Poivre et pas de sel

Il y a eu plus de réactions que d’habitude à ma dernière publication : je remercie tous ceux qui se sont manifestés si gentiment ! Écrire sur mon blog m’a fait souvent l’effet de jeter une bouteille à la mer, maintenant ce n’est plus le cas.
There were more reactions than usual to my last post: I thank everyone who came forward so kindly! Writing on my blog has often had the effect of throwing a bottle into the sea, now it’s not.

J’ai été très fatiguée sans savoir pourquoi, je me suis laissée aller, j’ai attendu tranquillement que ça s’arrange. Puis j’ai repris le vélo, pas beaucoup, pas souvent. Le prochain défi, c’est d’égaler en 2020 le nombre de kilomètres parcourus en 2019, sachant que l’année dernière, c’était plus facile de se déplacer ! Une seule balade suffirait…
I was very tired without knowing why, I let myself go, I quietly waited for it to fix. Then I got back on the bike, not a lot, not often. The next challenge is to match the number of kilometers driven in 2019 in 2020, knowing that last year it was easier to get around! A single ride would suffice …

Il n’y a pas si longtemps, partir en vélo était facile. Paul est souvent venu avec moi. Par le plus grand des hasards, nous avons même rencontré Yves et cheminé avec lui, puis nos routes se sont séparées.
It wasn’t that long ago that cycling was easy. Paul often came with me. By the greatest of luck, we even met Yves and walked with him, then our roads separated.

Mais il y a toujours beaucoup à faire au jardin. En agriculture bio, on ne laisse jamais le sol nu pour favoriser la prolifération des micro-organisme dont on mesure de plus en plus l’importance. Paul protège le sol ou les plantes avec de la paille. Parfois, beaucoup moins souvent, il m’arrive à moi aussi de travailler au jardin : pour protéger les pommes contre les carpocapses, j’ai ramassé tous les fruits au pied de l’arbre, abandonnés car pourris. Il aurait fallu les brûler pour détruire les parasites, je me suis contentée de les éloigner des pommiers pour les composter. Des poules feraient disparaître efficacement les carpocapses, la question est à l’ordre du jour.
But there is always a lot to do in the garden. In organic farming, the soil is never left bare to promote the proliferation of microorganisms, the importance of which is increasingly recognized. Paul protects the soil or plants with straw. Sometimes, much less often, I also work in the garden: to protect the apples against carpocapses, I picked up all the fruit at the foot of the tree, abandoned because it was rotten. It would have been necessary to burn them to destroy the parasites, I contented myself with moving them away from the apple trees to compost them. Hens would effectively kill the carpocapses, the issue is on the agenda.

Je continue à nourrir les poissons. Pour le moment, ils ne se cachent pas au plus profond. Parfois j’enlève les feuilles tombées sur la mare, est-ce qu’elles dégagent des nitrates en se décomposant ? Les poissons ne m’ont jamais rien dit à ce sujet, ils sont taiseux, muets comme des carpes.
I continue to feed the fish. At the moment, they are not hiding deep down. Sometimes I remove the fallen leaves from the pond, do they give off nitrates as they decompose? The fish never told me anything about it, they are silent, silent as carp.

Nous n’avons pas pu partir en septembre pour notre voyage presque rituel : ça nous a laissé plus de temps pour préparer le jardin pour l’hiver. D’une chose à l’autre, Paul a planté des dizaines et des dizaines de salades sous la serre — les regarder me met l’eau à la bouche ! Paul travaille beaucoup plus que moi au jardin. Alors, quand je vais y passer un moment, je l’aide juste assez pour finir ce qu’il a commencé. Mais le plus souvent je trouve de bons prétextes pour faire autre chose.
We weren’t able to leave on September for our almost ritual trip – it gave us more time to prepare the garden for the winter. All in all, Paul has planted dozens and dozens of salads in the greenhouse – watching them makes my mouth water! Paul works a lot more than I do in the garden. So when I go to spend a while there, I help him just enough to finish what he started. But more often than not I find good excuses to do something else.

Malgré le confinement, quelques personnes ont pu venir récolter du poivre du Sichuan, ce bel arbre maintenant bien productif. Nous avons appris trop tard qu’on peut aussi utiliser les baies au printemps quand elles sont vertes : pour les avoir goûtées, je connais leur pouvoir anesthésiant à ce stade. Pendant deux heures on n’a plus que ce goût dans la bouche. Au printemps prochain, nous ferons certainement une première récolte.
Despite the confinement, a few people were able to come and harvest Sichuan pepper, this beautiful tree that’s now very productive. We learned too late that you can also use berries in spring when they are green: having tasted them, I know their numbing power at this stage. For two hours you only have this taste in your mouth. Next spring we will certainly have a first harvest.

Les graines ne sont pas encore formées en mai.
The seeds are not yet formed in May.

Il est nécessaire de préciser une chose : le poivrier du Sichuan (zanthoxylum piperitum) ne fait pas partie de la famille botanique du poivre (piper nigrum). On utilise ses baies, mais pas la graine à l’intérieur qui n’a aucun goût. Le poivrier est une plante grimpante, une liane qui a besoin d’un support, le poivrier du Sichuan est un arbre — couvert d’épines, même sur les feuilles !
It is necessary to clarify one thing: the Sichuan pepper tree (zanthoxylum piperitum) is not part of the botanical family of pepper (piper nigrum). We use its berries, but not the seed inside which has no taste. The pepper tree is a climbing plant, a liana that needs support, the Sichuan pepper tree is a tree – covered with thorns, even on the leaves!

Allez, je pousse la recherche un peu plus loin : la durée de vie de la graine de poivrier est courte, il ne faut pas semer des graines du commerce, ça ne donnerait rien. Il lui faut 18°C minimum et 100% d’humidité, c’est une plante tropicale. Ne soyez donc pas surpris que notre poivrier du Sichuan se plaise dans notre région. Ce n’est pas un piper nigrum
Come on, I take the research a little further: the lifespan of the pepper seed is short, you should not sow commercial seeds, it would not work. It needs at least 18 ° C and 100% humidity, it is a tropical plant. So don’t be surprised that our Sichuan pepper plant is popular in our region. It’s not a piper nigrum

Notre amie Tinghong était chez nous à l’époque de la première récolte, elle nous a donné des informations directement venues de Chine pour savoir quand récolter. Depuis, nous avons appris qu’il faut laisser sécher les graines rouges, qui brunissent et s’ouvrent. Nanath et Gaëlle ont trouvé là un passe-temps original, séparer la baie de sa jolie graine noire et brillante. Sur les photos, ce sont les mains de Paul, occupées à ce labeur délicat !
Our friend Tinghong was with us at the time of the first harvest, she gave us information directly from China on when to harvest. We have since learned that the red seeds should be allowed to dry, which will turn brown and open. Nanath and Gaëlle have found there an original pastime, to separate the berry from its pretty black and shiny seed. In the photos, it is Paul’s hands, busy with this delicate work!

Quand Manu est venu à son tour récolter des graines de poivre du Sichuan, je n’ai pas pensé à lui demander les nouvelles de son propre poivrier, planté tout récemment. Mais Manu est un bon jardinier, très attentif, et d’autre part le poivrier du Sichuan est très rustique. Notre ami aura certainement bientôt sa propre production.
Nous avons pu bavarder un peu avec lui, nous avons déploré l’arrivée du Rassemblement National sur sa commune, nous n’avions pas eu l’occasion d’en parler depuis le mois de mars.
When Manu also came to harvest Sichuan pepper seeds, I did not think of asking him for news of his own pepper plant, which had been planted very recently. But Manu is a good gardener, very attentive, and on the other hand the Sichuan pepper tree is very hardy. Our friend will certainly have his own production soon.
We were able to chat with him a bit, we deplored the arrival of the « Rassemblement National » (far-right party) in his town, we had not had the opportunity to talk about it since March.



Le froid arrive, avec des températures en dessous des moyennes saisonnières. Première nuit de gel dans la nuit du 20 au 21 novembre (- 1.7°C, ce n’est pas encore la Sibérie). La troisième nuit froide, ça descend à – 3.2°C et un robinet est fendu par le gel.
Cold is coming, with temperatures below seasonal averages. First frost night on the night of November 20 to 21 (- 1.7 ° C, not Siberia yet). The third cold night, it goes down to – 3.2 ° C and a tap is cracked by the frost.

J’ai pris l’habitude de faire des massages à Paul dont l’arthrose devient plus méchante avec la mauvaise saison : nous nous installons devant son ordinateur et regardons des vidéos, cela permet de faire durer le massage !
I got into the habit of giving massages to Paul, whose osteoarthritis gets worse with the bad weather: we sit in front of his computer and watch videos, it keeps the massage going!

Nous regardons des rediffusions d’Arte, notre chaîne de prédilection, vous le savez, j’en parle assez souvent. D’autre part, Paul a trouvé sur youtube une émission de la RTS (radio télévision suisse) et nous nous intéressons à l’émission « PaJu », « Passe-moi tes jumelles », où nous apprécions les beaux portraits de gens qui ont choisi une existence hors des sentiers battus.
We watch reruns of Arte, our channel of choice, you know, I talk about it quite often. On the other hand, Paul found on youtube a program of the RTS (Swiss radio television) and we are interested in the program « PaJu », « Passe-moi tes jumelles — Give me your binoculars », where we appreciate the beautiful portraits of people who have chose an existence off the beaten track.

Nous avons aussi pris un abonnement auprès des « mutins de Pangée », qui se définissent comme une coopérative audiovisuelle et cinématographique de production, d’édition et de distribution (en salles, DVD, VOD).
We have also taken out a subscription with the « mutins de Pangée », which defines itself as an audiovisual and cinematographic cooperative of production, edition and distribution (theaters, DVD, VOD).

Parmi les découvertes assez fantastiques que nous faisons avec ces organismes, il y a Sylvie Ramu, dont j’aime beaucoup les personnages.
« Sylvie Ramu est une sculptrice qui vit dans un grand domaine vinicole à Essertines dans le canton de Genève avec toute sa grande famille. »
Among the rather fantastic discoveries that we make with these organizations, there is Sylvie Ramu, whose characters I really like.
« Sylvie Ramu is a sculptor who lives in a large wine estate in Essertines in the canton of Geneva with all her large family. »

Passer par un écran pour montrer des paysages grandioses a un côté artificiel, mais les images me donnent souvent des envies de voyage. En outre, d’une chose à l’autre, nous avons regardé beaucoup de récits de vie qui n’ont rien à voir avec le monde moderne et agité : des gens, certains sont jeunes, font le choix de s’isoler plus ou moins, et ils créent ou reprennent une exploitation agricole.
Going through a screen to show grandiose landscapes has an artificial side, but the images often make me want to travel. Also, from one thing to another, we have watched a lot of life stories that have nothing to do with the modern and hectic world: people, some are young, make the choice to isolate themselves more or less, and they create or take over a farm.

Je suis persuadée que je partage leur ressenti : un besoin de retour aux sources qui n’est pas une démarche intellectuelle, idéologique. Il s’agit de l’écoute de quelque chose qui vient du plus profond de nous, que la ville et l’agitation font disparaître, mais qu’une belle randonnée peut faire émerger à nouveau dans notre conscience.
I am convinced that I share their feelings: a need to go back to basics that is not an intellectual, ideological process. It is about listening to something that comes from deep within us, something that the city and the hustle and bustle take away from us, but which a beautiful hike can bring to our consciousness again.

Je vis à la campagne et je peux tout arrêter pour observer une araignée, un oiseau, la façon dont le vent entraîne un nuage de feuilles mortes… Je suis proche de ce qu’on appelle « la nature », même si je peux voir passer voitures et camions depuis ma fenêtre. Je suis loin de ceux qui élèvent leurs troupeaux dans la montagne.
I live in the countryside and I can stop everything to observe a spider, a bird, the way the wind carries a cloud of dead leaves… I am close to what is called « nature »,
even though I can see cars and trucks pass from my window. I am far from those who keep their flocks in the mountains.

Sans en faire autant, j’ai passé la tondeuse sous le platane pour aller porter ses feuilles ailleurs, et dans les bambous pour éradiquer leur repousse. Je vais développer mon côté paysan en fabriquant des fromages. Une révolution bien plus discrète que celles auxquelles nous assistons par écran interposé !
Without doing the same, I ran the mower under the plane tree to carry its leaves elsewhere, and in the bamboos to eradicate their regrowth. I will develop my peasant side by making cheeses. A revolution much more discreet than those we are witnessing by interposed screen!

Je n’ai pas spécifié la grande nouveauté car ici tout le monde le sait : Jean-Paul et Cosette sont à la retraite tous les deux cette année. Alors Jean-Paul commence à prendre des cours de guitare, c’est aussi facile que d’aller manger à la cabane, il va taper à la porte de Lolo.
I did not specify the great news because everyone here knows it: Jean-Paul and Cosette are both retired this year. So Jean-Paul starts taking guitar lessons, it’s as easy as going to eat at the cabin, he goes to knock on Lolo’s door.

Il a fait appel à Séb pour l’aider à réparer sa cabane de jardin qui, après pas loin d’une dizaine d’années, penchait de façon inquiétante.
He called on Séb to help him repair his garden shed, which after nearly ten years was worryingly tilting.

Parfois c’est Claude qui vient emprunter la bétonnière ou raboter quelques planches à l’atelier.
Sometimes it’s Claude who comes to borrow the concrete mixer or plan a few boards at the workshop.

Laurent part à pied pour faire ses courses de l’autre côté de Morestel sept ou huit kilomètres dans un vent bien frais, ou encore il va au marché en vélo alors qu’il fait zéro degré. Bien couvert, il s’en moque et vit sa vie…
Laurent goes shopping on foot on the other side of Morestel for seven or eight kilometers in a very cool wind, or he goes to the market by bike when it is zero degrees. Well covered, he doesn’t care and lives his life …

Ici, nos existences continuent sans souci particulier. Le confinement empiète peu sur nos existences, puisqu’on a de l’espace sans sortir de la propriété. L’arrivée du froid nous cloitrerait plus facilement. Nous guettons le soleil pour profiter de sa douceur, mais quand il ne veut pas apparaître, c’est plus difficile de rester actif.
Here, our lives continue without any particular concern. Confinement does not interfere with our lives, since we have space without leaving the property. The onset of cold would trap us more easily. We watch for the sun to take advantage of its softness, but when it does not want to appear, it is more difficult to stay active.

LA SUITE, EN VRAC
THE SUITE, IN BULK
Poisson – projet de vie

Petit poisson cherche petit poisson pour occuper joli bocal-studio, eau courante les jours de pluie, pour partager aventures palpitantes dans charmant petit bocal à aménager – baleine s’abstenir
Fish – life project
Little fish looks for little fish to occupy a pretty studio bowl, running water on rainy days, to share thrilling adventures in a charming little bowl to set up – whale abstain

 

La lune joue à cache-cache.
The moon is playing hide and seek.


Brumes à Saint-Victor-de-Morestel
Mists at Saint-Victor-de-Morestel

 

Grillage mangeur d’arbre (ou le contraire)
Tree-eating fence (or vice versa)

 

Bientôt la nuit…
Soon the night …


8 réflexions sur « Poivre et pas de sel »

    • Le poivre du Sichuan s’utilise en effet en épice. Nous avons un mortier dans lequel Paul mélange du poivre noir, du blanc, du poivre du Sichuan… ce qu’il a sous la main… Nous les broyons dans le mortier, mais comme les fragments sont un peu gros nous le passons parfois au chinois. Ou encore nous le saupoudrons tel quel, par exemple sur de la viande…

      J’ai essayé d’en mettre dans de la compote, pas trop, c’est intéressant.

      Une amie en ajoute deux grains dans son thé, avec aussi de l’écorce d’orange… Elle dit que ça booste !

      Beaucoup d’utilisations sont possibles : n’en achète pas, on peut t’en envoyer par la poste si tu souhaites essayer !

  1. Oui les images de paysages font voyager du moins virtuellement mais c’est déjà beaucoup. Merci pour ces belles photos ça fait du bien de voir la campagne, qui me me changent les idées dans mon quotidien de citadin confiné.
    Pendant le premier confinement je cherchais à lire des livres pour m’évader et je suis tombé sur « l’axe du loup » de Sylvain Tesson que je recommande chaudement . Superbe récit qui raconte son périple de 3000 km pour relier Darjeeling de la Sibérie.

    • Rien ne remplace le voyage « en vrai » me semble-t-il, au sens où il ne faudrait pas se contenter de voyager par procuration. Pourtant, je suis tout à fait d’accord avec toi, il y a des tas de façons de voyager immobile : pour nous, c’est aussi l’hébergement de tous les « helpers », que nous pratiquons depuis 2012. Nous avons reçu dans ces conditions pas loin de quatre-vingt-dix personnes qui nous ont fait connaître un peu de leur propre pays.
      Je ne pourrai jamais faire le centième de ce que fait Sylvain Tesson, c’est bien que les gens comme lui partagent leurs fantastiques expériences.
      Mais au fait, savais-tu que ma nièce Élisabeth écrit des livres ? Ci-dessous, quelques mots sur son dernier opus, « mission en Sibérie » :

      https://www.babelio.com/livres/Rivoire-Mission-en-Siberie/1212720

  2. Chère Caly, Je ne me manifeste pas beaucoup, mais je tenais à vous le confirmer et à vous encourager: pour ma part, votre blog est attendu chaque mardi, lu – français & anglais – et regardé. Interesting, indeed ! A partir du samedi 28, nous pourrons donc nous déplacer jusqu’à 20km… Je projette d’aller à vélo vous dire bonjour avec Manwei un jour où la météo sera favorable. Le poivre de Sichuan, elle doit bien connaître aussi. D’ici là, remettez-vous de votre fatigue (gelée royale de chez l’apiculteur ?). Bien à vous et à Paul. Personnellement, les soirées musicales au chaud chez vous me manquent beaucoup… / Armelle

    • Quelle bonne surprise de vous voir apparaître sur mon écran, Armelle ! Je suis très heureuse aussi de votre appréciation. J’aurai plaisir à recevoir votre visite, et aussi à revoir Manwei. Pour le vélo, j’en ai fait hier sans aucun problème, j’ai eu trop chaud !
      Nos soirées musicales nous manquent beaucoup à nous aussi. Déprogrammé le 21 mars 2020, le concert de Martine Scozzesi est reporté au 20 mars 2021, en croisant très fort les doigts pour que ce soit possible !
      Merci pour votre message…

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