Chaud et sec, sec et chaud


J’ai omis de préciser que je continue à publier mes petites chroniques toutes les deux semaines. Merci de t’en être inquiétée, Geneviève. Tu m’attendais et je ne suis pas venue – désolée.

I left out to mention that I continue to publish my little columns every two weeks. Thanks for worrying about that, Geneviève. You were expecting me and I did not come – sorry.


Je vais sans doute conserver ce rythme bien ralenti tant qu’il fait trop chaud et trop sec. Cet excès de « beau » temps me fatigue : j’essaie d’aller au jardin chaque jour le plus tôt possible pour faire ce qui est le plus urgent, sans même avoir pris ma douche. La suite des journées est le plus souvent assez tranquille, avec maintenant beaucoup de tris de fruits ou de légumes (pommes, prunes, tomates, haricots…).
I’ll probably keep this slow pace as long as it’s too hot and too dry. This excess of « nice » weather tires me out: I try to go to the garden every day as soon as possible to do what is most urgent, without even taking my shower. The rest of the days is usually quite quiet, with now a lot of sorting of fruits or vegetables (apples, plums, tomatoes, beans…).

Mon inquiétude paysanne (quand va-t-il pleuvoir) rejoint les préoccupations écologiques mondiales sur l’avenir de la planète. C’est sans doute cela qui me fatigue : on sait ce qu’on sait, on voit ce qu’on voit, et on se demande quel héritage empoisonné sera le lot des générations futures.
My peasant concern (when is it going to rain) matches global ecological concerns for the future of the planet. This is probably what tires me: we know what we know, we see what we see, and we wonder what poisoned heritage will be the lot of future generations.

Nous connaissons une canicule classée parmi les cinq premières par ordre d’importance depuis que l’on archive les données météo. La sècheresse qui l’accompagne va avoir des conséquences catastrophiques. D’habitude, les médias en font déborder leurs JT : déshydratation, personnes âgées en danger, interdiction de laver les voitures… Cette année, le silence…
We are experiencing a heat wave ranked in the top five in order of importance since the weather data was archived. The drought that accompanies it will have catastrophic consequences. Usually, the media overflow their news: dehydration, old people in danger, ban on washing cars … This year, the silence …

Paul et moi pensons que peut-être, il va se passer bientôt des choses vraiment désagréables : « Vous chantiez, j’en suis fort aise, eh bien dansez maintenant ! » répond la fourmi à la cigale imprévoyante. On va peut-être bientôt nous dire que nous avons bien assez chanté, et que c’est notre faute encore une fois si nous nous sommes défoulés pendant tout l’été en abandonnant toutes les mesures d’hygiène…
Paul and I think that maybe some really nasty things are going to happen soon: « You were singing, I’m very glad, well dance now! » the ant answers to the improvident cicada. They may soon tell us that we have sung enough, and that it is our fault once again that we let off steam all summer by abandoning all hygiene measures …

Dans le stock infernal d’informations contradictoires dont nous sommes submergés, je me suis fait quelques convictions : ce ne sont pas les animaux qui sont responsables de la pandémie actuelle, ce sont les humains qui ont détruit leur habitat dans leur course au profit. Les animaux sauvages, privés de moyens de subsistance, émigrent (sans papiers) vers d’autres contrées. Qu’importe de savoir si un Chinois a mangé un pangolin. Il importe de savoir encore une fois que la destruction des forêts pour en piller les richesses et/ou les replanter génère des conséquences de ce type.
In the infernal stockpile of contradictory information in which we are inundated, I have made a few beliefs: it is not the animals who are responsible for the current pandemic, it is the humans who have destroyed their habitat in their race for profit. Wild animals, deprived of means of subsistence, migrate (without identity papers) to other regions. It doesn’t matter if a Chinese ate a pangolin. It is important to know once again that the destruction of forests to plunder their wealth and / or replant them generates consequences of this type.

Autres conséquences de la pandémie : Paul me signale un nouveau scandale.
Other consequences of the pandemic: Paul informed me of a new scandal.

“Alors que Casino a bénéficié « d’un montant estimé à 450K€ » au titre du chômage-partiel selon la CFE-CGC, et que l’ensemble des salariés qui ont continué à travailler pendant le confinement n’ont pas pu bénéficier d’une prime, le groupe a décidé d’octroyer une prime de 655K€ à son PDG Jean-Charles Naouri.”
“While Casino benefited « from an estimated amount of 450K € » for partial unemployment according to the CFE-CGC, and all the employees who continued to work during confinement were not able to benefit from a bonus, the group has decided to grant a bonus of 655K € to its CEO Jean-Charles Naouri.”

Fin mai, « le Canard enchaîné » racontait la même histoire avec d’autres protagonistes.
At the end of May, « le Canard enchaîné » told the same story with other protagonists.

La rémunération totale du patron du groupe GFI avoisinerait 4.9 millions d’euros.
The total remuneration of the boss of the GFI group is estimated to be around 4.9 million euros.

En attendant les surprises que nous mitonne peut-être le gouvernement, nous arrosons le jardin mais avec des arrosoirs, pas avec des billets de banque.
While waiting for the surprises that the government may be brewing for us, we water the garden but with watering cans, not with banknotes.

Pendant l’été, le débit de la source a diminué, pour atteindre un niveau jamais atteint depuis que nous sommes installés ici (année 1973). Et puis, en août, le débit a augmenté un peu : quelque part, il a plu. Nous ne savons pas d’où vient notre eau, nous savons que cette pluie lointaine a suffi à augmenter un peu le débit.
During summer, the flow of the spring decreased, reaching a level not reached since we settled here (year 1973). And then, in August, the flow increased a bit: somewhere it rained. We don’t know where our water is coming from, we know that this distant rain was enough to increase the flow a bit.

Nous espérons que nos arbres supporteront jusqu’au bout la chaleur et la sécheresse. Dans la mare, les poissons aussi ont été mis à rude épreuve ! Le 13 août, je m’aperçois qu’ils commencent à se tortiller dans deux ou trois centimètres d’eau ! Urgence absolue pour eux. Je les capture aisément et les installe dans un seau d’eau : impossible de prendre des précautions pour éviter le choc thermique. Un moment plus tard, passant par là, Séb découvre un poisson tout à fait mécontent tout seul dans la boue, et il lui fait rejoindre ses collègues.
We hope our trees will endure the heat and drought until the end. In the pond, the fishes were also put to the test! On August 13th, I realize they start to squirm in two or three centimeters of water! Absolute urgency for them. I easily capture them and put them into a bucket of water: it is impossible to take precautions to avoid thermal shock. A moment later, passing by, Séb discovers a completely unhappy fish all alone in the mud, and he makes it join its colleagues.



Paul installe une grande bâche en plastique pour rendre étanche le bassin et nous y installons la troupe, cette fois en douceur.
Paul installs a large plastic sheet to make the basin waterproof and we install the troops there, this time gently.

Laurent vide la mare et transporte la boue sur un tas de compost. Ce travail est très pénible, il y travaille un moment chaque jour et à la fin, je pense qu’il a charrié deux mètres cubes de boue ou même plus !
Laurent empties the pond and transports the mud to a compost heap. This job is very tedious, he works at it for a while every day and at the end of it I think he has carried two cubic meters of mud or even more!

Beaucoup de vies aquatiques sont détruites à cette occasion. Je n’ai pas vu cette libellule sortir de l’eau à l’état de larve, et j’espère que je pourrai un jour assister à ce beau spectacle, mais j’ai eu la chance d’admirer la libellule, posée sur son roseau à côté de la chrysalide désormais inutile. Dommage pour les autres larves, transportées sur le tas de compost ! On arrive à sauver des poissons prisonniers dans la boue, car ils bougent et on peut les voir. Mais inutile de chercher une chrysalide de moins de dix centimètres de long.
Many aquatic lives are destroyed on this occasion. I did not see this dragonfly come out of the water as a larva, and I hope that one day I will be able to attend this beautiful spectacle, but I had the chance to admire the dragonfly, posed on its reed next to the now useless chrysalis. Too bad for the other larvae, transported to the compost heap! We manage to save fish trapped in the mud, because they move and we can see them. But no need to look for a chrysalis less than ten centimeters long.


Nous avons un pommier qui, l’an dernier, a eu une seule pomme, et encore elle a pourri… Cette année, bien en avance, les pommes sont abondantes et mûres.
We have an apple tree which, last year, had only one apple, and again it rotted… This year, well in advance, the apples are abundant and ripe.

En juin — In June



Pour les prunes, c’est un peu différent : une grosse branche du vieux prunier s’est cassée, trop chargée. Les fruits sont à portée de main, nous attendons qu’ils se détachent facilement de la branche.
For plums, it’s a bit different: a large branch of the old plum tree broke off, too heavy. The fruits are at hand, we expect them to easily come off the branch.

Trop beau, trop sec ? Autour du 20 août commencent de vrais changements, un peu de pluie tombe et si le soleil reste très présent, la température devient presque supportable. Quand j’ai fini la confiture de prunes, je commence des compotes de prune-pomme, poire-pomme (les poires, une nouveauté)… Si la pluie insiste, j’aurai des kilos de mûres à récolter et à préparer !
Too nice, too dry? Around August 20 real changes begin, few rain falls and if the sun remains very present, the temperature becomes almost bearable. When I have finished the plum jam, I start plum-apple, pear-apple compotes (pears, a novelty) … If the rain persists, I will have kilos of blackberries to harvest and prepare!

Paul fait lui aussi beaucoup de travaux de conserve. Il se charge des coulis de tomates, nous trions ensemble les haricots qui finiront dans le congélateur (la récolte des haricots est superbe).
Paul also does a lot of canning. He takes care of the tomato coulis, we sort together the beans which will end up in the freezer (the beans harvest is superb).

Après le dur travail de Laurent, c’est au tour de Paul de vider la mare, d’une autre façon, bien pénible elle aussi ; le béton armé est solide. De mon côté je sors les derniers seaux de boue. C’est alors que je vois une grenouille qui se cachait sans doute dans un petit trou d’eau. J’essaie en vain de l’attraper, elle aurait pu cohabiter avec les poissons comme elle a toujours fait, mais elle m’échappe…
After Laurent’s hard work, it’s Paul’s turn to empty the pond, in another way, which is also very painful; reinforced concrete is solid. For my part I take out the last buckets of mud. It was then that I saw a frog that was probably hiding in a small water hole. I try in vain to catch it, it could have lived with the fishes as it always did, but it escapes me …

Ci-dessus : il y a longtemps, il y avait encore de l’eau, Séb venait de poser le pare-bambou.
Above: a long time ago, there was still water, Séb had just put the bamboo barrier.




Depuis longtemps je ne publie plus de portraits. J’ai pris l’habitude de traverser le parc et de suivre mon inspiration au gré des floraisons, il manque quelques humains sur mon blog, non ?
I haven’t published portraits for a long time. I got into the habit of walking through the park and following my inspiration as the blooms blossom, I’m missing a few humans on my blog, right?

Impossible de vous dire tout de suite quand nous nous reverrons… Mais ce sera vite là de toute façon.
Impossible to tell you right away when we will meet again… But it will be there soon anyway.

Lagerstroemia


4 réflexions sur « Chaud et sec, sec et chaud »

  1. Au sujet de la destruction des forêts :
    L’activité humaine en est évidemment responsable (Brésil, Indonésie), on voit disparaître petit à petit ce qui reste des forets primaires et c’est bien triste.
    A cela s’ajoute les dégâts des incendies de forêts qui peuvent prendre également des dimensions démesurées (Californie, Amazonie, Australie mais également Sibérie, et Suède). Je ne sais pas combien de centaines de milliers d’hectares peuvent disparaître en une année mais le total doit être vertigineux.
    Sinon il y a tout de même des initiatives intéressantes comme l’association Avenir forêt qui collecte des fonds pour acheter des forêts, afin de les gérer de manière durable, raisonnée et écologique.
    Sinon je vois que mon patron est en bonne place dans cette chronique, il va falloir que je continue à bosser dur pour le permettre d’éviter de tomber dans la misère…

    • La destruction des forêts, ce n’est pas seulement triste, c’est catastrophique ! Les conséquences seraient planétaires.
      Je suis allée du côté de l’association « Avenir forêt », c’est une belle initiative.
      Tu es bien aimable pour ton patron, il ne pouvait attendre mieux de toi !
      Merci pour tout Jérôme !

      • Au sujet des forêts, je suis tombé sur un passage dans « une très légère oscillation » de Sylvain Tesson :
        « La forêt ressemble à ce que devrait être une culture (…)
        Ils (les arbres) sont mélomanes. Ils grincent, chuintent, bruissent. Leurs feuillages murmurent des secrets. Leurs troncs se plaignent de souffrances. Entrer dans la forêt, s’est s’installer sous l’orchestre. Mais la musique est douce et accueille souvent le silence, dont l’historien Alain Corbin vient d’expliquer dans son Histoire du silence combien il est une marque de lacivilisation. (…) »

        • Dans « la légende des montagnes qui naviguent », de Paolo Rumiz, j’ai noté (p 92 édition Arthaud) l’histoire du violoncelliste, Mario Brunello, qui enfonce la virole de son violoncelle dans un arbre, dans la forêt où Stradivari venait chercher son bois, et se met à jouer. Peu à peu l’arbre répond (ou la forêt ?).
          À propos du violoncelle, Rumiz précise :
          « L’histoire de l’arbre est écrite dans ses veines. Il s’agit d’un épicéa commun, le bois de résonance des luthiers, celui qui possède la diffusion du son la plus rapide. Il révèle toujours son origine, son âge, les climats sous lesquels il a vécu, l’un après l’autre. »
          Citation à rapprocher des propos de Sylvain Tesson.
          En résumé, être attentif, à l’écoute. Ce n’est pas facile de découvrir les secrets des arbres puisque nous ne parlons pas le même langage, mais on a tout à apprendre…

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