists. Even if some singers count the « one two three » nicely, Jean-Pierre and Veronika dispense with it, it’s all in the look. It seems to flow naturally, it feels natural and relaxed. And if this is really the case, it is because of all this preliminary work, considerable, but which we do not see. Both have a great mastery of their art.

Veronika joue parfois de ce tambour, le daf, aussi de la shruti-box, mais la belle flûte dont j’ai oublié le nom a refusé de sonner ce soir – les instruments sont tellement sensibles à l’hygrométrie et à la chaleur ! Veronika a surtout chanté, sa voix est vraiment très belle. Le répertoire, ce sont des chants traditionnels du monde, surtout Moyen-Orient, musique grecque, des Balkans et d’Amérique latine.
Veronika sometimes plays this drum, the « daf », also the shruti-box, but the beautiful flute whose name I forget refused to sound tonight – the instruments are so sensitive to humidity and heat! Veronika mostly sang, her voice is really beautiful. The repertoire is traditional songs from around the world, especially the Middle East, Greek music, the Balkans and Latin America.

Il y a en même temps une forte unité de style — leur marque de fabrique me semble facile à identifier — et une grande diversité dans le jeu des instruments. Le jeu de Jean-Pierre est nuancé au point… qu’on croit entendre une guitare basse quand il joue de la clarinette basse. Il adapte le volume sonore selon si Veronika chante en même temps : la voix est parfaitement audible et le texte accessible à ceux qui connaissent la langue utilisée. Et si c’est un instrumental, Jean-Pierre donne plus de volume dans un jeu extrêmement nuancé. Sa maîtrise des instruments m’a époustouflée !
There is at the same time a strong unity of style – their trademark seems easy to identify to me – and a great diversity in the playing of the instruments. Jean-Pierre’s playing is nuanced to the point… that you think you hear a bass guitar when he plays the bass clarinet. He adapts the sound volume depending on whether Veronika is singing at the same time: the voice is perfectly audible and the text accessible to those who know the language used. And if it’s an instrumental, Jean-Pierre gives more volume in an extremely nuanced game. His mastery of the instruments blew me away!

Pour jouer de cet instrument de bambou – faut-il l’appeler flûte ou clarinette ? – il pratique la respiration circulaire, cette technique permettant de souffler sans arrêt (il n’y a pas de réserve d’air comme dans la cornemuse !), déjà difficile. Et en plus, il tire de ce petit tube tout simple des sonorités incroyables.
To play this bamboo instrument – should it be called flute or clarinet? – he practices circular breathing, this technique allowing him to blow without stopping (there is no reserve of air like in the bagpipes!), already difficult. And what’s more, he draws incredible sounds from this simple little tube.

Je disais difficile d’écrire sur quelque chose qui s’écoute, j’ai encore plus de mal à parler de Veronika ! C’est un plaisir de l’écouter, de la regarder. J’ai particulièrement aimé son adaptation de la chanson de Brel, « ne me quitte pas », traduite en italien. Ne chante pas Brel qui veut, elle a pris possession de ce texte-là et nous donne une superbe chanson.
En cliquant ici ou là sur le texte en bleu, vous accéderez à des enregistrements sur youtube. Peut-être en trouverez-vous d’autres.
I said hard to write about something that can be listened to, I have even more trouble talking about Veronika! It is a pleasure to listen to her, to watch her. I particularly liked her adaptation of Brel’s song, « ne me quitte pas », translated into Italian. Not everyone can sing Brel, she took possession of this text and gives us a superb song.
By clicking here or there on the text in blue, you will access recordings on youtube. Maybe you will find others.

Fred Garcia, lui, est tout seul sur scène mais fait semblant du contraire : il interpelle des musiciens fameux dont il utilise en boucle quelques fragments enregistrés. Je crois qu’il adapte ce nouveau spectacle où il est seul, jusqu’à présent ils étaient plusieurs. Je suis toujours un peu étonnée de l’aisance des artistes sur scène, la qualité de leurs improvisations demandant une grande maîtrise technique.
Fred Garcia, on the other hand, is alone on stage but pretends to the contrary: he calls out to famous musicians from whom he uses a few recorded fragments on a loop. I think he is adapting this new show where he is alone, until now there were several of them. I am always a little surprised by the ease of the artists on stage, the quality of their improvisations requiring great technical mastery.

Fred est auteur compositeur interprète. Il propose ses histoires chantées, des chansons latino swing, ou d’autres styles… Valse ou jazz sont aussi ses musique de prédilection.
Au premier rang, Nanath est aux anges, la bossa nova ça lui parle, il chante dans un registre qu’elle connaît bien et aime beaucoup. Fred est très drôle, cabotin juste ce qu’il faut. C’est très différent comme soirée, on est plutôt entre copains. Jean-Pierre et Chantal sont là, qui constituent Souffle de Brume avec Fred : allez sur le site de ce dernier, il vous en parle.
Fred is a singer-songwriter. He offers his sung stories, Latin swing songs, or other styles… Waltz or jazz are also his favorite music.
In the front row, Nanath is in heaven, bossa nova speaks to her, he sings in a register that she knows well and likes a lot. Fred is very funny, playboy just right. It’s very different as an evening, we’re more among friends. Jean-Pierre and Chantal are there, who constitute Souffle de Brume with Fred: go to the latter’s site, he tells you about it.

Veronika , Jean-Pierre, Fred… Un point commun entre ces artistes si différents, c’est leur passion pour leur art. Tous les trois en ont fait leur métier. Nous venons de traverser une période pendant laquelle on voulait nous faire croire qu’on pouvait se passer de cette passion, que l’on soit public ou artiste.
Veronika, Jean-Pierre, Fred… A common point between these very different artists is their passion for their art. All three have made it their profession. We have just gone through a period during which they wanted us to believe that we could do without this passion, whether we are public or artist.

Un autre passionné, avec un parcours radicalement différent, c’est Patrick Mazellier. Dans les années 70 Paul l’avait rencontré dans un groupe de musique trad’. Jacques et Päivi nous ont invités à aller l’écouter en conférence. En plus d’être violoniste, il est chercheur en ethnomusicologie, si si ça existe ! Il propose « une approche des pratiques violoneuses en Dauphiné, Vivarais, Savoie : du violon au chant à danser, du rigodon à la bourrée ». Autant dire que c’est pointu. Autant avouer que ce fut une soirée trop spécialisée pour moi qui n’ai pas les connaissances de Mazellier. Il a fait un travail considérable de collectage auprès des musiciens traditionnels, le plus souvent âgés, que la radio a fait disparaître. Mazellier nous parle des relations entre les rythmes moteurs des danses et le jeu d’archet. Et à chaque fois, il prend son violon et nous fait une démonstration. Et à chaque fois, il joue avec aisance quelque chose de très difficile.
Another enthusiast, with a radically different background, is Patrick Mazellier. In the 70s Paul had met him in a traditional music group. Jacques and Päivi invited us to go and listen to him at a conference. In addition to being a violinist, he is a researcher in ethnomusicology, yes, that exists! He offers « an approach to violin practices in Dauphiné, Vivarais, Savoie: from violin to song to dance, from “rigodon” to “bourrée” ». Suffice to say, it’s sharp. As much to admit that it was an evening too specialized for me which does not have the knowledge of Mazellier. He has done a considerable job of collecting from traditional musicians, most often elderly, whom the radio has made disappear. Mazellier tells us about the relationship between the motor rhythms of dances and bowing. And each time, he takes his violin and gives us a demonstration. And each time, he plays something very difficult with ease.

Pour savoir où situer le plus gros de ses recherches, tracez une ligne d’est en ouest qui part de Savoie (un peu de Haute-Savoie) et traverse le nord de la Drôme et celui de l’Ardèche.
To know where to locate the major part of his research, draw a line from east to west that starts from Savoie (a bit of Haute-Savoie) and crosses the north of Drôme and that of Ardèche.

L’Ardèche, j’y suis née, j’y ai vécu vingt ans, et mes parents m’ont souvent raconté leurs difficultés dans les régions montagneuses et arriérées. À une même époque, on pouvait donc rencontrer des brutes ignorantes et des violoneux virtuoses : ce contraste me donne un autre regard sur cette belle région restée longtemps à l’écart. Je ne garderai pas de souvenir de la conférence trop technique de Patrick Mazellier, mais il me laisse une très bonne impression par cette ouverture sur le passé, et cela, je ne l’oublie pas.
Ardèche, I was born there, I lived there for twenty years, and my parents often told me about their difficulties in the mountainous and backward regions. At the same time, we could therefore meet ignorant brutes and virtuoso fiddlers: this contrast gives me another look at this beautiful region that has long remained apart. I will not remember Patrick Mazellier’s overly technical conference, but he left a very good impression on me with this openness to the past, and that I will not forget.

Et moi je chante…
C’est par le plus grand des hasards qu’on a commencé à faire de la musique avec Jacques et Päivi, cela fait maintenant plus d’un an. L’habitude est prise, et Paul et moi réussissons à avoir notre moment de musique à peu près chaque jour.
J’ai pris des cours particuliers de chant de façon régulière pendant quatre ans et demi, après quoi j’ai laissé tomber, puis je me suis remise à chanter. Je ne sais pas si je mets en pratique ce que j’ai appris, je sais que chanter est devenu un engagement, quelque chose d’aisé et de difficile en même temps.
Chanter c’est se jeter à l’eau
c’est faire une traversée
c’est prendre un risque
c’est lâcher tous ses repères…
And I sing…
It’s by chance that we started making music with Jacques and Päivi, it’s been over a year now. The habit is taken, and Paul and I manage to have our moment of music almost every day.
I took private singing lessons on a regular basis for four and a half years, after which I gave up and then started singing again. I don’t know if I put into practice what I learned, I know that singing has become a commitment, something easy and difficult at the same time.
To sing is to jump into the water
it’s to make a crossing
it’s taking a risk
it’s letting go of all your bearings…

fuschia en octobre — fuchsia in october

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