Hic et nunc, ab hoc et ab hac

Pourquoi ce titre ?
Je l’ai déniché en deux parties dans « le dictionnaire des jolis mots »
Why this title?
I unearthed it in two parts in « the dictionary of pretty words »

« Une belle photo vaut mieux qu’un long discours. » Napoléon Bonaparte
« Un tas de belles photos remplace avantageusement les discours oiseux de Napoléon Bonaparte. » Moi
« A beautiful photo is better than a long speech. » Napoleon Bonaparte
« A lot of beautiful photos replace advantageously the vain speeches of Napoleon Bonaparte. » Me

 

 

« Allo! C’est Nathalie de workaway, j’ai un problème… »
Les hôtes chez qui elle vient d’arriver ne veulent plus l’héberger  car elle n’est pas vaccinée… Elle n’a pas été prévenue : ils ont sans doute oublié de mettre à jour leur profil.
Eh bien, tout le monde connaît les précautions à prendre, alors sa présence ne nous dérange pas, bien au contraire. Paul propose qu’elle vienne dans l’après-midi, le temps d’enlever les toiles d’araignée et de refaire le lit… Après notre indispensable sieste bien sûr.
Nathalie a l’habitude d’aller chez les autres et c’est très agréable, elle se rend utile sans attendre.
Pour fêter son arrivée sans doute, une onagre se déploie exprès pour elle, nous assistons à ce spectacle toujours renouvelé et toujours identique avec le même ravissement.
« Hello! I’m Nathalie from workaway, I have a problem … »
The hosts she has just arrived with no longer want to host her because she is not vaccinated … She was not notified: they probably forgot to update their profile.
Well, everyone knows the precautions to take, so her presence does not bother us, quite the contrary. Paul suggests that she come in the afternoon, time to remove the cobwebs and make the bed again… After our essential nap of course.
Nathalie is used to going to other people’s homes and it is very pleasant, she makes herself useful right away.
To celebrate her arrival, no doubt, an evening primrose is deployed on purpose for her, we witness this spectacle always renewed and always identical with the same delight.

La voilà, entre les fleurs fanées de la veille et celle dont le sépale commence à se déchirer.
Here it is, between the wilted flowers of the day before and the one whose sepal is starting to tear.

Autre spectacle, à la loupe (avec mes doigts, en arrière) :
Another show, under the magnifying glass (with my fingers, back):

En bas à droite, les horribles cacopsylla pulchella qui s’obstinent à faire mourir l’arbre de Judée, qui, lui, s’obstine à survivre malgré ces prédateurs.
Bottom right, the horrific cacopsylla pulchella, which persists in killing the Judaea tree, which itself persists in surviving despite these predators.

Alors que Paul et moi sommes très critiques sur bien des sujets, c’est très agréable d’héberger une personne aussi dynamique et positive. Nous oublions parfois certains effets du confinement, qui a généré de la fraternité et favorisé pour beaucoup une prise de conscience : il faut arrêter de mener une vie de dingue, réfléchir à un avenir différent, et en profiter pour faire du bien à la planète.
While Paul and I are very critical on a lot of things, it’s really nice to host such a dynamic and positive person. We sometimes forget certain effects of confinement, which has generated fraternity and for many people fostered awareness: we must stop leading a crazy life, think about a different future, and take advantage of it to do good for the planet.

Nous devons abandonner Nathalie trois jours après son arrivée pour aller voir des amis près de Grenoble : nous manquons de chance, nous sommes pris dans des embouteillages à l’aller comme au retour. Pour une trajet d’un peu plus de cent kilomètres, dont une bonne partie avec autoroute, il nous faut le matin presque une heure et demie et le soir une heures trois quarts ! Il faudrait les quitter plus tard, ensuite aller en visite chez d’autres personnes à Grenoble et y passer la nuit. Sur de telles distances, relativement courtes, une journée c’est bien trop court.
Une bonne nouvelle chez nos amis : un autre couple souhaite qu’on se retrouve tous les six, depuis le temps, mais cette visite se prolongera pour au moins une nuit. On aura le temps de se retrouver, j’ai hâte !
We have to abandon Nathalie three days after her arrival to go see friends near Grenoble: we are unlucky, we are caught in traffic jams on the way there and on the way back. For a journey of a little over a hundred kilometers, much of which with a motorway, we need almost an hour and a half in the morning and one hour and three quarters in the evening! You would have to leave them later, then visit other people in Grenoble and spend the night there. Over such relatively short distances, a day is far too short.
Good news from our friends: another couple have wanted the six of us to meet again, since the time, but this visit will last for at least one night. We will have time to meet again, I can’t wait!

Les amis, ça ne se raconte pas : on est heureux de se revoir. On prend de l’âge et on le mesure, mais c’est encore supportable. On passe quelques heures heureuses et sans souci. On a des souvenirs en commun depuis si longtemps… Avec eux comme avec toutes les personnes qui passent nous voir chez nous, je mesure l’importance de ces contacts, même quand nos conversations semblent superficielles, même s’il ne reste pas grand-chose après : ces rencontres existent, elles nous permettent d’exister, d’être vivants. Un peu de légèreté. Droit à l’insouciance. Droit de bavarder de choses sans importance, de rire pour des idioties (je suis très bonne à ce jeu-là)… Il s’agit de ne pas rentabiliser le temps, et, présentée comme ça, l’idée me convient parfaitement.
Friends can’t be told: we are happy to see each other again. We get older and we measure it, but it’s still bearable. We spend a few happy and carefree hours. We have had memories in common for so long… With them as with all the people who come to see us at home, I measure the importance of these contacts, even when our conversations seem superficial, even if there is not much left after : these meetings exist, they allow us to exist, to be alive. A little lightness. Right to recklessness. Right to gossip about unimportant things, to laugh for silly things (I’m very good at this game)… It’s about not making the best use of time, and, put like that, the idea suits me perfectly.

Perplexe, Cosette me demande pourquoi j’ai récolté toutes ses amélanches, elle m’avait pourtant dit qu’elle allait les récolter. Malheureusement, les oiseaux sont plus rapides cette année. En plus, il n’y a pas de cerises, alors ils pillent les amélanchiers. Ils viennent aussi dans les fraisiers et sectionnent les fraises qui roulent sous le feuillage, alors ils les perdent, elles sont perdues pour tout le monde.
Puzzled, Cosette asks me why I harvested all her Saskatoon berries, yet she told me she was going to harvest them. Unfortunately, the birds are faster this year. Besides, there are no cherries, so they plunder the Saskatoon trees. They also come to the strawberries and cut the strawberries that roll under the foliage, so they lose them, they are lost to everyone.

Cela me rappelle le chevreuil qui avait mangé le cœur de nos salade l’hiver dernier. Les animaux sont vraiment des irresponsables, incapables d’économiser et de prévoir l’avenir !
It reminds me of the deer that ate the heart of our salad last winter. Animals are really irresponsible, unable to save money and to foresee the future!

Chtttt, doucement, vous allez déranger les merles qui font une bonne sieste, le ventre plein !
Hush, no noise, you are going to disturb the blackbirds who are having a good nap, with a full stomach!

Ce ne sont pas des merles. Ni blancs ni noirs. — They are not blackbirds. Neither white nor black.

 

Savoie, suite, et après

Le 4 juin, nous quittons à regret le gîte, et Bernadette et Alain… Mais nous avons réservé à nouveau début juillet, dans un mois nous serons là à nouveau ! Ce sont des « à bientôt » que nous échangeons, avec moins de regrets. Alain nous suggère comme balade le sommet du Gâteau, il nous explique comment y aller.
Nous nous garons avant Sciozier, c’est peut-être à la Touvière.
On June 4, we reluctantly left the gîte, and Bernadette and Alain… But we booked again at the beginning of July, in a month we will be there again! We exchange “see you soon”, with less regrets. Alain suggests the summit of Le Gâteau to us as a stroll, he explains how to get there.
We park before Sciozier, it may be in La Touvière.


Nous partons pour 260 mètres de dénivelé (le double d’hier !) et moins de 4 kilomètres : ce n’est pas beaucoup, mais plus que suffisant pour moi : j’ai toujours eu du mal dans les montées, et parfois aussi dans les descentes. Heureusement cette fois j’ai pris mes bâtons de marche.
Que les sportifs ne soient pas consternés, je ne suis pas sportive !
We set off for 260 meters of vertical drop (the double of yesterday!) and less than 4 kilometers: it is not much, but more than enough for me: I always had difficulty in the climbs, and sometimes also in the descents. Fortunately this time I took my trekking poles.
Let athletes not be dismayed, I am not athletic!

Beaux points de vue sur Praz-sur-Arly ainsi que du côté de l’aval.
Beautiful views over Praz-sur-Arly as well as on the downstream side.

Les prairies sont très fleuries, avec une dominante jaune, en montant il y a un peu plus de variété.
The meadows are very flowery, with a dominant yellow, going up there is a little more variety.

Toujours ces magnifiques chalets en bois, souvent l’eau coule dans le bachat. Always these magnificent wooden chalets, often water flows into the bachat.

Comme hier nous voyons les pots de géraniums sortis après les dernières nuits de gel.
As yesterday we see the pots of geraniums out after the last nights of frost.

On aperçoit peu à peu les sommets plus élevés (et blancs) du côté des Saisies, qu’on voit mieux depuis le gîte. Pour les voir d’ici, il faut monter.
On est doublés par un cycliste à qui je dis « c’est courageux », et quand on est proches du sommet, on croise un couple qui redescend : je commence à bien ressentir la fatigue, ils me rassurent. Encore un petit kilomètre et on y sera.
Ce n’est pas un chemin très fréquenté.
You can gradually see the higher (and white) peaks on the Saisies side, which can be seen better from the gîte. To see them from here, you have to ascend.
We are passed by a cyclist to whom I say « it’s brave », and when we are close to the top, we meet a couple coming back down: I am starting to feel the fatigue, they reassure me. Another small kilometer and we’ll be there.
It’s not a very busy path.

Au sommet, en plus du sentier qui permet de découvrir le panorama côté sud-ouest, d’autres chemins balisés conduisent ici ou là. On peut redescendre jusqu’à Flumet, ou quitter cette direction par une nouvelle intersection… Une autre fois, sans doute irons-nous à La Bonne Fontaine.
At the top, in addition to the path which allows you to discover the panorama on the southwest side, other marked paths lead here and there. We can go down to Flumet, or leave this direction at a new intersection … Another time, we will probably go to La Bonne Fontaine.

C’est fantastique de retrouver notre itinéraire précédent : nous avons suivi le chemin, en bas de la photo, puis traversé la forêt, puis nous nous sommes perdus juste avant la prairie des Avenières, près du névé.
It’s fantastic to find our previous route: we followed the path at the bottom of the photo, then crossed the forest, then we got lost just before the Avenières meadow, near the neve.
Avec le zoom, on peut même apercevoir le sentier zigzagant, si peu visible de près comme de loin.
With the zoom, we can even see the zigzagging path, so little visible from near as from afar.

Au retour, je ne retrouve pas les pierres que j’ai mises de côté, mais j’en ai deux ou trois dans les poches du pantalon. Je confie à Paul le sac à dos pour qu’il y mette les ardoises avec lesquelles il veut faire une jolie signalétique, 3 kg de jolies pierres, pourquoi se priver ?
On the way back, I can’t find the stones I put aside, but I have two or three in my pants pockets. I give Paul the backpack so that he can put the slates with which he wants to make pretty signage, 3 kg of pretty stones, why deprive himself?

Les ardoises ont-elles été exploitées un jour ? Il y en a tant ! Ici les chalets sont couverts de bardeaux ou de tuiles.
Have the slates ever been mined? There are so many! Here the chalets are covered with shingles or tiles.

Quelque chose me dit que cet arbuste n’est pas bienvenu ici. C’est peut-être une plante invasive, indésirable. Il est épineux, il atteint moins d’un mètre de hauteur et il envahit le talus.
Something tells me that this shrub is not welcome here. It may be an invasive, unwanted plant. It is thorny, it reaches less than a meter in height and it invades the embankment.

Après manger, avant de prendre tranquillement la route du retour, nous ne dérogeons pas à un petit moment tranquille à l’ombre, au bord d’un petit chemin providentiel. Il y a là des ancolies de toute beauté.
After eating, before quietly taking the road back, we do not deviate from a little quiet moment in the shade, at the edge of a providential little path. There are columbines of any beauty there.

À Albertville, il fait une chaleur écrasante, plus de 30°C. Je m’achète une jolie petite robe, fait anodin direz-vous, c’est pourtant une des choses les plus difficiles à faire pour moi… J’aime mes éternels sweat, tee-shirts et jeans, mais quand je veux changer, c’est le début des complications. Même la patience de Paul y trouve ses limites !
In Albertville, the heat is overwhelming, over 30 ° C. I buy myself a pretty little dress, harmless you might say, it is nevertheless one of the most difficult things for me to do … I love my eternal sweatshirts, T-shirts and jeans, but when I want to change, it is the start of complications. Even Paul’s patience finds its limits there!

De retour chez nous, après nos tranquilles randonnées, petites conquêtes du monde sans autres ambitions que notre bien-être et notre plaisir, nous pouvons maintenant regarder les vidéos de ce que font les autres sans ressentir de frustration ou de fourmis d’impatience. Et je prends conscience des dégâts collatéraux de la pandémie, dégâts dont je commence à faire le compte.
Back home, after our quiet hikes, little conquests of the world with no other ambitions than our well-being and our pleasure, we can now watch videos of what others are doing without feeling frustration or ants of impatience. And I realize the collateral damage of the pandemic, damage which I am beginning to take into account.

Chacun recommence à vivre comme avant ou essaie de. En réalité, je ressens une fêlure, une cicatrice. Séb l’exprime très bien dans son blog quand il parle d’une soif qu’il n’a pas oubliée, mais qu’il a enfouie tout au fond de lui. Il évoque une soif de rencontres, pas celle de changer d’horizon, mais ce n’est pas par hasard s’il a commencé à traverser la France par petites étapes, visitant des villes, des villages, découvrant de nouveaux sentiers : lui aussi avait besoin d’autres paysages. Et besoin d’oublier, aussi.
De toute façon, pour rencontrer il faut bouger, non ? Les deux vont de pair.
Everyone starts to live again as before or tries to. In reality, I feel a crack, a scar. Séb puts it very well in his blog when he talks about a thirst he hasn’t forgotten, but buried deep inside. He evokes a thirst for encounters, not that of changing horizons, but it is not by chance that he began to cross France in small stages, visiting towns, villages, discovering new paths: he, too, needed other landscapes. And need to forget, too.
Anyway, to meet you have to move, right? The two go hand in hand.

Comme pour Séb, nos conditions de confinement n’ont pas été les pires, loin de là, mais comme pour lui, comme pour tout le monde, il y a quelque chose de changé.
Une sorte de mutation s’est produite.
Le tissu de notre société est usé, il présente des accrocs, il est moins harmonieux. Même les privilégiés que nous sommes parce que nous avons de l’espace ont perdu quelque chose. Nous nous sommes confinés, nous nous sommes isolés, le Covid-19 a fait son chemin, et une espèce de cancer s’est répandu, cancer dans notre relation avec les autres : je crois qu’il faut d’urgence rouvrir nos portes et rencontrer des gens, nous confronter – pourquoi pas nous étriller. Sortir de notre isolement. Rencontrer consiste peut-être parfois, selon l’expression à la mode, « sortir de sa zone de confort ».
Like Séb, our confinement conditions weren’t the worst, far from it, but like him, like everyone else, something has changed.
Some sort of mutation has occurred.
The fabric of our society is worn, it has tears, it is less harmonious. Even the privileged that we are because we have space have lost something. We confined ourselves, we isolated ourselves, the Covid-19 has made its way, and a species of cancer has spread, cancer in our relationship with others: I believe that we urgently need to reopen our doors and meet people, confront us – why not curry up. Get out of our isolation. Dating may sometimes be, to use the buzzword, « stepping out of your comfort zone. »

Bien entendu, je parle pour ceux qui ont évité la catastrophe. Quant à ceux qui ont perdu des proches, qui se retrouvent sans travail ou sans logement, qui doivent faire appel pour la première fois de leur vie au secours populaire, ils le voient, le changement !
Of course, I speak for those who avoided the disaster. As for those who have lost loved ones, who find themselves without work or without housing, who have to appeal for the first time in their life to popular aid, the change, they see it!

Que serait devenu le mouvement des gilets jaunes sans la pandémie qui a été une excellente occasion pour mettre à mal les luttes sociales ? Pour briser dans la société ce quelque chose qui en fait le lien, le liant, le ciment ? Je ne relis pas mes textes précédents, mais je me rappelle avoir souvent répété que nous sommes des animaux de meute. Il y a quelque chose d’impérieux dans nos besoins animaux, ce sont les besoins les plus basiques. Respirer, boire, manger, dormir, côtoyer…
Vivre une fraternité complice…
What would have become of the yellow vests movement without the pandemic, which was an excellent opportunity to undermine social struggles? To break this something in society that makes the link, the binder, the cement? I don’t reread my previous texts, but I remember saying many times that we are pack animals. There is something urgent about our animal needs, these are the most basic needs. Breathe, drink, eat, sleep, be around …
Living in an accomplice fraternity …

Savoie

En arrivant à Beaufort, nous mesurons combien c’est important de partir de chez soi, et de s’asseoir à une terrasse de café. De flâner sans but ou presque. De redevenir touristes, promeneurs, badauds et même peut-être marcheurs ! De changer d’horizon ! Pourtant, nos conditions de confinement n’étaient pas les pires…
Arriving in Beaufort, we realize how important it is to leave home, and sit down at a café terrace. To stroll aimlessly or almost. To become tourists, walkers, onlookers and perhaps even walkers again! To change the horizon! Yet our confinement conditions were not the worst …

Ce doit être notre troisième séjour dans la région, il y a tellement longtemps que nous ne sommes pas venus ! Après avoir retrouvé nos repères, arpenté la petite ville, fait une halte au café et constitué un joli stock de beaufort, nous reprenons la route.
This must be our third visit of the region, it has been such a long time since we have been here! After having found our bearings, surveyed the small town, stopped at the café and buying a nice stock of Beaufort, we hit the road again.

Nous montons vers les Saisies : nous traversons cette station vaste, inanimée, déserte, triste dans sa laideur et sous les nuages… Nous nous arrêtons pour pique-niquer mais j’aurais mieux fait de ne pas remarquer la balade possible vers le sentier de découverte (NOTE « covetan » veut dire « cuvette » en patois, ou encore « creux » ou « entonnoir »). En effet, le chemin sur pilotis est glissant comme du verglas, même pour nos chaussures de montagne. D’une chose à l’autre nous marchons à côté, si le sol n’est pas trop détrempé, alors que c’est interdit pour ne pas abimer la flore. Paul fait une belle chute, sans se blesser heureusement, quant à moi j’y échappe de peu à plusieurs reprises. Une fois presque sortis d’affaire, revenus sur un chemin herbeux et non en bois glissant, voilà la pluie qui s’y met.
We go up to Les Saisies: we cross this vast station, inanimate, deserted, sad in its ugliness and under the clouds … We stop for a picnic but I would have done better not to notice the possible walk towards the discovery trail (NOTE « covetan » means « bowl » in patois, or « hollow » or « funnel »). Indeed, the path on stilts is slippery like ice, even for our mountain boots. From one thing to another we walk at the side of the path, if the ground is not too wet, then it is forbidden so as not to damage the flora. Paul had a nice fall, luckily without hurting himself, and I narrowly escaped it on several occasions. Once almost out of the woods, back on a grassy path and not in slippery wood, the rain sets in.

Un tout petit étang grouille de têtards qui n’arrivent pas à s’éloigner du bord (mais pourquoi ?) pour aller vers des zones moins peuplées.
A tiny pond is teeming with tadpoles that can’t get away from the edge (but why?) into less populated areas.

La planche de tous les dangers.

The board of all dangers.

Nous reprenons la route jusqu’à Flumet : nous y découvrons un café fort sympathique… où nous réservons une table pour demain à midi, avant de nous acheminer tout près de là jusqu’à notre gîte.
We take the road back to Flumet: there we find a very nice cafe … where we reserve a table for tomorrow at noon, before heading very close to our lodge.

Bernadette nous fait découvrir les lieux qui nous enthousiasment. Alain a tout fait de ses mains, Paul lui posera la question. Il y a du bois partout et des tas d’idées amusantes, ingénieuses… Les radiateurs dégagent une douce chaleur, bien nécessaire en ce mois de juin! Nous voilà chez nous, installés comme des princes !
Bernadette makes us discover the places that inspire us. Alain did everything with his hands, Paul will ask him the question. There is wood everywhere and lots of fun, ingenious ideas … The radiators give off a gentle heat, much needed in this month of June! Here we are at home, installed like princes!

Le 3 juin, nous partons pour notre première vraie balade en laissant la voiture à Chaucisse pour nous rendre aux Avenières. Il y a donc plusieurs « Avenières », c’est bien moins peuplé côté Savoie où ce sont des prairies. Je reconnais les tussilages que l’on peut confondre avec les pissenlits quand ils fleurissent. Mais les feuilles de cette plante n’apparaissent qu’après la fleur. Et comme nous montons dans la montagne, nous remontons aussi le temps, nous trouvons les feuilles, puis les fleurs…
On June 3, we leave for our first real walk, leaving the car in Chaucisse to go to Les Avenières. There are therefore several « Avenières », it is much less populated on the Savoy side where they are meadows. I recognize coltsfoot which can be confused with dandelions when they bloom. But the leaves of this plant do not appear until after the flower. And as we go up the mountain, we also go back in time, we find the leaves, then the flowers …

La neige était là récemment, les arbres couchés parlent d’avalanches, mais ont-elles eu lieu cette année ? Il reste un petit névé caché dans la ravine, il n’en a plus pour longtemps.
The snow was there recently, the fallen trees speak of avalanches, but did they happen this year? There is still a small snowfield hidden in the ravine, it won’t be long.

Nous nous perdons en montant, car le chemin a disparu, et il nous faut le chercher un moment. Quand nous redescendons, nous retrouvons l’endroit où nous nous sommes perdus, mais ce n’est pas vraiment de notre faute, en traversant la prairie le sentier disparaît.
We get lost on the way up, because the path has disappeared, and we have to look for it for a while. When we come back down we find the place where we got lost, but it’s not really our fault, crossing the meadow the path disappears.

Après un excellent repas à « la Resto » et un moment de farniente dans notre merveilleux gîte, nous montons au col des Aravis mais en voiture, pas en vélo ou à pied ni en moto comme d’autres font. Je reconnais La Giettaz, avec le panneau de direction vers le hameau « le Plan », où je ne suis jamais venue mais une amie qui m’est chère y a vécu.
After an excellent meal at « la Resto » and a moment of idleness in our wonderful gîte, we climb to the Col des Aravis but by car, not by bike or on foot or by motorbike as others do. I recognize La Giettaz, with the direction sign towards the hamlet « le Plan », where I have never been, but a dear friend of mine once lived there.

Nous suivons un sentier une fois garés au col. Il y a beaucoup de monde. Qui va ou qui revient. Des vélos descendent le sentier, les premiers à toute vitesse : ils devraient faire attention de ne pas se casser l’omoplate ou autre chose, un accident est si vite arrivé !
We follow a path once parked at the pass. There are a lot of people. Who is going or who is coming back. Bicycles descend the trail, the first at full speed: they should be careful not to break the shoulder blade or something, an accident happens so quickly!

Dernier tout petit incident qui m’a bien fait rire : une voiture chargée de vélos se gare, un homme les prend, en donne un à la fille qui est à son côté et enfourche l’autre. La troisième personne court avec son appareil photo. Les deux cyclistes prennent la descente, font demi-tour et arrivent au niveau de la femme qui les photographie et leur dit de recommencer mais avec le sourire. Ils recommencent, et nous nous repartons sans tricher, sans faire semblant, dans la voiture…
Last tiny incident that made me laugh: a car loaded with bicycles pulls up, a man picks them up, gives one to the girl next to him and gets on the other. The third person runs with her camera. The two cyclists take the descent, turn around and arrive at the level of the woman who photographs them and tells them to start again but with a smile. They start again, and we leave without cheating, without pretending, in the car …

L’animation au col des Aravis, ici comme partout ailleurs, est sans doute d’autant plus intense qu’on sort de périodes difficiles. Chacun reprend les activités « d’avant » à peu près comme cela se passait « avant ». D’ailleurs, Alain et Bernadette nous diront que le gîte est encore réservé le jour de notre départ. Il y a une grande hâte à (re)vivre.
The animation at the Col des Aravis, here as everywhere else, is undoubtedly all the more intense when one comes out of difficult times. Everyone resumes « before » activities much like they did « before ». Moreover, Alain and Bernadette will tell us that the gîte is still reserved on the day of our departure. There is a great hurry to (re)live.

Pendant cet interminable hiver, coincés par le froid, le confinement et mon épaule, nous avons eu des moments très difficiles.
During this interminable winter, stuck by the cold, the confinement and my shoulder, we had very difficult times.

Nous avons tant marché par procuration en regardant les PaJu ou d’autres émissions : ailleurs nous manquait tellement. Nous étions pleins d’envie en regardant de nouveaux paysages si beaux, si beaux ! Mais nous ne pouvions que les voir, sans ressentir la lassitude, ni l’effleurement du vent ou du soleil sur notre peau, sans entendre les cris d’oiseaux, sans humer les parfums portés par le vent.
We walked so much « through another person » while watching PaJu or other shows: we missed so much elsewhere. We were full of envy watching new landscapes so beautiful, so beautiful! But we could only see them, without feeling the weariness, nor the touch of the wind or the sun on our skin, without hearing the birds screaming, without inhaling the scents carried by the wind.

Alors, nous nous sommes contentés des itinéraires mille fois parcourus. De notre chez nous que nous connaissons par cœur, en attendant impatiemment l’envol au loin.
So we were satisfied with the routes traveled a thousand times. From our home that we know by heart, impatiently awaiting the flight away.

Et voilà qu’enfin, de nouveaux paysages se révèlent au rythme de notre montée. Voilà que la fatigue de nos mollets nous fait mériter le lent déploiement du panorama. Je sais pourquoi j’aime marcher quand j’assiste à ce lent mouvement, ou quand le sentier me fait de l’œil en disparaissant pour que j’aille plus loin et encore plus loin.
And finally, new landscapes are revealed as we climb. Now the fatigue of our calves makes us deserve the slow unfolding of the panorama. I know why I like to walk when I witness this slow movement, or when the path catches my eye as it disappears so that I can go further and even further.

Et encore plus loin — impression d’infini.
And even further — feeling of infinity.

Nous avons été privés de choses simples, sans raison. Notre vie s’est rétrécie, est devenue plus étriquée.
Je conteste toujours les modalités qui nous ont été imposées plus pour nous priver de liberté que pour nous protéger.
We have been deprived of simple things for no reason. Our life has shrunk, has become more narrow.
I always challenge the terms that have been imposed on us more to deny us our freedom than to protect us.

Je pense qu’il faut rester vigilants.
I think we have to be vigilant.

200 !

Le 28 mai 2019, je vous disais :
« Une centaine de publications depuis septembre 2012… il n’y a pas de quoi pavoiser ni grimper aux rideaux ! »
On May 28, 2019, I told you:
« A hundred publications since September 2012 … there is not to brag or climb the walls! »

Monnaie du pape — Lunaria annua

Cent chroniques en plus de six ans, pour la première centaine. Alors je me permets un peu de fierté, toujours sans pavoiser ni grimper aux rideaux, vu ma légendaire modestie, mais quand même, la deuxième centaine en à peine plus de deux ans, c’est  une bonne accélération, un signe de constance.
One hundred chronicles in more than six years, for the first hundred. So I allow myself a little pride, still without bragging or climbing the walls, given my legendary modesty, but still, the second hundred in just over two years, it’s a good acceleration, a sign of consistency.

Pour tout dire, j’aimerais bien avancer d’autres écrits, travailler sur « mon roman ». C’est une motivation différente : créer des personnages, leur donner vie, les suivre sur le chemin que je décide de leur tracer. Oui, mais je me complique trop les choses, je ne suis pas assez assidue – la preuve – et quand je rouvre un fichier, je m’aperçois qu’il s’est écoulé (au minimum) un an depuis les derniers mots écrits. J’étais dans un « moment » particulier, je dois retrouver l’ambiance, les détails, le point d’où je suis partie et celui où je dois aller.
To be honest, I would like to advance other writings, work on « my novel ». It’s a different motivation: to create characters, to bring them to life, to follow them on the path I decide to make take. Yes, but I complicate things too much, I am not diligent enough – the proof – and when I reopen a file, I find that it has been (at least) a year since the last written words. I was in a special « moment », I have to find the atmosphere, the details, the point where I left and where I have to go.

Si j’abandonnais ce blog, je ne suis même pas certaine que je réussirais à affronter la difficulté qui m’attend. Pourtant, mes personnages existent maintenant, ils sont étoffés, cohérents, et j’aimerais bien voir vers où ils s’en vont. Ce n’est pas d’actualité. Je les laisse dormir encore.
If I gave up on this blog, I’m not even sure I would be able to cope with the difficulty that awaits me. However, my characters exist now, they are fleshed out, cohesive, and I would love to see where they are going. This is not relevant. I let them sleep again.

Je vous ramène vers ici, où froid et chaleur se disputent, je vous lance sur les traces de Séb, enfin reparti après un temps bien long pendant lequel ce voyageur a eu les ailes coupées, et je vous ramène vers un coin de Savoie de toute beauté. Sans oublier le message de Brad.
I bring you back to here, where cold and heat are fighting, I launch you in the footsteps of Séb, finally set off again after a very long time during which this traveler had his wings cut, and I bring you back to a corner of Savoy of all beauty. Not to mention Brad’s message.

Ici, vous avez eu droit encore une fois à une petite balade non botanique : comme ça, je peux être pardonnée en cas d’erreur. Bon, les fleurs, j’en photographie beaucoup, on en a des indigestions, mais c’est quand même sympa à regarder !
Here, you were once again entitled to a little non-botanical walk: that way, I can be forgiven if I make a mistake. Well, flowers, I photograph a lot of them, we get indigestion, but it’s still fun to watch!

Depuis l’arrêt brutal de son voyage en Espagne à cause du premier confinement, Séb est resté au  Charbi, le plus souvent dans son Chamion, à mener sa vie. Une petite sortie ici ou là, très raisonnable. Interactions avec ceux qui passent ou ceux qui habitent, parfois un repas commun, ou, bien entendu, le karambolage rituel du dimanche.
Since his trip to Spain abruptly ended due to the first confinement, Séb has remained in Charbi, most often in his Chamion, to lead his life. A little outing here and there, very reasonable. Interactions with those who pass or those who live, sometimes a common meal, or, of course, the ritual Sunday karambolage.

Il a commencé à bricoler, d’abord des petits trucs, puis il a en quelque sorte pris racine et s’est lancé dans de nombreuses constructions, l’aménagement de la cabane, les bancs dispersés dans le parc. Le plus gros chantier bien sûr ça a été la construction d’une nouvelle tiny house.
He started tinkering, first little things, then he kind of took hold and got into a lot of building, setting up the cabin, the benches scattered around the park. The biggest project of course was the construction of a new tiny house.

C’est la troisième qu’il construit, c’est le troisième modèle. Il n’a pas envie de se répéter, chaque nouvelle création est pour lui occasion d’expérimenter. Réorganisation des volumes. La porte, à l’arrière ou sur le côté ?
This is the third he is building, this is the third model. He doesn’t want to repeat himself, each new creation is an opportunity for him to experiment. Reorganization of volumes. The door, at the back or on the side?

Comme celle-ci est destinée à la vente, il proposera des options : on peut acheter la totalité, ou bien seulement la maison, pas le camion. Il a prévu de rajouter des capteurs solaires si l’acheteur le souhaite.
As this is intended for sale, he will offer options: you can buy all of it, or just the house, not the truck. He plans to add solar collectors if the buyer wishes.

J’en parle au futur, je devrais utiliser le passé : en effet, Séb est parti le 10 mai jusqu’au Luxembourg livrer la maisonnette sur roues. Dans la situation actuelle, c’était plus simple que ce soit lui qui fasse le voyage. Pour ce trajet, il a donc passé une nuit dans la maison qui n’est plus la sienne. Le contact avec les acheteurs a été fort plaisant.
I’m talking about it in the future, I should use the past tense: indeed, Séb left on May 10 to Luxembourg to deliver the house on wheels. In the current situation, it was easier for him to make the trip. For this trip, he spent a night in the house that is no longer his. The contact with the buyers was very pleasant.

Il aurait bien fait du tourisme si la météo avait été de la partie, mais vu le mauvais temps, il est revenu sans tarder. Il a alors mis la main aux dernières révisions de l’autre tiny-house, sa maison, son Chamion. Après quelques allers-retours techniques chez Patrice, il était prêt. Il est parti le 25 mai vers l’Espagne, mais, cette fois, du côté du pays basque et de la Navarre. Avec une traversée tranquille du Massif Central, si riche en sites magnifiques !
He would have been sightseeing if the weather had been right, but given the bad weather, he returned without delay. He then got his hands on the final revisions of the other tiny-house, his house, his Chamion. After a few technical back and forths with Patrice, he was ready. He left on May 25 for Spain, but this time for the Basque country and Navarre. With a quiet crossing of the Massif Central, so rich in magnificent sites!

Si vous souhaitez suivre la gestation de la maison vendue, ça commence ici, ensuite vous cliquez en bas de page sur le titre suivant.
If you want to follow the development of the house sold, it starts here, then you click at the bottom of the page on the following title.

Si vous désirez l’accompagner dans son voyage qui vient juste de commencer, c’est là que ça se passe.
If you want to go with him on his journey that has just begun, this is it.

Ou encore pour accéder en quelque sorte au socle d’où partent tous ses récits, remplis de nombreux voyages aux quatre coins de la planète (c’est une expression, le français est une langue bizarre : la planète étant cubique, elle a en réalité huit coins), donc, si vous voulez découvrir des pays proches ou lointains, c’est par là…
Or to somehow access the base from which all his stories start, filled with numerous trips to the four corners of the planet (it’s an expression, English is a bizarre language: the planet being cubic, it actually has eight corners), therefore, if you want to discover countries near or far, it’s here …

Et la Savoie ?
And Savoy?

Depuis mars 2020, Paul n’a pas quitté la maison sauf pour des visites de quelques heures ici ou là, et bouger lui manque beaucoup. Moi, j’ai fait quelques escapades dans ma famille.
Since March 2020, Paul has not left the house except for visits of a few hours here and there, and he misses movement very much. Me, I made a few getaways with my family.

Séb parti, Lolo en pleins préparatifs, je houspille Paul pour un voyage symbolique (disons deux nuits trois jours) et il réserve un gîte du 2 au 4 juin. C’est comme ça que nous nous retrouvons à Beaufort après moins de deux heures de route. C’est une jolie petite ville dont la saison touristique peut enfin commencer, les terrasses sont envahies et les passants nombreux. On se dégourdit les jambes et on se rappelle nos voyages précédents.
Séb gone, Lolo in full preparations, I scold Paul for a symbolic trip (say two nights three days) and he reserves a lodging from June 2 to 4. This is how we find ourselves in Beaufort after less than two hours of driving. It is a pretty little town whose tourist season can finally begin, the terraces are overgrown and many passers-by. We stretch our legs and remember our previous trips.

Balade pour redécouvrir les lieux, chance, il y a un marché, après lequel nous faisons encore une fois la visite, incontournable, de la coopérative laitière…
Stroll to rediscover the places, luck, there is a market, after which we once again make the visit, unavoidable, of the dairy cooperative …

On peut y acheter son beaufort à toute heure du jour ou de la nuit, sept jours sur sept.
You can buy your Beaufort there at any time of the day or night, seven days a week.

Joie de s’asseoir à une terrasse de café
Joy of sitting at a cafe terrace

Le soleil n’est pas coopératif, le ciel est nuageux, la pluie se rapproche. Nous quittons Beaufort pour monter vers les Saisies. Notre petite expédition continuera…
The sun is not cooperative, the sky is cloudy, the rain is approaching. We leave Beaufort to go up to Les Saisies. Our small expedition will continue …

J’ai reçu un message de Brad : quand il a séjourné chez nous, Paul lui a parlé d’Arthur Upfield, un auteur que nous avons lu tous les deux et qui a situé ses romans policiers dans le bush australien. Brad nous demande si nous connaissons la série télé tirée de ces livres, mais j’ignorais l’existence de cette série ! Je découvre que l’acteur français Alain Doutey y a joué mais « en raison de problèmes de droits limités, la série n’est pas sortie en DVD, ni en Australie ni en France. »
Eh bien c’est regrettable, il est très intéressant de suivre le personnage de Bony ou Boney, Napoléon Bonaparte, métis torturé par sa double appartenance, lors des enquêtes qu’il mène avec brio.
I got a message from Brad: When he stayed with us, Paul told him about Arthur Upfield, an author we both read and who set his detective stories in the Australian bush. Brad asks us if we know of the TV series from those books, but I didn’t know the series existed! I find out that French actor Alain Doutey performed there but « due to limited rights issues, the series has not been released on DVD, neither in Australia nor in France. »
Well it’s unfortunate, it’s very interesting to follow the character of Bony or Boney, Napoleon Bonaparte, half-breed tortured by his dual affiliation, during the investigations he brilliantly leads.

En cherchant à répondre à Brad, j’ai découvert la présence de David Gulpili comme acteur de la série : j’avais déjà parlé de lui dans ma chronique « en suivant le cacatoès », précisant qu’il est chanteur et danseur.
While trying to answer Brad, I discovered the presence of David Gulpili as an actor of the series: I had already mentioned him in my column « Riding The Black Cockatoo », specifying that he is a singer and a dancer.

J’ai bien envie de relire les romans d’Upfield.
I really want to re-read Upfield’s novels.

Et Lolo, là…

Comme nombre d’autres objets, les clés sont animées d’un esprit maléfique, vous le savez. C’est comme ça que celle de la voiture m’a échappé pour tomber dans une grille d’égoût heureusement à sec. Désemparée, j’ai regardé la clé, à un mètre de moi, inaccessible…
Like many other items, the keys have an evil spirit, you know. That’s how the one in the car slipped out of my way and fell into a fortunately dry sewer grate. Distraught, I looked at the key, a yard away from me, inaccessible …

C’était un dimanche, avec Paul on était encore en cavale à l’autre bout du pays, on ne connaissait personne dans le coin.
J’avais bien repéré de l’autre côté de la rue une maison en chantier, mais tout était fermé, clos, verrouillé, l’outillage bien à l’abri à l’intérieur.
It was a Sunday, with Paul we were still on the run across the country, we didn’t know anyone around.
I had spotted a house under construction on the other side of the street, but everything was closed, fenced, locked, the tools well sheltered inside.

C’est alors que la porte de cette maison-ci précisément s’est ouverte, un homme est sorti. Je me suis précipitée : « vous n’auriez pas quelque chose comme, je sais pas, un bout de ferraille » et d’expliquer la clé, tombée, qui se moquait de moi depuis son recoin hors d’atteinte.
It was then that the door to this very house opened, a man came out. I rushed over, « you wouldn’t have something like, I don’t know, a piece of junk » and explained the fallen key that was laughing at me from its out of reach nook.

L’homme est retourné dans la maison, en a rapporté un bout de ferraille d’une longueur parfaite, replié en crochet au bout ! En deux secondes, j’ai récupéré la clé et en rendant l’outil à mon bienfaiteur, je lui ai dit qu’il était providentiel.
The man went back into the house, brought back a piece of scrap metal of perfect length, folded up like a hook at the end! Within two seconds I retrieved the key and upon returning the tool to my benefactor told him he was providential.

 

Parfois, je pense à Lolo comme à la personne providentielle. Ne le lui répétez pas, ça va le rendre orgueilleux. Et comme il lit régulièrement mon blog, je vais avoir du mal à lui cacher le bien que nous pensons de lui.
Sometimes I think of Lolo as the providential person. Do not repeat it to him, it will make him proud. And since he regularly reads my blog, I’m going to have a hard time hiding from him the good things we think of him.

Mais après tout, la relation d’échanges qui s’est établie avec lui, c’est quelque chose de tout naturel, chacun fait ce qu’il peut selon ses capacités, ses savoirs, ses préférences, et par gros temps tout le monde est sur le pont. Je dirais donc que nous avons établi avec Lolo des relations normales, comme tout le monde pourrait le faire avec tout le monde. Il me semble qu’il y a un équilibre et que tout le monde est satisfait, c’est donc une bonne chose.
But after all, the exchange relationship that has been established with him is something quite natural, everyone does what they can according to their abilities, their knowledge, their preferences, and in case of storm everyone is on the ship deck. So I would say that we have established a normal relationship with Lolo, as anyone could with everyone. It seems to me that there is a balance and that everyone is happy, so that’s a good thing.

Depuis cette petite annonce dans « l’Âge de faire » alors que je ne trouve jamais le temps de lire cette revue, jusqu’aux amis que nous avons en commun, cela fait beaucoup de hasards — mais certains disent que le hasard n’existe pas…
From that little ad in « l’Âge de faire » when I never find the time to read this review, to the friends we have in common, it’s been a lot of luck – but some say there is no such thing as luck …

Tout s’est mis en place tranquillement, naturellement. Laurent souhaitait avoir son indépendance, nous aussi. Paul et moi avons une grande expérience des visiteurs, que ce soient par « HelpX », « Workaway » ou encore le CouchSurfing, sans oublier l’hébergement de militants… Des motivations très variées, des rencontres infiniment variées nous ont permis d’apprendre à lire au travers des comportements des gens pour mieux les connaître. Un beau discours et des principes séduisants sont parfois en contradiction avec les actions de la personne.
It all fell into place quietly, naturally. Laurent wanted to have his independence, same for us. Paul and I have a great experience of visitors, whether through « HelpX », « Workaway » or even CouchSurfing, without forgetting the accommodation of activists… Very varied motivations, infinitely varied encounters allowed us to learn how to read through people’s behavior to get to know them better. Beautiful speech and seductive principles are sometimes at odds with a person’s actions.


Avec une existence très différente, Laurent a des points de vue qui s’accordent vraiment bien avec les nôtres. Pour cohabiter, nous connaissions déjà les écueils à éviter. Par exemple, apprendre à dire sincèrement ce que l’on pense, même au risque d’être un peu désagréable. Ne pas aller trop vite. Garder une porte de sortie.
With a very different existence, Laurent has some points of view that mesh really well with ours. To live together, we already knew the pitfalls to avoid. For example, learning to say what you think sincerely, even at the risk of being a little obnoxious. Don’t go too fast. Keep a way out.

Le premier long séjour de Lolo, ce doit être quand nous étions en Italie, en septembre 2019, quand on ne parlait pas encore de pandémie et qu’on pouvait aller sans trop d’embarras où on le voulait. Le premier confinement a bien compliqué les choses, mais depuis le mois de juillet dernier, Lolo a fait son trou ici.
Lolo’s first long stay must have been when we were in Italy, in September 2019, when there was no talk of a pandemic yet and we could go where we wanted without too much embarrassment. The first confinement complicated things, but since last July, Lolo has made his way here.

Il nous avait prévenus : en hiver, il est tout le temps malade. Oh, il a bien eu deux ou trois coups de pompe pendant l’hiver, mais rien de bien méchant, il s’est soigné en partant marcher quelques kilomètres. Il a affronté sans problème grave la grisaille hivernale.
He warned us: in winter, he is sick all the time. Oh, he felt knackered a couple of times during the winter, but nothing too bad, he healed himself by going for a walk for a few miles. He faced the winter gray without serious problem.

On a vite pris nos petites habitudes : quand c’est de l’électricité, on lui demande. Quand c’est un peu trop lourd pour nous, on lui demande. Quand j’avais le bras en écharpe, il s’est occupé de tailler la haie, travail que j’avais prévu de faire avec Paul. Il y a le jour de lessive et celui où il va à la médiathèque. En vélo, par tous les temps. Pour nous, c’est plutôt la météo qui détermine les travaux au jardin, on s’adapte petit à petit à d’autres façons de faire.    
We quickly picked up our little habits: when it comes to electricity, we ask him. When it’s a little too heavy for us, we ask him. When my arm was in a sling, he took care of trimming the hedge, a job I had planned to do with Paul. There’s laundry day and the day he goes to the media library. By bike, whatever the weather. For us, it is rather the weather that determines the work in the garden, we are gradually adapting to other ways of doing things.

Plus compliqué : il est allé jusqu’à Bourgoin en vélo, par une route où le trafic est dense, moi je ne vois pas l’intérêt d’un trajet pénible, sans attrait, un peu dangereux. Pour lui le vélo est utile, pour Paul le vélo est un loisir et rien de plus. Pour moi, les deux sont valables.
More complicated: he went to Bourgoin by bike, on a road where traffic is dense, I don’t see the point of a strenuous, unattractive, a little dangerous journey. For him cycling is useful, for Paul cycling is a hobby and nothing more. For me, both are valid.

Nous faisons quelques balades quand Nanath est là le week-end. Ou encore nous nous retrouvons au jardin où elle désherbe inlassablement les massifs de fleurs. Nous avons un rituel, regarder Karambolage le dimanche soir, juste nous quatre, et si Séb ou Jérôme sont là, eux aussi suivent l’émission – malédiction ! Pas de Karambolage dimanche prochain ! Nous nous invitons pour prendre un repas, chez nous, chez Lolo. Quand Paul cuisine, il partage parfois sa préparation.
We do a few walks when Nanath is there on weekends. Or we meet in the garden where she tirelessly weeds the flower beds. We have a ritual, watching Karambolage on Sunday night, just the four of us, and if Séb or Jerome are there, they too are watching the show – curse! No Karambolage next Sunday! We invite each other to have a meal, at our place, at Lolo’s. When Paul cooks, he sometimes shares his preparation.

Tout cela semble tellement simple ! Pourtant Laurent est revenu un peu déçu d’une visite qu’il a faite : un groupe a racheté un immense château et du terrain, pour réaliser un projet d’habitat partagé. Ces personnes sont rompues à la Communication Non Violente. D’après ce qu’il nous a raconté, j’ai l’impression que ce projet n’a pas d’âme.
It all sounds so simple! Yet Laurent came back a little disappointed from a visit he made: a group bought a huge castle and land, to carry out a shared housing project. These people are well versed in Non-Violent Communication. From what he told us, I don’t think this project has a soul.

De son côté, Nanath est en communication avec son groupe pour la construction de son futur logement en habitat partagé : elle nous en parle avec enthousiasme et il nous semble que ce projet-là a plus de chance de bien se dérouler que celui de ce fameux château.
For her part, Nanath is in communication with her group for the construction of her future housing in shared housing: she talks about it with enthusiasm and it seems to us that this project has a better chance of going well than that of this famous castle.

Il n’y a pas que Laurent : quand il fait beau, on croise Jean-Pierre qui est allé chercher une salade au jardin, ou Cosette, pour la même raison. Lolo va dans l’atelier couper un bout de bois, même Jean-Paul passe parfois, et on se retrouve parfois à cinq, six ou plus, tout excités d’être là, tout contents de se rencontrer.
It’s not just Laurent: when the weather is nice, we meet Jean-Pierre who has gone to get a salad in the garden, or Cosette, for the same reason. Lolo goes to the workshop to cut a piece of wood, even Jean-Paul sometimes comes by, and sometimes we end up with five, six or more, all excited to be there, all happy to meet.

Depuis quelques jours, Lolo est lancé dans de grands préparatifs : marcher sur le chemin de Stevenson. Il améliore le chariot de randonnée qu’il a bricolé, avec une seule roue pour passer même sur les mauvais chemins. Mais il faut pouvoir le plier pour monter dans le train. Avec cet engin, pas de sac à dos trop lourd…
For a few days now, Lolo has been making great preparations: walking on Stevenson’s path. He improves on the backpacking cart he tinkered with, with just one wheel to get through even on bad roads. But you have to be able to fold it to get on the train. With this machine, no backpack too heavy …



Il a l’habitude de dormir sur un matelas de randonnée, mais pourquoi ne pas essayer le hamac ?

He’s used to sleeping on a hiking mattress, but why not give the hammock a try?



Il monte, démonte, vérifie, améliore, essaie à nouveau. Il part une paire d’heure afin de voir comment se comporte le chariot.
He assembles, disassembles, checks, improves, tries again. He leaves for a couple of hours to see how the cart behaves.

Pendant une bonne partie du mois de juin, Lolo sera en expédition et nous lui souhaitons que tout se passe au mieux. Nanath viendra le week-end.
For a good part of June, Lolo will be on an expedition and we wish him all the best. Nanath will be coming over the weekend.

Mais avant cela, nous, nous nous dépêchons de partir, pas longtemps, pas loin, et je vous raconterai ça… Bientôt…
But before that, we, we hurry to leave, not long, not far, and I will tell you that … Soon …