« Les deux Michel » mais pas que

LES PETITS POTINS DU MOMENT
BABBLE OF THE DAY

Quand je ne suis pas à clopiner sur mes cannes (rassurez-vous, c’est en train de rentrer dans l’ordre), quand Paul et nos Workawayers (ou devrais-je parler de « volontaires » comme fait Kristen ?) ont fini de désherber, planter, repiquer, tailler, broyer, construire des HLM de bambous pour les courges ou les framboisiers, que reste-t-il à faire au Charbinat ? Maintenant que Kristen maîtrise la fabrication des pâtes de A à Z et David celle des yaourts ?
When I’m not hobbling on my crutches (rest assured, it’s getting back to normal), when Paul and our Workawayers (or should I talk about « volunteers » like Kristen?) have finished weeding, planting, transplanting, pruning, grinding, building bamboo housing for pumpkin or raspberry, what is left to do in Charbinat? Now that Kristen has mastered the pasta from A to Z and David the yogurt?

On peut faire de la musique. David est aimanté tantôt par le piano, tantôt par la guitare. Il a même joué de l’accordéon diatonique de Paul alors qu’il connaît l’accordéon chromatique. Et puis Laurent est arrivé — mais comme c’était au mauvais moment pour mon genou, je n’ai pas pris de photos (mieux vaut avoir les mains libres pour cela). Deux musiciens ensemble, ça ne fait que du bon. Parfois je chante avec eux. On passe de bons moments musicaux.
Le seul regret : ne pas avoir d’archet pour que Kristen puisse jouer sur le violon de Paul.
We can make music. David is magnetized sometimes by the piano, sometimes by the guitar. He even played Paul’s diatonic accordion while he knows the chromatic accordion. And then Laurent arrived – but since it was at the wrong time for my knee, I did not take pictures (better to have your hands free for that). Two musicians together, it’s only good. Sometimes I sing with them. We have good musical moments.
The only regret: not having a bow for Kristen to play on Paul’s violin.

Laurent nous a fait une brève visite. Il envisage de poser sa tiny house ici, nous avons vraiment sympathisé. Alors il va certainement réapparaître ici ou là, au hasard de nos rencontres, avant son installation.
Isis, une amie française de David et Kristen, passe à son tour pour un bref séjour, tous trois étaient très heureux de se retrouver. Elle adopte ma guitare  — elle est musicienne.
Laurent gave us a brief visit. He plans to put his tiny house here, we really sympathize. So he will certainly reappear here or there, at the chance of our meetings, before his installation.
Isis, a French friend of David and Kristen, spends her time here for a brief stay, all three were very happy to meet again. She adopts my guitar – she is a musician.

Je fais découvrir Boby Lapointe à Kristen. C’est déjà difficile pour des Français de souche, alors pour des anglophones, courage !
I introduce Boby Lapointe to Kristen. It’s already difficult for French people, so for English speakers, be brave!

Nous avons proposé au SEL (Système d’Échange Local) une réunion chez nous. C’est l’occasion pour David de préparer une belle salade composée et un gâteau au chocolat.
We proposed to the SEL (Système d’Échange Local = Local Exchange System) a meeting in our home. This is an opportunity for David to prepare a nice mixed salad and a chocolate cake.

C’est la routine avec aussi tout un tas de petits événements toujours renouvelés.
Les journées sont rythmées par les coups de bec de l’oiseau fou qui voit son reflet dans la vitre et passe ses journées à l’attaquer.
It is the routine with also a whole lot of small events always renewed.
The days are punctuated by the pecking of the crazy bird who sees his reflection in the window and spends his days attacking it.

LES LECTEURS
THE READERS

Odile a la même réaction que moi : pour elle, être riche c’est avoir un yacht, deux trois villas et quelques autres menues bricoles. Elle ne pense pas qu’il est nécessaire d’être riche pour héberger des volontaires. D’ailleurs, ceux qui ont des yachts et tout ça, ils ont des larbins qu’ils considèrent comme des inférieurs, alors pourquoi leur consacreraient-ils du temps et de l’intérêt ?
Odile reacts like me: for her, to be rich is to have a yacht, two three villas and a few other minor things. She doesnt think it is necessary to be rich to host volunteers. Moreover, those who have yachts and all that, they have minions they consider inferiors, so why would they devote time and interest to them?

Cependant, il est évident que recevoir des gens n’est pas gratuit, que ce soient les invitations des amis, les hébergements de voyageurs (nous n’avons plus de demande CouchSurfing ou BeWelcome alors que nous sommes toujours inscrits) ou bien sûr les « workawayers ». Pourtant, nous entendons souvent des récits concernant des hôtes qui selon nous ne partagent pas du tout l’esprit « workaway ». Des journées de travail trop longues, des repas peu abondants, peu variés, une absence de contact… Pour tout dire nous passons des heures avec nos volontaires à préciser encore et encore comment nous concevons leur présence chez nous.

However, its obvious that welcoming people is not free, whether it is the invitations of friends, the accommodation of travelers (we have no more CouchSurfing request or BeWelcome while we are still registered) or of course the « workawayers ». Yet, we often hear stories about hosts who we do not believe share the « workaway » state of mind at all. Days of work too long, little meals, little variety, an absence of contact … To be honest we spend hours with our volunteers to specify again and again how we conceive their presence here.

Et comme j’ai abordé le sujet la semaine dernière, j’ai été très contente de la réaction de Marie-Do qui accueille beaucoup de voyageurs par CouchSurfing et pour qui « ouvrir sa maison est un bonheur », belle formule !
And as I discussed the subject last week, I was very happy with the reaction of Marie-Do who welcomes many travelers by CouchSurfing and for whom « open one’s house is a happiness », beautiful formula!

Cela me rappelle la panique dans un village de la Drôme quand la jungle de Calais a été détruite et qu’il a fallu accueillir des « migrants ». Une fois ces gens installés, tout le monde était satisfait, tant il est vrai que quand l’inconnu n’est plus un inconnu, il n’a plus rien d’effrayant.
It reminds me the panic in a village in the Drôme when « la jungle de Calais » was destroyed and they had to welcome « migrants ». Once these people settled, everyone was satisfied, so much so that when the stranger is no longer a stranger, he has nothing scary.

VOILÀ AUTRE CHOSE !
THIS IS ANOTHER THING!

« Vous êtes envahis par les limaces ? Pas grave, elles font partie de la biodiversité, elles sont utiles. Vous aurez la moitié de vos récoltes dévorées, courage, et apprenez à faire avec. »
Voilà un conseil que je ne suivrai pas ! Le jardinage est de plus en plus à la mode : ça sort les citadins de leur citadinité, ça fait prendre l’air, ça détend, et ça permet de manger des légumes sains alors que les scandales dans le domaine agro-alimentaires sont légion…
Alors, ça fait écrire tout le monde, et surtout ceux qui n’y connaissent rien. Pour toute personne ignorante qui déciderait de se lancer dans le jardinage, je lui conseillerais de rencontrer des gens plutôt que de lire tout ce qui s’imprime. De visiter des exploitations petites et grandes. Ça doit bien se trouver, non ?
Je ne devrais pas écrire ça alors qu’il existe quand même de vrais auteurs capables de parler de jardinage par expérience. Eux méritent d’être lus, et leurs propositions d’être pratiquées.

« Are you invaded with slugs? No matter, they are part of biodiversity, they are useful. You will have half of your harvests devoured, courage, and learn how to deal with it. »
Here is an advice I will not listen! Gardening is more and more fashionable: you leave the city, you breathe clean air, you relax, and you eat healthy vegetables while scandals in the agrifood industry are myriad …
So, that makes everyone write, especially those who do not know anything about it. For any ignorant persons who decide to start gardening, I would advise them to meet people rather than read everything that is printed. To visit small and large farms. It can be possible to find them, no?
I should not write that while there are still real writers who can talk about gardening by experience. They deserve to be read, and their proposals to be practiced.

ET L’ON ENCHAINE SUR
WE CONTINUE IMMEDIATELY WITH
Par chance nous avons remarqué assez vite que l’arbre de François était attaqué : j’ai agrandi le trou des insectes, et là où l’écorce était molle sous mes doigts j’ai creusé, gratté, et j’ai fini par détruire les prédateurs. Ensuite, nous avons consolidé l’arbre, bien affaibli, en l’attachant. Il semble tiré d’affaire.
Luckily, we soon noticed that François’ tree was attacked: I enlarged the hole of the insects, and where the bark was flaccid under my fingers I dug, scraped, and I ended up destroying the predators. Then we consolidated the tree, well weakened, by attaching it. It seems to get by.

Cependant, le cornus kousa donne des signes de faiblesse cette année. Au lieu d’une floraison opulente, il a quelques fleurs, seulement sur le dessus. Le tilleul de Henri décline lui aussi, sans doute va-t-il dépérir et mourir comme tant d’autres avant lui. Le terrain de ce beau parc fut un champ de maïs pendant des dizaines d’années, poisons variés à l’appui : quand nos arbres sont assez grands, leurs racines trouvent du désherbant et pfuit, c’est fini…
However, the “cornus kousa” is showing signs of weakness this year. Instead of an opulent bloom, it has some flowers, only on the top. Henry’s linden declines too, no doubt it will wither and die like so many others before it. The land of this beautiful park was a cornfield for decades, poisons varied to support: when our trees are large enough, their roots find weed killer and pfuit, it’s over …

Désherbant, dérèglement climatique, trop de froid, trop de chaud, trop d’eau ou pas assez. Les explications ne manquent pas. N’y pensons plus, on plantera encore et encore. J’ai retrouvé les photos du cornus kousa au temps de sa grande beauté.
Weedkiller, climate change, too much cold, too much hot, too much water or not enough. The explanations are not lacking. Do not think anymore, we will plant again and again. I found the photos of the “cornus kousa” at the time of its great beauty.

LES DEUX MICHEL
THE TWO MICHEL

Sébastien nous a fait une surprise : le soir du 25 mai, nous sommes allés à l’Espace Paul Jargot à Crolles. C’était intitulé « les deux Michel, contes et complaintes ». Grande fut notre surprise puisque nous ne savions pas où nous allions.
Sébastien gave us a surprise: the evening of May 25, we went to Espace Paul Jargot in Crolles. It was entitled « les deux Michel, contes et complaintes ». Our surprise was great since we did not know where we were going.

Des deux Michel, nous pensions n’en connaître qu’un. Cependant, Michel Faubert le Québécois collabore avec « La Bottine souriante » et il est le fondateur des « Charbonniers de l’Enfer ». Dans notre discothèque se trouvent des CD de ces deux groupes… Ce Michel-là n’est pas l’inconnu que nous croyions.
We thought we knew only one of the two Michel. However, Michel Faubert the Québécois collaborates with « La Bottine Souriante » and he created « Les Charbonniers de l’Enfer ». There are compact disks of these two groups in our discotheque … This Michel is not the unknown we believed.

Quand il habitait Montréal, Sébastien allait souvent aux soirées contes dans une salle appelée « le Sergent Recruteur ». Il a pu y écouter entre autres Michel Faubert et Michel Hindenoch le Français — les deux Michel. Paul avait côtoyé le deuxième, Michel Hindenoch – vous me suivez ? – un été avant même la création du groupe Grand-Mère Funibus Folk : c’était en 1971, Paul, au volant de sa mobylette, avait suivi l’équipe qui organisait un stage de musique. En soirée, des concerts étaient donnés au milieu de nulle part au fin fond de l’Ardèche. Paul a vécu là une expérience extraordinaire. Sans doute plus à cause de ses cheveux longs (à l’époque) que de la mobylette, Paul était surnommé l’Indien.
Nous avons encore quelque part une cassette de qualité moyenne enregistrée lors d’une de ces soirées mémorables.
Ce soir de mai, à Crolles, Michel Hindenoch s’est rappelé de l’Indien.
Après des débuts musicaux, Michel a migré tout doucement vers le conte, qu’il agrémente avec sa musique. Nous l’avions déjà écouté à quelques reprises à l’occasion de festivals. Le plus souvent, il est seul sur scène, et une soirée « des deux Michel » est exceptionnelle. La dernière fois, c’était il y a treize ans, si je me rappelle bien ce que le responsable de l’Espace Paul Jargot a précisé.

When he lived in Montreal, Sébastien often went to fairy tales in a place called « le Sergent Recruteur ». There, he listened among others Michel Faubert and Michel Hindenoch the French – the two Michel. Paul had been in contact with the second, Michel Hindenoch – you follow me? – on summer before the creation of Grand-Mère Funibus Folk: it was in 1971, Paul, driving his moped, had followed the team that organized a music course. In the evening, concerts were given in the middle of nowhere deep in the Ardèche. Paul lived an extraordinary experience there. Probably more because of his long hair (at the time) than the moped, Paul was nicknamed the Indian.
We still have somewhere a tape of average quality recorded at one of these memorable evenings.
That evening of May, in Crolles, Michel Hindenoch remembered the Indian.
After a musical debut, Michel slowly migrated to the tale, which he embellishes with his music. We had already listened to him a few times during festivals. Most often, he is alone on stage, and an evening of « two Michel » is exceptional. The last time was thirteen years ago, if I remember what the manager of l’Espace Paul Jargot said.

Les deux Michel étaient heureux de reparler du Sergent Recruteur.
Quant à la soirée… c’est absolument impossible à raconter.  Le décor est sobre, pas d’effets spéciaux, c’est aux artistes de faire le boulot et ils le font excellemment.
Les conteurs sont les passeurs d’histoires. Les récits sont des histoires de terroir, de gens ordinaires, des presque comme nous, et puis arrive une dimension fantastique.
Bien sûr on peut s’y attendre, mais je reste surprise à chaque détour. Ces légendes colportées n’ont rien à envier à la « grande » littérature et le conteur leur donne en plus une autre dimension. Même si l’on a deviné la suite, nos deux hommes, chacun avec son style propre, l’accompagnent doucement, à leur façon, à leur rythme. Ce n’est pas la chute qui compte, attendue parfois, c’est chaque mot, chaque note de musique, c’est le cheminement que nous suivons avec un très grand plaisir. Comme pour une randonnée, et selon la formule attribuée à Confucius ou à Lao-Tse, « ce n’est pas le but qui compte, c’est le chemin. »
Les deux Michel sont investis dans l’histoire, ils sont l’histoire.

Both Michel were happy to talk about « le Sergent Recruteur ».
About the evening … it’s absolutely impossible to tell. The decor is sober, no special effects, artists has to do the job and they do it excellently.
Storytellers are the story givers. The stories are stories of terroir, ordinary people, almost like us, and then comes a fantastic dimension.
Of course we can expect, but I’m surprised at every turn. These legends have nothing to envy to « great » literature and the storyteller gives them another dimension. Even if we guess what will happen, our two men, each with his own style, accompany it gently, in their own way, at their own pace. The end is sometimes expected, but it’s not the most important. We listen every word, every note of music, we follow the path with a great pleasure. It’s like for a hike, and according to the formula attributed to Confucius or Lao-Tse, « it’s not the goal that counts, it’s the way. »
Both Michel are invested in history, they are history.

Allez les écouter sur le web, même si rien ne vaut un spectacle « pour de vrai ». J’espère que vous aurez plaisir à découvrir nos deux artistes.
Go listen to them on the web, even if nothing is worth a show « for real ». I hope you will enjoy discovering our two artists.

Quand je racontais une histoire à mes élèves, je reprenais une formule empruntée… mais à qui ?
« Et cric, et crac, et mon histoire retourne dans le sac. »
When I told a story to my pupils, I used a formula … that I had stealed – but to who?
« And jack, and crack, and my story goes back into the bag. »

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